«Obama devrait riposter si la Russie continue de frapper nos gars» – Zbigniew Brzezinski
Par Nick Gass – Le 5 octobre 2015 – Source : Politico
Les États-Unis devraient menacer la Russie de représailles si celle-ci n’interrompt pas ses frappes sur les alliés des Américains en Syrie : c’est ce qu’écrit l’ancien conseiller à la sécurité nationale, Zbigniew Brzezinski, dans une tribune libre publiée dimanche dans le Financial Times. Il appelle à de «l’audace stratégique», la crédibilité de l’Amérique au Moyen-Orient étant en jeu.
Le choix manifeste de Moscou de ne pas limiter ses frappes à État islamique et de cibler les rebelles syriens soutenus par la CIA «au mieux» montre «l’incompétence militaire russe» et, au pire, «un désir évident et dangereux de faire ressortir l’impuissance politique américaine», écrit Brzezinski, ancien conseiller à la Sécurité nationale du président Jimmy Carter et fervent supporter de l’actuel président Barack Obama.
«Et si la Russie continue de frapper des cibles non-État islamique, les États-Unis devraient riposter», ajoute-t-il.
«Alors que les événements s’accélèrent, les États-Unis n’ont qu’une seule option valable s’ils veulent protéger leurs intérêts dans toute la région : faire savoir à Moscou qu’elle doit arrêter et renoncer aux actions militaires qui touchent directement les alliés des Américains.
La présence navale et aérienne russe en Syrie est vulnérable, elle est isolée géographiquement de leur territoire. Les Russes peuvent être désarmés s’ils persistent à provoquer les États-Unis.
Le problème au Moyen-Orient ne se limite pas à la Syrie, et il devrait incomber à la Russie de coopérer avec les États-Unis, qui ne peuvent plus, comme par le passé, se reposer sur le Royaume-Uni et sur la France pour jouer un rôle déterminant dans la région.
Mais, mieux encore, on devrait pouvoir convaincre la Russie d’agir avec les États-Unis pour rechercher le règlement d’un problème régional qui dépasse les intérêts d’un seul État», écrit Brzezinski.
Au lieu de ce qu’il appelle «une nouvelle forme de domination néocoloniale», les États-Unis, tout comme la Chine et la Russie, doivent agir de manière concertée pour protéger leurs intérêts mutuels, a-t-il averti.
«La Chine préfèrerait sans doute rester à l’écart. Les Chinois peuvent penser qu’ils seront en meilleure position pour tirer les marrons du feu. Mais le chaos régional peut très facilement s’étendre vers le nord-est, et même embraser l’Asie centrale et l’Extrême-Orient. Alors la Russie et la Chine pourront chacune en être gravement affectées. Mais les intérêts américains et les amis de l’Amérique – sans parler de la stabilité régionale – en souffriraient aussi. Le moment est donc venu pour l’audace stratégique», conclut-il.
Nick Gass
Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller à la Sécurité nationale du président Jimmy Carter, est un des théoriciens neocons les plus en vue. Dans son principal ouvrage, paru dans les années 1990, Le Grand Echiquier, il explique comment les États-Unis doivent agir pour conserver leur domination globale. Ses principales cibles sont les ensembles eurasiens, la Russie et la Chine. Pour tenir ces derniers en respect, les faire éclater et les coloniser, il veut utiliser l’extrémisme islamique et les nationalismes renaissants des anciens pays soviétiques, notamment les nationalismes ukrainien et géorgien.
Traduit par Ludovic et relu par jj et Diane pour le Saker Francophone