Par Paul Craig Roberts – Le 4 juin 2017 – Source Russia Insider
Le complexe militaro-industriel de sécurité a mis soixante-dix ans à construire son empire. Le complexe a assassiné un président américain (JFK) qui le menaçait et expulsé un autre (Richard Nixon) de son siège. Le complexe ne tolère pas l’élection de politiciens en Europe qui pourraient ne pas suivre la ligne de Washington sur la politique étrangère et économique.
Soudain, selon les médias occidentaux et même russes, le complexe laisserait un homme, Trump, qui ne règne pas en Amérique, et une femme, Merkel, qui ne règne pas en Allemagne, détruire son empire.
Selon les médias aux ordres, en sortant de l’Accord de Paris (le pacte climatique mondial) et en déclarant que les membres de l’OTAN devraient contribuer davantage au budget de l’alliance, dans laquelle le contribuable américain a une part proportionnellement excessive, Trump a amené Merkel à conclure que l’Europe ne peut pas compter plus longtemps sur Washington. La discorde entre Trump et Merkel et la démission de Washington de son rôle de leader aurait détruit l’alliance occidentale et laissé l’UE elle-même au bord de la rupture.
Tout cela est une sottise absurde. Voici ce qui s’est vraiment passé :
À peine Trump élu, des hommes en costumes foncés et cravates sombres, avec des porte-documents, lui ont expliqué que ce n’était pas la politique de Washington de normaliser ses relations avec la Russie ; ils lui ont aussi expliqué que ce n’était pas la politique de Washington de sortir de l’Accord de Paris. Trump a dit quelque chose comme ça : « Écoutez, les gars, vous m’avez déjà demandé d’abandonner mon initiative de paix avec la Russie et mon intention de sortir de Syrie. Maintenant, vous me forcez sur mon engagement L’Amérique d’abord. Si les gens se rendent compte que je ne suis pas vraiment le président, avec qui allez-vous gouverner ? Que pensez-vous d’un compromis ? »
Voici le marché, comme Trump l’a parfaitement expliqué dans son discours. Il retire temporairement les États-Unis de l’Accord de Paris et ouvre immédiatement des négociations pour revenir dans l’Accord, selon des termes moins onéreux pour les Américains. En d’autres termes, le lâchage est un geste pour sauver la face, qui entraînera une petite réduction des coûts pour l’Amérique. En fin de compte, nous aurons une victoire de Trump et aucun dommage pour l’Accord de Paris.
Pour sa réélection, Merkel a besoin d’une impulsion qui détournera l’attention allemande du million de réfugiés musulmans que celle-ci a laissé entrer en Allemagne, amenant avec eux le crime, le viol et le terrorisme. Sa déclaration dramatique selon laquelle l’Europe ne peut plus compter sur l’Amérique était un moyen idéal de recentrer l’attention. Je ne serais pas surpris que Trump et Merkel se soient concertés pour organiser la façon de jour le coup.
Pourtant, ni les journalistes, ni les commentateurs ne pouvaient dévoiler la vérité évidente. Pourquoi ? Les médias occidentaux ne pouvaient pas laisser passer l’occasion de dénoncer Trump, en l’accusant d’avoir détruit le leadership américain et le climat, et les organisations environnementales ont saisi l’occasion de collecter des fonds pour s’opposer à la destruction du climat par Trump. Les commentateurs russes ont vu l’espoir pour la Russie d’entrer dans l’OTAN, ainsi que la rupture de l’UE, suite aux conséquences de l’isolationnisme de l’Amérique.
Il y a deux implications sérieuses de cette tromperie médiatique. L’une d’elles est que les Américains et le monde sont aveugles au fait qu’il existe des centres de pouvoir qui contraignent le président des États-Unis et sont capables de remplacer l’ordre du jour sur lequel celui-ci a fait campagne par le leur. Nous avons vu cela avec Obama, mais on nous a expliqué que ce dernier n’en avait jamais eu l’intention [de tenir ses promesses de campagne]. Maintenant, nous allons avoir la même explication avec Trump. Le fait que le président soit contraint par le complexe militaro-industriel de sécurité et le pouvoir financier, ne sera pas mis en lumière. Ainsi, le mythe de la Matrice, selon lequel la démocratie apporte le changement par les élections, continuera à empêcher les gens de se rendre compte de la réalité.
Une deuxième conséquence est que les Russes, espérant toujours faire partie de l’Occident tout en conservant leur souveraineté nationale, ce qu’aucun membre de l’UE ou de l’OTAN n’est autorisé à faire, verront dans le soi-disant retrait du leadership américain des espoirs renouvelés d’adhérer à l’Europe. Si les Russes prennent au sérieux l’onction, par le New York Times, de l’Allemande Merkel comme « dernier défenseur de l’Ouest libéral », la Russie pourrait se laisser tenter, militairement et économiquement, de ralentir ses préparatifs militaires et le développement de ses relations économiques avec l’Asie.
Les gens n’auront toujours qu’une petite idée des événements réels, tant que les reportages et les commentaires ne refléteront que des ordres du jour politiques et des aspirations optimistes.
Paul Craig Roberts
Traduit par jj relu par nadine pour le Saker Francophone
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