Une année de sanctions – Voici comment les banques russes s’en sortent


Des sources de capitaux domestiques et en provenance du Moyen-Orient ou d’Asie remplacent l’UE et les États-Unis. Les sanctions ont causé des difficultés en Russie, mais aucune à laquelle elle n’ait su s’adapter


 

RILe 11 août 2015 – Source Russia Insider

 

 

Centre Financier de Moscou

MOSCOU, TASS. Le 30 juillet, Washington a étendu les sanctions à onze nouveaux individus et à quinze entités juridiques, principalement de Russie. Les filiales de Vnesheconombank sont incluses dans la liste. La banque est soumise aux sanctions de l’Union européenne et des États-Unis depuis plus d’un an.

Il y a exactement un an, l’Union européenne a introduit le premier paquet de sanctions sectorielles qui a finalement fermé les marchés de capitaux occidentaux pour Sberbank, VTB, Gazprombank, Banque agricole de Russie et VEB. Au cours de l’année, les banques ont appris à trouver de l’argent sur le marché intérieur et ont commencé à chercher une place sur le marché asiatique, mais elles ne sont pas encore prêtes pour un isolement prolongé, disent les experts.

Siège central de la Sberbank de Russie

L’introduction des sanctions européennes le 31 juillet de l’année dernière n’a pas été une surprise pour les banques – à l’époque, des restrictions similaires des États-Unis étaient déjà en vigueur. Néanmoins, pendant les dix dernières années, l’Europe était le marché traditionnel sur lequel les émetteurs russes levaient des capitaux et enregistraient activement des entités ad hoc (SPV) en se familiarisant avec la Bourse de Londres. Sur les marchés financiers occidentaux, les banques russes avaient des marques reconnues, et commençaient même à se familiariser avec le commerce de détail européen (Sberbank Europe AG, filiale Sberbank et VTB Deutschland, filiale VTB Group). Les restrictions de partenariat financier pour les banquiers locaux étaient plus un défi moral que commercial. Il était nécessaire de changer tout le paradigme du business et de rechercher des sources alternatives de capitaux.

La question des sanctions continue d’être extrêmement douloureuse pour les banques. Sberbank, VTB, Gazprombank, la Banque agricole russe et VEB ont refusé de commenter les résultats annuels de leur travail pour atténuer l’impact des sanctions.

Pas de conséquences graves

Selon les données de l’Cbonds, les plus grandes banques, sujettes à des sanctions, ont même été en mesure de réduire le montant de la charge de leur dette cette année. La dette remboursable de Sberbank au 30 juillet, a diminué en un an de 19% à $13,5 Mds, Gazprombank de 28% à $12,31 Mds, VEB de 15% à $17,23 Mds. La dette totale de la VTB et de la Banque agricole russe est tombée à $10,51 Mds et $15,07 Mds, respectivement. En termes de roubles le montant de la dette à subi une augmentation due à une dévaluation du rouble de 40%.

Cette année, les banques ne doivent pas rembourser un grand volume de dette en monnaie étrangère. Sberbank doit payer 410 Mio de francs suisses à l’automne, VTB 300 Mio de francs suisses et 2 Mds de yuans, Gazprombank 500 Mio de francs suisses et $1 Md, la Banque agricole de Russie 450 Mio de francs suisses, et VEB dit ne pas avoir de paiements à l’étranger sur la dette, en devises, dans un proche avenir. Les banques russes n’ont aucune difficulté avec le remboursement de la dette cette année.

Bien que formellement seules – les marchés occidentaux de change sont fermés pour les cinq plus grandes banques russes – en raison de l’intégration globale du flux d’investissement des entreprises russes, celles-ci peuvent facilement trouver des partenaires dans d’autres pays. Il faudra un certain temps avant que la Sberbank ou VTB soient reconnues à Singapour ou à Hong Kong. Toutefois, à la demande du directeur de la Sberbank, German Gref, et en raison des sanctions, le plus grand organisme de crédit russe ne doit pas attirer un sou de l’étranger.

Ayant perdu la capacité de lever des capitaux sur les marchés étrangers, les banques ont dû se contenter de la seule alternative, travailler en Russie, en élargissant à la fois le programme de prêts intérieurs et la part de financement de la Banque centrale de Russie. Pour Sberbank et VTB24, par exemple, la base de financement traditionnel est le dépôt des particuliers.

L’activité des banques sur le marché obligataire domestique a également augmenté en janvier, Sberbank a annoncé des plans pour le placement d’obligations de change pour 50 Mds de roubles ($827,86 mio), VTB a approuvé un nouveau programme en juin, en gardant les détails secrets. En fin d’année dernière Gazprombank a approuvé le placement d’obligations pour 70 Mds de roubles ($1,16 Mds). Il est important de comprendre que les possibilités du marché obligataire domestique sont très limitées. La part de la Banque centrale de Russie dans les passifs des banques d’État pour l’année a augmenté de 2,2% pour Sberbank, de 8,3% pour VTB , de 5,4% pour la Banque agricole de Russie (selon Fitch). Ainsi, bien que le recours à des fonds de la Banque centrale ait tendance à augmenter, la masse des ressources critiques ne peut pas encore être estimée. Les banques ont surtout souffert des sanctions indirectement – des contraintes externes sur la solvabilité des clients, qui ont conduit à une augmentation du coût du risque et à la constitution de réserves sans précédent. Par exemple, le coût du risque de VTB à la fin de l’année dernière a atteint 4,6%, ayant presque plus que doublé en un an. Cependant, la banque a resserré sa politique de crédit et de gestion des risques, ce qui a permis de réduire le coût du risque à 2,2% à la fin du premier trimestre de cette année. Au cours du premier semestre, Sberbanka augmenté de 50% ses dotations aux provisions pour 115 Mds de roubles ($1,9 Mds). Toutefois, le taux de croissance trimestriel des provisions de la réserve Sberbank s’est quelque peu réduit.

La solution asiatique

Les marchés de capitaux asiatiques pourraient devenir un débouché pour les banques russes, mais dans le long terme. Le fait est que les banquiers d’investissement asiatiques ont peur de travailler avec les banques sujettes à des sanctions, car cela peut signifier des sanctions pour eux aussi. Par exemple, le Trésor américain a fait la même chose avec les contreparties des banques iraniennes. Cette année, les banquiers russes ont visité l’Asie à plusieurs reprises, dans l’espoir d’attirer des capitaux : German Gref a visité Singapour, Gazprombank a tenu une série de road-shows dans les capitales de la région Asie-Pacifique. Cependant, il n’y a pas eu de placements.

VTB et Gazprombank ont ​​progressé davantage dans le développement vers l’Asie que toute autre banque. VTB est traditionnellement présente sur les marchés de capitaux de l’Est ; Gazprombank a approuvé au printemps un accord pour utiliser le yuan pour les obligations de change de la banque. «Les plans spécifiques pour les banques sur le placement de ces obligations ne sont pas encore arrêtés», a déclaré Gazprombank.

Les analystes doutent de la possibilité de la soumission forcée des marchés asiatiques. «Il est difficile de savoir si les grandes banques seront en mesure de placer leurs obligations sur les marchés de capitaux asiatiques. Il y a de telles capacités et des intentions, mais est-ce vraiment possible? La situation est ambiguë. Il y a une possibilité, mais elle est faible», a confié une source dans les milieux bancaires.

Les analystes craignent que les sanctions ne soient étendues indéfiniment. Les banques pourraient supporter un ou deux ans dans un mode de sévères restrictions, mais une pause de dix ans dans les relations conduirait à de graves conséquences. «Une nouvelle extension des sanctions sectorielles mènera à l’isolement des banques. Nous allons revenir lentement à une économie planifiée. Il n’y aura plus de marché», nous a déclaré la source de TASS dans l’une des banques du top-30. Selon la source, la dépendance des banques vis-à-vis de la Banque centrale et de l’État augmentera à mesure que les sanctions seront étendues.

Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone

   Envoyer l'article en PDF