Le rapprochement avec la Russie est très populaire en Grèce


Par Dimitar Bechev – Le 10 avril 2015 – Source : Russia Insider

Outre les préoccupations économiques immédiates, il y a beaucoup de raisons fondamentales pour lesquelles la tentative de Tsipras de ranimer les relations entre la Russie et la Grèce a été largement soutenue en Grèce:

 

  • L’opinion publique en Grèce est favorable à la Russie.
  • Les deux pays ont des liens culturels et historiques importants.
  • Les Grecs, en particulier à gauche, sont notoirement anti-américains.

L’opinion nationale, en Grèce, de la gauche radicale à l’extrême-droite, est largement favorable à la Russie. Selon un sondage de 2014, 52% des Grecs considèrent le leadership russe dans les affaires mondiales comme souhaitable. Et 49% des Grecs désapprouvent l’aide de l’Union européenne à l’Ukraine.

De telles attitudes peuvent s’expliquer si on considère les relations existant depuis longtemps entre la Grèce et la Russie. La Grèce est l’un des quatre membres à majorité orthodoxe de l’Union européenne. Tsipras, célèbre pour avoir été le premier dirigeant grec à refuser de prêter serment devant l’archevêque d’Athènes, a néanmoins pris le temps, lors de ses rencontres à Moscou, de rendre visite à Kirill, le Patriarche de toutes les Russies.

L’Histoire joue un rôle, aussi. L’ancien ministre grec des Affaires étrangères Ioannis Kapodistrias est devenu le premier chef d’État grec, en 1827, et le tsar Nicolas Ier a joué un rôle essentiel dans la protection de l’indépendance du pays, en 1830. La révolution grecque contre les Ottomans a été, à l’origine, conçue par des émigrés dans la ville portuaire russe d’Odessa. Plus tard, la Russie a combattu aux côtés de la Grèce dans la Seconde Guerre mondiale. Et les communistes grecs ont mené la résistance contre l’occupation nazie; s’il n’y avait pas eu l’intervention décisive des États-Unis dans la guerre civile grecque (1946 à 1949), le pays se serait facilement retrouvé avec les Soviétiques. Plus récemment, le Premier ministre populiste Andreas Papandreou a poursuivi vigoureusement un rapprochement avec le Pacte de Varsovie dans les années 1980, comme moyen de faire pression sur son ennemi héréditaire, la Turquie, officiellement un pays membre de l’Otan.

Pour Tsipras, poser avec Poutine peut lui faire gagner des points dans le pays, avec les nombreux Grecs opposés aux États-Unis. L’anti-américanisme est profondément ancré dans la culture politique grecque. Dans le sondage de 2014, seuls 31% des Grecs ont dit vouloir que les États-Unis dirigent les affaires mondiales. Comme ailleurs dans les Balkans, la rancune contre l’Ouest nourrit la sympathie à l’égard de ce qu’ils perçoivent comme le défi de Poutine à l’hégémonie états-unienne. C’est une vue partagée autant par les anti-impérialistes à gauche que par les nationalistes à droite.

Par Dimitar Bechev

Article original  paru dans Foreign Policy

Traduit par Diane, relu par jj pour le Saker Francophone

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