La logique et les risques derrière le soutien de la Russie aux micro-États

Note du Saker Francophone

A lire, bien sûr, avec les pincettes d'usage. Il s'agit toujours de la position d'un Stink Think Tank américaniste très proche des pouvoirs US. Je vous laisse lire entre les lignes.

https://www.stratfor.com/sites/default/files/styles/stratfor_square/public/profiles/photos/Reva-Bhalla.jpg?itok=U9FVrSA6Par Reva Bhalla – Le 15 Septembre – Source stratfor.com

Mère Russie peut être très généreuse quand on en vient à sa collection de micro-États. Au début des années 1990, quand une Russie brisée n’avait pas d’autre choix que de s’accrocher à ses frontières, un Kremlin sévèrement distrait a trouvé encore le temps et l’argent pour promouvoir et parrainer des territoires au séparatisme naissant comme l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie en Géorgie et la Transnistrie en Moldavie.

Et comme la Russie est devenue plus cohérente économiquement au fil des ans, le nombre de troupes russes dans ces territoires a grandi, et une plus grande part du budget de la Russie a été mis de côté pour garder à flot ces micro-États. [Faut oser quand on mesure le budget US pour ses actions extérieures, NdT]

Ces micro-États post-soviétiques ont beaucoup en commun. Ils sont tous minuscules – l’Ossétie du Sud a une surface d’environ 3 900 kilomètres carrés (1 500 milles carrés) [Notez que dans l’article original anglais, la surface est affichée en km2, la cible de l’article est donc bien extérieure au monde anglo-saxon, NdT] et compte environ 40 000 habitants, l’Abkhazie couvre 8 500 kilomètres carrés et sa population est d’environ 240 000 habitants, et la Transnistrie a une surface de 4 100 kilomètres carrés et une population de 555 000 habitants. Ils sont également tous économiquement isolés, s’appuyant de fait sur des économies noires et grises, et sont largement tributaires des largesses financières de la Russie pour leur survie. Le plus important, du point de vue de la Russie, est qu’ils occupent chacun un espace stratégique dans la sphère post-soviétique où les troupes russes et donc le potentiel pour plus d’interventions peut appliquer une pression aiguë sur la Géorgie et la Moldavie si ces pays devaient trop se rapprocher de l’Occident. La présence des troupes russes dans ces territoires séparatistes constitue un piège caché, dont tout responsable de l’Ouest devra se méfier avant de le franchir, s’il veut défendre ces pays en cas de besoin. Ceci, après tout, est la véritable force de dissuasion du parrainage de ces micro-États.

Mais la stratégie de la Russie a également appris à être beaucoup plus massive et beaucoup plus complexe au cours des dernières années. En plus de la ré-adoption de la Crimée (couvrant 26 000 kilomètres carrés avec une population de 2 millions d’habitants), la Russie a ajouté à son panier de micro-États les Républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Lougansk, (16 000 kilomètres carrés ensemble, avec une population de 1,5 millions et 2 millions, respectivement) dans l’est de l’Ukraine. Bien que les chiffres exacts soient difficiles à trouver, diverses estimations compilées montrent que la Russie injecte chaque année environ $300 millions en Abkhazie et au moins $100 millions en Ossétie du Sud et en Transnistrie chacune pour financer leurs budgets annuels, fournir du carburant pas cher, payer les pensions et ainsi de suite. En outre, la Russie a alloué $2,42 milliards au moins en 2015 pour soutenir la Crimée (sans compter les dépenses militaires) et, selon un rapport écrit par l’analyste Sergueï Aleksashenko de l’École supérieure d’économie, la Russie a alloué au moins $2 milliards dans le budget fédéral de 2015 pour maintenir son soutien militaire à l’est de l’Ukraine, un chiffre qui continue de croître.

Et la liste ne fait que s’allonger. Comme le monde l’a observé au cours des dernières semaines, le soutien militaire russe aux forces loyalistes syriennes dans l’enclave côtière alaouite de Lattaquié, a augmenté de façon spectaculaire, avec tous les signes indiquant un séjour de longue durée. Sachant que tout règlement négocié est susceptible de ne pas être finalement respecté, le plan russe est d’aider les Alaouites de Syrie à se tailler un État de fait. Pendant ce temps, dans le Caucase, le long conflit gelé du Haut-Karabakh pourrait aussi prendre un virage important dans les prochains mois. Nous voyons de plus en plus d’indications que la Russie et l’Azerbaïdjan pourraient être en train de collaborer pour secouer le statu quo entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, la Russie se préparant à envoyer des soldats de la paix en s’installant sur le long terme dans le but de resserrer son emprise dans la région.

De l’Ukraine orientale à la Syrie alaouite et au Haut-Karabakh, la Russie semble faire un effort conscient pour élargir son empreinte dans des espaces stratégiques. Ce sera un effort coûteux, mais la logique géopolitique derrière ces mouvements ne manque pas.

Que la Russie soit forte ou faible, capitaliste, communiste ou tsariste, elle sera obligée de s’ancrer à des barrières géographiques naturelles pour sa propre sécurité [Un premier éclair de lucidité, NdT]. Dans l’est de l’Ukraine, c’est la rivière Dniepr [Un second éclair, en 2 lignes seulement, NdT], et à défaut d’atteindre cette rivière, la Russie va essayer de mieux utiliser les régions séparatistes pour à la fois saper Kiev et se créer un tampon même imparfait contre l’implication croissante de l’Otan avec Kiev [L’auteure va finir complotiste, NdT]. La péninsule de Crimée renforce la mainmise de la Russie sur sa seule base en eau chaude à Sébastopol sur la mer Noire, et la projection navale sur la mer Noire donne accès à la Méditerranée. Les ports de Lattaquié et Tartous sur la côte méditerranéenne syrienne, un bastion alaouite, dépendent maintenant de l’aide russe, mais donnent à la Russie un point d’appui physique en Méditerranée orientale et une plateforme pour influencer les jeux de pouvoir dans le Levant. Dans le Caucase montagneux, où la Russie a déjà renforcé sa présence dans les territoires séparatistes de la Géorgie et reste le vrai patron en Arménie, le marchandage en cours avec l’Azerbaïdjan sur le Haut-Karabakh a le potentiel d’étendre la présence de la Russie encore plus et ainsi renforcer la zone tampon de la Russie au sud.

Un tampon dans l’Est de l’Ukraine

Par ordre de priorité, la position de la Russie en Ukraine orientale vient en premier. L’Ukraine, dans les siècles passés jusqu’à aujourd’hui, constitue le ventre mou de l’État russe et doit être isolé à tout prix. Si l’Ukraine est sous l’influence ou le contrôle d’une puissance occidentale significative, le flanc sud-ouest russe sera mis à nu. Mais la Russie n’est pas assez forte pour s’ancrer sur le fleuve Dniepr et absorber à la fois les coûts économiques et militaires d’une telle entreprise. Donc la Russie doit stabiliser la situation. Le mieux que la Russie puisse faire à ce stade est d’essayer de consolider l’autonomie des provinces rebelles de l’Est, en utilisant sa mainmise sur les commandants séparatistes [Les sources, svp ?, NdT] pour réchauffer ou refroidir le conflit selon ses besoins. Si la Russie voit que ses demandes sont ignorées face à une accumulation de provocations de l’Otan, de sanctions ou autres, la violence dans l’est de l’Ukraine flambera. Une fois que les Allemands et les Français obtiendront le feu vert pour recommencer à faire pression sur Kiev pour obtenir certaines concessions politiques, les combats vont rapidement baisser en intensité.

Ceci est un scénario auquel toutes les parties se sont habituées, mais il est encore loin d’être idéal pour Moscou. Quelles que soient les négociations sont en jeu, la Russie n’est pas sur le point de retirer sa botte militaire de l’est de l’Ukraine. Dans le même temps, cette dynamique militaire fournit une base solide pour permettre au régime de Kiev pro-occidental de pencher vers les États-Unis pour les aider à se défendre contre une menace persistante de la Russie. La Russie doit donc calibrer soigneusement ses actions militaires en Ukraine orientale, en précisant que toute poussée occidentale risquerait une confrontation directe avec les Russes, mais aussi pour ne pas aller trop loin là où ses actions obligerait une réponse des États-Unis qui pourrait faire reculer le tampon russe vers l’Est.

Préparer un micro-État alaouite en Syrie

Les mouvements de la Russie en Syrie sont étroitement liés à cette dynamique en Ukraine. De même que la Russie est verrouillée dans un de bras-de-fer à long terme avec les États-Unis sur les bords de l’ex union-soviétique, Moscou a besoin de domaines d’intérêts communs sur cette périphérie pour façonner un dialogue avec Washington. Les Russes voient l’énigme que sont les États-Unis, tentant de combattre État islamique avec l’aide des puissances régionales, tout en essayant d’éviter le processus plus désordonné de changement total de gouvernement. Depuis le début de cette année, la Russie a déployé un effort considérable pour s’efforcer de concocter une négociation qui décrirait la forme d’un État post-Bachar El-Assad, se faisant apparaître comme un partenaire indispensable de Washington en essayant de trouver une fin à la guerre civile. Les États-Unis ont besoin de cette négociation, et ils ont besoin que les bailleurs de fonds du gouvernement d’El-Assad, la Russie et l’Iran, amènent les loyalistes à la table. Plus les États-Unis dépendront de la Russie pour faciliter la négociation, c’est la logique de la Russie, plus Moscou aura un effet de levier pour négocier les limites de l’empiétement de l’Ouest dans l’arrière cours immédiate de la Russie.

Mais la Russie ne se fait également pas d’illusions quand elle vient apporter la paix entre les factions belligérantes de la Syrie. Toute négociation est vouée à l’échec tant que les factions rebelles, les plus intraitables et compétentes, préféreront le champ de bataille à la table de négociation. La stratégie de la Russie tient donc en deux parties – elle doit créer une base crédible pour une négociation sur la Syrie qu’elle puisse utiliser comme levier vis-à-vis des États-Unis, mais elle doit aussi se préparer au pire pour protéger sa position dans la Méditerranée orientale quand cette négociation échouera inévitablement. L’accumulation de forces militaires importantes russes dans les ports de Lattaquié et de Tartous sur la côte alaouite au cours des dernières semaines, pour prolonger son dépôt naval existant à Tartous, parle pour ces deux objectifs.

Pour que le gouvernement syrien soit à l’aise en démarrant ces négociations, il a besoin de se sentir en sécurité dans le cœur de son territoire, allant du sud de Damas à travers Zabadani et de Homs et Hama à la côte méditerranéenne. Ceci est un plan sur lequel la Russie et l’Iran travaillent en étroite collaboration. (Qassem Soleimani, un major général iranien, et le commandant de la Force Qods, se serait rendu à Moscou, selon la rumeur, début septembre pour rencontrer le président russe Vladimir Poutine et le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou pour discuter de la mise en œuvre de cette stratégie). Un regard sur l’imagerie satellite des constructions russes montre à ce jour la construction de zone de décollage, de possibles tours de contrôle et des logements pour les troupes. La Russie semble construire aussi des capacités logistiques pour implanter des forces aériennes, tels que des avions de combat et des hélicoptères, pour aider à renforcer le micro-État alaouite. Les sources de Stratfor [La CIA ?, NdT] ont indiqué que le renforcement militaire de la Russie en Syrie jusqu’à présent a coûté environ $500 millions, provenant du budget militaire du commandement russe de la mer Noire, tandis que le matériel militaire que la Russie déploie en Syrie reste sous contrôle russe. En substance, le plan russo-iranien permet aux Alaouites d’entrer en négociation sur une base plus solide, mais aussi avec la sécurité qu’ils auront un État alaouite de facto s’ils devaient se replier sur les fragments de l’État syrien  formellement dans le futur [Elle marque un point! Les Alaouites risquent un génocide s’ils perdent la main, NdT].

Un bouleversement dans le Caucase?

En outre, sous le radar, nous pouvons voir que la stratégie de la Russie dans le Caucase commence à évoluer après plus de deux décennies d’un conflit gelé entre les anciens États soviétiques, l’Azerbaïdjan et l’Arménie sur la minuscule enclave du Haut-Karabakh. Le Haut-Karabakh (4 400 kilomètres carrés et une population maintenant à majorité arménienne de l’ordre de 150 000 habitants) a été sous le contrôle de facto de Erevan [capitale arménienne, NdT] depuis un cessez-le-feu en 1994 qui a mis fin à la guerre entre les deux ennemis. Isolée économiquement, l’Arménie accueille quelque 5 000 soldats russes et repose fermement sous le parapluie de sécurité russe, manquant de clients alternatifs. En revanche, l’Azerbaïdjan, beaucoup moins limité géographiquement et doté de ressources énergétiques, aime à garder ses options ouvertes, optant toujours pour un équilibre entre l’Occident et ses anciennes racines soviétiques. Cela dit, l’Azerbaïdjan et la Russie ont eu des relations plus cordiale que d’habitude ces derniers mois, soulevant des questions dans notre esprit pour savoir si Moscou a attiré Bakou avec une offre portant sur le sujet farouchement nationaliste du Haut-Karabakh.

L’Azerbaïdjan en a marre des négociations menées par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et veut voir s’il peut utiliser ses années de préparatifs militaires pour reprendre le territoire. L’Arménie, qui occupe les hauteurs du territoire et maintient ainsi l’avantage stratégique sur l’Azerbaïdjan, préférerait évidemment garder le statu quo. La seule façon de contraindre l’Arménie à renégocier les conditions sur le Haut-Karabakh serait probablement la reprise des hostilités où la Russie, unique mécène de l’Arménie, devrait jouer un rôle dominant de médiation pour y mettre fin. Il y a peu de hasard si le moulin à rumeur arménien a été très animé par des spéculations que la Russie et l’Azerbaïdjan développent une entente commune qui voudrait que des soldats de la paix russes occupent et neutralisent le territoire. Nous doutons que ce plan puisse être imposé à l’Arménie uniquement par des moyens diplomatiques.

Bien que nous ne pouvons pas être sûrs que ce scénario sera finalement mis en œuvre, nous avons recueilli suffisamment d’indices à ce jour pour mettre les troubles dans le Haut-Karabakh sous surveillance. Avec le Haut-Karabakh sur la liste des territoires adoptables par la Russie, l’engagement de celle-ci pour la création de nouveaux points d’ancrage à l’étranger a le potentiel de s’élargir encore plus.

Les coûts de parrainage

La stratégie de la Russie ne peut pas être bon marché, mais elle est tout à fait rationnelle d’un point de vue géopolitique. La Russie s’affaiblit en interne en ce moment, elle est confrontée à une menace forte et croissante des États-Unis sur ses anciennes marches soviétiques. Tant que la Russie est encore dans le jeu, elle pourrait aussi bien créer et renforcer autant d’ancrages que possible dans son étranger proche pour les exploiter contre l’Occident et maintenir toute l’influence qu’elle détient encore, en préparation des années plus difficiles à venir. Ainsi, la facture que Moscou va devoir payer pour ses micro-États, même en tenant compte d’un rouble volatile, peut-être encore tout à fait raisonnable d’un point de vue russe. Fonctionnant à partir d’une estimation basse et encore non dégrossie, nous pouvons supposer que la Russie va provisionner au moins $5 milliards annuellement pour ces micro-États, ce qui correspond à moins de 3% du budget fédéral 2015 de la Russie qui est de de $206 milliards. Ce montant ne comprend pas la grande quantité du budget pré-alloué à la défense qui va dans les opérations en Ukraine et en Syrie. Il y a aussi un coût d’opportunité à garder à l’esprit. Les ressources militaires pré-allouées ne peuvent être redirigées vers d’autres fins, comme les achats, la formation, la recherche et le développement, à moins que le budget de la défense dans son ensemble continue à augmenter.

Cependant, les coûts ne sont pas seulement d’ordre financier. Le Haut-Karabakh est une poudrière ; une fois que le conflit aura repris, il ne sera pas facile à contenir [C’est une menace?, NdT]. C’est une région où une résurgence de la Turquie et de l’Iran va essayer de décourager la Russie contre une trop forte ambition. En Syrie, la menace de la dérive de la mission est aussi possible, alors que le gouvernement loyaliste est en lutte contre un ensemble de pouvoirs sunnites ayant un intérêt commun pour miner l’Iran. En outre, avec la Russie préparant le terrain pour le stationnement de moyens aériens, il faut calculer les risques d’opérer dans un champ de bataille encombré, avec les USA, et les partenaires de la coalition Turquie, Israël et potentiellement d’autres pays européens et arabes qui pourraient entrer dans l’arène. En Ukraine, tout comme le parrainage russe de l’Ukraine orientale augmente progressivement, une accumulation militaire américaine sur la frontière européenne de la Russie va croître de la même façon. En fin de compte, c’est l’arrière-cour de la Russie, et la Russie sera beaucoup plus sous contrainte que les États-Unis quand on arrivera à ce niveau de compétition. La stratégie de sponsoring de micro-États finira par atteindre ses limites.

Reva Bhalla

The Logic and Risks Behind Russia’s Statelet Sponsorship is republished with permission of Stratfor.

Note du Saker Francophone

Il est vraiment intéressant de lire l’analyse de cette experte qui part d’une certaine vérité; il existe bien quelques enclaves russophones dans des zones conquises par l’influence atlantiste comme la Transnistrie en Moldavie. En y ajoutant quelques rumeurs, elle en déduit de beaux sophismes: la Russie va se créer un micro-État alaouite en Syrie, annexer le Haut-Karaback et le Donbass dans la foulée. Pour la Syrie, l’objectif est d’instiller le doute, et des tensions, entre les chiites et les Alaouites à Damas ainsi qu’avec Moscou en laissant penser que Bachar El Assad et sa communauté alaouite pourraient se réfugier dans leur bastion de Lattaquié et laisser les chiites et autres minorités se faire massacrer par la majorité sunnite avec Daesh à la manœuvre.

C’est assez subtil et recouvrirait une certaine réalité si l’État syrien s’effondrait. L’article du Saker US donne a contrario des éléments d’information sur une stratégie russe d’endiguement et d’aide à la reconquête. Comment avoir deux visions diamétralement opposées à partir des mêmes faits … Reva Bhalla a de l’avenir. Avec un joli minois et déjà l’art de travestir la réalité pour subvertir la raison, on devrait la retrouver propulsée vers les sommets de l’administration américaine dans un proche avenir, surtout si c’est Hilary qui gagne.

Lien Un article publié en juin dernier qui cite cette éditorialiste de la Syrie : Les politiques du pipeline en Syrie

Traduit par Hervé, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone

 

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