Par James Howard Kunstler − Le 29 mai 2020 − Source kunstler.com
Et donc, avec le meurtre abominable de George Floyd à Minneapolis, l’appel à la justice divine recommence – c’est-à-dire la justice qui règle les innombrables griefs raciaux depuis toujours, ce qui, bien sûr, est peu susceptible d’être satisfait par aucun moyen. Floyd a été assassiné par l’officier de police Derek Chauvin qui a appuyé son genou sur le cou de Floyd [menotté à plat ventre sur le sol, NdT] pendant huit minutes avec toute la force de son poids tandis que trois autres agents regardaient stupidement la scène, sans intervenir, jusqu’à ce que Floyd soit mort.
Cette fois, il n’y avait aucune ambiguïté dans le meurtre, contrairement à la mort par balle de Michael Brown en 2014 à Ferguson, Missouri, qui a déclenché une saison d’émeutes. La vidéo du téléphone d’un spectateur montre l’agent Chauvin tuant sadiquement Floyd. Les quatre policiers auraient été licenciés, selon NBC News, mais personne n’a encore été inculpé. Deux jours de manifestations et d’émeutes nocturnes ont affecté la ville et se répandent désormais dans d’autres lieux du pays. Avec le Memorial Day dans le rétroviseur, vous pourriez dire, comme le dit la vieille chanson, que “l’été est là et que le moment est venu de se battre dans les rues.”
Il se trouve que la Gauche progressiste est tout à fait disposée à laisser le chaos s’installer. Leur quotidien amiral, le New York Times, a fait la une de son journal aujourd’hui avec : «La garde nationale appelée à Minneapolis suite aux émeutes en manifestations de solidarité avec George Floyd».
Cela résonne en moi un peu comme un air d’approbation pour une réponse violente à un acte de barbarie officielle. Le Times est-il solidaire du chaos ? Ce qui soulève certaines questions : combien d’émeutes, de pillages et d’incendies criminels suffiront-ils à satisfaire ce sentiment de solidarité en quête de justice ? Trois nuits ? Trois semaines ? Trois mois ? Cela cessera-t-il si – et quand – l’agent Chauvin est accusé de meurtre ou d’homicide volontaire ? Combien d’émeutes, de pillages et d’incendies criminels seront-ils tolérés par les autorités d’autres villes, avant d’agir pour les arrêter de force ? Tout ce trouble s’amplifie-t-il de lui-même dans une boucle de rétroaction ?
Ce seraient déjà des questions difficiles en temps ordinaire, mais nous sommes dans une extraordinaire convergence de crises qui comprend la pandémie de la Covid-19 non éteinte, un effondrement économique sans précédent et les séquelles furieuses d’un coup d’État politique qui a plongé la nation dans le mensonge, l’effondrement institutionnel et l’hostilité entre factions. L’Amérique noire n’est pas le seul groupe du pays à avoir une hache à affûter.
Par exemple, avec plus de 30 millions de chômeurs soudainement virés, ou faisant faillite d’une manière ou d’une autre, peut-être même expulsés et affamés, et des dizaines de milliers de petites entreprises qui meurent, quelle sera l’ambiance publique si les marchés boursiers continuent de monter et de monter, comme ils le font depuis un mois ? Cette augmentation de la valeur des actions, qui enrichit un infime pourcentage du public, est le résultat direct du gonflement de la dette nationale par la Réserve fédérale qui «imprime» de l’argent ex-nihilo. Cet argent se présente sous la forme d’obligations du Trésor, dont les intérêts doivent en fin de compte être payés par les contribuables. Beaucoup ne manqueront pas de remarquer que ça pue l’arnaque. Est-ce que le marasme économique dans lequel le public patauge poussera celui-ci à se révolter ? Va-t’il descendre dans la rue et commencer à brûler autre chose que des postes de police et des voitures ?
Tout cela pourrait-il rejoindre la violence de rues noire dans toutes les villes du pays ? Un indice a été suggéré dans la vidéo de télévision par câble d’émeutiers dans les rues de Minneapolis arborant une pancarte disant «tuez tous les blancs !» La gauche progressiste tolère et excuse de tels sentiments depuis des années. Souvenez-vous de l’embauche, par le comité de rédaction du New York Times, de Sarah Jeong, qui a tweeté #CancelWhitePeople [éliminez les blancs] et «putain de crétins blancs» ? Et si ces malédictions sont vraiment mises en scène? La gauche – y compris le Parti démocrate – veut-elle déclencher une guerre raciale en Amérique en plus d’une deuxième grande dépression au milieu d’une épidémie de peste ?
Une fois les cycles de violence déclenchés, ils sont très difficiles à arrêter. L’animosité entre différents groupes aux États-Unis n’est pas si différentes de ce que l’on a vu ailleurs dans le monde ces derniers temps : les conflits en Irlande du Nord, l’éclatement de la Yougoslavie, la guerre civile au Liban, les combats entre factions en Libye, Syrie, Irak. Tous sont nés de la recherche de la justice divine, et tous ces conflits ont causé des dommages durables aux sociétés qu’ils enflammaient.
Donald Trump peut sembler mal taillé pour présider à une telle répression nationale du chaos. Beaucoup l’accuseront de l’avoir incité. Tout ce qu’il fait est susceptible d’être interprété comme mauvais par la moitié de la nation, qu’il agisse de manière décisive pour réprimer une véritable insurrection, ou qu’il tergiverse pendant que les villes brûlent. Son rival démocrate, Joe Biden, semble encore moins crédible pour gérer une crise. Il est, en fait, un candidat Potemkine à la présidence, un Cheval de Troie pour les forces et les personnes qui attendent mystérieusement l’émergence de la Solution à Milwaukee vers la mi-août [La convention nationale démocrate qui choisira son candidat pour l’élection pestilentielle présidentielle US de novembre prochain, NdT]. Il semble que certaines personnes devront commencer à décider de certaines choses.
Pour lui, les choses sont claires, le monde actuel se termine et un nouveau arrive. Il ne dépend que de nous de le construire ou de le subir mais il faut d’abord faire notre deuil de ces pensées magiques qui font monter les statistiques jusqu’au ciel.
Trauit par jj, relu par Hervé pour le Saker Francuphone