Les Ukrainiens sont-ils des Russes ?


Par The Saker – Le 6 décembre 2022 – Source The Saker’s Blog

La question semble simple, mais elle est en réalité immensément complexe. Je vais essayer d’exposer quelques-uns des problèmes, des hypothèses et des implications que cette question implique.

Pour commencer, nous pourrions nous demander « qu’est-ce qu’un Ukrainien ?« . Après tout, on ne trouve aucune nation ou pays de ce type dans les livres d’histoire. Mais nous ne devons pas nous arrêter là et nous devons également nous demander « qu’est-ce qu’un Russe ?« . Oui, il y a eu une nation russe et un pays russe enregistrés dans les livres d’histoire, mais cela nous aide-t-il vraiment ?

Les livres d’histoire français commençaient autrefois par la phrase « nos ancêtres les Gaulois« , que même les enfants des colonies françaises devaient apprendre. Certains se sont moqués du fait que les Africains subsahariens ou les enfants de Guadeloupe devaient apprendre cela, ce qui était évidemment ridicule.

Mais qu’en était-il des Français de métropole, de ceux qui vivaient en France proprement dite ?

Leurs ancêtres étaient-ils vraiment des Gaulois et, si c’est le cas, quelle est la continuité, s’il y en a une, entre Vercingétorix et Macron ou les personnes issues des anciennes tribus gauloises jusqu’aux Français modernes ?

Ce que nous oublions souvent, c’est que la nationalité est un concept très moderne né de l’idéologie du nationalisme de l’après 1789. Dans un passé plus lointain, les gens construisaient leur identité autour 1) de leur lieu de naissance/résidence 2) de leur religion et 3) de leur souverain. En gardant tout cela à l’esprit, commençons par poser la question « qu’est-ce qu’un Russe ?« . Mais avant d’en arriver là, je dois mentionner une autre question embêtante : le mot français « Russe » peut signifier deux choses : un membre du groupe ethnique/culturel russe, auquel cas le terme russe est русский (roosskii) ou un citoyen de la Fédération de Russie, auquel cas le terme russe serait россиянин (rossiianin).

[Encadré : avant 1917, vous pouviez être un « Russe tchétchène » ou un « Russe allemand », car la distinction entre rossiianin et roosskii n’existait pas à l’époque ou, plutôt, elle était moins courante et utilisée différemment. La Russie étant l’héritière culturelle, politique et spirituelle de l’Empire romain d’Orient, elle a intégré la multi-ethnicité dès son apparition].

Pour l’instant, ignorons la deuxième signification et concentrons-nous sur le русский (roosskii) ethnique/culturel. Qu’est-ce qu’un русский (roosskii) ?

Pour essayer de trouver une bonne définition, commençons par expliquer ce qu’un Russe n’est pas.

  • Ce n’est pas quelqu’un qui parle russe. Il y a plein de gens qui parlent russe et qui ne sont pas russes.
  • Ce n’est pas quelqu’un qui est né en Russie, car il y a beaucoup de non-Russes nés en Russie.

Qu’en est-il de quelqu’un né de parents russes ?

Nous nous heurtons ici à un problème logique : si nous définissons comme russe quelqu’un né de parents russes sans définir ce que signifie russe en premier lieu, il s’agit d’une définition complètement circulaire.

Par ailleurs, Shoigu est-il russe ? Son père est un Tuvan ethnique. Donc 50% de russe maximum ?

Et le tsar Nicolas II ? Ses ancêtres étaient principalement allemands et danois.

Et Lénine ? Il n’avait qu’un quart de sang « russe » (quoi que cela veuille dire).

Ici, nous devons garder à l’esprit trois éléments cruciaux :

  • La Russie a toujours été multiethnique, même au 10ème siècle !
  • La Russie n’a pas de frontières naturelles
  • La Russie a été envahie par d’innombrables groupes ethniques et religieux et beaucoup de ces groupes se sont acculturés à la société russe en ajoutant leur héritage à celui de la Russie.

La « définition ethnique » ne fonctionne donc pas du tout.

Pour des pays comme le Japon ou des peuples indigènes comme les Mapuches, les catégories ethniques peuvent avoir un sens, mais pour un pays doté d’une histoire et d’une géographie comme la Russie, cela n’a absolument aucun sens (d’où la raison pour laquelle le patriotisme est une force très positive en Russie et le nationalisme une force très toxique).

Mais cela ne peut que devenir encore plus compliqué.

Tout comme, disons, la France ou l’Italie, la Russie a traversé des moments très différents de son histoire et la Russie du 15e siècle et celle du 19e siècle ont très peu en commun.

C’est très subjectif, mais je dirais qu’au minimum, nous pouvons diviser la Russie historique en plusieurs périodes :

  • La Russie avant Pierre Ier
  • La Russie entre Pierre Ier et 1917
  • La Russie soviétique entre 1917 et 1991
  • La Russie colonisée par les États-Unis entre 1991 et 2000
  • La Russie de Poutine (2000-2021)
  • La Russie après 2022

Et même s’il s’agit d’une catégorisation très simplifiée, chaque période devrait être subdivisée, mais cela prendrait trop de place ici.

J’ajouterai que la façon dont les Russes se définissent au cours de ces périodes a également changé, et c’est pourquoi, avant 1917, Dostoïevski pensait que l’on ne peut être russe que si l’on est d’abord orthodoxe (ce qui pouvait avoir un sens avant 1917, mais n’en a aucun en 2022). Mon propos ici n’est pas de discuter de la meilleure définition possible de « qui/qu’est-ce qu’un Russe« , mais de montrer que cette question apparemment simple est aussi très complexe et, au mieux, une cible mouvante !

Dans le cas de l’Ukraine, la situation est encore plus complexe que cela.

Lorsque j’ai écrit ci-dessus qu’il n’y avait pas de « nation ukrainienne » ou d' »État ukrainien » dans l’histoire, je ne voulais pas dire que PARCE QUE de tels phénomènes n’ont pas existé dans l’histoire, il n’y a pas d’Ukrainien aujourd’hui.

Pour être clair, je ne crois PAS que pour se considérer comme appartenant à un groupe ethnique ou culturel, il faille avoir un fondement historique à sa revendication. Les nations peuvent être créées, en fait, je dirais qu’elles sont toutes créées à un moment donné. L’ethnogenèse est une chose que nous pouvons observer sur tous les continents, dans toutes les nations et dans tous les groupes ethniques : c’est l’émergence d’une identité NOUVELLE et DISTINCTE, généralement suivie de la création de « mythes fondateurs » qui peuvent ou non avoir une base réelle dans l’histoire.

Dans le cas de l’Ukraine (j’entends ici ce terme géographiquement, la frontière sud-ouest/les terres frontalières de la Russie), il est tout simplement indéniable que ces terres ont vécu sous le joug polonais/latin pendant de nombreux siècles et que cette occupation a eu deux résultats directs :

  1. Le peuple ukrainien a connu des expériences que le reste de la nation russe n’a pas connues (comme le fait d’être sous occupation latine ou d’avoir des communautés orthodoxes soumises à l’Église orthodoxe grecque et non russe).
  2. Le peuple ukrainien n’a pas vécu certains des événements les plus cruciaux de l’histoire russe (comme la crise entre l’ancien et le nouveau rite qui a profondément ébranlé la société russe au XVIIe siècle et après).

Ces différences d’expérience ont laissé des traces profondes dans l’identité des personnes qu’elles ont touchées. Il serait insensé de le nier et il serait dangereux de l’ignorer délibérément !

Donc, pour résumer ce que j’ai essayé de montrer jusqu’ici, nous pourrions dire que :

  1. L’histoire n’est pas un outil utile pour mesurer une prétendue « légitimité » de la revendication identitaire d’un groupe quelconque.
  2. Les identités ethniques/culturelles peuvent naître spontanément et même artificiellement.

Dans le cas de l’Ukraine, il s’agit d’un mélange des deux. L’« Ukraine » est avant tout une création de la papauté latine (voir ici pour une discussion). Mais, qu’on le veuille ou non, les Latins ont fini par déclencher une ethnogenèse ukrainienne, avec plus ou moins de succès (en gros, plus on est à l’ouest, plus le joug polonais est long, plus l’identité ukrainienne est forte).

Mais même si rien de tout cela ne s’était produit, cela ne ferait aucune différence.

Même si nous supposons qu’il n’y avait absolument RIEN sur notre planète qui puisse être appelé « Ukraine » ou « Ukrainien », et même si le peuple de l’Ukraine d’après 1991 n’avait aucune base historique pour ses revendications, c’est toujours un droit humain fondamental de choisir son identité (ou, plus précisément, ses identités, au pluriel).

Si, demain, le peuple japonais décide qu’à partir de maintenant son identité ne sera plus japonaise mais, disons, martienne, nous pourrons rire tant que nous voudrons, mais nous ne pourrons pas lui refuser ce droit ou le forcer à renoncer à sa nouvelle identité « martienne ».

En outre, n’est-il pas stupide de dire à une personne qui déteste absolument la Russie et tout ce qui est russe et qui croit sincèrement qu’elle appartient à un groupe ethnique et culturel totalement différent, que cette personne n’a aucun droit à cette identité et doit donc accepter qu’elle est russe ?

Cela créerait un « russophobe« .

En fait, il y a BEAUCOUP de Russes russophobes. Même si, selon toutes les définitions imaginables, vous êtes russe (ou de toute autre nationalité), vous avez toujours le libre arbitre de rejeter cet héritage et d’en choisir un autre (même fictif).

Il existe même un terme spécial pour ces personnes : вырусь (vyroos). D’après mon expérience, la plupart (mais pas tous !) des gens qui ont volontairement émigré de Russie entrent dans cette catégorie.

C’est pourquoi ma première thèse ici est la suivante : les Ukrainiens qui ont choisi de s’identifier comme Ukrainiens et qui rejettent tout héritage russe (quel que soit le sens que l’on donne à ce terme) ont le droit moral de le faire et personne n’a le droit moral de leur refuser ce choix. Et si des arguments historiques peuvent être utilisés pour démystifier les mythes fondateurs de l’idéologie ukrainienne, ils ne peuvent pas être utilisés pour refuser à quiconque ce qui est un choix profondément personnel.

[Aparté : je crois personnellement que les identités peuvent être cumulatives et qu’elles ne doivent pas nécessairement s’exclure les unes les autres. Si je me considère personnellement comme un « Russe d’avant 1917 » sur le plan culturel, je suis à 50 % néerlandais par mon ADN, je suis né en Suisse alémanique, j’ai vécu la plus grande partie de ma vie dans la région genevoise francophone et je ressens également d’autres identités culturelles en moi, notamment une identité argentine. Je parle bien 5 langues (bien qu’avec beaucoup de fautes de frappe quand j’écris, comme vous le savez tous !) et 2 autres raisonnablement. Je vis actuellement aux États-Unis (cliquez ici pour savoir pourquoi). Et pour ajouter un autre élément, je suis membre d’une église grecque orthodoxe, pas d’une église russe. Je me considère également comme un guitariste de jazz et un apnéiste. Ainsi, même mes passe-temps font partie de mon identité. Pourquoi devrais-je me limiter à une seule identité, « pure », alors que je suis si clairement un bâtard ? En fait, j’embrasse et j’apprécie toute cette diversité d’influences qui ont toutes contribué à façonner la personne que je suis aujourd’hui. Et si je revendique ce droit au cumul des identités, comment pourrais-je le refuser à quiconque].

Et puis il y a ce fait indéniable : si environ 80 % des россиянин (rossiianin) sont des русский (roosskii), 20 % ne le sont pas. En fait, il y a 193 groupes ethniques en Russie et 35 langues qui sont considérées comme des langues officielles dans diverses régions de Russie, en plus du russe, plus de 100 langues minoritaires. Et si les Tchétchènes ne sont pas русский (roosskii), ils sont très certainement россиянин (rossiianin), c’est-à-dire que si les Tchétchènes constituent un groupe ethnique distinct, ils font également partie de ce que j’appelle le « domaine civilisationnel russe« . On pourrait raisonnablement affirmer que les Tchétchènes de 2022 sont les plus patriotes de tous les Russes !

Cela a beaucoup plus de sens pour moi que de creuser dans les clades, tribus ou groupes indigènes locaux du passé et de rechercher une « identité biologique« .

C’est d’ailleurs l’une des différences les plus frappantes et les plus profondes entre les modèles culturels russe et ukronazie : Les Russes veulent et apprécient l’immense diversité de leurs nations. Les Ukronazi veulent une Ukraine racialement pure, russenrein, (d’où leur discours constant sur les « sous-hommes« , les « cafards » et la « biomasse« ).

Laissons le concept idiot de « race pure » aux nazis, aux sionistes et à leurs semblables.

La première chose que je voudrais souligner immédiatement est qu’historiquement, les terres que nous appelons aujourd’hui l’Ukraine ont été très exposées à la civilisation russe, voire en ont fait partie. Mais cela n’est absolument PAS vrai de l’identité culturelle actuelle, ukronazie/banderiste, qui, en fait, a été créée en tant qu’anti-orthodoxie et qui se considère aujourd’hui comme une anti-Russie. Je connais personnellement très, très bien cette identité : non seulement j’ai rencontré de nombreux ukronazis dans ma vie, mais j’ai également suivi la propagande ukronazie sur VOA et RFE/RL pendant des années et je sais que le nationalisme ukronazie n’a aucun contenu positif, il n’est qu’une négation pure et totale de tout ce qui est russe avec quelques revendications vraiment ridicules (et comiques) sur une certaine « antiquité ukrainienne« .

En d’autres termes, même si vous vivez à Odessa ou à Kharkov et que vous êtes (supposons-le simplement) de pure souche russe (ce qui n’est pas le cas, mais suivez-moi), vous pouvez TOUJOURS rejeter cette identité et adopter celle que vous voulez, y compris l’identité ukronazie/banderiste.

A ce stade, je voudrais énumérer tous les critères qui ne sont manifestement pas utiles pour discuter des identités :

  • La constitution génétique
  • Le lieu de naissance
  • La langue maternelle (ou langues)
  • La religion
  • L’histoire en général et les frontières historiques (qui se déplacent constamment) en particulier
  • L’approbation ou non d’une idéologie ou d’une revendication culturelle.
  • Les idéologies politiques
  • Les identités embrassées dans le passé
  • La différence entre une langue et un dialecte
  • Les similitudes et les différences avec d’autres identités

Et pourtant, chaque fois que j’entends des gens discuter de la question de savoir si les Russes sont des libérateurs ou des occupants de l’Ukraine, je vois ces critères utilisés, et par les deux camps !

Cela n’a absolument aucun sens pour moi.

En fait, je crois fermement que le choix d’être ukrainien, russe ou les deux (oui, c’est un choix !) dépend de chaque personne. Point final.

Mais je tiens à ajouter quelque chose de crucial : le fait de devoir faire un tel choix personnel n’est pas spécifique ou unique aux Ukrainiens, tous les Russes sont également confrontés à la même question !

Je soutiens que, objectivement, la 5e colonne « russe » et les intégrationnistes atlantiques ne sont, de facto, pas des Russes. Pourquoi est-ce que je dis cela ? Parce que 1) ils servent des maîtres étrangers et 2) ils cherchent à nuire à la Russie. Et je me moque de la manière dont leurs actions sont présentées (Navalnyi a vraiment essayé de se faire passer pour un nationaliste !)

Ainsi, être « russe » signifie, à mon avis, que vous avez fait un choix délibéré en vous identifiant au domaine civilisationnel russe et en en faisant partie.

En d’autres termes, on ne peut pas être russe et détester la Russie.

Combien de personnes dans ce qui reste de l’Ukraine aujourd’hui se considèrent comme russes ?

Je ne le sais pas, et je pense que personne d’autre ne le sait non plus.

Mais je pense qu’il est juste de dire que la plupart des gens en Russie ont été choqués par le nombre d’Ukrainiens qui ont choisi non seulement d’adopter une identité ukrainienne, mais même de se battre et de mourir pour elle ! Beaucoup pensaient sincèrement que les Ukrainiens étaient des « frères« .

Aujourd’hui, cette « fraternité » ressemble de plus en plus à la « fraternité » de Caïn…

Plus étonnant encore, la plupart de ces Ukronazis ne parlent même pas correctement l’ukrainien et se parlent surtout en russe. Certains se considèrent même comme des chrétiens orthodoxes. Ouais, ces russophones, dont beaucoup viennent du centre et de l’est de l’Ukraine, chantent encore « Батько наш – Бандера, Україна – мати, ми за Україну будем воювати ! » (Notre père est Bandera, notre mère l’Ukraine, nous sommes prêts à faire la guerre pour l’Ukraine).

Je note avec une certaine jubilation que si Bandera est leur père, alors l’Ukraine n’est pas née avant le milieu des années 1920 (puisque Bandera est né en 1909 !). Et je ne parlerai même pas des hallucinations des Ukies sur le fait d’être de « purs Aryens » (par opposition aux Moskals qu’ils voient comme des Finno-Ugrico-Mongols), qui est une idéologie qui s’est développée encore plus tard 🙂

Donc, 2163 mots plus tard, avons-nous au moins réussi à répondre à la question de savoir si les Ukrainiens sont des Russes ?

Non, pas vraiment. Et voici pourquoi :

Pris isolément, les termes « ukrainien » et « russe » sont très ambigus.

Nous savons que, dans le passé, beaucoup de ceux que nous appelons aujourd’hui « Ukrainiens » avaient des ancêtres qui vivaient et faisaient partie du domaine civilisationnel russe. Mais cela ne signifie pas du tout que les Ukrainiens modernes veulent (ou même pourraient !) rejoindre le domaine civilisationnel russe, d’autant plus que ce que ce domaine était, est et deviendra est également très complexe et même controversé.

En outre, je pense que nous devons prêter une attention particulière à ce qui se passe en Russie aujourd’hui : l’OMS a eu un impact ÉNORME sur la société russe et cette société est en train de changer rapidement et profondément.

En soi, cela pose la question de savoir quel genre de royaume civilisationnel la Russie offre aujourd’hui aux peuples de l’Ukraine ?

Une chose est certaine, la Russie de, disons 2023-2025 sera profondément différente de la Russie de 2000-2022. Tout d’abord, l’ultimatum russe à l’Occident de 2021 puis l’OMS de 2022 ont véritablement révolutionné (au sens littéral) la Russie : les 5èmes colonnes et autres libéraux assortis ont fui par milliers (principalement vers la Pologne, Israël et les trois États baltes), les intégrationnistes atlantiques ont soit abandonné, soit gardé un profil très bas. Les agents étrangers (personnes payées par des intérêts étrangers) doivent désormais s’enregistrer, sont répertoriés comme tels et peuvent être condamnés à une amende, voire à une peine de prison, pour avoir enfreint les lois russes (enfin !).

La Russie a également rejeté complètement et catégoriquement toute l’idéologie woke promue par l’Hégémonie mondiale.

Plus important encore, la réalité d’un Empire anglo-sioniste qui veut subjuguer, coloniser, asservir et briser la Russie est maintenant devenue assez difficile à ignorer. En fait, cette guerre (contre l’Occident dans son ensemble, pas seulement contre quelques Ukronazis !) est autant une guerre existentielle pour la Russie que la Seconde Guerre mondiale, de sorte que les Russes qui se plaignent du manque de jamon serrano espagnol dans les magasins russes doivent se réveiller et comparer leurs « difficultés » actuelles avec ce que leurs parents et grands-parents ont subi pendant la Seconde Guerre mondiale (d’ailleurs, vous pouvez toujours trouver du jamon serrano espagnol en Russie, mais à un prix plus élevé qu’auparavant ; il existe également de superbes substituts locaux !)

Je tiens ici à exprimer mes plus profonds remerciements aux néoconservateurs américains, aux lemmings de l’UE, aux nazis de l’OTAN, aux papistes latins et à tous les autres détracteurs de la Russie qui ont généré l’une des plus grandes vagues de haine de l’histoire de l’humanité et qui ont maintenant forcé tous les Russes à faire un choix fondamental, mais vital : résister ou périr.

Contrairement à la population occidentale (jusqu’à récemment) et à la population ukrainienne (encore une fois, jusqu’à récemment), de nombreux Russes ont progressivement changé de mode de pensée, passant du « temps de paix » au « temps de guerre« . En fait, je dirais même que les prétendues « défaites russes » à Bucha, Kharkov ou Kherson n’ont fait que jeter de l’huile sur le feu de la colère russe : en février de cette année, très peu de Russes auraient soutenu l’idée d’éteindre les lumières dans toute l’Ukraine. Mais à la fin de l’été, ils l’exigeaient !

Donc, la prochaine fois que vous entendrez parler de « défaites russes« , considérez ce qui suit :

  1. L’effet de réveil massif que ces « défaites » ont eu sur la société russe (plutôt gâtée)
  2. Le prix comparativement minuscule payé par la Russie pour ces retraites tactiques (des manœuvres d’économie de force en fait) et
  3. Le coût énorme de ces « victoires » pour l’OTAN.

Et décidez par vous-même si Poutine est faible et indécis ou très intelligent et rusé 🙂

Personne ne sait vraiment à quoi ressemblera la Russie en 2023-2024-2025, etc. Personne ne sait donc vraiment quel genre de « royaume civilisationnel russe » l’OMS « offrira » au peuple ukrainien. Il est donc impossible de savoir si les Ukrainiens (quels Ukrainiens de toute façon, ils constituent toujours un groupe diversifié !) redeviendront ou non des Russes un jour. Certains le feront probablement. Beaucoup ne le feront probablement pas.

Pour moi, une chose est axiomatique : La Russie ne devrait pas occuper ne serait-ce qu’un seul mètre carré de terre « ukrainienne » si cette terre est majoritairement peuplée d’Ukronazis. En fait, je ne vois pas la nécessité d' »aller jusqu’à la frontière polonaise » ou d’autres grands projets de ce genre. Oui, l’OTAN pourrait bien ne pas laisser le choix à la Russie (tout comme l’OTAN a imposé l’OMS à la Russie !), mais j’espère alors une entrée et une sortie rapides. La Russie ne devrait libérer que ceux qui veulent être libérés. Un point c’est tout. Les autres, elle peut soit les ignorer (s’ils laissent la Russie tranquille), soit les tuer (s’ils la menacent).

La Russie veut-elle ou a-t-elle besoin de millions d’Ukronazis à l’intérieur de ses frontières ? Non !

La Russie peut-elle se permettre de payer pour la destruction du pays 404 ? Pas du tout !

Les autorités russes veulent-elles vraiment être chargées non seulement des retraites et des programmes sociaux, mais aussi de l’ordre public dans un pays peuplé de personnes (armées !) qui haïssent la Russie avec passion ? Pas du tout !

Mais je suis tout à fait d’accord pour dire que le Banderastan doit être entièrement démilitarisé et dénazifié.

Le premier objectif peut être atteint sans avoir à déployer des forces sur chaque mètre carré de l’Ukraine, tandis que le second sera la conséquence naturelle du premier : si tout ce que vous avez, c’est la police et les forces d’intervention, quel est l’intérêt de jouer aux nazis ou de parler de « libérer la Crimée l’année prochaine » ? Et si certains ukronazis résiduels veulent lire Mein Kampf, et peuvent rester woke en le lisant, alors laissez-les faire. Qui s’en soucie ?

Et puis il y a les mouvements de population. Des MILLIONS sont partis vers l’UE et des MILLIONS sont partis vers la Russie. Des MILLIONS sont également « partis » lorsque la Crimée et la LDNR ont rejoint la Russie. Et maintenant que les lumières sont éteintes, des MILLIONS d’autres partent (et seulement 20% prévoient de revenir selon les estimations ukrainiennes). Ajoutez à cela les 100 000 morts au combat d’Ursula von der Layen, multipliez-les par un facteur de sécurité de 2 et nous avons probablement déjà 200 000 morts au combat et, par conséquent, environ 300 000 – 400 000 blessés au combat. Certes, « Ze » & Co. peuvent continuer à mobiliser vague après vague après vague de civils, et l’OTAN peut même faire passer la plupart d’entre eux par une sorte de formation de base (y compris une formation avancée pour certains), mais ce n’est pas une stratégie durable : La Russie dispose de beaucoup plus d’obus d’artillerie qu’i y a de corps ukrainiens, polonais, britanniques et tous les autres fous qui veulent se jeter dans le hachoir à viande russe.

[Aparté : vous pourriez vous demander quel est le plan actuel des néoconservateurs américains. Il est simple : faire tuer autant d’Ukrainiens que possible et ensuite accuser la Russie de génocide et ruiner les économies de l’UE pour éliminer un concurrent. Au fait, le plan A était d’attaquer la LDNR, de déclencher un renversement de Poutine, de placer une marionnette au pouvoir et de démembrer la Russie. Ce plan a échoué. Ce que nous voyons aujourd’hui est donc le plan B des États-Unis, exécuté par l’OTAN et quelques idiots mégalomanes souffrant de douleurs fantômes impériales (UK+PL pour ne pas les citer)].

Un point supplémentaire : tout ceci s’applique également à la Biélorussie, au Kazakhstan et à tous les autres pays limitrophes de la Russie. Jusqu’à présent, pas un seul d’entre eux n’a montré sa capacité à être un État viable et stable. TOUS ont choisi ce que certains appellent le « multi-vectorisme« , c’est-à-dire qu’ils supplient la Russie pour leur protection et les États-Unis pour leur argent.

La Russie a-t-elle besoin de tels « amis » ou « alliés » ?

L’Iran, la Chine ou même l’Algérie ne sont-ils pas des amis et des alliés infiniment meilleurs à tous points de vue ?

Je dis que tous ces limitrophes doivent se ressaisir et faire un choix fondamental, car s’il y a une chose que l’Euromaïdan a prouvée au-delà de tout doute raisonnable, c’est que l’Occident ne permettra jamais à un pays d’être un bon voisin ou partenaire à la fois de l’Occident et de la Russie.

Maintenant, surtout après la vague de haine totale contre tout ce qui est russe en Occident, cette obligation de choisir un côté ou l’autre est devenue un fait de la vie, au moins aussi longtemps que l’Empire anglo-sioniste (déjà mort) maintiendra son élan (encore très réel) et sa capacité à suborner les élites compradores qui gouvernent des pays sans souveraineté ni pouvoir de décision (l’ensemble de l’UE pour commencer). C’est pourquoi la Russie et la Chine aspirent toutes deux à un monde multipolaire dans lequel tous les pays sont véritablement souverains et les relations entre ces pays déterminées par les règles du droit international.

Conclusion

Il ne s’agit pas de l’Ukraine et de la Russie. Il s’agit d’une réorganisation complète de notre planète entière, y compris le commerce et la finance internationale, les alliances politiques et les valeurs culturelles/spirituelles.

Les deux images suivantes résument bien tout cela, je pense.

En ce moment, la Russie et l’Ukraine sont des cibles mouvantes qui subissent d’énormes changements. Et je ne dis pas que les Russes et les Ukrainiens ne peuvent pas être frères ou même redevenir une seule nation. Tout ce que je dis, c’est que faire une telle hypothèse serait extrêmement dangereux et coûteux.

Quelque part, plus loin sur la route, il pourrait y avoir une Ukraine et une Russie vivant dans une relation pas trop confortable comme, disons, le Pakistan et l’Inde aujourd’hui, mais avec une Ukraine entièrement démilitarisée (sans parler de celle qui menace la Russie avec des armes nucléaires, ce que le Pakistan et l’Inde ont, donc ce parallèle ne va pas plus loin). Je suis presque sûr que les Polonais vont s’emparer d’une partie du Banderastan, et peut-être aussi les Hongrois. Enfin, je considère qu’il est très probable que, d’une manière ou d’une autre, la Russie libère la côte ukrainienne et lève le blocus actuel de la République moldave de Pridnestrovie (RMP) où vivent environ un demi-million de citoyens russes. Vous pouvez donc vous imaginer à quoi ressemblera l’Ukraine lorsque les Russes décideront de s’arrêter.

Mais, au bout du compte, c’est au peuple ukrainien qu’il appartiendra de décider du domaine civilisationnel qu’il souhaite embrasser. La Russie ne devrait pas libérer ceux qui choisissent l’esclavage.

Andrei

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

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