Trump cherche une “coalition de volontaires” contre l’Iran


2015-05-21_11h17_05Par Moon of Alabama – Le 24 juin 2019

Après un week-end plutôt calme, l’administration Trump s’est engagée aujourd’hui dans une nouvelle tentative contre l’Iran.

Aujourd’hui, le département du Trésor a sanctionné les dirigeants du Corps des gardes de la révolution iranien (IRGC). Elle a également sanctionné le guide suprême iranien, l’ayatollah Khamenei, et son cabinet ! Il n’y aura plus de visites de DisneyLand pour eux.

Et il y a plus à venir :

Josh Rogin - @joshrogin - 16h18 utc - 24 juin 2019

Mnuchin : "Le président m'a informé que nous désignerions le ministre iranien des Affaires étrangères, Javad, Zarif, plus tard cette semaine." cc: @JZarif

Le secrétaire au Trésor qualifiera Javad Zarif de quoi ? De terroriste ? Zarif est assez efficace pour communiquer le point de vue iranien sur Twitter et d’autres médias sociaux. Ces comptes vont maintenant être fermés.

L’envoyé spécial du gouvernement Trump pour l’Iran, Brian Hook, a déclaré aujourd’hui que l’Iran devait répondre à la diplomatie américaine par la diplomatie. Sanctionner le chef de la diplomatie iranienne n’est probablement pas le meilleur moyen d’y arriver.

Tous ceux qui seront sanctionnés par les États-Unis gagneront en popularité en Iran. Ces mesures américaines ne feront qu’unir le peuple iranien et renforcer sa détermination.

L’Iran répondra à cette nouvelle attaque par des moyens asymétriques qui ne lui manquent pas.

Samedi, Trump a déclaré que tout ce qu’il voulait, c’est que l’Iran ne possède jamais d’armes nucléaires. Mais le département d’État veut beaucoup plus. Hook a déclaré aujourd’hui que les États-Unis ne lèveraient les sanctions que si un accord global était conclu, incluant les questions relatives aux missiles balistiques et aux droits de l’homme. L’Iran ne peut pas accepter cela. Mais ce n’est pas la première fois que Pompeo demande plus que Trump lui-même. Est-ce Pompeo, et non Trump, qui presse pour cette version étendue des exigences afin de rendre toute transaction impossible ?

Brian Hook est par ailleurs un barjot qui ne comprend même pas le sens de ce qu’il dit lui-même :

laurence norman @laurnorman - 10:53 utc - 24 juin 2019

L'Américain Hook dit que l’Iran savait ce qu’il faisait quand il a conclu un accord avec le président [Obama], qui avait encore un mandat d’un an et demi. "Ils savaient dans quoi ils s'engageaient ... Ils savaient qu'il était fort possible que le prochain président puisse intervenir et quitter le traité." Remarque : la prochaine élection présidentielle américaine est dans 17 mois

Ce sont deux bons arguments pour que l’Iran n’accepte plus jamais un quelconque accord avec les États-Unis «incapables de respecter un accord».

De ce qui précède, il semble évident que l’administration Trump n’a aucun intérêt réel dans des négociations raisonnables avec l’Iran :

"L'administration n'est pas vraiment intéressée par les négociations maintenant", a déclaré Robert Einhorn, ancien haut responsable du département d'État qui avait participé aux négociations avec les responsables iraniens sous le gouvernement Obama. "Elle veut donner plus de temps aux sanctions pour rendre les Iraniens vraiment désespérés. Elle espère que les négociations porteront sur les conditions de la reddition".

Cela fait partie de la stratégie. Mais le vrai problème est plus profond :

Max Abrahms @MaxAbrahms - 16h41 utc - 24 juin 2019

Conseil de pro : les sanctions contre #Iran ne sont pas des représailles pour le drone abattu, ni pour punir les attaques de tankers, ni pour améliorer l’accord nucléaire ou aider le peuple iranien, mais bien de fomenter une révolution contre le régime. La stratégie consiste à changer de régime avec des gants de velours.

Les États-Unis essaient maintenant de constituer une coalition internationale contre l’Iran. Trump a invité la Chine et le Japon à protéger leurs pétroliers au Moyen-Orient :

Donald J. Trump @realDonaldTrump - 0:08 utc - 24 juin 2019

La Chine obtient 91% de son pétrole par le détroit d'Ormuz, le Japon 62% et de nombreux autres pays aussi. Alors, pourquoi protégeons-nous les voies de navigation des autres pays (depuis plusieurs années) sans compensation ? Tous ces pays devraient protéger leurs propres navires dans ce qui a toujours été ... un voyage dangereux. Nous n’avons même pas besoin d’être là car les États-Unis viennent de devenir (de loin) le plus grand producteur d’énergie du monde ! La demande américaine pour l’Iran est très simple : pas d’armes nucléaires et plus aucun parrainage de la terreur !

On se demande ce que le Commandement central américain et l’US Navy  diront quand un groupe aéro-naval de porte-avions chinois arrivera dans la région du Golfe.

Qui d’autre va gober ça ?

Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo a déclaré dimanche qu'il souhaitait constituer une coalition mondiale contre l'Iran lors de consultations urgentes au Moyen-Orient, après une semaine de crise au cours de laquelle les États-Unis se sont retenus d'opérer des frappes militaires contre l'Iran.

Pompeo s'est exprimé alors qu’il quittait Washington pour l’Arabie saoudite, et ensuite les Émirats arabes unis, ...
"Nous discuterons avec eux de la manière de nous assurer que nous sommes tous alignés stratégiquement et de la façon de bâtir une coalition mondiale, une coalition qui comprend non seulement les États du Golfe, mais également l'Asie et l'Europe, et qui comprend le défi qui consiste à lutter contre le plus grand État parrain du terrorisme dans le monde", a déclaré Pompeo à propos de l'Iran.

Pompeo a été envoyé à la hâte en Arabie Saoudite et aux Émirats Arabes Unis. Brian Hook est maintenant à Oman, et Bolton en Israël. Les États-Unis feront également pression sur l’Europe et l’OTAN pour qu’elles rejoignent une nouvelle “coalition de volontaires”. Le Royaume-Uni suivra probablement toutes les demandes américaines car il a besoin d’un accord pour survivre après le Brexit.

Les autres pays sont mieux avisés de rester en dehors.

Moon of Alabama

Traduit par jj, relu par Wayan pour le Saker Francophone

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