Par Andrew Korybko – Le 14 février 2018 – Source Oriental Review
La stratégie de « confinement » anti-chinoise de l’Inde vise à amener New Delhi à prendre le contrôle des nœuds stratégiques le long des lignes maritimes de communication (LMDC) dans l’océan afro-indien, mais les plans du pays sont contrecarrés par l’ingéniosité de la Chine qui bricole des solutions de contournement asymétriques autour de ces goulets d’étranglement.
Dynamique de fond
Ne vous méprenez pas, il y a une nouvelle guerre froide qui fait rage entre la Chine et l’Inde à travers le plan de « Grande Asie du Sud ». Elle a récemment atteint son paroxysme lors de la guerre hybride améro-indienne dans les Maldives. Delhi pourrait intervenir militairement dans une crise provoquée de l’extérieur et provoquer une confrontation stratégique encore plus tendue avec la Chine. La dynamique de la géopolitique du XXIe siècle de l’ordre mondial multipolaire est telle que l’Inde a été « retournée » par les États-Unis contre la Chine dans cette nouvelle guerre froide, alors que la Chine était tournée contre l’URSS pendant l’ancienne guerre froide. Washington exploite à merveille les conflits préexistants entre ces deux grandes puissances afin de diviser et de régner indéfiniment sur l’hémisphère oriental pour son avantage hégémonique.
Il y a des décennies de cela, les États-Unis ont dressé la Chine contre l’URSS et ont opposé les deux pays communistes dans une lutte idéologique interne pour gagner les « cœurs et les esprits » du « Sud global » mais cette fois, ils cherchent à brouiller l’Inde et la Chine autour de cette bataille épique sur la connectivité compétitive dans le même espace afro-asiatique transcontinental. Alors que la vision globale de la route de la soie One Belt One Road de la Chine se concentre sur des projets d’infrastructures, le « Corridor de croissance Asie-Afrique » (également appelé « corridor de la liberté ») indo-japonais vise à développer les soins de santé, l’éducation et d’autres domaines. Les deux représenteraient idéalement une parfaite complémentarité si les deux parties coordonnaient leurs efforts pour obtenir des dividendes gagnant-gagnant. Mais cela va se transformer probablement en une campagne d’influence à somme nulle les uns contre les autres.
Resserrer l’étau
Ce n’est pas le choix de la Chine, mais celui de l’Inde, qui a été incité par les États-Unis à jouer un rôle militaire plus actif dans son océan austral afin de réduire la liberté de navigation de Pékin dans cet espace maritime à travers lequel passe la grande majorité de ses échanges commerciaux. C’est un rôle ironique que prend la soi-disant « plus grande démocratie du monde » contre un pays que les médias Mainstream dépeignent régulièrement comme faisant exactement la même chose dans la mer de Chine méridionale. Les États-Unis reconnaissent assez facilement que l’océan afro-indien est le point faible stratégique de la Chine et qu’elle doit concevoir une « solution » forte pour contrer le fait que Pékin a cassé la zone de confinement du détroit de Malacca avec le corridor économique sino-pakistanais ( CPEC) qui l’a doté d’un accès terrestre sans entrave à cette espace.
Avant d’expliquer la nature géostratégique de la stratégie améro-indienne du « confinement chinois » le lecteur doit d’abord reconnaître que l’accord LEMOA que les deux parties ont signé à l’été 2016, a permis à l’ancien État sud-asiatique « non aligné » d’entrer dans un partenariat militaire et stratégique sans précédent avec l’hégémon unipolaire, qui permet aux deux parties d’utiliser au cas par cas les installations militaires des uns et des autres. Dans la pratique, cela signifie que les forces armées indiennes peuvent utiliser la base de Diego Garcia située au centre de l’océan, tout comme leurs homologues américains sont maintenant libres d’en faire de même avec toutes les bases de l’Inde sur le sous-continent. En outre, les deux parties peuvent également placer leurs unités militaires dans leurs installations respectives en Afrique, ce qui, selon nous, est un développement important qui ne doit pas être négligé.
L’océan afro-indien
Avant d’explorer comment cette stratégie évolue rapidement dans la région, il est nécessaire d’expliquer ce que l’on entend par le néologisme de « l’océan afro-indien ». Comme nous l’expliquions dans un article précédent, l’« océan Indien » est un nom impropre parce que la rivière « Indus » dont il porte le nom et l’« Inde » sont en fait appelé « Sindhu » par ses indigènes pakistanais, invalidant ainsi le concept britannique de l’ère impériale derrière les noms modernes de ces deux entités. Cette terminologie est beaucoup plus précise géographiquement et historiquement dans un sens socio-culturel, divisant ce plan d’eau entre ses moitiés africaine et « indienne » en raison du fait que la partie ouest africaine mentionnée en premier a des liens séculaires avec le Moyen-Orient à cause de la « traite des esclaves par les Arabes » tandis que la majeure partie du sous-continent a connu des relations encore plus longues avec le sud-est asiatique en raison de son héritage hindou-bouddhiste partagé.
Ce n’est que pendant la période coloniale britannique que l’Inde et le reste du sous-continent ont entamé des relations étendues et significatives avec l’Afrique. Il est donc trompeur que l’Inde moderne revendique cette étendue d’eau dans sa totalité alors qu’elle n’a pas les bases historiques pour le faire sur sa moitié occidentale. On verra plus loin dans l’analyse que la distinction entre les parties africaine et indienne de cet océan a une signification stratégique en attirant l’attention sur les différentes conditions dans chaque espace compétitif, ce qui permet aux deux camps incluant des Grandes Puissances de concevoir plus efficacement des plans pour approfondir leur influence dans ces conditions de nouvelle guerre froide. Afin d’aider le lecteur à mieux comprendre la vaste portée géographique de ce que cela implique, voici une carte de l’océan afro-indien divisé en trois théâtres de compétition :
- Vert : Océan Africain
- Rouge : Océan Central
- Bleu : Océan Indien
Maintenant, voici à quoi ressemble la carte en illustrant les projets d’infrastructures stratégiques de la Chine (en Rouge) et de l’Inde (en Orange) dans l’océan afro-indien, qu’ils soient d’ordre militaire ou économique (aéroport, port maritime) :
En commençant par l’océan africain, voici les projets mis en évidence :
Chine
- Base militaire djiboutienne (chemin de fer Djibouti-Addis Abeba)
- Port de Lamu, Kenya (LAPSSET)
- Bagamoyo, Tanzanie (Corridor central)
- Port de Gwadar, Pakistan (CPEC)
Inde
- Base navale et aérienne de l’île d’Assomption, Seychelles
- Radar et poste d’écoute à Madagascar
- Installations aériennes et portuaires d’Agalega, Ile Maurice
- Base navale de Duqm, Oman
- Port de Chabahar, Iran
En ce qui concerne l’océan central, l’infrastructure pertinente est la suivante :
Chine
- Installations portuaires et aérienne à Malé, Maldives
- Port d’Hambantota, Sri Lanka
Inde
- Base navale et aérienne de Diego Garcia, Territoire britannique de l’océan Indien (via l’accord LEMOA avec les États-Unis)
- Port de Trincomalee, Sri Lanka
Et enfin, les installations dans cet océan Indien, nouvellement défini, sont :
Chine
- Port de Kyaukphyu, Myanmar
Inde
- Base navale des îles Andaman et Nicobar (potentiellement soutenue par le Japon)
- Base navale de Singapour
Les trois théâtres de « confinement »
La principale différence entre les projets afro-indiens de la Chine et de l’Inde est que Pékin est soupçonnée d’avoir une capacité potentielle de « double usage » à l’avenir, alors que beaucoup à New Delhi affichent ouvertement leurs motivations militaires. En outre, la Chine à mis son projet en chantier depuis des années, mais pour l’Inde, c’est un développement relativement récent qui s’est surtout imposé ces deux dernières années et qui a coïncidé avec son accord LEMOA avec les États-Unis. Il est évident que Washington dirige la stratégie afro-indienne de New Delhi dans le but de la transformer en un pouvoir naval (« atlantiste ») afin de « contenir » le pouvoir continental (« eurasiatique ») de la Chine. De plus, chaque théâtre afro-indien de compétition possède ses propres spécificités comme champ de bataille.
Océan africain
Cette région s’étend du Moyen-Orient jusqu’à l’Afrique de l’Est. La Chine y est limitée en terme d’infrastructure continentale tandis que l’Inde équilibre ses déploiements stratégiques avec des déploiements insulaires aux Seychelles et à Maurice. La connexion Chabahar-Gwadar pourrait être « trop confortable » pour certains, mais même dans le cas où aucune grande puissance n’y déploie de forces militaires en premier, les nouveaux droits de l’Inde d’ancrer ses unités navales dans le port de Duqm d’Oman pourraient « être un facteur de changement » qui oblige la Chine à emboîter le pas à Gwadar comme les média Mainstream imaginent à tort comme étant déjà le cas. Dans un tel scénario, il est peu probable que l’Inde reçoive les privilèges correspondants à Chabahar, mais c’est probablement pour cette raison attendue que New Delhi a « pivoté » proactivement vers Duqm.
L’importance stratégique de ce port omanais réside non seulement dans son potentiel double de connectivité maritime dans le cadre d’un éventuel projet GCC Silk Road et/ou d’un lien entre l’Afrique de l’Est et l’Asie centrale (les deux derniers selon l’Accord d’Achgabat auquel a récemment accédé l’Inde), mais aussi dans sa possible disruption dans le cas où les hostilités éclatent entre l’Inde et le Pakistan et/ou la Chine. C’est dans cet esprit que la décision d’Oman d’autoriser la Marine indienne à accoster à Duqm devrait être considérée comme un geste sans précédent par la monarchie parce qu’elle défie la « neutralité » traditionnelle de l’État et pourrait théoriquement en faire une cible d’Islamabad et/ou de Pékin si l’un de ces deux alliés (et dans ce cas, probablement les deux) entrait en guerre contre New Delhi.
Duqm est également important car il se situe entre Gwadar et Djibouti, interférant ainsi avec les lignes de communication ASGA du Pakistan entre le CPEC et son homologue africain de la route de la soie Djibouti-Addis Abeba, ainsi que celle partant de Port Soudan, dite route sahélo-saharienne de la soie. En outre, les forces indiennes de Duqm pourraient également créer des complications pour toute base spéculative pakistano-chinoise au sud Yémen à Aden en cas de guerre, donnant ainsi à cette ville désolée du désert une influence disproportionnée et non dite sur le plan général. Delhi actualise pleinement son potentiel stratégique (jusqu’à et y compris la considération de permettre à son allié américain d’utiliser également cette facilité). Au-delà de Duqm, la présence de l’Inde dans le triangle Seychelles-Madagascar-Maurice peut lui permettre ainsi qu’aux États-Unis (via le LEMOA) d’exercer une influence sur les ports de la Route de la Soie en Afrique de l’Est au Kenya et en Tanzanie.
Océan central
Cette partie de l’océan afro-indien est devenue un champ de bataille important récemment en raison de la guerre hybride de « l’État profond » indo-américain sur les Maldives, basée sur le retrait ou le « confinement » de l’influence chinoise dans cet archipel stratégique. Parallèlement à cela, l’Inde tente de pénétrer au Sri Lanka après avoir contribué au « coup d’État électoral » de 2015 contre l’ancien président Rajapaksa. Cela bien que ce dernier et son allié américain aient été surpris lorsque le parti politique du leader déchu a renversé les sondages locaux plus tôt cette semaine dans une démonstration étonnante de l’insatisfaction du peuple envers les autorités pro-indiennes qui l’ont remplacé.
Les événements dans ces deux pays sont cruciaux en raison de leurs conséquences géostratégiques dans le contexte de la nouvelle guerre froide sino-indienne, car le maintien ou la croissance de l’influence de Pékin sécuriserait le SLOC et renforcerait ainsi la présence de la Nouvelle Route de la Soie au cœur de la voie navigable océanique afro-indienne tandis que la victoire des forces mandataires indiennes contrecarrerait puissamment cela à l’avantage décisif de Washington, New Delhi et Tokyo. Alors que les situations politiques continuent de mijoter simultanément le long de l’axe septentrional maldivien-sri-lankais dans cette région, l’avant-poste indo-américain de Diego Garcia continue de surveiller les événements et jette une ombre omniprésente sur ces deux zones.
Océan Indien
La partie orientale de cette étendue d’eau, décrite avec plus de précision comme le véritable « océan Indien dans le cadre de cette analyse, a permis à la Chine de sécuriser une double installation continentale-maritime au Myanmar, dans l’État de Rakhine au nord-est du golfe du Bengale. Quant à l’Inde, son nouvel accès naval dans le détroit de Malacca grâce à son accord avec Singapour et les futures patrouilles conjointes avec le Japon dans les îles Andaman et Nicobar pourraient permettre à New Delhi de relier ces bases orientales avec son port sri-lankais à l’ouest et éventuellement une présence futur au Bangladesh dans le nord pour transformer la baie du Bengale en un « lac indien ». S’il était « réussi » ce mouvement reproduirait les conditions stratégiques de « confinement » de la mer de Chine méridionale que la République populaire cherchait initialement à éviter lorsqu’elle a commencé le couloir économique du Nord-Est Chine-Myanmar (CMEC), avec pour « conséquence » de le rendre d’autant plus important.
Contrer la doctrine navale du « confinement »
Car, aussi catastrophique que puisse être la situation stratégique pour la Chine en ce qui concerne la doctrine de « confinement » naval américano-indien, il existe encore plusieurs options réalistes pour contrer ce réseau émergent de menaces.
Un accord gagnant-gagnant avec Oman et les Seychelles
Il n’y a aucune raison que quiconque présume que la présence militaire de l’Inde dans ces deux pays stratégiquement positionnés est exclusive à ses forces navales, car la « diplomatie du CPEC » pourrait, selon toute vraisemblance, utiliser des accords gagnant-gagnant pour « acheter » son ticket d’entrée dans ces installations portuaires suivant ainsi le modèle perfectionné chez ce qui était auparavant les faire-valoir maldiviens et sri-lankais de New Delhi, il y a moins de dix ans. Bien qu’il soit bien sûr préférable pour la Chine et son allié pakistanais que l’Inde ne voit pas son empreinte militaire croître dans l’un ou l’autre de ces États, les « dommages » que cela pourrait éventuellement causer à la nouvelle route de la soie pourraient être atténués s’ils cherchaient avec sagesse à imiter l’exemple djiboutien en diversifiant au maximum leurs partenariats militaires et en les « équilibrant » entre de multiples « mécènes ».
Tirer parti des partenariats militaro-stratégiques avec des tiers multipolaires
Tout comme l’Inde a fait équipe avec les États-Unis, le Japon et bientôt la France (qui possède quelques avant-postes stratégiques dans l’océan afro-indien), la Chine et le Pakistan peuvent faire de même avec leurs partenaires militaires multipolaires de Russie et de Turquie dans ce même espace. Moscou n’en est pas encore revenue à avoir des droits de base permanents dans cette région, mais cela ne signifie pas qu’Islamabad ne peut pas l’inviter et lui donner un tel privilège à Gwadar, ce que la Russie pourrait accepter sous le prétexte plausible et ostensible qu’il n’est pas « orienté militairement » contre un parti tiers (les États-Unis) mais qu’il conditionne la protection de son futur pipeline irano-pakistanais contre toute menace régionale (par exemple les pirates de Daech/al-Shabaab/Baloutche, etc.). Quant à la Turquie, elle a déjà une base terrestre à Mogadiscio et pourrait essayer de l’étendre à l’avenir dans le domaine naval.
Le concept dominant est que l’introduction de tierces parties en partenariat avec la Chine et le Pakistan pourrait décourager toute ingérence unilatérale ou multilatérale de l’Inde et de ses alliés unipolaires contre le SLOC de la Route de la Soie, en s’appuyant sur un paradigme classique de stabilité dans une région de plus en plus tendue. La Russie et la Turquie ont récemment « étendu leurs ailes » et pourraient être très intéressées à participer à ce cadre, surtout si elles développent une couverture apolitique et non militaire utile afin de détourner les accusations selon lesquelles cela aurait pour effet de contrecarrer quelqu’un d’autre. En s’appuyant sur leurs partenariats militaro-stratégiques avec ces deux États, la Chine et le Pakistan peuvent sécuriser le CPEC et faire en sorte que la « fermeture eurasiatique » devienne véritablement une Convergence des Civilisations sans être compensée par la connexion navale omano-seychelloise de l’axe américano-indien selon un scénario à somme nulle dans ce cas.
Pause du blocus de la baie du Bengale
Bien que cet avenir soit encore lointain, l’Inde prépare visiblement le terrain pour sceller la baie du Bengale et neutraliser le CMEC chinois via sa coordination quadrilatérale espérée entre Singapour, la base des îles Andaman et Nicobar, le Sri Lanka et le Bangladesh. La Chine doit donc faire tout ce qui est en son pouvoir pour briser ce scénario de blocus de facto.
À cette fin, il est impératif de soutenir les gouvernements des Maldives et du Myanmar face aux menaces de guerre hybride, tout en encourageant le Sri Lanka et le Bangladesh à « s’éloigner » de l’Inde et à approfondir leurs relations « équilibrées » avec la Chine. Selon cette dernière recommandation, Rajapaksa pourrait potentiellement gagner les prochaines élections au Sri Lanka si sa tendance au retour reste consistant, alors que la possibilité de voir le parti d’opposition nationaliste du Bangladesh faire de même après un possible et récent emprisonnement politisé de son chef est beaucoup moins probable.
Néanmoins, la Chine doit en faire une priorité de sa sécurité nationale afin qu’elle ne « perde » ni l’un ni l’autre de ces deux États, car les conséquences pourraient être désastreuses si ils formaient les points cruciaux du réseau de « confinement » indo-américain visant à faire du golfe du Bengale un « lac indien ». Ce scénario entraînerait une pression sans précédent sur le CMEC, ce qui le rendrait stratégiquement inoffensif et pourrait également menacer la Route de la Soie de l’ASEAN.
Réflexions finales
Le centre mondial de gravité stratégique se déplace vers l’Est, de la zone euro-atlantique à la région Asie-Pacifique, l’océan afro-indien se situant au centre de ce changement de paradigme mondial et devenant par conséquent l’espace pivot ultime. Ce n’est pas un hasard si les États-Unis ont manipulé l’Inde pour en faire un allié et déclencher une nouvelle guerre froide avec la Chine parce que cette situation concurrentielle fournit le parfait prétexte à Washington pour utiliser New Delhi comme « patte de chat » pour « contenir la Chine » et étendre le réseau de proxys « dirigés dans l’ombre » par le Pentagone dans ce plan d’eau irremplaçable que traverse la majeure partie des flux commerciaux de Pékin.
La constellation croissante de bases indiennes qui ont germé depuis un an et demi, depuis que New Delhi a scellé son partenariat militaire stratégique avec les États-Unis à travers l’accord LEMOA de l’été 2016, suggère fortement que les planificateurs américains orchestrent l’expansion de l’Inde dans cet océan. Mais la Chine peut utiliser des solutions créatives en tirant parti de ses partenariats multipolaires de la Route de la Soie pour contrer de manière proactive cette menace latente avant qu’elle ne devienne incontrôlable. Néanmoins, on ne sait pas très bien lequel de ces deux « camps » arrivera en tête de la compétition d’influence géopolitique dans l’espace afro-indien, mais ce qui est certain, c’est que cette intense dynamique de rivalité stratégique définira les décennies à venir de ce XXIe siècle.
Andrew Korybko est le commentateur politique américain qui travaille actuellement pour l’agence Sputnik. Il est en troisième cycle de l’Université MGIMO et auteur de la monographie Guerres hybrides : l’approche adaptative indirecte pour un changement de régime (2015). Ce texte sera inclus dans son prochain livre sur la théorie de la guerre hybride. Le livre est disponible en PDF gratuitement et à télécharger ici.
Note du Saker Francophone Cet article, avec son pendant, est à nouveau magistral. La redéfinition des concepts, y compris géographiques, permet de mieux cerner les enjeux en effaçant les écrans de fumée pseudo-historique. L'Antipresse de la semaine publie aussi un long article sur le sujet : Un océan qui fut indien. Enfin, nous avons cet autre article publié par mondialisation.ca.
Traduit par Hervé relu par Cat pour le Saker Francophone
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