Une guerre commerciale contre la Chine, au nom de l’écologie, est lancée


Par Moon of Alabama – Le 8 décembre 2022

Sous l’administration Trump, les États-Unis ont lancé une guerre commerciale contre la Chine. Cela a commencé par l’imposition de divers droits de douane sur les produits chinois. L’administration Biden l’a poursuivi en utilisant le prétexte peu convaincant d’un prétendu « travail forcé » au Xinjiang pour rendre plus difficile l’importation de biens en provenance de Chine. Mais cette guerre était en contradiction avec les objectifs de Biden en matière de changement climatique car presque tous les panneaux solaires sont fabriqués à partir de matières premières trouvées au Xinjiang. La guerre commerciale s’est donc poursuivie avec la « guerre des puces informatiques » dans le but d’empêcher tout progrès technologique de la Chine en ce domaine.

Ces droits de douane et les restrictions vont à l’encontre des accords de l’OMC que les États-Unis sont de plus en plus enclins à ignorer.

L’administration a maintenant mis au point un nouveau plan qui utilisera le prétexte du changement climatique pour mener une guerre économique contre les industries de l’acier et de l’aluminium chinois ou d’autres pays. Pour être plus efficace, elle tente d’obtenir l’adhésion de l’Union européenne :

L’administration Biden a envoyé mercredi à l’Union européenne une proposition suggérant la création d’un consortium international qui favoriserait le commerce des métaux produits avec moins d’émissions de carbone, tout en imposant des droits de douane sur l’acier et l’aluminium en provenance de Chine et d’ailleurs, selon une copie consultée par le New York Times.

Le groupe proposé, connu sous le nom d’Arrangement mondial pour un acier et un aluminium durables, utiliserait la puissance des marchés américains et européens pour tenter de soutenir les industries nationales d’une manière qui atténue également le changement climatique. Pour ce faire, les pays membres imposeraient conjointement une série de droits de douane sur les métaux produits de manière nuisible à l’environnement.

Il ne s’agit clairement pas d’une politique visant à atténuer le changement climatique, mais à limiter le libre-échange au profit des industries nationales.

La cible de cet effort est évidemment la Chine :

Les droits de douane viseraient la Chine et les autres pays qui n’ont pas rejoint le groupe. Les pays qui y adhéreraient bénéficieraient de conditions commerciales plus favorables entre eux, notamment pour l’acier et l’aluminium produits de manière plus propre.

Pour adhérer au groupe, les pays devraient veiller à ce que leurs industries de l’acier et de l’aluminium respectent certaines normes d’émission, selon le document. Les gouvernements devraient également s’engager à ne pas surproduire d’acier et d’aluminium, ce qui fait baisser les prix mondiaux de ces métaux, et à limiter l’activité des entreprises d’État, qui sont souvent utilisées pour accorder des subventions aux fabricants de métaux étrangers. Bien que le document de réflexion ne mentionne pas la Chine, ces exigences semblent susceptibles de l’empêcher de devenir membre.

Ce système avantagerait les sidérurgistes qui font fondre la ferraille dans des fours à arc électrique pour fabriquer du nouvel acier. (Ne demandez surtout pas comment l’électricité est produite…) Mais la population mondiale continue de croître et il faudra fabriquer davantage d’acier. Avec l’aide du charbon, il est fondu à partir du minerai dans des hauts fourneaux, selon un processus relativement sale. Le fer brut est ensuite transformé en acier à l’aide de convertisseurs d’oxygène, eux aussi peu respectueux du climat.

La plus grande partie de la production d’acier de base est désormais réalisée en Chine, en Inde et dans d’autres pays moins riches, tandis que la fabrication de l’acier dans les pays occidentaux se résume souvent à un simple processus de recyclage :

L’industrie sidérurgique américaine compte déjà parmi les plus propres du monde, grâce aux normes environnementales plus strictes du pays et à l’accent mis sur le recyclage de la ferraille. L’accord est conçu pour tirer parti de ces avantages et aider les entreprises américaines à résister à la concurrence des fabricants d’acier et d’aluminium fortement subventionnés en Chine et ailleurs.

Mais les États-Unis abritent également de nombreuses industries qui achètent de l’acier et de l’aluminium étrangers pour les transformer en d’autres produits. Elles pourraient objecter que cette mesure augmenterait leurs coûts.

Ces industries ne protesteront que si elles ne peuvent pas répercuter l’augmentation des prix sur les consommateurs de leurs produits. Elles exigeront probablement davantage de droits de douane sur les importations pour entraver la concurrence étrangère.

La partie la plus stupide de ce projet est qu’il n’existe aucun moyen pour les États-Unis ou l’Europe de mesurer ou même d’estimer dans quelle mesure la production étrangère d’acier est respectueuse de l’environnement ou non :

Si les États-Unis et l’Europe vont de l’avant avec cette structure, il est probable qu’il y aura une lutte intense sur la fixation des droits de douane et la façon de mesurer les émissions de carbone.

La mise au point d’une méthode permettant de déterminer la quantité d’émissions de gaz à effet de serre dans la production d’un produit donné n’en est qu’à ses débuts, et il faudrait recueillir beaucoup plus de données au niveau des produits et des entreprises spécifiques, ont déclaré des personnes au fait de ces projets.

Cette politique n’a pas grand-chose à voir avec la réduction des gaz à effet de serre et vise à limiter le commerce au profit des industries nationales. Les consommateurs en souffriront en raison de la hausse des prix. On pourrait la résumer ainsi : les pays riches puniront les pays pauvres de ne pas être riches.

J’espère que les eurocrates n’accepteront pas ce plan car cela pourrait lui donner une certaine crédibilité. Les États-Unis n’auraient ensuite aucun scrupule à utiliser éventuellement des mécanismes similaires contre les industries européennes.

La Chine, l’Inde et les autres pays du BRICS s’opposeront bien sûr à ce projet et exerceront probablement des représailles contre les exportations américaines s’il devait être mis en œuvre.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

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