Par Andrew Korybko – Le 7 novembre 2018 – Source orientalreview.org
Le Canada a accepté sur son sol plus de 100 soi-disant « Casques blancs » en provenance de Syrie. Souvent décrite comme composée de « volontaires civils neutres » et de « secouristes humanitaires », cette organisation est en réalité liée à des groupes terroristes, comme les journalistes d’investigation Vanessa Beeley et Eva Bartlett l’ont prouvé. Que le Canada leur déroule le tapis rouge est donc une décision prêtant particulièrement à controverse, surtout si l’on considère sa querelle récente avec l’Arabie saoudite, accusée par le Canada de violer les droits de l’homme.
Il apparaît ici au grand jour que le Canada applique une hiérarchie sur les entités ne respectant pas les droits de l’homme, ou à tout le moins que le pays ne considère le respect des droits de l’homme comme critère que quand ça l’arrange politiquement. Trudeau, le premier ministre, est un Libéral-globaliste, qui, loin de prendre des décisions indépendantes, fait au contraire tout son possible pour épouser l’esprit du temps idéologique à tout moment : le recul nous permet d’affirmer qu’il a donc agi contre les Saoud parce qu’il avait l’impression que c’était l’action « populaire » du moment, et qu’il a ensuite accueilli les « Casques blancs » exactement pour la même raison.
Mais l’analyste scrupuleux trouvera plus qu’une hypocrisie flagrante, à bien regarder la décision du pays. Les « Casques blancs » est une organisation qui s’inscrit dans un réseau mondial de guerre hybride et qui a été mise en œuvre de manière dévastatrice lors de la guerre en Syrie, avant que les journalistes indépendantes citées ci-avant ne dévoilent le pot aux roses. Il est tout à fait possible que le Canada ait été contraint par ses alliés de l’OTAN de prendre cette décision, comme une manière d’assumer sa part dans le soutien à ce groupe, suite à son évacuation récente hors de Syrie – facilitée par Israël. Le régime d’immigration du Canada, qui s’apparente en pratique à une politique de « frontières ouvertes », a fait du pays une destination idéale pour les membres de ces groupes terroristes cherchant un refuge. Si nécessaire, le gouvernement essayera toujours de justifier sa décision face à la vindicte populaire en culpabilisant le peuple pour qu’il accepte ce que les médias traditionnels dépeignent comme des « victimes innocentes du régime Assad », quand bien même les faits démontrent le contraire.
Que nos lecteurs s’en souviennent : les activités réelles des « Casques blancs » en Syrie sont de plus en plus connues du public au niveau mondial, ce qui pourrait amener certains Canadiens à douter de la sagesse de la décision de leur premier ministre à laisser ces personnages entrer sur leur territoire. Une tendance est déjà perceptible au niveau mondial : des mouvements conservateurs viennent remplacer les gouvernements libéraux, ou à tout le moins les paralyser, comme en Allemagne. Il ne serait pas du tout surprenant qu’un mouvement similaire se voie nourri au Canada, et vienne écailler le soutien que reçoit Trudeau. Il reste une année avant que les Canadiens ne soient convoqués aux urnes pour décider de le garder comme Premier ministre, ou le remplacer, pourquoi pas, par un politicien conservateur. Il reste à voir si son accueil chaleureux aux « Casques blancs » fera ou non partie du débat de la campagne à venir.
Le présent article constitue une retranscription partielle de l’émission radiophonique context countdown, diffusée sur Radio Sputnik le 2 novembre 2018.
Andrew Korybko est le commentateur politique américain qui travaille actuellement pour l’agence Sputnik. Il est en troisième cycle de l’Université MGIMO et auteur de la monographie Guerres hybrides : l’approche adaptative indirecte pour un changement de régime (2015). Le livre est disponible en PDF gratuitement et à télécharger ici.
Traduit par Vincent pour le Saker Francophone
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