Pour l’amour de la Russie : en Crimée [3/3]

Le Saker Original

Avant-propos

Je continue ma série d'articles sur la vraie Russie.Je poste aujourd'hui un journal de voyage écrit par Kolya Malloff dans lequel il partage magnifiquement ses sentiments sur le retour dans sa patrie. Il ya beaucoup de vraie Russie dans ce texte que je recommande fortement à tous, en particulier à ceux d'entre vous qui ont jamais été en Russie, ou ont seulement vu les aspects superficiels montrés généralement par les agences de voyages touristiques.

le Saker Original

Par Kolya Maloff – Le 8 avril 2015 – Source thesaker.is

Nous sommes partis de Pulkovo à minuit pour nous rendre en Crimée. J’attendais avec impatience le début de cette étape de notre course folle. Normalement, le plan de vol devrait nous avoir menés tout droit au-dessus de la zone de conflit du Donbass, exactement là où le MH17 a été abattu. Évidemment, en raison des tensions actuelles, notre avion a pris une route dérivée, par Rostov-sur-le-Don, afin de rester dans l’espace aérien de la Fédération de Russie.

Yakovlev m’a fait part d’une anecdote personnelle particulièrement intéressante au sujet de la tragédie du MH17. Il avait pris un vol commercial entre Athènes et Moscou le 17 juillet, le jour même de l’accident du MH17. Étant un officier des Spetsnatz retraité, il a une excellente connaissance des divers avions soviétiques et de l’Otan, ainsi qu’une expérience opérationnelle de leurs empreintes et protocoles de vols. Il a également des notions à propos des planchers et corridors des vols commerciaux autour de la Fédération de Russie. Alors qu’il se trouvait dans son avion en provenance de Grèce, il a remarqué un chasseur de combat qui est passé à grande vitesse, à seulement quelques kilomètres de son vol commercial. Yakovlev savait qu’il ne s’agissait pas d’un comportement normal, et que ce n’était pas quelque chose qui pouvait facilement être attribué à une erreur humaine. Il m’a avoué qu’il s’est senti intrigué et curieux de connaitre la nature de cet avion.

Lorsqu’il est arrivé à sa maison de Ryazan, il s’est connecté afin de retracer le plan de vol et retrouver les trajectoires radars des avions dans cette zone au moment du vol. Il m’a indiqué qu’il a découvert un chemin de vol pour un appareil non identifié dans le voisinage, au moment de l’incident. Il a pu confirmer son observation au moyen de sources de renseignement militaires. Moins de vingt-quatre heures plus tard, le vol en question avait été supprimé des enregistrements internet.

Churchill, Roosevelt, Staline

Une aube radieuse chez les trois grands

Les Russes ont l’habitude d’applaudir à l’atterrissage d’un avion, mais nous avons senti qu’une émotion toute particulière s’emparait  de l’appareil lorsque les roues ont touché le tarmac de Simferopol. L’aéroport était calme. Il était à peu près deux heures et demie du matin, et comme d’habitude, nous n’avions pas de programme prédéfini. Nous avons approché un taxi et négocié un prix pour une course d’une heure et demie jusqu’à Yalta. Là où Churchill, Roosevelt et Staline se sont rencontrés à la fin de la Seconde Guerre mondiale pour discuter l’organisation de l’Europe d’après la guerre. Les répercussions de cette conférence se font encore sentir de nos jours.

Nous étions tous émus de nous retrouver en Crimée. Mes compagnons de route et moi partagions un sentiment profond de bien-être et de joie à l’idée que la Crimée soit revenue dans le giron de la Russie, et nous devions nous retenir d’assaillir les locaux de questions, afin de connaître leur opinion sur ces changements. Nous avons discuté avec des gens rencontrés lors de nos balades, dans les restaurants, les hôtels et dans les rues.

Voici un résumé de ce qui nous a été répété à de nombreuses reprises.

Ils affirmaient qu’il n’y avait pas eu d’intervention militaire agressive de la part de la Russie.
Ils confirmaient que le référendum qui avait été organisé était valide et qu’il s’était tenu sans aucune intimidation.
Ils nous ont confié à de nombreuses reprises que l’immense majorité (plus de quatre-vingt-dix pour cent) de leurs compatriotes avaient voté pour la sécession de l’Ukraine et le retour en Russie.
Ils ressentaient un sentiment de culpabilité et de honte à l’idée qu’ils ont évité les massacres et la terreur qui ont englouti le Donbass.
Ils indiquaient que les prix de certains produits, comme le gasoil et la nourriture, avaient augmenté, l’économie russe étant plus forte et les prix y étant plus élevés.
Certains nous ont indiqué avoir bénéficié d’une augmentation équivalente à six ou dix fois leur ancien salaire.
Ils étaient résolus à tenir le cap et restaient fermes sur leur désir de faire partie de la Russie pour toujours.
Nombre d’entre eux ont exprimé leur sentiment qu’une fois construit le pont devant joindre la Crimée au continent, l’économie ne pourra que s’améliorer, car actuellement, le flux des touristes s’est considérablement réduit. Auparavant, de nombreux Ukrainiens venaient visiter la péninsule.
Ils étaient extrêmement reconnaissants pour le soutien apporté par la Russie
Ils ne pouvaient comprendre le gouvernement de Kiev. Ils se considèrent comme différentes parties d’un même peuple slave, et ont été choqués par le niveau de violence déchaîné par la junte contre son propre peuple.

Yalta

Nous sommes arrivés à Yalta quelques heures avant le lever du soleil. Sans nulle part où aller, nous nous sommes installés dans le salon de l’Office de tourisme. Nous nous sommes raconté des histoires, aidés de quelques verres de sirop et d’alcool. Alors que notre impatience montait, nous sommes partis avant le lever du soleil, pour trouver notre hôtel. J’éprouvais un merveilleux sentiment à marcher dans les rues de la vieille Yalta, alors que le soleil s’élevait pour séparer la mer Noire de l’horizon. L’odeur de l’automne en Crimée était douce et profonde, comme un crû ancien et respecté. Avec l’ascension du soleil, les nuages les plus bas se sont mis en ordre de marche, prêts à dériver vers l’ouest.

Après un bref repos, nous nous sommes rendus au téléphérique d’Aï-Petri. Notre chauffeur se prenait pour un humoriste, et malheureusement pour lui, dès sa deuxième blague, notre équipe a pris la relève, et la cabine en a tremblé pour le reste du voyage. J’ai bien cru que nos blagues allaient finir par décrocher le téléphérique, vaincu par le volume des rires.

Au sommet du téléphérique d’Aï-Petri se trouvent un petit village tartare, une base radar, et quelques boutiques pour touristes. Nous avons mangé dans un restaurant tartare, perché au sommet de la falaise. La vue sur la mer Noire était éblouissante. Nous nous sentions d’humeur humble devant la beauté et la sérénité de l’endroit. Alors que nous étions assis, admirant la vue, nous avons pu bénéficier de ce qui restera comme l’un des meilleurs repas de tout mon voyage. La nourriture était splendide, la conversation sans commune mesure. Nous avons mangé les traditionnels shishlik d’agneau avec un pain fraichement sorti du four, et une soupe silanka acidulée. Nous avons discuté de l’ascension au pouvoir de Vladimir Vladimirevitch [Poutine, NdT], de la situation en Ukraine, et d’autres sujets des plus intéressants. Nous avons porté des toasts à notre bonne fortune, et avons partagé un moment de bonheur éthéré.

Rien ne pourrait égaler notre déjeuner au sommet d’Aï-Petri. Mon regard parcourait le sublime panorama de plages et de falaises se jetant dans la mer Noire, perdue vers l’horizon. Je me plongeais dans des fantaisies d’historien, imaginant la scène durant la guerre de Crimée. Qu’aurait ressenti un observateur, face aux Français, Turcs et Anglais s’amassant sur les terres et les flots en contrebas. Quel bonheur de visiter un lieu qui permet à l’Histoire de se découvrir dans le temps présent.

Château de Gaspra

Après le déjeuner, nous avons parcouru quelques kiosques à touristes, et avons acheté des souvenirs en laine tartare pour nos amis et notre famille. Après quoi, nous avons pris un chauffeur pour nous emmener jusqu’à Sébastopol, avec un arrêt à Gaspra pour visiter le fameux château du Nid d’hirondelle. Notre chauffeur était un homme au regard doux, qui m’a rappelé mon grand-père maternel. Comme la majorité des gens que nous avons croisés, il était extrêmement bien informé et avait une opinion personnelle sur les récents événements en Crimée. Il nous a indiqué que l’excitation des médias à propos des appréhensions des Tartares ne recouvrait pas vraiment la réalité. Il affirmait que de nombreux Tartares étaient heureux que leur langue soit maintenant reconnue officiellement, ce qui n’était pas le cas sous le gouvernement ukrainien. Selon son opinion (et en tant que Tartare), les sentiments des Tartares étaient changeants, beaucoup ayant une approche superficielle et très personnelle de la politique. Je ne me fais pas le chantre de ce qu’a pu nous affirmer notre chauffeur, je ne fais que répéter ce qu’un résident local m’a dit. Il pensait que la majorité de la population tartare à qui les précédents historiques avaient déplu, avait migré vers la Turquie, ou d’autres régions musulmanes du Caucase, alors que la plupart de ceux qui étaient restés vivaient maintenant heureux en Crimée.

Le château du Nid d’hirondelle est un bâtiment néo-gothique à l’architecture tape-à-l’œil, perché au sommet de la falaise de l’Aurore. Il a été construit pour le magnat du pétrole allemand Leonid Sherwood en 1912. Il domine le magnifique cap Ai Todor. Léon Tolstoï a vécu quelques temps à Gaspra de 1901 à 1902. La région est considérée comme l’une des plus emblématiques de la côte sud de Crimée. Nous étions tous de bonne humeur suite à notre repas, nous avons offert des glaces à quelques adolescents du cru, pris quelques photos et profité de la vue.

J’ai pu lire des articles émettant l’hypothèse que l’un des motifs US-américain pour fomenter le chaos actuel et tenter d’attirer la Crimée hors de l’orbite russe, en plus de l’importance stratégique de la péninsule, venait du fait que de récents forages en mers ont montré qu’on peut trouver des gisements de pétrole et de gaz au large de la Crimée. Avec toutes les richesses dont dispose déjà la Russie, je ne peux qu’espérer que la mer Noire ne sera jamais couverte de plates-formes d’extraction.

Nous avons quitté le Nid d’hirondelle et continué vers l’ouest, le long de la côte ensoleillée. L’air était chargé des mêmes douces fragrances agrémentées de touches de fumées qu’à Yalta.

Il transportait un sentiment de moisson et d’histoire. Notre chauffeur continuait à nous expliquer comment les choses avaient changé, et comment elles devaient continuer à changer selon lui. A son avis, le pont sur la mer d’Azov pour rejoindre Kerch était une aubaine formidable, qui ramènerait l’économie et la société criméennes à un niveau bien plus robuste.

Atteindre Sébastopol était excitant. Notre équipe était transportée de joie à l’idée d’avoir atteint le joyau de notre excursion. C’était la fin de l’après-midi et nous avons rapidement trouvé un tour du port organisé en bateau auquel nous joindre. Notre mission était d’examiner ce port historique qui était à nouveau un pivot majeur de la géopolitique mondiale. Le vent s’est levé alors que nous larguions les amarres. Quelques pécheurs sont venus jeter leurs lignes à l’ancien emplacement du bateau.

La plupart des navires de guerre les plus larges et les plus modernes étaient hors du port. Ils étaient sans aucun doute en train de patrouiller en mer Noire en réponse à l’augmentation de la présence de navires de guerre sous pavillon de l’Otan depuis le coup d’État en Ukraine. La visite restait intéressante malgré l’absence des navires les plus importants ; quelques navires de guerre étaient tout de même au port. Alors que notre guide faisait de son mieux pour nous réciter l’ensemble de son script (qui était long et fourni comme c’est souvent le cas pour les guides russes), mes amis se sont laissés aller à une touche de patriotisme et ont entonné l’hymne national.

Le soleil était en train de plonger vers la mer, le ciel brûlait d’un orange flamboyant avant de virer au violet. Le vent a forci, et un ferry rempli de passagers nous a doublés alors que nous nous dirigions vers les docks. Les gens se sont mis à nous faire signe et nous applaudir quand ils ont entendu la fiesta qui provenait de notre bateau. Je n’ai pu m’empêcher de rire en constatant que mes camarades prenaient le prétexte de n’importe quelle situation pour se lancer dans des célébrations. A nouveau, mon esprit avait pris la tangente pour une nouvelle escapade historique, en faisant le compte de toutes les personnalités qui étaient venues voir la ville et comment leur destinée y avait été liée d’une manière ou l’autre.

Après notre croisière, nous avons traversé la ville pour retourner à notre hôtel. Nous nous sommes changés et sommes sortis pour chercher un endroit où manger. Ce soir là, de nombreux jeunes gens étaient de sortie sur la grande place. Nous avons cherché à parler avec un grand nombre d’entre eux, afin de savoir comment ils voyaient la situation actuelle. A nouveau, nous avons eu la même réponse ; ils se considéraient chanceux d’être réunis à la Russie, ils affirmaient que le référendum était totalement légitime et qu’il ne s’agissait absolument pas d’une annexion, comme la presse occidentale voudrait nous le faire croire. Un autre point intéressant était une sorte de sentiment d’humilité, comme une honte silencieuse pour avoir échappé à la tragédie qui se déchaîne maintenant dans le Donbass. Pourquoi avaient-ils été chanceux au point que d’aussi horribles violences leurs soient épargnées, quand leurs camarades novorusses au nord-est étaient bien moins privilégiés ?

Shishliki

Alors que la nuit avançait, nous avons découvert que la Crimée était en train de célébrer le Jour des enseignants. Et il s’agissait juste du prétexte qu’il nous fallait pour enflammer notre nuit. De boite disco en scène d’entrainement au tir de foire, en passant par des shishliki tardifs suivis par une balade sur la rive avec quelques locaux sympathiques, le tout couronné par un karaoké d’anthologie qui a duré jusqu’à l’aube.

J’ai adoré mon premier tour de la Crimée. Il s’agit d’un endroit magique, comblé d’histoire et de culture. M’y être rendu m’a fait me sentir à la fois proche de mon foyer et dans un autre monde. Le jour suivant, nous avons emballé nos affaires à regret, et sommes retournés à Simféropol.

Le long de la route qui longe les falaises de calcaire, en remontant la vallée qui va de Sébastopol à Simféropol, on peut apercevoir un tableau de scènes contradictoires. Les restes de vieux chantiers navals soviétiques, les immenses piles de déchets métalliques laissent la place aux vignes sinueuses, aux fermes et aux champs d’arbres fruitiers. On peut apercevoir une immense et mystérieuse base militaire, creusée dans les falaises, sur lesquelles sont accrochées d’imposantes portes de hangars.

Nous étions attristés d’abandonner la douceur de la Crimée. Nous sommes arrivés à l’aéroport Domodedovo de Moscou où le temps était couvert et froid. Nous étions tous épuisés, mais comblés, alors que nous embarquions dans le bus pour Ryazan. C’était la fin de notre marche folle.

Ryazan nous attendait, avec ses lits et ses oreillers. Il nous restait un peu de temps à passer dans la zone, et nous avons consacré les jours suivants à nous relaxer dans la campagne magnifique, profitant des étendues sauvages de Constantinova et Alaskovskaya. Nous sommes allés nous baigner, avons pris un bon repas et sommes retournés au banya. L’immensité du ciel, l’eau fraîche et les rayons du soleil ont offert une fin parfaite à notre voyage passionnant.

Quelques réflexions en passant

En quittant Ryazan par le train, j’ai été à nouveau gratifié d’un coucher de soleil émouvant. L’expérience qui fait la quintessence d’un adieu russe, sur un quai de gare m’a été à nouveau offerte. Ce fut un grand honneur de passer tant de temps avec l’équipe Yakovlev. Je leur suis extrêmement reconnaissant d’avoir accueilli ma visite comme ils l’on fait, et de s’être rassemblés pour m’aider à tirer le plus possible de mon voyage. J’étais épuisé, mais une fois installé dans ma cabine première classe, je n’ai pu trouver le repos, les souvenirs de toutes les fabuleuses expériences vécues tournaient dans mon esprit.

Ma grande aventure patriotique de 2014 entamait sa dernière ligne droite. Il me restait une semaine à passer à Moscou, et je l’attendais avec impatience. Volodine m’a récupéré à la gare Kazanskaya et nous nous sommes immédiatement rendus à une fête de bureau. L’agence Atomic Ad dans laquelle il travaille avec ses camarades n’était pas loin de gagner l’énorme contrat gouvernemental pour organiser le défilé de célébration du 70e anniversaire de la victoire du 9 mai, commémorant la défaite par les Soviétiques de l’Allemagne nazie. La fête était en train de se terminer, ce qui m’allait très bien, étant donné mon manque de sommeil.

Le Théatre du Bolchoi

Durant les jours suivants, nous avons profité de divers concerts et sorties en société avec des amis. J’ai pu assister au Festival des lumières de Moscou, un événement que j’avais anticipé avec émotion. La foule était extrêmement dense, mais nous avons réussi à atteindre le Bolchoï pour le voir illuminé par une vidéo montrant un montage élaboré d’images naturelles et d’évènements historiques. J’ai été éberlué par le nombre de gens qui descendaient dans la rue à cette occasion. Les Moscovites m’ont fait l’impression de gens très engagés et motivés par l’idée de sortir et profiter des activités culturelles qui leur sont proposées. Ils ne rechignent pas non plus à se retrouver en masse. Leur enthousiasme collectif lors de ces évènements pourrait être comparé au notre si nous, Canadiens, assistions à la victoire de notre équipe de hockey masculine durant les Jeux olympiques.

La victoire doit être saisie

Durant mon vol retour vers le Canada, je me sentais vraiment comme un athlète ramenant une médaille d’or chez lui. Si je pouvais résumer cette expérience et la condenser en une forme de commémoration simple, ce ne serait pas moins que la plus belle médaille de toute l’histoire de l’humanité.

Durant mon voyages, j’ai eu la satisfaction de confronter les deux narrations diamétralement opposées qui nous sont servies de façon continue. J’ai suivi la crise ukrainienne, en commençant par une escale à Schipol à l’aller, lieu de départ du vol MH17, un voyage jusqu’à Minsk, lieu de signature du cessez-le-feu, puis jusqu’à la Crimée, où s’est tenu un référendum historique, dont le résultat a entraîné une riposte violente de la part de Kiev et de ses commanditaires occidentaux.

Je suis ravi d’avoir pu prendre le temps de voyager et découvrir l’opinion des Russes sur ces sujets. Goûter à la douceur de la vérité a été un véritable renouveau de l’âme. Je peux maintenant rapporter en confiance ce que j’ai vu, à ceux qui, chez moi, continuent à s’accrocher à la narration convoyée par nos médias de masse.

Et j’ai pu me rapprocher du parrain et bienfaiteur de ma famille, Léon Tolstoï. Ce fut un enchantement que de traverser les endroits qu’il avait lui-même visités. Des son domaine familial bien-aimé à Yasnaya Polyana, jusqu’à Moscou qui lui procurait des émotions si contrastées, en passant par Kazan où il avait commencé ses études de droit et de littérature orientale. Et en continuant par Gaspra où il a passé quelques années dans sa vieillesse, pour finir par Sébastopol où, durant la guerre de Crimée, ses expériences et convictions de jeunesse se sont affinées  pour forger la personnalité qui deviendrait un géant de la moralité exposée aux yeux du monde.

Ce sont donc des intérêts tout à la fois historiques et contemporains qui m’ont amené à visiter mes camarades en Russie. Ce voyage était né du lien profond et indissoluble que je ressens envers leur univers. J’ai été béni par leur hospitalité et leur immense générosité. Ils m’ont traité comme un membre de leur famille, et ma gratitude envers eux ne peut être correctement exprimée avec de simples mots.

En outre, j’ai pu voir à quel point il est important pour mes camarades russes de savoir qu’un nombre croissant d’entre nous choisissent de chercher la vérité, de voir au-delà des illusions et des accusations dressées autour de leurs chefs et de leur peuple. Que je sois prêt à venir jusqu’en Russie pour expérimenter leur point de vue et leur culture par moi-même aignifiait énormément pour eux.

La seule chose dont je suis sûr est que je retournerai en Russie. Si j’ai de la chance, j’y retournerai aussi souvent que possible, pour continuer à rechercher la connaissance et la maturité au contact de cette culture.

Je vois une grande vague à l’horizon, qui se dresse, prête à avancer…
… pour l’amour de la Russie.

Kolya Mallof

Traduit par Étienne, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone.

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