«Il est hypocrite et irresponsable de faire des déclarations sur la menace terroriste et dans le même temps de fermer les yeux sur les réseaux de financement et de soutien aux terroristes, dont les recettes du trafic de drogue, le commerce de pétrole illégal et le commerce d’armes.» Vladimir Poutine.
Par Alexander Mercouris – Le 22 mars 2016 – Sputnik News.
Le bilan des attaques terroristes à Bruxelles laisse un goût amer.
En Europe, les attaques terroristes ont maintenant lieu avec la régularité d’une pendule. Paris en a été témoin à deux reprises en 2015. Maintenant c’est au tour de Bruxelles. Le type de réponse à chacune de ces attaques est toujours le même : les gouvernements occidentaux expriment leur choc et leur indignation. La sécurité est renforcée. Les semaines passent et tout redevient comme avant.
Jamais un débat n’est admis sur le rôle qu’aurait pu jouer la politique occidentale dans la création de conditions favorables aux attaques terroristes.
Les politiques sont celles que les pouvoirs occidentaux ont suivies au Moyen Orient pendant des décennies.
La première est l’échec à promouvoir une solution viable au conflit israélo-palestinien.
La seconde est la désastreuse politique de changement de régimes que les gouvernements occidentaux ont suivi au Moyen-Orient depuis 2000.
La troisième est l’habitude qu’a l’Occident de manipuler des terroristes djihadistes locaux afin de parvenir à leurs fins géopolitiques.
Le pays occidental clé est les États-Unis et, bien que ses alliés principaux — La Grande-Bretagne, la France, l’Arabie saoudite, l’Allemagne et la Turquie — aient tous joué leur rôle, ce sont les USA qui doivent d’abord être reconsidérés.
Le conflit israélo-palestinien est en effet difficile. Cependant la raison pour laquelle il s’est envenimé depuis si longtemps — infectant tout le Moyen-Orient avec lui — est que les États-Unis n’en ont jamais vraiment cherché la solution.
Au lieu d’être sincèrement équitables, ils se sont inclinés en faveur d’Israël, ce qui renforce les extrémistes au sein d’Israël, tout en sapant l’autorité de ces nombreux israéliens qui sont en faveur d’un compromis.
Pendant ce temps, la politique du changement de régime implique le renversement des quelques gouvernements du Moyen-Orient qui étaient des forces majeures de stabilité dans la région. En dépit du fait que la plupart d’entre eux étaient ou voulaient être amis avec les États-Unis.
Le président Poutine en a exposé les conséquences dans son récent discours à l’Assemblée Générale de l’ONU :
«Au lieu d’apporter des réformes, l’intervention agressive a précipitamment détruit les institutions gouvernementales et le mode de vie local. Au lieu de la démocratie et du progrès, il y a maintenant la violence, la pauvreté, des désastres sociaux ainsi qu’un total mépris des droits humains, y compris le droit à la vie.»
Le chaos a créé un vide de pouvoir que les djihadistes ont comblé.
Alors qu’ils n’étaient en 2000 qu’une frange marginale, les djihadistes contrôlent aujourd’hui des territoires de la taille de pays et sont présents dans chaque État du Moyen-Orient, et au-delà.
Pire encore, malgré toutes les preuves de leur violence anti-occidentale, les pouvoirs occidentaux semblent incapables d’abandonner leur manie de vouloir les manipuler.
Nous voyons maintenant cela plus concrètement en Syrie et au Yémen, où l’Occident s’est effectivement allié avec des affiliés d’al-Qaïda dans sa lutte pour renverser les gouvernements laïques locaux, dans le cadre de leur politique de changement de régime.
C’est un schéma qui remonte à la politique catastrophique de soutien à des djihadistes violents pour renverser le gouvernement afghan laïc soutenu par l’URSS dans les années 1980.
Comme le président Poutine l’a également dit à l’ONU :
«Il est hypocrite et irresponsable de faire des déclarations sur la menace terroriste et dans le même temps fermer les yeux sur les réseaux de financement et de soutien aux terroristes, dont les recettes du trafic de drogue, le commerce de pétrole illégal et le commerce d’armes.»
Il est également irresponsable de manipuler des groupes extrémistes et de les utiliser pour accomplir vos buts politiques, espérant que vous trouverez plus tard un moyen de vous en débarrasser ou de les éliminer d’une quelconque manière.
J’aimerais dire à ceux qui participent à cela : Messieurs, les gens à qui vous avez affaire sont cruels mais pas bêtes. Ils sont aussi intelligents que vous. Donc, la grande question est de savoir : qui se joue de qui ?
C’est le genre de raisonnement lucide qui est nécessaire si on veut vaincre la très réelle menace des terroristes jihadistes.
C’est une vérité amère qu’on ne trouve nulle part en Occident. Tant que ce sera le cas, la menace terroriste ne partira pas, et toutes les manifestations d’outrage dont on entendra bientôt parler de la part des gouvernements occidentaux à la suite des dernières attaques terroristes à Bruxelles n’aboutiront à rien.
Alexander Mercouris
Article original publié sur Sputnik News
Traduit par Ismael, vérifié par Wayan, relu par Diane pour le Saker Francophone.
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