La construction du Corridor économique sino-pakistanais, gage de paix et de prospérité pour la région


La tendance à voir la concurrence entre les États-Unis, la Russie et la Chine dans la région au travers d’un prisme datant du XIXe siècle, comme une sorte de « Nouveau Grand Jeu », masque l'impact de la mondialisation et des intérêts communs que les grandes puissances partagent pour aborder les problèmes transnationaux.  − Zahid Anwar

Par Dr Zahid Anwar – Le 20 décembre 2016 – Source The Daily Times

Karamay, une ville située près d’Urumqi, la capitale de la région autonome ouïghoure du Xinjiang, en République populaire de Chine, est le point de départ du Corridor économique sino-pakistanais (CPEC). C’est un des projets phares du One Belt One Road (OBOR) chinois, qui est un méga projet de réseau routier et ferroviaire entre la Chine et l’Europe. C’est une version moderne de l’ancienne Route de la Soie. Cinquante-sept des soixante-cinq États que l’OBOR traverse sont musulmans. Le CPEC est le symbole des efforts déployés par la Chine et le Pakistan pour bâtir une communauté partageant un avenir commun.

La Chine est un microcosme et est restée une civilisation importante pendant des siècles. De Xia à Qing, de nombreuses dynasties ont gouverné la Chine. La Révolution républicaine de 1911 a mis fin à la domination dynastique. Au cours du dernier quart du XXe siècle, les réformes économiques de Deng Xiao Ping ont ouvert la voie à la montée en puissance de la République populaire de Chine (RPC).

En politique internationale, la Chine est passée de la périphérie au centre et est montée au rang de puissance mondiale. Les pensées politiques de Deng Xio Ping, qui ont ouvert la voie à l’ascension économique de la Chine dans l’arène internationale, sont le socialisme avec des caractéristiques chinoises, les quatre étapes de la modernisation, devenir riche est glorieux, et la théorie des chats noirs et blancs.

Les intérêts communs rassemblent les gens, peu importe leurs différences. Le projet OBOR concerne soixante-cinq États, qui représentent un tiers de l’économie mondiale et plus de la moitié de la population mondiale. Le CPEC deviendra un projet modèle de l’OBOR. Il reflète un esprit d’intégration financière et des infrastructures, un esprit coopératif et de mise en contact des peuples.

Depuis 2013, lorsque l’initiative du CPEC a été adoptée, les médias internationaux lui ont donné beaucoup d’attention et ont fait des suppositions sur ce qu’il serait ou ne serait pas. Lors d’un séminaire sur la CPEC à Beijing en octobre 2016, M. Hu, vice-président du CIIS, a déclaré que le CPEC est de nature économique mais constitue aussi un jalon politique et rendra les relations entre la Chine et le Pakistan plus fermes, compréhensives et globales. Khalid Masood, l’ambassadeur du Pakistan en Chine a déclaré que le CPEC est en train de construire une communauté sino-pakistanaise ayant un avenir commun.

L’engagement peut transformer les défis en chances. Le CPEC est ouvert à tous, repose sur des bases solides et constitue le début d’un jeu gagnant-gagnant. Il rendra le Pakistan stable et développé et ce résultat profitera à tous. Il est impératif pour la construction et l’achèvement en douceur du CPEC d’écouter avec tolérance les préoccupations de toutes les unités fédératrices et répondre aux demandes réelles pour le plus grand bien de tous. Il gagnera les cœurs et les esprits de tous les Pakistanais s’il se déroule comme prévu. Il s’agit d’un projet à 51,5 milliards de dollars et la Chine et le Pakistan ont signé 51 protocoles d’entente à cet égard.

Le CPEC favorisera la coexistence culturelle plutôt que le nettoyage culturel et le génocide. La Chine, le Pakistan, l’Afghanistan, l’Inde et les États d’Asie centrale bénéficieront du CPEC. C’est une entreprise sans précédent entre les deux pays. 13000 Chinois travaillent au Pakistan.

La politique est de minimiser vos ennemis et de maximiser vos amis. La Chine souhaite des relations étroites avec le Pakistan. On estime que d’ici à 2025, près des trois quarts des importations de pétrole chinoises traverseront l’océan Indien et le détroit de Malacca, miné par la piraterie. Gwadar est l’épicentre du CPEC et sera directement relié par route, rail et pipeline avec l’océan Indien.

Comparé au port en eau profonde de Gwadar, Chabahar n’en est pas un et il ne peut pas accueillir de supertankers. Peu de pays ont autant de ressources que le Pakistan. Les analystes régionaux disent qu’il y a dix-huit mouvements séparatistes en Inde, et plutôt que de se concentrer sur le Baloutchistan, l’Inde devrait se concentrer sur son propre peuple et mettre fin à son aliénation.

La tendance à voir la concurrence entre les États-Unis, la Russie et la Chine dans la région à travers le prisme du XIX  siècle, comme une sorte de « Nouveau Grand Jeu » masque l’impact de la mondialisation et les intérêts communs que les grandes puissances peuvent partager pour résoudre les problèmes transnationaux. Les États-Unis, la Russie et la Chine ont tous intérêt à lutter contre le trafic de drogues et la traite des êtres humains, le commerce illégal d’armes et l’instabilité dans la région. Le CPEC est un corridor d’échange entre les peuples et prend place en trois phases, l’initiative, la mise en œuvre complète et le commerce sans entraves.

Le principal intérêt de la Chine est de maintenir la région calme et amicale. Les conflits rendent le commerce difficile et onéreux, et sont contreproductifs pour les intérêts de la Chine. Les ressources énergétiques redéfinissent la carte géopolitique de la région. Aucun pouvoir n’a une capacité qui se rapproche de l’hégémonie dans la région.

Différents projets d’intégration économique sont en cours dans la région. Certains des projets sont le TAR, TUTAP, CASA-1000, TAPI et CPEC. Le Trans-Asian Railway (TAR) est un projet visant à créer un réseau ferroviaire intégré entre l’Europe et l’Asie. La principale fonction du TAR est de permettre le transport ferroviaire de conteneurs entre l’Asie du Sud et l’Europe, le sud de la Chine et l’Europe. Le projet CASA-1000 (Asie centrale et Asie du Sud-1000) peut être complémentaire aux efforts déployés par la Banque asiatique de développement pour construire le projet TUTAP, dont les lignes électriques en provenance du Turkménistan, de l’Ouzbékistan et du Tadjikistan vont fournir l’Afghanistan et finalement le Pakistan.

TAPI est un projet de pipeline qui reliera l’Asie centrale à la mer d’Arabie via Gwadar, qui sera utilisé pour le transport du gaz de l’Asie centrale vers l’Asie du Sud. Le Pakistan et la Chine ont également amélioré la route Karakoram (KKH). Les deux pays ont convenu d’ouvrir quatre nouvelles liaisons routières à travers le col Khunjerab, portant ainsi le nombre total de liaisons routières Chine-Pakistan à huit.

Le CPEC et l’OBOR réunissent les États régionaux grâce au commerce. La paix en Afghanistan et la poursuite des efforts visant à résoudre les problèmes, y compris celui du Cachemire, par des moyens pacifiques, entre le Pakistan et l’Inde, contribueront à ce processus de stabilité régionale. Le Pakistan offre des voies terrestres importantes et la connectivité qui va avec pour des échanges commerciaux et énergétiques mutuellement bénéfiques, au niveau intra-régional et inter-régional.

Le Pakistan accorde une grande importance à ses relations commerciales avec les pays de la région. Il se reconnecte grâce aux routes, aux voies ferrées, aux pipelines et autres voies de communication avec la Chine, l’Afghanistan, l’Asie centrale et au-delà. Le Pakistan, la Chine, le Kazakhstan et le Kirghizstan ont convenu d’ouvrir un service d’autobus qui permettrait non seulement d’améliorer le commerce mais aussi d’être un outil important pour promouvoir les contacts entre les quatre pays.

L’OBOR et le CPEC vont galvaniser la paix et le développement régionaux. Ces projets constituent un grand pas en avant dans l’intégration économique et la coopération régionale et ouvriront de nouvelles perspectives aux populations de la région. Ces visions louables des dirigeants de la Chine et du Pakistan ouvriront de nouvelles avenues d’opportunités économiques, de points communs d’intérêts et stabiliseront économiquement l’Eurasie, particulièrement l’Afghanistan, le Pakistan et la région nord-ouest de la Chine.

L’ancienne et la nouvelle Route de la Soie montrent le potentiel géo-économique du Pakistan. La population estimée du Pakistan est de 200 millions d’habitants et constitue un gros marché pour les produits chinois. La participation du Pakistan à l’OBOR et au CPEC symbolise le retour de la vallée de l’Indus comme endroit crucial de l’interaction économique et culturelle à l’échelle de la région. Sun Tzu dit que dans le chaos, il y a aussi l’occasion. Dans ce contexte, notre région fait face à de grands défis qui exigent une compréhension mutuelle. Plus que jamais, les peuples de notre région ont besoin d’un engagement irrévocable pour construire le CPEC afin atteindre le grand objectif de la paix et de la prospérité régionales.

Zahid Anwar est professeur à l’université de Peshawar.

Traduit par Wayan, relu par Cat pour le Saker Francophone

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