Coincée à al-Tanf, l’armée américaine admet qu’elle a perdu la course pour occuper le sud-est de la Syrie


Moon of Alabama

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Par Moon of Alabama – Le 25 juin 2017

L’armée américaine a, pour l’instant, renoncé à occuper le sud-est de la Syrie. Ses déclarations récentes, lors d’une conférence de presse du ministère de la Défense, montrent qu’elle reconnait la défaite de son projet originel.

Récapitulons : l’armée américaine occupait la station frontalière d’al-Tanf entre la Syrie et l’Irak à environ 12 kilomètres à l’est du triangle frontalier Jordanie-Syrie-Irak. La route entre Damas et Bagdad, qui a une grande importance économique, traverse Al-Tanf. Lorsque les forces du gouvernement syrien ont avancé sur la région d’al-Tanf, les militaires américains les ont bombardées et ont revendiqué unilatéralement une « zone de désescalade », c’est-à-dire un territoire occupé, autour du poste frontière.

Le plan américain était de faire mouvement vers le nord d’al-Tanf et la vallée de l’Euphrate autour de Deir Ezzor pour empêcher que les zones tenues, à l’ouest, par le gouvernement syrien et par l’Irak, à l’est, se rejoignent. Les propagandistes néoconservateurs et sionistes clamaient qu’il fallait empêcher que se constitue un « croissant chiite » qui aurait relié l’Iran au Liban à travers l’Irak et la Syrie. Les forces américaines auraient ainsi coupé tout soutien iranien aux forces du Hezbollah qui défendent le Liban contre les incursions israéliennes. Mais le « croissant chiite » n’a jamais été qu’une vue de l’esprit. Le soutien iranien au Hezbollah n’a jamais dépendu des seules connexions terrestres. Les liens entre les membres du « croissant » n’ont pas été coupés quand les États-Unis ont occupé l’Irak ni lorsque l’EI a occupé la zone.

Le vrai projet américain était beaucoup plus vaste. Ils voulaient contrôler un couloir sunnite qui serait allé de la frontière saoudo-irakienne au sud jusqu’en Turquie, en passant par la province d’Anbar dans l’ouest de l’Irak, le sud-est de la Syrie, et le nord-est de la Syrie tenu par les Kurdes. C’était la « principauté salafiste » dont un document de la Défense de 2012 avait parlé.

Les forces syriennes (en rouge), avec le soutien irakien, ont saboté les plans américains en reliant l’ouest de la Syrie à la frontière irako-syrienne, au nord de la zone d’al-Tanf tenue par l’armée américaine (en bleu). Ils ont rejoint des forces irakiennes alliées à la frontière, au nord-est d’al-Tanf, et avancent maintenant plus au nord-est, le long de la frontière, vers Abu Kamal et la vallée de l’Euphrate.

Source : Al Watan OnlinePour agrandir

Le commandement militaire russe a indiqué aux États-Unis que toute attaque contre ces forces serait considérée comme un acte très hostile et serait sévèrement châtié. Pour faire bonne mesure, l’Iran a tiré quelques missiles de moyenne portée du territoire iranien vers des zones tenues en Syrie par État islamique. La marine russe a tiré des missiles de croisière depuis la Méditerranée vers des cibles similaires. Tout cela pour faire comprendre aux États-Unis que leur petit contingent de al-Tanf partirait en fumée si leur armée attaquait encore  les forces syriennes. Pendant ce temps, les Unités de mobilisation populaires (UMP) d’Irak, alliées à la Syrie, ont coupé al-Tanf du sud. Les forces américaines n’ont plus de route pour rentrer à la maison.

Comme nous l’avons écrit dans notre article du 13 juin Syrie – La fin de la guerre est maintenant en vue :

Les plans des États-Unis au sud, à l’ouest et à l’est de la Syrie ont échoué pour l’instant. À moins que l’administration Trump ne soit disposée à investir des forces plus importantes et à déclarer au gouvernement syrien et à ses alliés une guerre ouverte en violation de toutes les lois, la situation est stabilisée. Les forces syriennes reprendront au fil du temps toutes les terres (en bleu) situées dans le sud qui sont actuellement détenues par les diverses forces par procuration américaines et d’autres groupes terroristes.

Toutes les provocations récentes des États-Unis n’ont pas réussi à perturber les plans du gouvernement syrien et sa poussée vers Deir Ezzor.

Carte via Weekend WarriorPour agrandir

Vendredi, pendant une conférence de presse dont les médias ont peu parlé, l’armée américaine a pratiquement reconnu la défaite de ses plans :

WASHINGTON (AP) – La coalition militaire américaine qui lutte contre État islamique verrait d’un bon œil un effort concerté du gouvernement syrien ou de ses forces partenaires soutenues par l’Iran pour chasser EI de ses derniers bastions dans l’est de la Syrie, a déclaré vendredi un porte-parole des États-Unis.

Le colonel Ryan Dillon, porte-parole de la coalition, a déclaré aux journalistes au Pentagone que l’objectif américain était de vaincre l’EI partout où il se trouvait. Si d’autres forces, y compris celles du gouvernement syrien et de ses alliés iraniens et russes, veulent combattre les extrémistes aussi, « cela ne nous pose absolument aucun problème », a-t-il déclaré depuis Bagdad.

Voilà un extrait de la transcription de cette conférence de presse :

« Q : […] – Quelle menace potentielle, croyez-vous que les milices et les forces soutenues par le régime iranien posent à vos forces et à celles de vos alliés dans la région d’Al Tanf-Abu Kamal ?

COL. DILLON : – Eh bien, si le régime syrien… et il semble qu’il mène un effort concerté pour reprendre les zones tenues par EI. Et s’il montre qu’il en est capable, ce n’est pas un mauvais signe. Nous sommes ici pour lutter contre l’EI en tant que coalition, mais si d’autres veulent lutter contre l’EI et les vaincre, cela ne nous pose absolument aucun problème. Et comme ils avancent vers l’est vers Abu Kamal et Deir Ezzour, si nous… pourvu que nous puissions faire de la désescalade et nous concentrer sur ce pourquoi nous sommes là, sans avoir aucun problème stratégique avec le régime ni avec les forces pro-régime ni avec les Russes, alors c’est… alors cela nous va très bien. »

Un peu plus loin, le porte-parole reconnaît aussi que leurs forces à al-Tanf sont très limitées dans leurs mouvements :

« COL. DILLON : – … si le régime est… a repris la zone près d’Abu Kamal, alors l’espace dans lequel nous pouvons patrouiller avec nos forces partenaires [à partir d’al-Tanf] va être limité. »

Toujours plus loin, le porte-parole met les points sur les i de façon encore plus claire : al-Tanf ne sert plus à rien désormais et l’armée syrienne peut aller où elle veut :

« COL. DILLON : – Ce que je voulais dire, c’est que nous avons utilisé les environs d’al Tanf pour entraîner nos alliés et pour continuer de… de combattre EI, vous savez, s’ils se trouvent dans la zone et autour d’elle.

Vous savez, maintenant que le régime a repris ces territoires, et qu’ils ont fait des progrès significatifs, vous savez, des progrès, semble-t-il, en direction d’Abu Kamal et peut-être de Deir Ezzour, s’ils veulent combattre l’EI à Abu Kamal et s’ils ont la capacité de le faire, alors, vous savez, nous n’y verrions pas d’inconvénient.

Nous, en tant que coalition, notre but n’est pas de s’approprier des terres. Notre but est de détruire l’EI, voilà ce que nous voulons faire. Et si… si le régime syrien veut le faire, et ils vont, encore une fois, mener un effort concerté et montrer qu’ils font… qu’ils le font à Abu Kamal ou à Deir Ezzour ou ailleurs, cela signifie que nous n’avons pas besoin de le faire dans ces endroits.

Et donc je suppose que… ce que je veux dire, c’est que dans la zone d’al Tanf, nous allons continuer à former nos forces partenaires. Nous continuerons à faire des patrouilles dans et autour d’al Tanf dans le désert de Hamad. Mais si notre accès à Abu Kamal est coupé parce que le régime y est, c’est OK»

NEWSFLASH : Le Pentagone et, plus important encore, les commandants américains au Moyen-Orient, ont finalement accepté la réalité.

Le gouvernement syrien et ses alliés ne laisseront jamais les États-Unis occuper le sud-est de la Syrie, ni le pays, ni même Deir Ezzor où la garnison de l’armée syrienne est actuellement encerclée par les forces d’État islamique. L’armée syrienne et ses alliés vont libérer Deir Ezzor et toute la vallée de l’Euphrate. L’armée américaine l’a admis aujourd’hui. Les cercles néoconservateurs vont protester et s’agiter, mais je doute fort que les États-Unis reviennent sur cette décision ou qu’il s’agisse d’une ruse. Les États-Unis n’ont tout simplement aucune raison stratégique d’occuper le sud-est de la Syrie et aucune volonté de le défendre contre la résistance déterminée de forces opposées qui ont prouvé leur valeur.

Mes félicitations à la Syrie et ses alliés. Ils ont, pour l’instant, gagné la bataille.

 

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