À recourir à la fraude, vous perdrez votre Empire


«Car il n’est rien de caché qui ne doive être découvert, rien de secret qui ne doive être connu et mis au jour.» – Évangile selon saint Luc (8:17)

«Il y a un vieux dicton au Tennessee – je sais qu’il existe au Texas, et probablement au Tennessee – qui dit trompe-moi une fois, honte sur… – honte à toi. Trompe-moi – tu ne peux pas me tromper à nouveau.» – George W Bush


Saker US

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Par The Saker – Le 13 octobre 2016 – Source The Saker

En avril 2014, j’ai écrit un article intitulé How the Ukrainian crisis will eventually bring down the AngloZionist Empire [Comment la crise ukrainienne finira par faire tomber l’Empire anglosioniste] dans lequel j’établissais une liste des similitudes entre l’Union soviétique des années 1980 et les États-Unis d’Obama, et j’écrivais ce qui suit.

Ce que les Anglosionistes défendent ouvertement et publiquement en Ukraine est l’opposé de ce qu’ils sont censés défendre. C’est une chose extrêmement dangereuse à faire pour n’importe quel régime et l’Empire anglosioniste ne fait pas exception à cette règle. Les Empires s’écroulent souvent lorsque leur propre peuple est désillusionné et dégoûté par l’énorme écart entre ce que les élites dirigeantes disent et ce qu’elles font. Le résultat n’est pas tant que l’Empire affronte des ennemis redoutables mais le fait que personne ne veut se lever – sans même parler de mourir – pour le défendre.

Plus de deux ans après, à regarder la course pour la présidence entre Trump et Hillary, je suis étonné de voir combien l’habitude de mentir, de nier l’évidence, de tromper et de dénaturer a profondément et clairement imprégné le discours politique américain.

Tout d’abord, il y a la manière absolument éhontée dont les médias sionistes commerciaux cognent sur Trump sans même prétexter l’objectivité ou la véracité. Bien sûr, j’ai toujours su que la machine de propagande étasunienne mentait et que les médias étaient possédés par l’État profond, mais au moins il y avait ce mince vernis de pseudo-objectivité d’avoir entendu les «deux côtés». Aujourd’hui, c’est fini. Quand ils ont affaire à Trump, nous avons les «deux minutes de la haine» d’Orwell, mais diffusées 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Non que Trump ne mérite pas certaines d’entre elles, mais comparé à la manière dont de vraies ordures comme les Clinton sont traitées, le lynchage de Trump est, je crois, sans précédent et unique. Pourquoi est-ce important ? Parce que maintenant, les masques sont tombés, les prétextes sont évacués, et ce que vous voyez est le vrai visage des médias dominants tels qu’ils ont toujours été : haineux, hypocrites et totalement corrompus. Et puisque des médias véritablement libres et indépendants sont centraux pour une démocratie qui fonctionne, la corruption totale des médias aux États-Unis est aussi la preuve que ce pays ne dispose pas d’une démocratie qui fonctionne.

Deuxièmement, il y a les événement totalement surréalistes qui se déroulent en Syrie : la trahison par les États-Unis de l’accord signé avec la Russie, les menaces étasuniennes d’attaquer la Syrie (en toute illégalité), les larmes de crocodile sur la situation humanitaire à Alep (et les yeux fermés sur le Yémen), l’hypocrisie hallucinante des États-Unis qui veulent traduire les Syriens et les Russes devant un tribunal pénal international [qu’ils n’ont pas reconnu ! NdT] pour crimes de guerre, le soutien maintenant absolument ouvert à al-Qaïda (c’est-à-dire al-Nusra, c’est-à-dire Jabhat Fateh al-Sham, c’est-à-dire Daesh) et les menaces de les armer, les menaces ouvertes de l’Amiral Kirby d’abattre des avions russes, de bombarder des villes russes et de renvoyer des soldats russes dans des sacs mortuaires – nous voyons maintenant une administration qui est devenue complètement folle à propos de la Syrie et qui ne sait même pas ce qu’elle fait. Dire que les 1 000 à 4 000 militaires et contractants américains déployés en Syrie «servent leur pays», «défendent la démocratie» ou «notre mode de vie» est tout simplement risible et tout le monde le sait. Mais personne ne dit un mot à ce sujet. En fait, leur présence est rarement évoquée.

Cette posture kafkaïenne à l’égard de la guerre avec la Russie n’est tout simplement jamais débattue par un expert ou un organe de presse. C’est comme si cela n’existait pas, mais bien sûr que ça se passe, juste sous nos yeux. Les responsables russes en parlent tous les jours, ainsi que les médias russes, c’est l’un des sujets les plus débattus à la télévision, et pourtant sur «la terre des braves et de la liberté», c’est une sorte de «non-sujet» orwellien qui, par consensus, n’a ni existence, ni réalité, ni pertinence : la politique des fous néocons risque de transformer les États-Unis en un immense tas de cendres radioactives, mais le sujet qui préoccupe tout le monde, c’est le propos de pot de chambre de Trump au sujet des femmes.

Pour vous, je ne sais pas, mais je vois plus de noblesse dans l’orchestre de chambre du Titanic jouant la valse Songe d’Automne tant que le navire peut encore flotter que dans le spectacle pathétique que l’Empire anglosioniste (qui fait également naufrage) nous offre aujourd’hui.

Sur le front extérieur, l’empire redouble ses mensonges. Ci-dessous, quelques titres récemment vus dans des articles de membres de la cinquième colonne en Russie et de leurs collègues à l’étranger :

Titre Réalité
Le patriarche Kirill interdit les avortements en Russie Le patriarche Kirill, avec d’autres chefs religieux, a signé une déclaration selon laquelle les avortements ne devraient pas être payés par l’État.
Les femmes russes seront forcées d’accoucher
Les employés seront licenciés s’ils utilisent Whatsapp ou des services de messagerie similaires Les employés de l’État ont l’interdiction d’utiliser des services de messagerie pour diffuser des informations en relation avec leur travail ou classifiées.
Tolstoï et Dostoïevski sont maintenant interdits dans les écoles Divers responsables discutent du degré scolaire auquel les auteurs classiques russes devraient être étudiés.

Ce ne sont que quelques exemples récents. De telles ordures sont publiées presque quotidiennement par la presse «jaune» pro-occidentale en Russie et par les médias commerciaux occidentaux.

Bien sûr, les néocons ont toujours gouverné «par la fraude», comme l’ont fait les dirigeants anglais de l’Empire britannique, mais dans la Russie moderne, ils se heurtent aujourd’hui à un grand nombre d’obstacles qui compliquent grandement leur travail :

1) Poutine a fait un excellent travail, lentement mais sûrement, en expulsant les pires russophobes des principales chaînes de télévision et de radio russes. Bien sûr, certains ont été laissés là, très délibérément (j’en explique la raison en détail ici), mais ils ne contrôlent sûrement pas les médias comme ils le faisaient pendant les années 1990.

2) À l’âge d’Internet, il suffit de quelques jours pour démonter les mensonges d’Oncle Sam, des néocons ou de la cinquième colonne russe (pour le dernier exemple, voir ici).

3) Les Russes se souviennent des années 1990 et ils suivent de très près ce qui se passe de l’autre côté de la frontière dans l’Ukraine occupée par les nazis, et ils réalisent que le sort de l’Ukraine est celui que la Russie a enduré dans les années 1990 et qu’elle devrait revivre si les forces pro-occidentales revenaient au pouvoir. D’une certaine manière, vous pourriez dire que les Russes ont été vaccinés contre la propagande anglosioniste.

Je pense que tandis que la situation est encore bien pire aux États-Unis, il y a aussi quelques signes encourageants que les mensonges commencent à s’user. Alors que des millions croient encore la boîte à idioties ou n’ont simplement plus l’énergie de penser, il y en a aussi des millions qui sont totalement désillusionnés, cyniques, dégoûtés et fâchés des élites parasites qui les gouvernent. En gros, les grands médias suscitent une profonde méfiance. Quant aux journalistes, ils sont à peu près aussi respectés que les avocats et les médecins (intéressant combien ces deux nobles professions ont été complètement discréditées par leurs praticiens en quelques décennies !). Nous pouvons spéculer pendant des heures pour savoir si Trump a encore une chance de gagner la prochaine élection ou non, mais je soutiens qu’à en juger par leurs actions paniquées, les néocons croient vraiment qu’il le pourrait. Et cela les terrifie. Ils craignent clairement que ceux qu’ils considèrent comme leurs esclaves stupides puissent se révolter contre leur domination (comme cela s’est passé si souvent dans l’Histoire).

Je sais qu’il y en a beaucoup qui ne font pas confiance à Trump. Et je suis d’accord avec eux. Je ne lui fais pas non plus confiance. Cependant, alors que je ne fais pas confiance à Trump, j’admets qu’il est possible qu’il soit vraiment un président qui mettrait les intérêts du peuple américain au premier plan, et les intérêts de l’Empire anglosioniste en second, loin derrière. L’histoire des empires est pleine de situations où une partie de la classe dirigeante s’est tournée contre l’autre (les SA et les SS, les trotskystes et les staliniens, etc.). Il n’y a aucune raison de rejeter à priori la possibilité d’un schisme au sein de l’État profond étasunien, qu’une partie veuille sauver l’Empire aux dépens des États-Unis (les néocons) et qu’une autre veuille sauver les États-Unis aux dépens de l’Empire (les partisans de Trump). De nouveau, je ne dis pas que c’est probable, j’admets seulement que c’est possible. Et si c’est réellement une possibilité, ne serait-il pas également possible que la population américaine vote délibérément contre ses propres médias de masse et ses élites politiques, exactement comme le peuple britannique a choisi le Brexit au mépris total de la doxa officielle ? Que tout le dénigrement de Trump puisse effectivement l’aider à se faire élire ?

Se pourrait-il qu’après avoir perdu contre la Russie à cause de leurs mensonges, les néocons perdent les États-Unis à cause de leur propension apparemment incurable à gouverner par la fraude ?

Pendant des années, j’ai eu l’habitude d’écarter les élections présidentielles américaines comme une plaisanterie, une fraude et un exercice de lavage de cerveau collectif. Cette fois-ci, et pour la première fois, je pense qu’il y a une possibilité, bien que mince, que quelque chose d’important soit décidé le 8 novembre. Le fait qu’une telle possibilité soit apparue est en lui-même tout à fait remarquable et un nouveau signe de la profondeur que la crise systémique a atteinte. Quant aux parasites qui forment le 1% qui gouverne cet Empire, ils sont clairement en mode panique, probablement parce qu’ils sont beaucoup mieux informés que la plupart d’entre nous sur la situation qui est vraiment catastrophique.

Une victoire d’Hillary ne changera rien à tout cela. Elle ne le rendra que beaucoup, beaucoup plus dangereux. Avec Trump, il y a au moins une possibilité de retrait graduel, plus ou moins organisé, un retrait de toutes sortes, une transition où les États-Unis passent de l’aspiration à l’hégémonie mondiale à des États-Unis comme pays important, mais normal. Très semblable à la Russie aujourd’hui, j’espère.

Avec Hillary nous pouvons être sûrs que l’Empire mettra les bouchées doubles, continuera à se mentir à lui-même et au reste de la planète, et le niera totalement, rendant inévitablement la fin très violente, éventuellement catastrophique. Je ne serais pas surpris que les «cinglés dans la cave» préfèrent un holocauste nucléaire (leur sujet favori !) à une libération des États-Unis et du reste de la planète de leur pouvoir diabolique. C’est donc notre devoir de les empêcher de réussir à détruire notre planète.

The Saker

Article original paru sur The Unz Review

Traduit par Diane, vérifé par Wayan, relu par Catherine pour le Saker francophone

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