Peste ou choléra ?


La probabilité n’a jamais été aussi forte de voir l’espèce humaine disparaître dans l’enfer nucléaire ou dans l’extinction climatique


Hellish End Soon: Record High Likelihood Both Nuclear and Burnout


Eric Zuesse

Eric Zuesse

Par Eric Zuesse – Le 23 août 2016 – Source Strategic Culture

Les deux issues infernales possibles : guerre nucléaire ou escalade par épuisement de la biosphère – climat chaud associé à une acidification de l’océan – ont atteint maintenant leur sommet de vraisemblance.

Chacune des deux, à elle seule, peut mettre fin à la civilisation que nous connaissons, mais malheureusement, les deux sont à des extrêmes historiques et se dirigent vers la catastrophe de toute façon, à une échéance plus proche qu’on ne l’imagine.

Alors que l’exténuation par réchauffement global est maintenant devenue presque inévitable, les records mondiaux de température étant devenus une routine, il y a encore une autre issue horrible qui est devenue beaucoup plus probable qu’auparavant, elle est due au passage soudain, en 2014, d’une Ukraine à orientation pro-russe, vers une Ukraine qui cherche à rejoindre l’OTAN anti-russe.

Une guerre nucléaire globale, depuis ces événements de février 2014, inquiète la Russie autant que les États-Unis avaient été préoccupés par la présence des missiles nucléaires soviétiques à leur frontière pendant la crise des missiles de Cuba en 1962. La proximité du Capitole rendait possible une première frappe éclair qui pourrait détruire les missiles de représailles du pays attaqué avant qu’il ne puisse réagir. Aussi, le président américain Kennedy avait-il menacé d’une attaque préventive, puis a conclu un accord avec Khrouchtchev qui a permis à la civilisation d’arriver jusqu’à aujourd’hui. Donc nous sommes de plus en plus à un cheveu d’une apocalypse nucléaire, alors même que nous sommes confrontés, simultanément, à une surprenante accélération globale des températures tendant à l’épuisement de la planète.

Pour compléter le tableau, depuis 2014 les forces de l’OTAN se sont déplacées aux frontières de la Russie, et la Russie a répondu – à la fois au coup d’État en Ukraine, et aux forces de l’OTAN à ses frontières – par l’escalade de sa préparation à la guerre. Exactement comme réagiraient les États-Unis si, par exemple, la Russie avaient soumis le Mexique, puis installé des forces militaires là-bas – cette situation serait l’image inversée de ce qui se passe en Europe de l’Est.

Graphique de l’évolution des températures de 1880 à nos jours. Source 

Le 16 août 2016, ÉcoWatch a titré : NASA : juillet a été le mois le plus chaud jamais enregistré dans l’histoire de la Terre et a également signalé que « juillet a maintenant le record du dixième mois consécutif le plus chaud, et 2016 est toujours en bonne voie d’être l’année la plus chaude enregistrée ». Depuis les années 1970, lorsque les modèles ont commencé à prévoir le réchauffement climatique, les températures mondiales ont donc dépassé la partie centrale de la courbe de Gauss [dite courbe en cloche, NdT], indiquant que la probabilité de températures extrêmes est atteinte. Cela signifie que le processus s’est probablement déjà accéléré hors de contrôle et ne peut plus être inversé. La théorie carbone-gaz du réchauffement climatique a d’abord été proposée par Svante Arrhenius en 1896, mais une centaine d’années plus tard, quand Al Gore a concouru pour la présidence américaine en 2000 en proposant d’agir à partir des conclusions scientifiques qui ont confirmé la théorie de Arrhenius, il a été rejeté. Bush le négationniste a été désigné « vainqueur ». Même après que le fameux article Quantifier le consensus sur le réchauffement climatique anthropique dans la littérature scientifique a été publié le 15 mai 2013, de nombreuses personnes continuaient à nier qu’il existe un consensus scientifique sur cette question d’une importance vitale, bien que l’article ait analysé « 11.944 extraits d’articles sur le climat, de 1991-2011, correspondant aux requêtes “changements climatiques mondiaux” ou “réchauffement planétaire” » et avait indiqué que 97,2% des articles ayant exprimé une opinion sont d’accord avec l’idée que la théorie de Arrhenius est correcte et que les humains sont, en effet, en train de brûler la planète. Cependant, il y a seulement trois ans, l’opinion était que ce réchauffement planétaire se produirait beaucoup plus lentement que ce que l’on constate maintenant.

De plus, le président américain Barack Obama  propose trois méga traités commerciaux − TPP, TTIP et TISA − incluant des dispositions qui pourraient bloquer efficacement toute augmentation de la réglementation contre le réchauffement climatique − et annulerait le récent accord de Paris sur le changement climatique − de sorte que même les politiciens américains qui prétendent se soucier de la question ignorent le réchauffement climatique dans leurs politiques fondamentales. Et Hillary Clinton est bénéficiaire d’un énorme appui financier de la part de l’industrie des combustibles fossiles. Donc, tout ce qui pourrait être vraiment fait sur la question est un réarrangement des chaises longues sur le pont du Titanic. Et maintenant, le navire est clairement en train de couler − et malgré tout, beaucoup de gens ne connaissent que la propagande qui dit que cela ne se produit pas.

La voie alternative pour l’enfer à venir, si le barbecue climatique global ne vient pas avant, est la voie d’une guerre nucléaire. Ce n’est pas tout à fait aussi certain de se produire, mais, le 31 mai 2016, a été publié « Un avertissement russe », qui dit que « s’il devait y avoir une guerre avec la Russie, les États-Unis seraient très certainement détruits, et la plupart d’entre nous seront morts ». Les auteurs de cet article se sont montrés optimistes sur le fait que M.A.D. − la théorie selon laquelle il n’y aura pas de guerre nucléaire parce que cela produira inévitablement une « destruction mutuelle assurée » dont personne ne veut − reste non seulement une réalité physique, mais aussi psychologique. Si tel était le cas, alors M.A.D. continuera son œuvre à l’avenir, comme par le passé, pour maintenir un équilibre nucléaire et prévenir la guerre nucléaire mondiale.

Cependant, en même temps que cela a été publié, je titrais : La fin de  M.A.D. − Le début de la folie, qui présentait une vue plus sombre : « La Russie pourrait être placée dans une situation où une attaque nucléaire de première frappe contre l’Occident serait − et peut-être même sera − une réponse rationnelle de la Russie aux opérations occidentales qui entourent celle-ci de forces hostiles à ses frontières. » Dans cet article, j’ai décrit la façon dont le concept M.A.D. est enterré du côté américain [qui a évoqué froidement une première frappe nucléaire éclair, espérant annihiler les possibilités de représailles adverses, NdT] − mais pas du côté russe, qui est véhémentement contre, et proteste face à ce changement américain apparent, constatant la volonté intransigeante du gouvernement des États-Unis de régenter un monde qui doit faire confiance à sa bonne volonté, à sa santé mentale, à son sens de la justice, et se conformer à ses exigences.

L”exténuation de la planète pourrait venir beaucoup plus vite qu’on ne le pensait. Ou bien, la guerre nucléaire pourrait venir, bien que je sois peut-être le seul écrivain sérieux qui pense que cela peut arriver. Mais il est impossible que je sois la seule personne qui pense que cela peut arriver : Vladimir Poutine, dans certaines de ses déclarations aux journalistes occidentaux − qui ont curieusement gardé leur calme − a dit que cela peut se produire, et que la Russie n’attendra pas simplement d’être attaquée en premier. Les États-Unis sont maintenant en train de jouer à un jeu d’intimidation nucléaire − style poule mouillée − en assumant l’hypothèse que la Russie ne va pas déchaîner soudainement sa force nucléaire si les USA et l’OTAN enfreignent l’équilibre nucléaire.

Aux États-Unis, les gens qui veulent pousser la Russie à bout en pensant que celle-ci pourrait alors simplement capituler devant l’empire mondial des États-Unis et permettre à l’aristocratie américaine de prendre en charge la Russie comme un simple autre État-client, sont communément appelés néocons, et ils sont fortement unis derrière la campagne présidentielle d’Hillary Clinton. Mais c’est aussi le cas des industries mondiales de l’énergie fossile. En fait, même les frères Koch veulent Hillary Clinton comme présidente. Et elle est en avance dans les sondages [de moins en moins, NdT]. Par ailleurs, un de ses conseillers et supporter enthousiaste, un ancien chef de la CIA qui cherche un poste dans son administration, est un néocon si extrême qu’il a suggéré que la CIA devrait assassiner secrètement les chefs d’État « qui ne nous aiment pas ».

Donc, le gros titre, La fin infernale proche a atteint une vraisemblance record, semble même être plus réaliste que si son adversaire, Donald Trump, qui est évidemment défavorisé par ces personnes, devait gagner. Celui-ci n’a laissé aucune trace dans la fonction publique, il n’y a donc pas, de façon rationnelle, la possibilité de le comparer à Clinton, sauf que la foule des « Plus d’Armes », et celle des « Plus de Carbone », connaissent intimement Clinton et ses exploits, et la préfèrent à Trump. Peut-être ce fait est-il tout ce qu’une personne raisonnable a besoin de savoir à son sujet. Et il semble probable, à ce stade, que Poutine aura à faire avec la présidente américaine Hillary Clinton, ce qui signifie qu’il aurait à gérer une néocon ultra-pure et dure, qui fera, par comparaison, paraître Barack Obama − même avec son coup d’État en Ukraine − comme un ami de la Russie.

Dans les deux cas, que la fin vienne de l’hiver nucléaire ou du réchauffement climatique, les choses sont susceptibles d’être bien pires pour les personnes − et autres animaux − qui sont encore à naître, que pour ceux qui vivent maintenant, parce que beaucoup dans la génération actuelle vivent une bonne vie, et tout cela sera probablement terminé bientôt. La vie après une guerre nucléaire et pendant l’hiver nucléaire, ou bien tout simplement dans un monde surchauffé, si nous ne mourons pas de quoi que ce soit de nucléaire, sera loin d’être aussi agréable que celle qui est vécue aujourd’hui.

Apparemment, les humains sont assez intelligents pour se donner le pouvoir de détruire le monde, mais ils sont aussi assez stupides et psychopathes pour le faire, d’une façon ou d’une autre.

Eric Zuesse

Traduit et édité par jj, relu par Catpour le Saker Francophone

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