Où va la Chine?


Par Andre Fursov – Le 12 avril, 2015 – Source Fort Russ

Les Rothschild veulent sacrifier le dollar mais les Rockefeller ne veulent pas

Bien que cet entretien ait été réalisé en 2009 par l’économiste russe Mikhail Delyagin avec André Fursov, un historien russe important, il n’en reste pas moins toujours pertinent.

Mikhail Delyagin : Voici la question clé, s’il y a des nouveaux nomades, quel est le nom du Gengis Khan actuel ?

André Fursov : Il s’agit d’un nom collectif, d’un leadership collectif, mais il est bien loin d’être unifié. Les Rothschild sont prêts à sacrifier le dollar mais pas les Rockefeller. Obama, qui va recevoir le prix Nobel de la Paix, est prêt à sacrifier toutes ses billes pour sauver le dollar.

MD : Il n’en a pas beaucoup.

AF : Il n’en a certes pas beaucoup, mais il y a un mécontentement croissant à son égard. Nos médias nous cachent un certain nombre de faits. Le 12 septembre de cette année, par exemple, un million de personnes se sont rassemblées à Washington DC. A titre de comparaison, en 1990, entre 240 et 280 000 personnes sont descendues dans les rues en criant «Longue vie au Parti communiste!» et c’était très impressionnant. Ils criaient : «Obama, quitte la Maison Blanche!». Obama a rapidement sauté dans un hélicoptère et il s’est rendu dans une réunion avec 15 000 personnes. Il y a de l’information en ligne et dans la presse écrite, les gens aux États-unis achètent des munitions parce qu’ils pensent que les États-Unis vont vers une crise grave, une secousse importante et la demande de munitions crève le plafond. Lorsqu’ Obama est devenu président, il y avait onze ou douze États donateurs aux États-Unis, il n’y en a plus qu’un seul, le Texas.

MD : C’est bien plus tranquille que pour nous. Nous en avons plus de dix. Et même en considérant la crise, nous avons huit régions donatrices.

AF : C’est le problème de l’information officielle. Celle-ci nous dit que certes, il y a quelques problèmes en Occident, mais qu’en gros, ça va. En réalité, ça ne va pas, il y a de nombreux problèmes. Comme ils le disent : «Ne laissez pas les bâtards Blancs se réjouir, nous mourrons aujourd’hui, eux mourront demain.» En réalité, cela pourrait bien être l’opposé.

MD : Il y a actuellement une crise mondiale. En gros, il y a deux groupes en compétition, inclus dans une entité unique au sein de laquelle ils sont en compétition, les Rothschild et les Rockefeller. Ils sont en désaccord les uns avec les autres, en particulier au sujet du dollar. Y a t-il d’autres groupes du même calibre ou bien n’y en a t-il que deux?

AF : En réalité, nous en savons bien peu sur la structure de la classe capitaliste mondiale. En URSS, ils ont cessé de chercher sérieusement à comprendre le système capitaliste à la fin des années 1950, tant dans la science que dans les agences de renseignement. Les services de renseignement privés de Staline avaient par exemple mené des recherches sur les familles dirigeantes occidentales. L’équipe de Hitler avait enquêté sérieusement sur les élites mondiales. Cette équipe avait par exemple collecté 1 936 000 cartes de renseignement individuelles et 670 000 dossiers,dont ceux des francs-maçons.

A ce propos, les archives des Rothschild et des francs-maçons ont fini en URSS après la guerre. Boris Nikolaïevitch Eltsine à rendu leurs archives aux francs-maçons et aux Rothschild. La situation était assez particulière. Les Rothschild avaient acheté pour $300 000 une chose très importante pour nous, une correspondance entre Alexandre II et son épouse, la comtesse Yurevskaya, 4 500 lettre ont été retournées à la Russie et nous avons fait un geste en réponse. Nous avons échangé de l’or contre des lettres.

MD : La terre aux paysans, les usines aux travailleurs…

Emblême de l’Ahnenerbe

AF : Et les archives aux Rothschild. Comme l’a dit un analyste occidental, les Rothschild ont acheté avec de l’argent ce qui ne peut être acquis par aucune monnaie. La seule archive restant en Russie et qui attend les chercheurs (à moins qu’elle ne soit vendue), est l’archive d’un institut allemand, sans analogue au monde, l’Ahnenerbe.

Comme on me l’a raconté, pour travailler avec ces archives, il vous faut obtenir une autorisation de haut niveau, et ceux qui l’ont n’ont jamais entendu parler de l’Ahnenerbe.

MD : La règle veut qu’ils ne comprennent même pas la langue.

AF : Et ceux qui en ont entendu parler ne disposent pas d’une telle autorisation.

MD : J’ai compris, mais que peut-on dire des élites chinoises, qui émergent rapidement sur les fondations de l’état chinois, constituent-elles des acteurs au plan mondial ?

AF : Je pense que ce n’est pas si simple. Bien entendu, la Chine cherche à se faire sa place au soleil, mais il nous faut prendre une chose en compte. Comme l’a fait remarquer un expert respecté, depuis que les Chinois se pensent eux-mêmes comme étant le centre du monde et de l’Univers, le fait d’offrir un modèle mondial est au-dessous de l’estime qu’ils se portent. Ils ne sont pas une civilisation mondiale. Les Chinois sont intéressés par une chose, très importante. Lorsque nous parlons de la Chine, il faut nous souvenir de ce qu’un tiers de l’histoire chinoise est un cycle de décadence-révolte-effondrement. La direction chinoise le sait fort bien. Elle est très bonne en propagande. Lorsque la direction chinoise dit que d’ici à 2050, la Chine aura atteint un très bon niveau économique, ils comprennent bien ce qui va suivre, parce qu’après un bon niveau économique, survient toujours, en Chine, une révolte et une décadence. Ils prennent particulièrement en considération le fait que ce niveau sera atteint dans les provinces côtières et que le reste du pays sucera son pouce. Alors, que font les Chinois aujourd’hui? Ils prévoient qu’après 2050, ou peut être même avant, la Chine pourrait s’ effondrer et que cette fragmentation pourrait durer de 50 à 70 ans. Leur mission est d’affaiblir leurs opposants situés en périphérie, de façon à ce que dans 50 ou 70 ans, ils ne soient plus capables d’en tirer bénéfice. Les Chinois sont très bons.

MD : Considérant le cadre mondial, le périmètre de la Chine est le monde dans son ensemble.

AF : Le périmètre est constitué de la Russie, des États-Unis. L’Europe est très loin. Les Chinois ont toujours vu l’Europe comme un contre-poids aux États-Unis. Je ne crois pas que les élites chinoises peuvent jouer sérieusement sur la scène mondiale. Peut importe la force de l’économie chinoise, elle à un système social et écologique bien fragile. Les discours quand au futur radieux de la Chine au XXIe siècle me rappellent ceux que l’on entendait en Russie et en Occident au sujet du futur de la Russie au début du XXe siècle :«La Russie dépassera tout le monde dans les années 1930!» Mais ils n’avaient pas pris en compte une structure sociale fragile, qui s’était brisée. En ce sens, vous ne devriez pas croire les économistes ni leurs prévisions. De plus, nombre de nos experts sur la Chine sont rémunérés par les Chinois et travaillent en fonction de cela.

MD : Même s’ils ne sont pas payés par les Chinois, les gens ont tendance à avoir des préjugés envers le sujet qu’ils étudient.

AF : Absolument, tout comme nos experts sur la Chine disaient que tout allait mal en n’ayant pas vu venir son ascension. Maintenant ils disent que tout est excellent, ils veulent se lier d’amitié et ne voient pas les facteurs négatifs.

MD : En dépit de ses objectifs locaux, la Chine est, de fait, un acteur mondial et elle agit sur la scène mondiale.

AF : Dans le cadre de la mondialisation, la contradiction entre le niveau local et le niveau mondial n’existe plus. Robinson, qui à créé le terme de mondialisation [globalisation, NdT], à déclaré plusieurs années après que le terme n’était pas exact et que l’on devrait plutôt utiliser celui, plus juste, de glocalisation [contraction de globalisation + localisation, NdT], mais le terme globalisation était déjà répandu et il était devenu impossible de changer.

MD : Cette élite chinoise pourrait même inconsciemment se dresser face à la mission des Rockefeller et des Rothschild, qui consiste à se débarrasser de la classe moyenne et à faire baisser les coûts jusqu’à l’annihilation définitive?

AF : Si cela correspond aux intérêts de ce groupe, je ne sais pas s’ils peuvent contrer, mais ils peuvent aider.

MD : Mais alors la classe moyenne liquidée inclura la classe moyenne chinoise.

AF : Il s’agit, en Chine, d’une contradiction sérieuse. En réalité, la marge de manœuvre est très étroite. Zinoviev m’a raconté que lorsqu’il vivait aux États-unis et qu’il travaillait dans un de ces instituts étasuniens fermés au début des années 1970, il avait vu les documents sur notre future Perestroïka, comment l’URSS serait détruite, et il avait vu des documents concernant une attaque à venir contre la Chine. Et si la Perestroïka avait été conçue comme une attaque dans la sphère de l’information, au sujet de la Chine, le plan était un accroissement massif du fossé séparant le niveau moyen de vie entre la population côtière et celle de l’intérieur des terres pour provoquer un conflit social.

MD : Et bien la conception générale est claire, le temps nous dira si les gens ayant une conscience nationale peuvent se confronter à cela et ce qui en sortira, bonne chance!

Traduit du Russe à l’anglais par Kristina Rus

Traduit de l’anglais par Lionel, relu par Diane pour le Saker Francophone

   Envoyer l'article en PDF