…davantage de troupes se déplacent vers Idlib
Par Moon of Alabama – Le 7 novembre 2018
Aujourd’hui, l’armée syrienne a remporté la bataille d’Al-Safa. Al-Safa est une zone aride entourant un ancien volcan situé au sud-est de Sweida où, en juillet, État Islamique avait enlevé des dizaines d’otages. Les derniers de ces otages ont été libérés lors d’un raid de commandos il y a dix jours.
Avec les otages dégagés, l’armée syrienne a enfin pu utiliser des armes lourdes contre État islamique qui se cachait dans les grottes du champ d’Al-Safa. Sous la couverture de l’artillerie lourde, les troupes ont bien progressé (vidéo). Puis vinrent trois jours de pluie sans précédent. Les combattants d’État islamique se sont noyés dans leurs cavernes et sur leurs positions de combat. Leur commandant dans la région, un Tchétchène, a été tué. Les combattants qui restaient se sont enfuis vers la région d’Al Tanf, sous le contrôle des États-Unis, et dans le désert à l’est de Homs. L’armée syrienne contrôle maintenant totalement al-Safa.
La situation dans le nord-est contrôlé par les États-Unis est compliquée. Les forces kurdes de YPG / PKK avec lesquelles les États-Unis sont alliés ne s’entendent pas avec les combattants arabes des Forces démocratiques syriennes et vice-versa. Des attaques isolées contre des unités SDF kurdes ont lieu chaque jour. On ignore si ce sont les cellules dormantes d’État islamique, les Arabes locaux qui méprisent les nouveaux seigneurs kurdes, ou d’autres chefs sous influence turque.
La lutte contre la poche d’ISIS dans l’est de l’Euphrate ne progresse pas. Au nord, l’artillerie turque tire sporadiquement au-dessus de la frontière et frappe des positions kurdes. La Turquie a également déplacé des milliers de ses forces par procuration d’Idleb et d’Afrin vers la région située à l’ouest de Manbij. Le président turc Erdogan menace de prendre toutes les zones contrôlées par les Kurdes le long de la frontière turque dans le nord de la Syrie.
Tout au long de la guerre contre la Syrie, les Kurdes syriens ont fait preuve d’un manque de sagesse politique. Ils croient probablement qu’ils peuvent résister à l’armée turque ou que les États-Unis leur viendront en aide. L’invasion turque d’Afrin a démontré que ces deux croyances sont absurdes. Leur seule chance de garder leurs foyers est de se soumettre complètement au contrôle du gouvernement syrien.
Depuis le lancement de l’offensive en septembre, les forces américaines et leurs mandataires kurdes dans le nord-est de la Syrie n’ont fait aucun progrès contre la poche d’État islamique à l’est de Deir Ezzor. Les États-Unis ont récemment lancé une sérieuse campagne de bombardement contre la région. Mais l’objectif n’est pas nécessairement ISIS. Les attaques visent 20 véhicules blindés Humvee qu’ISIS avait pris aux forces américaines par procuration. L’observatoire syrien rapporte que ces véhicules sont marqués électroniquement :
Selon ce que ces sources ont confirmé au SOHR [L’Observatoire de la Syrie], ces opérations de ciblage sont le résultat de la capture d’une vingtaine de véhicules américains Hummer affiliés aux forces américaines et à la Coalition internationale, par l’organisation «État islamique» dans le cadre de ses contre-attaques qui ont forcé les troupes de la coalition à se retirer de la région et à abandonner les véhicules. Des sources fiables ont confirmé à l’Observatoire de la Syrie que les véhicules sont dotés de techniques modernes permettant aux avions de guerre de la coalition de les localiser et de les cibler avec précision. Malgré cela les avions de guerre ont tué des citoyens syriens et d’autres personnes de nationalité irakienne appartenant aux familles d’État islamique.
Aujourd’hui, au moins 40 personnes, pour la plupart des femmes et des enfants, ont été tuées par de telles frappes américaines.
Les forces de mobilisation populaires irakiennes se sont déplacées jusqu’à la frontière irakienne et ont utilisé l’artillerie pour empêcher le groupe État islamique de se rendre en Irak. Ils aimeraient attaquer en Syrie pour mettre fin à État islamique, mais Bagdad, sous les ordres américains, ne leur permet pas de se déplacer.
Les frontières au sud-ouest de la Syrie sont calmes. La frontière avec la Jordanie a été rouverte mais la Syrie a augmenté les droits de douane sur les produits jordaniens et le grand flux d’exportations espéré par la Jordanie n’est qu’un mince filet. Une punition bien méritée pour son rôle dans la guerre. Israël est dissuadé de tenter des attaques en raison des nouvelles défenses antiaériennes syriennes et de la nouvelle hostilité russe vis-à-vis des incursions israéliennes.
La situation autour de la zone de désescalade d’Idleb se détériore de jour en jour. La région est contrôlée par Hayat Tahrir al-Sham, une filiale d’Al-Qaïda. La semaine dernière, un raid de commandos terroristes islamistes a tué au moins dix soldats syriens. L’armée syrienne a déplacé un certain nombre de soldats vers le nord-ouest d’Alep. Quelque chose est en cours, mais il n’y a pas encore de rumeur ou d’annonce d’une offensive imminente. Il est possible que la bataille compliquée sur le volcan al-Safa ait retardé la progression à Idlib. Avec al-Safa libéré, un déplacement limité dans le gouvernorat d’Idlib sera probablement l’opération suivante.
La Turquie ayant déplacé l’essentiel des troupes de ses mandataires de l’Armée syrienne libre hors d’Idlib vers l’ouest sur Manbij, elle ne protestera probablement pas si l’armée syrienne attaquait la zone de désescalade contrôlée par Al-Qaïda. Erdogan pourrait plutôt utiliser cette situation pour agir contre les Kurdes soutenus par les États-Unis à l’est.
Moon of Alabama
Traduit par jj, relu par wayan pour le Saker Francophone