Encore une réunion peu concluante à Berlin qui renforce l’impression d’une chancelière faible et indécise. Merkel a dit (ou pas) à Porochenko de ne pas lancer d’offensive militaire, mais n’a pas fait pression sur lui pour adopter les aspects politiques de Minsk II
Alexander Mercouris – Le 26 août 2015 – Source Russia Insider
La réunion tant attendue entre Merkel, Hollande et Porochenko à Berlin a accouché d’une souris, attirant étonnamment peu d’attention des médias internationaux – un fait intéressant en soi.
La réunion a eu lieu dans le contexte d’une détérioration constante de la situation dans le Donbass, avec des craintes de plus en plus précises que les Ukrainiens sont sur le point de lancer une nouvelle offensive.
Porochenko est censé avoir demandé la réunion. Vraisemblablement, il l’a fait dans l’espoir d’obtenir le soutien de Merkel et Hollande.
Toutefois, si Porochenko était à la recherche de déclarations de soutien retentissantes , il a fait chou blanc.
Alors que nous ne savons pas ce qui a été dit en privé, en public Merkel et Hollande ont réaffirmé leur soutien aux accords de Minsk II et ont exigé que les termes en soient strictement respectés.
Comme il n’est maintenant plus contesté que ce sont les Ukrainiens qui bloquent la mise en œuvre de l’accord Minsk II, cela pourrait être interprété comme une réprimande implicite à l’égard des Ukrainiens.
Le plus important à noter est que la réunion a pris fin sans les habituelles condamnations excessives à l’encontre de Poutine et de la Russie, les accusant d’envenimer la situation.
Au lieu de cela Merkel a déclaré que «après avoir entendu ce que la partie ukrainienne avait à dire», elle «consulterait les dirigeants russes pour entendre ce qu’ils avaient à dire».
Ceci, et quelques commentaires qui sont apparus récemment dans les médias occidentaux s’inquiétant que l’Occident soit en train d’abandonner l’Ukraine, suggère que – comme les Russes l’ont demandé avant la réunion -–Angela Merkel met en garde Porochenko contre toute nouvelle action militaire.
Cela ne peut pas être une coïncidence qu’à la suite de la réunion, il a été constaté un arrêt des bombardements ukrainiens sur le Donbass.
Rien de tout cela ne signifie une fin imminente du conflit.
Merkel peut avoir prévenu Porochenko de ne pas déclencher une offensive. Cependant il n’y a pas la moindre preuve qu’elle ait mis une quelconque pression sur lui en ce sens.
Quant à son commentaire vaniteux sur l’intention d’écouter ce que les deux côtés ont à dire, il la fait paraître moins comme une diplomate que comme une juge. Les deux parties doivent se demander de quel droit Merkel les juge.
L’argot de la jeunesse allemande a inventé un nouveau verbe – merkeln – (Merkeler) signifiant «être indécis, ou manquer d’une opinion sur quelque chose».
Selon les sondages ce verbe est le plus récent et le plus populaire dans l’argot de la jeunesse allemande. Il montre à quel point l’opinion que nous avons émise à plusieurs reprises dans nos articles, à savoir que Mme Merkel est un leader faible et indécis, est maintenant totalement acceptée en Allemagne même.
Ce verbe décrit exactement le comportement de Mme Merkel à cette dernière réunion.
Elle semble avoir agi pour empêcher les Ukrainiens de lancer une offensive dont elle sait qu’elle échouerait, ce qui l’obligerait à de nouvelles négociations, comme celles qui ont eu lieu en février à Moscou et à Minsk, et pourrait l’exposer à plus de critiques. Ce qu’elle ne veut pas.
Dans le même temps, elle refuse de faire quelque chose pour résoudre le conflit, qui est la cause ultime de la crise, parce que, cela aussi, l’exposerait trop à la critique. Ce qu’elle ne veut toujours pas.
Au lieu de cela, elle laisse mijoter la crise, à feu doux, en veilleuse, perpétuant un statu quo qui lui convient, mais ne convient à personne d’autre, et dont tout le monde sait ce qu’il est insoutenable.
Cet étrange cocktail de vanité et de faiblesse, chez Mme Merkel, a joué un rôle clé dans l’origine de la crise ukrainienne.
Il joue également un rôle clé dans sa poursuite.
Vu ce qui est ressorti du sommet de Berlin, rien n’a changé.
Alexander Mercouris
Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone