Jennifer Rene «Jen» Psaki, porte-parole officielle du Département d’État des États-Unis (et bientôt directrice de la communication de la Maison Blanche), devra se débattre avec la dure réalité de la vie lorsqu’elle sera forcée d’expliquer publiquement le changement de posture de l’Otan concernant les sanctions contre la Russie. Et l’inimitable Psaki vociférante pourrait bien se trouver la langue liée quand elle commentera l’attitude très nuancée de l’Otan sur ce point.
L’essentiel des sanctions de l’UE contre la Russie qui ont été imposées au début de la crise en Ukraine expire à la fin de juillet. Si les États-Unis devaient décider, ils les étendraient indéfiniment. Mais pour les perpétuer ou les élargir, un vote à l’unanimité est nécessaire. Cela n’arrivera pas.
Dans le tas de bureaucrates kafkaïens, revus par Magritte, qui squattent le QG de l’Otan à Bruxelles, il y a, aussi incroyable que cela puisse paraître, quelques adultes.
Nous ne parlons pas des hystériques baltes – Estonie, Lettonie, Lituanie – plus la Pologne; c’est le gang sans nuance du haro sur les méchants Russes, et ils commencent à porter sur les nerfs de plus d’un bureaucrate kafkaïen.
La Hongrie, la République tchèque, la Slovaquie et la Bulgarie, pour leur part, tentent à bon escient faire la balance entre leur adhésion à l’UE et à l’Otan et leur besoin d’investissements des Russes, et surtout de leur énergie, sûre et pas chère.
L’Allemagne, la France et l’Italie sont toutes engagées dans de sérieuses interactions politiques et économiques avec la Russie. Il leur a fallu un certain temps. Mais ils ont finalement compris que dans la valse des sanctions, le grand perdant pourrait être l’UE.
Les hommes d’affaire et les industriels allemands veulent continuer à commercer avec la Russie, et l’Allemagne est un important consommateur d’énergie russe.
Et puis il y a la Grèce.
Tout le monde se souvient comment, en janvier, le ministre russe des Finances Anton Siluanov a déclaré que Moscou aiderait Athènes si elle le demandait. Et de qui la Grèce reçoit-elle son gaz naturel ? De la Russie.
Regardez le calendrier. Le Premier ministre grec Alexis Tsipras rencontre le président russe Vladimir Poutine en mai. C’est plus ou moins un mois avant que l’échéance du sauvetage de la Grèce arrive à son terme.
Et c’est environ un mois avant le sommet de l’UE qui débattra de la possible fin des sanctions sur la Russie.
Et n ‘oubliez pas Pékin.
La Chine se réserve le luxe – via la prochaine banque BRICS – de finalement offrir la clé d’une aide économique à la Grèce, car elle l’offre déjà aux pays africains, et s’apprête à l’offrir au Venezuela.
Caracas, par exemple, obtiendra un prêt de dix milliards de dollars au cours des prochains mois. La moitié de ce prêt sera allouée par le Fonds commun sino-vénézuélien, l’autre moitié venant des entreprises chinoises impliquées dans le développement des champs de pétrole du Venezuela.
Alors le plan B pour la Grèce c’est: le «R» et «C» contenu dans BRICS.
Pepe Escobar
Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone