Le président syrien dénonce un problème dans la politique étrangère étasunienne dont personne ne veut parler


Par Darius Shahtahmasebi – Le 14 septembre 2017 – Source Anti Media

Dans un entretien avec Russia Today en 2015, le président syrien Bachar al-Assad a prononcé peut-être une de ses déclarations les plus intéressantes depuis le début du conflit syrien en 2011. Assad a déclaré :

« La propagande occidentale a, dès le début, prétendu que la cause du problème était le président. Pourquoi ? Parce qu’ils veulent faire croire que tous les problèmes de la Syrie sont dus à un individu ; et par conséquent la réaction naturelle pour beaucoup de gens est que, si le problème est cet individu, il ne devrait pas être plus important que la patrie. Donc laissez cette personne partir et les choses vont aller bien. C’est ainsi qu’ils simplifient les choses en Occident. »

Puis il a ajouté :

« Regardez ce qui s’est passé dans les médias occidentaux depuis le coup d’État en Ukraine. Qu’est-il arrivé ? Le président Poutine est passé du statut d’ami de l’Occident à celui d’ennemi et, encore une fois, il a été qualifié de tsar… Telle est la propagande occidentale. Ils disent que si le président s’en allait, les choses s’amélioreraient. »

En mettant de côté la vaste liste de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité d’Assad, Assad a mis le doigt sur l’un des principaux défauts de la pensée occidentale concernant les politiques hostiles des États-Unis à l’égard d’un certain nombre d’États indépendants.

Il suffit de regarder le cirque actuel entre la Corée du Nord et les États-Unis pour avoir une autre image précise de ce qui est mentionné ici. Le problème de la Corée du Nord est constamment présenté dans les médias comme causé par une personne (le dirigeant actuel Kim Jong-un), un récit qui ignore totalement le rôle que les États-Unis et leurs alliés ont joué dans cette crise actuelle. Comme Anti-Media l’a précédemment souligné :

… le problème [de la crise nord-coréenne] est constamment présenté comme étant causé par la Corée du Nord, pas par les États-Unis. ‘Comment faire face à la Corée du Nord’, explique The Atlantic. ‘Que peut faire Trump sur la Corée du Nord ?’, se demande le New York Times. ‘Ce qui peut éventuellement être fait à propos de la Corée du Nord’, propose le Huffington Post. Le Times donne la parole à six experts qui débattent de ‘Comment résoudre le problème’ (de la Corée du Nord). ‘Corée du Nord – que peut faire le monde extérieur ?’, interroge la BBC.

Ce que les médias affirment vraiment, en particulier quand on parle d’une option militaire en réponse à la lutte contre les actions déloyales de la Corée du Nord, c’est que si les États-Unis pouvaient destituer Kim Jong-un, le problème nord coréen disparaîtrait.

La mort d’un homme pourrait-elle effacer chez tous les Nord-Coréens l’hostilité et  la haine qu’ils ressentent pour les États-Unis alors qu’ils savent très bien qu’au début des années 1950, les États-Unis ont bombardé la Corée du Nord si implacablement qu’ils finirent par manquer de cibles à frapper ? Les militaires américains ont tué au moins 20% de la population civile.

Si Kim Jong-un est destitué, les Nord-Coréens oublieront-ils tout à coup qu’ils vivent dans des familles où au moins un parent a été tué par les États-Unis dans les années 1950 ?

Dans le récit simpliste des grands médias, oui, ils l’oublieront. Ils prétendent que le fait de tuer une personne et de l’éliminer de la présidence sauvera non seulement le pays qu’il brutalise, mais assurera également sécurité et stabilité au reste du monde.

Il ne leur est pas important qu’avant l’assaut l’OTAN/États-Unis sur la Libye, en 2011, ce pays avait le meilleur niveau de vie du continent africain. Même le Times admettait que son système de santé suscitait « l’envie de la région ». Maintenant le pays s’est complètement effondré, avec plus de deux millions d’enfants non scolarisés, d’innombrables migrants se noyant dans ses eaux, l’extrémisme étant sans contrôle et sans rival, et les commerçants vendant ouvertement des esclaves comme une marchandise.

Supposons que chaque accusation contre le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi soit vraie (ce qui n’était pas le cas). Comment peut-on dire que la destruction de l’infrastructure d’un pays et l’assassinat de son chef dans un mépris flagrant du droit international est une solution réaliste à tout problème ? Si vous vous opposez à Donald Trump, une intervention militaire dirigée par la Russie pourrait-elle résoudre vos problèmes avec le pays qu’il dirige ?

Oubliez ce que vous pensez connaître de Saddam Hussein, Mouammar Kadhafi, Kim Jong-un, Bachar al-Assad, Vladimir Poutine et Nicolas Maduro. Le récit des gouvernements occidentaux et leurs portes-voix médiatiques asséné depuis cette dernière décennie est un non-sens complet. Il est complètement absurde. Vous ne pouvez pas résoudre les problèmes de la Syrie ou du Venezuela en supprimant leurs dirigeants actuels, encore moins si vous tentez de le faire par la force. Quiconque prétend que c’est possible est en train de vous mentir ou est trop naïf et paresseux pour faire des recherches sur les situations actuelles en Afghanistan, au Yémen, en Libye, en Irak – pour ne nommer que quelques pays.

Le fait que les États-Unis ne veulent visiblement résoudre aucun problème – qu’ils ne cherchent qu’à renverser des dirigeants qui n’exaucent pas leurs désirs – est un sujet pour un autre article, mais il est certainement utile de mentionner ce fait ici.

On peut finalement dire la même chose pour Donald Trump. Depuis sa victoire électorale, de nombreuses célébrités, experts médiatiques et membres de la communauté du renseignement ont tenté de le discréditer et de le destituer. Pourtant, Donald Trump n’est que l’horrible symptôme des problèmes des États-Unis ; penser que lui seul les a causés et qu’en le retirant de la présidence les États-Unis deviendraient soudainement un havre de liberté est complètement idiot.

Si vous êtes d’accord avec ce dernier point de vue, vous devez également admettre que les problèmes rencontrés par la Corée du Nord, la Syrie, le Venezuela et d’autres ne pourront jamais être résolus par les États-Unis en supprimant leurs dirigeants de force.

Si Assad était éliminé de Syrie, l’extrémisme disparaîtrait-il ou pourrait-il plutôt prospérer dans le vide politique, comme en Irak ? Les problèmes internes de la Syrie – qui sont bien plus vastes que les médias nous le font croire – seraient-ils résolus par quelque chose d’aussi simpliste que de supprimer son dirigeant actuel ? Quelqu’un peut-il nommer un pays où cela a été essayé et montré comme un véritable modèle pour résoudre les crises internes d’une nation souveraine ? Quiconque pense vraiment que les problèmes d’un pays peuvent être résolus d’une manière aussi simple, devrait lire un peu plus.

Si vous reconnaissez ce dilemme, vous pouvez convenir qu’il est grand temps que les médias arrêtent complètement cette couverture simpliste des problèmes et, à la place, commencent à publier de vrais reportage sur les authentiques options diplomatiques qui pourraient être choisies.

Darius Shahtahmasebi

Traduit par Wayan, relu par Cat pour le Saker Francophone.

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