Par Philippe Grasset – Le 4 mars 2015 – Source dedefensa
Alors qu’ils sont en train d’essuyer à grand-peine les plaies et les plâtres consécutifs à l’énorme débâcle subie avec la banque d’investissement AIIB lancée par la Chine, les USA se trouvent devant la probabilité d’une nouvelle débâcle sur le même théâtre de l’Asie-Pacifique
L’intérêt de ce qui apparaît être un blocage empêchant la conclusion des négociations pour la troisième année de suite est qu’il ne concerne pas le contenu du traité, mais bien le fonctionnement du pouvoir aux USA. Nombre de pays, dont le Canada et le Japon, refusent de boucler un accord si le président n’obtient pas le vote par le Congrès de la loi Trade Promotion Authority (TPA), qui est une version spéciale pour le TPP de la Fast-Track Authority requise en général par un président pour négocier et conclure un traité. (Il s’agit d’une loi qui affirme l’accord du Congrès de ne voter que par “oui” ou par “non” lorsque le traité lui sera présenté, et de se priver du droit d’introduire des amendements.) Une telle possibilité d’obtenir la TPA semble impossible pour 2015, encore plus pour 2016 (l’année de l’élection présidentielle) et ainsi de suite. Il s’agit encore d’un avatar du conflit absolument paralysant à Washington entre l’exécutif et le législatif, entre le président démocrate et haï des républicains, et le Congrès républicain. (Du côté du TTIP transatlantique, également en négociation, l’UE s’est-elle aperçue de quelque chose à cet égard? Nous-mêmes avions souligné cet obstacle fondamental de la FTA [voir les 10 janvier 2014 et 1er février 2014]… [Sur le TTIP, voir Jacques Sapir, ce 4 avril 2015.])
On a une confirmation de plus que la paralysie-impuis
«Après avoir échoué à empêcher d’autres pays de se joindre à la nouvelle Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (Infrastructure Investment Bank ou AIIB) dirigée par la Chine, le gouvernement étasunien fait face à des difficultés opérationnelles dans sa tentative la plus conséquente à ce jour de dominer la région Asie-Pacifique: à savoir le Partenariat Trans-Pacifique (TPP).
»À Hawaï, le mois dernier, les 12 gouvernements concernés se sont séparés sans accord, à l’issue du dernier round des pourparlers sur le TPP qui durent depuis cinq ans. Pour la troisième année consécutive, la date limite qu’avait définie de la Maison Blanche pour parvenir à un accord final semble devoir être dépassée en 2015. De manière significative, la principale pierre d’achoppement cette fois-ci n’était pas les différends habituels entre les Etats-Unis et le Japon sur les marchés de l’automobile et les marchés agricoles, mais les doutes sur la capacité du président Barack Obama à obtenir l’approbation du Congrès pour signer le pacte. […]
»… La volonté de nombre de ces pays de faire toutes les concessions nécessaires aux États-Unis a été ébranlée par l’échec d’Obama à faire voter la loi Autorité de promotion des échanges (Trade Promotion Authority ou TPA), qui lui permettrait de signer le PPT, puis de le faire ratifier par le Congrès par un vote restreint à « oui » ou « non ». Sans TPA, le Congrès pourrait imposer des amendements au pacte, ce qui le frapperait de nullité. Selon le Japan Times: ‹Plusieurs partenaires dans la négociation, dont le Canada et le Japon, ont déclaré publiquement qu’ils ne dévoileraient pas leurs positions de négociation finales tant que le Congrès n’aura pas accordé le TPA à l’administration Obama. Du fait de l’imminence de l’élection présidentielle aux États-Unis, si la signature de l’accord sur le TPP est encore retardée, il risque fort de ne pas être signé avant 2017.›
»La résistance du Congrès étasunien est grandement due à ses liens avec des lobbys protectionnistes issus des industries nationales et de leurs syndicats …»
Traduction des parties en anglais : Dominique Muselet