Harry Harris, l’indiscipliné ambassadeur étatsunien en Corée du Sud…


…Bientôt viré.


Par Moon of Alabama – Le 15 juin 2020

Vendredi, une grande bannière “Black Lives Matter” était accrochée à l’ambassade américaine à Séoul et un tweet a été posté à ce sujet :

Ambassade des États-Unis à Séoul - @USEmbassySeoul - 22:04 UTC - Jun 12, 2020

L'ambassade des États-Unis est solidaire de ses compatriotes américains en deuil et qui protestent pacifiquement pour exiger des changements positifs. Notre bannière #BlackLivesMatter montre notre soutien à la lutte contre l'injustice raciale et la brutalité policière, alors que nous nous efforçons d'être une société plus inclusive et plus juste.

Lorsque j’ai vu ce tweet pour la première fois samedi, je me suis demandé combien de temps la bannière resterait en place. Il était clair que la Maison Blanche serait fâchée car la bannière et le tweet allaient à l’encontre de la tactique électorale de Trump qui consiste à attiser les tensions.

Aujourd’hui, la bannière a été retirée :

Une grande banderole "Black Lives Matter" drapée sur la façade de l'ambassade des États-Unis à Séoul a été enlevée lundi après avoir été portée à l'attention du président Donald Trump et du secrétaire d'État Michael Pompeo, selon des personnes connaissant bien le sujet.

Pompeo et Trump étaient tous deux mécontents de la bannière, ont déclaré ces gens. Une grande bannière multicolore genre "gay pride" en l’honneur des lesbiennes, des gays, des bisexuels, des transgenres et des homosexuels a également été enlevée lundi. Elle a été remplacée par une bannière commémorant le 70e anniversaire de la fin de la guerre de Corée.

Accrocher une telle bannière peut être interprété comme une protestation publique contre Trump. L’ambassadeur américain en Corée du Sud est Harry Harris, ancien général 4 étoiles, chef du Commandement américain du Pacifique :

"Les États-Unis sont une nation libre et diverse... de cette diversité, nous tirons notre force" a déclaré l'ambassadeur américain en Corée du Sud, Harry Harris, dans une réponse à un tweet officiel de l'ambassade dans lequel il cite également l'ancien président John Kennedy.

L'ambassade avait déployé le grand drapeau arc-en-ciel pour soutenir le "Mois de la fierté LGBTQ" l'année dernière, malgré un ordre du Département d'État de ne pas hisser cette bannière.

Voici le tweet complet d’Harris :

Harry Harris @USAmbROK - 22:15 UTC - Jun 12, 2020

Je crois en ce que le président JFK a dit le 10 juin 1963 à l'American University : "Si nous ne pouvons pas mettre fin à nos différences, nous pouvons au moins contribuer à rendre le monde plus sûr pour la diversité". Les États-Unis sont une nation libre et diverse... C'est de cette diversité que nous tirons notre force.

Harris est asiatique-américain. Sa mère est japonaise. Je suis presque sûr qu’il prend l’antiracisme au sérieux (même si son comportement arrogant envers les Coréens laisse supposer le contraire).

Harris devait à l’origine devenir ambassadeur des États-Unis en Australie. Cela aurait été un travail facile et agréable. Mais il y a deux ans, Trump et Pompeo lui ont ordonné de se rendre à Séoul pour préparer les entretiens de Trump avec le président de la Corée du Nord, Kim Jong-un. Harris est connu pour être un anti-nord-coréen :

Au sujet de la Corée du Nord, Harris a recommandé d’être prudent et de ne pas se laisser prendre à la soi-disant "offensive de charme" du pays, désignant le régime de Kim comme la menace la plus immédiate pour les États-Unis et la Corée du Sud lors d'une audition de la commission des services armés de la Chambre des Représentants en février dernier, consacrée aux questions de sécurité dans la région indo-pacifique.

Selon Harris, le désir de Kim est de réunifier la péninsule sous un seul système communiste. "Il est sur la voie de la réalisation de ce qu'il estime être sa place naturelle", a-t-il déclaré. Il recommande le renforcement du système de défense antimissile américain ainsi que les pressions économiques et diplomatiques pour "ramener Kim Jong Un à la raison, si ce n’est le mettre à genoux".

Sur plusieurs sujets, Harris a fait pression sur la Corée du Sud et son gouvernement. Des manifestations publiques ont eu lieu contre lui et un groupe de jeunes a même escaladé le mur de l’ambassade pour protester contre son comportement arrogant.

Il semble qu’Harris en ait eu assez de son travail ingrat. Des rumeurs circulaient en avril sur le fait qu’il ne resterait pas pour une deuxième présidence de Trump et qu’il pourrait même démissionner plus tôt :

L'ambassadeur des États-Unis en Corée du Sud, Harry Harris, a déclaré en privé qu'il ne prévoit pas de rester au-delà de l'élection présidentielle américaine de novembre, que le président Donald Trump gagne ou non un autre mandat, ont déclaré cinq sources à l'agence de presse Reuters.

Harry Harris, un vétéran ayant 40 ans d’expérience dans la marine américaine et mis en poste à Séoul en 2018 par Donald Trump, a exprimé une frustration croissante face aux tensions et au drame de son mandat, ont déclaré des sources, toutes parlant sous condition d'anonymat en raison de la sensibilité diplomatique de la question. ...
En décembre, des manifestants ont détruit des portraits d’Harris lors d'une manifestation devant l'ambassade américaine en scandant "Harris va-t-en ! Nous ne sommes pas une colonie américaine ! Nous ne sommes pas un distributeur automatique de billets !"

Je pense qu’Harris a sciemment installé les bannières LGBT et BLM, les posant comme étant des actes intentionnellement insubordonnés envers Trump et Pompeo. “Virez-moi. Je vous mets au défi.” En tant qu’ancien commandant de haut rang, il est probable qu’il soutienne les opinions d’autres anciens généraux, comme Dempsey, Mullen et Mattis, qui ont récemment protesté contre la menace de Trump d’utiliser l’armée contre les manifestants.

L’homme voulait faire se faire remarquer avant de quitter son poste.

Il est maintenant probable que cela se produise rapidement.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé pour le Saker Francophone

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