Lavage de cerveau en Russie et à l’Ouest

Le 5 octobre 2015 – Source homment.com

Ceux qui essaient de forger notre opinion sur notre voisin de l’Est répètent jusqu’à plus soif  que la majorité absolue des Russes n’a qu’une seule source d’informations, qui est la radiodiffusion publique, le mégaphone principal de la propagande du Kremlin. Ils prétendent que les citoyens russes n’ont aucune autre façon de savoir ce qui se passe autour d’eux. Mais est ce que cela correspond à la réalité?

Pendant les dernières décennies, internet est devenu une alternative reconnue aux médias officiels. Par contraste avec les journaux, la radio et les chaînes de télévision il est extrêmement difficile de contrôler le Web, au moins au-delà des frontières nationales.

Selon Internet Live StatsInternet Word Stats et la CIA presque 60 % des russes avaient accès à internet en 2014. En termes numériques, c’est plus que la population entière de l’Allemagne, par exemple. La Russie est classée 6e pour le nombre d’internautes dans le monde avec une augmentation annuelle de 10 %, 2.89% du nombre mondial d’internautes et une population de 1.97% par rapport à la population mondiale.

Utilisateurs d’internet par pays en 2014

Peu de pays peuvent se vanter d’une telle conscience de leurs propres citoyens.

En jugeant par la statistique mentionnée ci-dessus, la Russie a le plus grand potentiel pour la croissance de son audience internet en Europe et un bon ratio du nombre d’internautes en rapport avec la population totale du pays (59,27%).

Le Report of Global Web Index Company fournit même plus de données pour la réflexion sur la même période.

La Russie a une avance forte, en valeur absolue, pour le nombre total d’internautes dans l’Union européenne.

Utilisateurs d’internet en Europe

Temps passé sur internet.

À en juger par le graphique, les Russes et les Polonais passent le plus de temps sur internet, à savoir, 4 heures et 50 minutes par jour en moyenne.

Cependant, il y a un aspect plus important d’accès aux informations alternatives que la statistique à propos du nombre des utilisateurs ou du temps passé sur le World Wide Web. C’est la connaissance des langues étrangères. Dans le programme d’études scolaire russe, l’anglais est une discipline obligatoire. Les enfants l’étudient durant 5 à 11 ans, selon le type de leur enseignement. Dans la plupart des écoles russes, ils étudient aussi une deuxième langue étrangère au choix, en plus de l’anglais obligatoire. Plus de 80% des élèves veulent étudier une des langues européennes. Depuis le 1er septembre 2015, le cours obligatoire (!) d’une deuxième langue étrangère est présenté dans toutes les écoles russes. Dans la grande majorité des écoles supérieures russes et d’autres écoles spécialisées, l’anglais et d’autres langues supplémentaires sont programmées pendant toute la formation (3 à 6 ans). A la fin d’une telle formation, n’importe quel citoyen russe a en somme de 5 à 17 ans d’études anglaises (ou même plus, dans le cas d’enseignement supplémentaire).

Ainsi, prenant en compte les possibilités du service de traduction Google, pratiquement chaque internaute russe a l’accès aux médias européens et d’autres sources d’information et d’analyse, sauf ceux qui sont émis dans des langues exotiques.

À contrario, très peu d’Européens ou d’Américains qui entreprennent d’étudier la propagande russe n’ont une idée de ce que les médias russes ou – par contraste – les médias ukrainiens publient vraiment [du fait de la méconnaissance de la langue, NdT]. Rarement des compte-rendus exacts des événements, beaucoup plus souvent l’interprétation des événements, en rapport avec la Russie et formatés pour l’audience occidentale, c’est le maximum que les Européens obtiennent.

Avec ceci en vue, les déclarations des prétendus experts et des analystes politiques concernant le lavage de cerveau des Russes et leur manque d’accès aux informations alternatives semblent très biaisées. En réalité, la situation dans son ensemble est tout à fait l’inverse. La plupart des citoyens de la Fédération de Russie peuvent obtenir des informations de sources diverses, y compris des étrangers, tandis qu’un habitant européen juge la Russie et son peuple à travers l’image promue par les médias officiels.

Ainsi, qui de nous est la vraie victime de la propagande ?!

Il est bien connu que l’attitude critique vis à vis de toutes les choses inculquées est la condition de base nécessaire pour éviter la tromperie. Les Russes l’ont développé pendant des décennies. Les gens qui ont une expérience de vie en URSS n’ont pas besoin d’explications sur ce que peut être une machine de propagande d’État. Ce n’est pas une simple coïncidence si les Russes se réfèrent à un poste de télévision seulement comme à une boîte à cons. Contrairement aux Européens et aux Américains, personne en Russie n’accepte les nouvelles officielles à leur valeur nominale. La propagande du Kremlin n’est pas un credo pour les Russes. C’est une arme qui n’est pas toujours entre de bonnes mains, mais qui est nécessaire pour contrer la pression de la propagande de l’Ouest. L’hostilité des Russes envers nous et le démenti de notre mode de vie n’est pas la conséquence d’un manque de familiarité avec les us et coutumes de l’Occident ; c’est un rejet conscient de nos informations courantes. Les Russes qui ont été trompés tant de fois dans leur passé sont généralement beaucoup plus pragmatiques que nous ne le sommes aujourd’hui. Ils pensent que nous sommes des idiots qui voient tout avec des lunettes roses, mais ne peuvent même pas voir qu’ils sont manipulés.

Tout cela prend forme dans une situation plutôt paradoxale. C’est la volonté de l’Ouest, pas la politique de communication de Poutine qui fait que les Russes sont loyaux envers ce régime inefficace. Le Kremlin ne crée pas la tendance hostile envers l’Occident ; il l’utilise pour maintenir sa propre popularité.

Et ou en sont les USA et l’UE dans la situation actuelle ?

Encore une fois, ils vont continuer à diffuser notre vérité unique et indiscutable à travers le territoire de la Russie !

Le conseil d’administration de BBC a annoncé ses plans d’une nouvelle chaîne de télévision satellite avec un hébergement de vidéo pour l’audience russe, en vue d’étendre sa présence via des plates-formes telles que YouTube et Rutube.

Un groupe de travail spécial est sur le point d’être créé à l’ intérieur du Service d’action externe européen pour contrer la propagande russe .

Des diffuseurs internationaux comme Deutsche Welle, Radio Liberty et Euronews ont déjà étendu leur radiodiffusion parlant russe.

Le centre de Communications Stratégique d’Excellence de l’Otan [sic] à Riga [resic] commencera bientôt à travailler.

Et à quoi sert-il ? Il est inutile de révéler aux Russes ce qu’ils savent déjà et refusent consciemment ! Apparemment, quelqu’un à l’Ouest est fortement intéressé à maintenir l’image de la Russie comme notre ennemi et, bien sûr, en mettant encore une fois sa main dans la poche des contribuables…

Traduit par Jefke, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone

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