Par Paul Craig Roberts – Le 21 août 2016 – Source Strategic-Culture
Des connaissances de ma génération sont intriguées par la disparition de la gauche américaine. Elles se souviennent de l’époque où il y avait beaucoup moins de guerre, beaucoup moins de vol par le monopole capitaliste, une élite moins riche et moins puissante, moins de violence policière contre les civils, moins de militarisation, moins de privatisation et de dérégulation, moins d’attaques au filet de sécurité sociale, moins de propagande des médias et où, pourtant, malgré une situation plus clémente, la gauche était présente et s’élevait contre tout cela.
Depuis quinze ans, et davantage si nous remontons à la destruction de la Yougoslavie par le régime Clinton, les États-Unis ont été engagés dans des guerres contre des populations dans sept pays – huit en comptant la Yougoslavie/Serbie – causant des millions de morts, d’infirmes et de personnes déplacées. Un État policier a été créé, la Constitution des États-Unis a été dépouillée de ses dispositions protectrices, et des crimes de masse ont été commis sous le droit américain et international par trois administrations. Ces crimes incluent la torture, des opérations sous fausse bannière transparentes, l’agression manifeste (un crime de guerre), l’espionnage sans mandat et le meurtre de citoyens américains. Pourtant, la voix de la gauche est à peine audible.
C’est clair, la contestation dans les explications et sur l’avenir du pays, que la gauche offrait auparavant, commence à manquer à mes connaissances. Je sais ce que ces gens ressentent. Nous avions l’habitude d’être poussés par des préjugés et une pensée stéréotypée, et la gauche était là pour secouer notre cage. Maintenant, nous sommes poussés par la propagande et il n’y a pas de forces venant faire contrepoids, à part quelques voix sur internet.
Je me souviens disant au public lors de la séance de questions et réponses, après mon intervention à la conférence Frank M. Engle en 1992, que je n’avais jamais réalisé à quel point les juges Brennan et Marshall de la Cour suprême nous manqueraient.
Aujourd’hui nous avons beaucoup plus désespérément besoin d’une gauche que lorsque nous en avions une. Aujourd’hui les gouvernements considérés comme démocratiques ont les pouvoirs d’une dictature. Aux États-Unis, par exemple, l’habeas corpus a été rayé tant des lois que de la Constitution. Pire même, les responsables de la Maison Blanche peuvent créer des listes de citoyens à assassiner sans procédure légale. Ce sont les pouvoirs d’un dictateur. Pourtant, ces attributs de la dictature sont aujourd’hui institutionnalisés et passent inaperçus.
On pourrait penser que les travailleurs américains dépossédés, dont les emplois et la sécurité financière ont été déplacés hors du pays et donnés à des étrangers, protesteraient dans les rues comme les Français le font. Mais pas un mot. Lorsque le candidat à la présidence Ross Perot a averti les travailleurs américains de ce qui était sur le point de leur arriver, ils n’ont pas eu assez confiance pour voter pour lui. Est-ce que les travailleurs américains dépossédés ont acquis une conscience suffisante – ou le problème est un manque de direction – pour voter en faveur de Trump, qui reconnaît que la perte des emplois compromet les perspectives des 99 % ? Si Trump n’a pas l’intention ou est dans l’incapacité de tenir ses promesses, nous sommes mieux lotis parce qu’échouer à tenir des promesses accroît la prise de conscience des gens.
Du point de vue de la gauche, il y a un contexte parfait pour eux dans l’Amérique d’aujourd’hui. Donc où est la gauche ?
Voici ma réponse à la question. La gauche a subi un coup terrible lorsque l’Union soviétique a disparu. L’effondrement soviétique a privé la gauche de sa croyance qu’il y avait une alternative au capitalisme démocratique américain. Cette chute a aussi découragé la gauche parce qu’elle a aussi ôté toute contrainte à l’unilatéralisme de Washington. Avec la Chine se libérant de Mao et passant dans le camp capitaliste, il n’y avait plus personne pour relever le flambeau.
Les gens se demandent avec perplexité pourquoi la gauche est d’accord avec les explications du gouvernement sur ce qui semble être des événements terroristes orchestrés sous fausse bannière. Si les gens sans opinion politique, comme des architectes et des ingénieurs, des physiciens, des nano-chimistes, des pompiers et des premiers intervenants, des pilotes d’avions commerciaux et militaires, contestent le rapport officiel sur le 9/11 sur la base de preuves, pourquoi la gauche défend-elle le rapport d’un gouvernement dont la gauche se méfie à 120% dans d’autres circonstances ? La gauche sait que l’incident du golfe du Tonkin a été orchestré pour entrer en guerre, que Saddam Hussein n’avait pas d’armes de destruction massive, que l’Iran n’avait pas d’armes nucléaires. La gauche sait que le gouvernement ment comme un arracheur de dents, donc pourquoi croit-elle l’invraisemblable théorie du complot du gouvernement sur le 9/11 ?
La réponse, je pense, est qu’avec la disparition du marxisme, l’unique espoir de la gauche est que les peuples opprimés par l’Occident se soulèvent. La gauche trouve une immense satisfaction émotionnelle dans le 9/11 comme riposte de l’opprimé contre l’oppresseur. C’est pourquoi la gauche s’accroche à l’histoire officielle du 9/11. Et aux histoires d’autres événements terroristes, comme Orlando et Nice, malgré le manque de toute preuve réelle venant les étayer.
Je me souviens que si on lui disait qu’un gros camion roulant prétendument à 56 miles à l’heure avait fauché 185 personnes puis qu’on lui avait montré immédiatement après un camion dépourvu de toute trace de sang, de vêtements, de chair humaine ou même de petite cabosse, la gauche américaine aurait refusé ce récit manifestement faux.
Interrogez quelqu’un qui a heurté un chien à 56 miles à l’heure à propos du sang et des dommages à la voiture. Interrogez quelqu’un qui a heurté un chevreuil et la voiture est détruite. Demandez à des spécialistes, si un gros camion heurte une personne à 56 miles à l’heure, si le corps de celle-ci resterait intact et pourrait être vu gisant dans la rue sans dommage apparent ni sang.
Vous n’avez pas besoin de poser la question, n’est-ce pas ? Vous voyez le problème. La force d’un gros camion se déplaçant à 56 miles à l’heure qui heurte un humain va éclabousser toute la rue avec lui. Pourtant, les photos de Nice ne montrent pas un tel événement.
Je me souviens que la gauche américaine, si un responsable de la police de Nice lui disait que le ministre français de l’Intérieur à Paris avait ordonné aux autorités niçoises de ne pas diffuser et de détruire immédiatement la totalité du film du présumé attentat terroristes pris par les caméras de sécurité postées tout le long de la rue où prétendument 185 personnes ont été fauchées par un camion et, en plus, de falsifier le rapport de police sur l’événement, cette gauche aurait exigé le sang des autorités et n’aurait pas traité ceux qui demandent des explications de complotistes.
Aujourd’hui la gauche américaine veut faire taire ceux qui soulèvent des questions sur ce genre d’étranges événements dans lesquels quelques Saoudiens qui ne pouvaient pas piloter des avions ont prévalu sur la Sécurité nationale américaine d’État et dans lesquels 185 personnes sont prétendument fauchées par un grand camion, mais les photos ne montrent pas de tels résultats et les responsables à Paris ordonnent la destruction des preuves enregistrées et la falsification du rapport.
L’histoire officielle du 9/11 est la justification des guerres. Il est difficile de s’opposer aux guerres lorsqu’on accepte la raison invoquée pour celles-ci. En acceptant la théorie de la conspiration du gouvernement pour le 9/11, la gauche a tué le mouvement anti-guerre.
Pourquoi la gauche fait-elle confiance au gouvernement précisément sur ces questions que le gouvernement utilise pour justifier la guerre et un État policier ? La réponse est que ceux qui contestent l’histoire officielle privent la gauche de la satisfaction émotionnelle issue de la croyance que les peuples opprimés sont capables de riposter, et le font. Alexander Cockburn me l’a expliqué un jour. Il a dit que lorsque je rapporte les contestations d’experts de l’histoire officielle du 9/11, je prive les opprimés de leur dignité en présumant qu’ils ne ripostent pas à leurs oppresseurs. Alex ne pouvait pas accepter la vérité, parce que cela signifiait que les opprimés acquiesçaient à leurs oppresseurs.
Je comprends comment il le voyait. Je comprends l’importance de tout mouvement d’espoir et je regrette que la gauche se soit positionnée de manière à ce que les faits sapent l’espoir, l’incitant à nier les faits.
J’offre à la gauche, ou au simulacre qui en reste, un espoir différent : faire confiance au pouvoir de la vérité. Ne défendez pas l’oppresseur, attaquez-le, et tandis que vous l’attaquez, votre puissance augmentera. Les gens ne sont pas idiots à jamais. Il vient un moment où leur situation personnelle contredit l’histoire qu’on leur sert. Mais s’il n’y a pas de direction, la conscience ne peut pas se transformer en révolte.
L’Occident a besoin d’un puissant mouvement de gauche ayant la force de contester les mensonges qui mènent le monde à une guerre d’extinction de la vie. Je préférerais une gauche réformiste à une gauche révolutionnaire, mais cela ne veut pas dire qu’une gauche révolutionnaire n’est pas préférable à ce qui existe aujourd’hui, qui est du néoconservatisme révolutionnaire sans l’opposition d’une force qui fasse contrepoids.
Article original paru sur paulcraigroberts.org
Traduit par Diane, vérifié par Wayan, relu par Cat pour le Saker francophone
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