Par Paul Craig Roberts – Le 28 juillet 2017 – Source katheon
L’Amérique présente un visage décourageant depuis que, d’une part, les néoconservateurs ont dirigé la politique étrangère des États-Unis pendant le régime de Clinton et ont amorcé deux décennies de crimes de guerre qui définissent l’Amérique du XXIe siècle et, d’autre part, depuis que les entreprises américaines ont trahi la main-d’œuvre de leur pays en déplaçant les emplois américains en Asie.
La perspective est devenue plus sombre lorsque le régime d’Obama a ressuscité la menace russe et a élevé la perspective d’un conflit militaire entre les puissances nucléaires.
Comme l’Europe est prise entre les deux, dans des circonstances normales, les pays européens auraient insisté pour que Washington cesse les provocations gratuites contre la Russie. Mais les circonstances normales n’ont jamais existé. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les pays européens ont été des vassaux sans politiques économique et étrangère indépendantes.
L’Europe accueille des bases militaires américaines qui menacent la Russie. L’Europe a soutenu les guerres d’agression de Washington contre la Serbie, l’Afghanistan, l’Irak, la Libye, la Syrie, les attaques aériennes de Washington contre les provinces du Pakistan et l’utilisation, par Washington, de l’Arabie saoudite pour mener sa guerre par procuration contre le Yémen.
L’Europe a soutenu les sanctions économiques gratuites de Washington contre l’Iran et la Russie, des sanctions qui ont coûté beaucoup à l’Europe et peu à Washington.
Habitué à être obéi par l’Europe, Washington engage celle-ci sans même consulter leurs gouvernements vassaux. Maintenant, il semble que l’extraordinaire arrogance et l’hubris de Washington ont passé les bornes. Confronté à une nouvelle série de sanctions contre la Russie, Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, a déclaré que le temps était révolu où Washington pouvait faire primer ses intérêts sur ceux de l’Europe.
Les nouvelles sanctions ont des conséquences économiques et politiques dévastatrices pour l’Europe. Juncker a déclaré : « Si les préoccupations de l’Europe ne sont pas suffisamment prises en compte, nous sommes prêts à agir de manière appropriée en quelques jours. »
Les ministères des Affaires étrangères allemand et français ont apporté leur soutien à Juncker. Le ministère allemand des Affaires étrangères a déclaré : « Ce n’est pas aux Américains que revient le droit de juger ou de préciser de quelle manière les entreprises européennes peuvent engager une coopération avec des tiers, en particulier avec les entreprises énergétiques russes. »
Le ministère français des Affaires étrangères a déclaré : « les sanctions contredisent le droit international en raison de leur portée extraterritoriale ».
L’Europe considère les sanctions comme un outil de la politique industrielle américaine qui met les intérêts commerciaux des États-Unis avant les intérêts commerciaux de l’Europe.
Espérons que l’arrogance de Washington ne lui permettra pas de faire reculer l’Europe et que celle-ci lui fera un bras d’honneur et se désengagera de l’Empire américain. Sans une Europe qui accepte de loger ses bases militaires et qui ânonne sa propagande, la capacité de Washington de menacer la Russie diminuerait considérablement. En effet, une continuation de l’attitude hostile menaçante envers la Russie laisserait Washington isolé dans le monde. Aucun pays ne veut courir le risque de subir une guerre nucléaire uniquement pour le bien-être de l’unilatéralisme américain.
Paul Craig Roberts
Traduit par jj, relu par Catherine pour le Saker Francophone