Que peut faire Trump ?


Paul Craig Roberts

Par Paul Craig Roberts – Le 4 août 2017 – Source katehon

Donald Trump, en tant que président des États-Unis, était l’espoir de l’humanité, ou bien, devrais-je dire, l’espoir de cette partie de l’humanité consciente du danger inhérent à la provocation de conflits entre puissances nucléaires.

Pendant deux décennies, les régimes Clinton, George W. Bush et Obama ont jeté des bâtons, des pierres et des injures à l’ours russe. Les États-Unis ont rompu l’accord de sécurité en aggravant la menace que la Russie perçoit, en menant des jeux de guerre aux frontières de ce pays, en organisant un coup d’État en Ukraine – une province qui a appartenu à la Russie pendant des siècles – et en entretenant un flot ininterrompu d’accusations faussaires.

Le résultat de cette politique irresponsable, inconsidérée et imprudente envers la Russie a été l’annonce par le haut commandement russe, il y a quelques semaines – ignorée par les médias américains – qu’il avait conclu que Washington préparait une attaque nucléaire surprise contre la Russie.

C’est l’événement le plus alarmant de ma vie. Maintenant que les criminels insensés de Washington ont convaincu la Russie que celle-ci est dans les plans de guerre de Washington, la Russie n’a d’autre alternative que de se préparer à frapper la première.

Pendant la Guerre froide, les deux côtés ont reçu de nombreuses fausses alarmes sur des missiles balistiques ICBM entrants, mais parce que les deux parties travaillaient à réduire les tensions, les alarmes sont restées lettres mortes. Mais aujourd’hui, alors que Washington a élevé les tensions à un tel niveau, les deux parties risquent de croire à la fausse alarme. La prochaine fausse alarme pourrait entraîner la fin de la vie sur terre, et pour cela il n’y a personne d’autre à blâmer que Washington.

L’accent que Trump a mis sur la normalisation des relations avec la Russie a été un grand soulagement pour les personnes suffisamment intelligentes pour comprendre les conséquences de la guerre nucléaire. Mais aucune de ces personnes n’est à Washington, au Parti démocrate, au Parti républicain, dans le complexe militaro-sécuritaire, ou parmi les organes de presse prostitués qui se font passer pour des médias en Amérique. Toutes ces personnes veulent détruire Trump parce qu’il veut faire la paix avec la Russie.

Sur les 535 membres de la Chambre des représentants et du Sénat, 530 ont voté à l’appui d’un projet de loi qui viole la séparation des pouvoirs et empêche le président Trump de mettre son veto aux sanctions contre la Russie. Comme le vote est tellement massif qu’il se protège du veto de la Maison Blanche [par plus des deux-tiers des votants], celle-ci a annoncé que Trump signera le projet de loi, renonçant ainsi à son objectif de restaurer des relations normales avec la Russie.

La Maison Blanche croit que, dans la mesure où le projet de loi est immunisé contre un veto, tout ce que Trump pourrait attendre, suite à un veto, est de se voir accusé d’être un agent russe qui exploite sa position pour protéger la Russie, ce qui pourrait facilement le conduire vers une procédure de destitution.

Cependant, il y a des choses que Trump pourrait faire, dans la mesure où le désamorçage de la menace que la Russie perçoit est essentiel pour éviter la guerre, il est impératif qu’il fasse tout son possible pour empêcher le complexe militaro-sécuritaire et ses larbins au Congrès et dans les médias de bloquer l’Amérique dans une impasse mortelle avec la Russie.

Comme je l’ai écrit hier, Trump pourrait porter sa cause devant le peuple américain dans un discours majeur en soulignant que le Congrès viole la séparation des pouvoirs, isole la présidence et lui interdit de réduire les tensions dangereuses que les administrations précédentes ont créées avec une puissance nucléaire de premier rang.

Trump pourrait également dire au Congrès que sa loi est inconstitutionnelle, qu’il ne signera pas et ne mettra pas son veto et, si le Congrès persiste, il le conduira à la Cour suprême.

Trump pourrait également téléphoner aux politiciens allemands et aux PDG des  entreprises qui ont dénoncé les sanctions comme illégales et destinées à servir les intérêts commerciaux américains au détriment de l’Allemagne. Il devrait leur dire de forcer Merkel à annoncer que l’Allemagne n’acceptera pas les sanctions. Les dirigeants de l’UE dénoncent également les sanctions. Trump, avec un peu d’effort, peut organiser l’opposition européenne jusqu’au point où il pourrait dire au Congrès que, en tant que président des États-Unis, il ne peut pas permettre à une collection d’imbéciles stupides – ce qu’est le Congrès – de détruire l’empire de Washington en expulsant les Européens. Si Trump peut amener les Européens à agir, il peut défaire le projet de loi, qui n’est réellement rien d’autre que le service rendu par le Congrès aux contributeurs du complexe militaro-sécuritaire et du lobby industriel de l’énergie à ses campagnes politiques.

Trump est un lutteur. Et c’est là le combat de Trump. Il a tout à gagner en relevant le défi, de même que le reste d’entre nous. Le monde entier devrait être derrière Trump car il n’y a personne d’autre pour désamorcer les tensions qui menacent d’une guerre nucléaire.

J’ai été émerveillé par la bêtise et les mensonges éhontés de la gauche progressiste libérale américaine, qui s’est rangée en bon ordre derrière les efforts du complexe militaro-sécuritaire pour abattre Trump, parce que la paix avec la Russie supprime la justification essentielle si nécessaire au gargantuesque budget et au pouvoir du complexe militaro-sécuritaire. Bien sûr, l’Amérique n’a plus de gauche. Elle a été remplacée par la politique identitaire, une création sioniste, comme l’explique Gilad Atzmon dans ses livres, qui s’avère efficace pour détruire les goyims en leur apprenant à se haïr les uns les autres. Dans la politique identitaire, tout le monde est victime des mâles hétérosexuels blancs, que les identitaires définissent comme un groupe de tarés accrocs aux armes à feu, misogynes, racistes et homophobes. Alors que les « déplorables » de Hillary ont voté pour Trump, la gauche libérale-progressiste hait Trump et apporte son aide au complexe militaro-sécuritaire pour le détruire, même au prix d’une guerre nucléaire.

Comme je l’avais prévu, Trump n’avait aucune idée de la façon de former un gouvernement qui serait à ses côtés et a évidemment complètement échoué. Il est continuellement contredit par son ambassadrice à l’ONU, son secrétaire au Département d’État, son conseiller de sécurité nationale, et son secrétaire à la Défense. Trump est seul dans son gouvernement.

Mais, il pourrait quand même se battre. S’adresser au peuple américain. Organiser les Européens en colère. Attaquer les criminels de Washington avant qu’ils ne détruisent le monde par la guerre.

Déjà au XXIe siècle, Washington a détruit tout ou partie de sept pays, envoyant des millions de réfugiés sur les routes qui, avec les immigrants revendiquant le statut de réfugié, modifient la population de l’Europe en l’effaçant de la surface du globe.

Voilà la récompense de l’Europe pour sa soumission à Washington.

Trump devrait dire à l’Europe : « Il est temps de faire savoir à Washington que vous en avez assez ! »

S’il ne se bat pas et se trouve éconduit par les imbéciles qui le conseillent dans le camp des oligarques dirigeants, Trump, afin de jouer son rôle de leadership, mènera les guerres américaines contre le monde. En tant que chef de guerre, il sera soutenu par l’oligarchie dirigeante, et la racaille des libéraux progressistes – qui auront aidé le complexe militaro-sécuritaire à vaincre l’initiative de Trump pour faire la paix avec la Russie – mais ne pourra plus s’appuyer sur rien.

Voici ma prédiction. La personnalité de Trump le pousse à être un leader. Après avoir été vaincu dans son initiative de paix par le complexe militaro-sécuritaire, les libéraux-progressistes, les démocrates corrompus, les républicains corrompus et les prostitués qui se font passer pour des médias, reprendront leur leadership par des guerres et des agressions contre des ennemis étrangers.

Trump a déjà imposé des sanctions illégales au Venezuela, dans l’espoir de renverser la démocratie vénézuélienne et de restaurer le règne de Washington à travers le petit groupe d’Espagnols de droite qui a traditionnellement dominé le pays.

La Russie et la Chine auraient eu la possibilité de venir en aide au Venezuela et empêcher le renversement du gouvernement démocratiquement élu par Washington, mais les deux pays manquaient de la vision nécessaire. Une fois que Washington aura renversé le gouvernement vénézuélien, il renversera le gouvernement en Équateur et retirera l’asile diplomatique à Julian Assange. Après que Assange, sous la torture, prétendra que WikiLeaks est une organisation russo-américaine financée par Donald Trump et Vladimir Poutine, il sera mis à mort, et la racaille américaine jubilera. Ensuite, Washington renversera la Bolivie et purgera le Brésil de tous ses dirigeants politiques qui n’émargent pas sur les fiches de paies de la CIA.

Ensuite, Washington va stigmatiser la Russie et la Chine comme des « nations hors-la-loi » et, entourées comme elles le sont par les sites de missiles nucléaires américains, Washington exigera la capitulation ou la destruction.

Tout cela semble être un fantasme, n’est-ce pas ? Mais c’est bien réel.

Paul Craig Roberts

Traduit par jj, relu par Cat pour le Saker Francophone

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