Par Eric Zuesse − Le 30 juillet 2022 − Source Oriental Review
L’Allemagne, jusqu’ici grande et puissante au sein de l’Union européenne, et qui a pu imposer l’austérité aux économies européennes plus faibles qu’elle, comme la Grèce, l’Espagne, l’Italie et le Portugal demande à présent que les autres nations membres de l’UE viennent à l’aide des Allemands pour les sortir de ce qui promet de devenir bientôt une urgence énergétique ; l’Allemagne ayant obtempéré aux exigences étasuniennes de non seulement contribuer aux sanctions étasuniennes contre la Russie, mais d’aller jusqu’à mettre fin au projet de gazoduc Nord Stream 2, qui était supposé accroître — au lieu de décroître (comme cela sera désormais le cas) — les approvisionnements de gaz naturel russe à l’Europe. Jusque récemment, l’Allemagne était le moteur industriel de l’UE, et c’est par conséquent elle qui a le plus à perdre à cause d’approvisionnements énergétiques réduits et très coûteux. C’est le scénario qui est en train de se produire, et qui va s’aggraver au cours de l’hiver prochain.
Au fur et à mesure de la réduction de ces approvisionnements énergétiques, les prix vont augmenter, puis s’envoler, et l’économie allemande va s’effondrer. Les dirigeants allemands (à l’instar de ceux des autres pays de l’UE) ont obéi aux exigences de sanctions étasuniennes (basées sur de fausses « informations ») ; et il s’ensuit que le grand public allemand va bientôt connaître les rigueurs du froid, alors que l’Allemagne dépensera des sommes astronomiques pour se chauffer, par rapport au passé. La réduction drastique des approvisionnements énergétiques en provenance de Russie provoquera une augmentation en provenance d’autres pays (dont les États-Unis) dont les apports énergétiques sont nettement plus onéreux que ceux de la Russie ; et seule une petite fraction de ces approvisionnements russes en voie d’extinction donnera lieu à remplacement. Il va falloir que quelque chose cède — sans doute l’UE elle-même, à cause de l’augmentation rapide des hostilités entre nations membres de l’UE — surtout entre l’Allemagne et les nations sur lesquelles elle compte pour se renflouer — pourrait faire éclater l’UE de manière irréversible.
Ce processus va se dérouler dans le même temps que l’UE — qui était extrêmement engagée sur la voie de réduire ses énergies nucléaires et fossiles, surtout le charbon — se hâte désormais de revenir brûler des combustibles fossiles pas verts du tout, et alors-même que les électeurs européens qui ont porté au pouvoir leurs dirigeants ne vont pas apprécier de voir ceux-ci tourner à 180°, en direction du réchauffement global. De nouvelles questions, jusqu’ici non anticipées, vont inévitablement être posées. Qui plus est, les transitions en marche arrière vers les énergies fossiles ne seront même pas possibles aussi rapidement que le promettent les dirigeants européens ; et par conséquent, non seulement les Européens vont grelotter durant l’hiver à venir, mais leurs dirigeants vont avoir beaucoup d’explications impossibles à leur fournir, et seront acculés à reconnaître qu’ils ont eu tort — tort sur toute la ligne — et ce fait indéniable promet de déclencher un chaos politique, les plaintes qui viendront de toutes parts amenant les Européens à remettre en cause l’ensemble du projet de l’UE, projet de construction d’une unique méga-nation européenne, satellite des États-Unis, incompréhensible et bureaucrate, l’« Union européenne », composée de pratiquement toutes les nations européennes. La nostalgie des belles nations européennes indépendantes, l’amertume quant à l’avenir et l’« opposition nord-sud« vont prendre le relais, affaiblir la « construction » européenne, et remettre en cause l’ensemble de l’alliance transatlantique d’après-guerre (la soumission au gouvernement étasunien qui déteste la Russie), l’OTAN affiliée aux États-Unis et sa sœur jumelle politique, l’UE et ses milliers de serviteurs aux ordres des États-Unis installés à Bruxelles.
L’évaluation générale la plus récente des besoins énergétiques des nations de l’UE a été produite dans le document Europe’s Dependence on Russian Natural Gas: Perspectives and Recommendations for a Long-term Strategy, écrit par Richard J. Anderson pour le compte du centre européen George C. Marshall sur les études de sécurité, financé par les gouvernements des États-Unis et d’Allemagne. Ce rapport établissait clairement que le carburant à bas coût et à croissance rapide en Europe (sauf si les pays de l’UE établissaient des politiques adverses, ce qui ne fut pas le cas) était le gaz livré depuis la Russie, et que ces livraisons étaient centrales pour la production d’électricité, les usages industriels, les matières premières chimiques pour le plastique, etc. C’est ce qui s’est produit — une domination russe sur les approvisionnements énergétiques de l’Europe (et les approvisionnements industriels) — et, dès 2008, les pays les plus dépendants du gaz naturel russe étaient (voir l’image sur leur site) : l’Allemagne, la Pologne, la Slovénie, la Hongrie, la Turquie, l’Autriche, la Tchéquie, la Grèce, la Finlande, la Slovaquie, la Bulgarie, la Biélorussie, la Moldavie, la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie.
Il est probable que ce sont ces pays qui vont particulièrement grelotter l’hiver prochain, pour maintenir la domination politique étasunienne sur l’Europe. Le supposé impératif moral qui aura déclenché cette « vague de froid » est l’invasion par la Russie de l’Ukraine au mois de février 2022, réponse inévitable de la part de la Russie au coup d’État fomenté par les États-Unis en Ukraine au mois de février 2014, et l’insistance insultante de la part de l’OTAN sur le droit souverain de ce nouveau régime fabriqué aux États-Unis, détestant la Russie, de venir installer des bases de missiles étasuniens aux abords des frontières russes, à cinq minutes de durée de vol supersonique jusque Moscou — telle est la supposée raison morale impérieuse de fermer le robinet du gaz russe (le fournisseur d’énergie le mieux-disant de l’Europe). Mais la conséquence de cette fermeture d’approvisionnement énergétique en Europe pourrait être la destruction de l’UE elle-même, et la dévastation économique, culturelle, industrielle, et dans d’autres domaines de l’Europe pour que celle-ci reste un maillage de nations inféodées aux États-Unis (leurs nations « dispensables », comme toutes les autres), au lieu de devenir ce que l’Europe aurait toujours dû être, et aurait été naturellement — la gloire radieuse du continent le plus vaste du monde : l’Eurasie, une Europe intégrant la Russie, au lieu de menacer celle-ci. La gloire de l’Europe est révolue, son sort est scellé, et la seule question qui reste est de savoir à quelle vitesse ? Ah, et aussi, POURQUOI ? Pourquoi les dirigeants européens ont-ils produit cela ? C’est cette question qui va véritablement tuer l’UE.
L’Europe qui fut, n’est plus — tuée par le régime installé à Washington DC, au travers de ses nombreux agents installés en Europe, et leurs porte-flingues de l’OTAN.
Eric Zuesse
Traduit par José Martí, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
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