Au milieu des années 2020, ces dépenses devraient se chevaucher avec des achats importants de porte-avions et de F-35 Joint Strike, conduisant à une hausse des dépenses que les experts ont qualifiée d’«insoutenable», d’«inabordable» et de «fantaisiste». Alex Emmons
Par Alex Emmons – Le 3 mai 2016 – Source The Intercept.
Les législateurs républicains de la Chambre des Représentants se sont serré les coudes, pour empêcher une estimation des coûts de trois décennies de programme de modernisation nucléaire au Pentagone, que les experts estiment dépasser les mille milliards de dollars. Le vote a été brièvement mentionné dans le journal Politico la semaine dernière, mais n’a reçu aucune autre couverture médiatique.
Le Pentagone est déjà en marche pour remettre à neuf ses 1 900 ogives nucléaires déployées et remplacer chaque jambe de sa triade nucléaire – les systèmes de lancement terrestre, marin et aérien. En octobre 2015, le ministère de la Défense a signé un contrat avec Northrop Grumman, pour produire un nouveau bombardier à longue portée, et le plan budgétaire proposé met de côté des centaines de milliards de dollars pour acheter une nouvelle génération de rampes de missiles, de sous-marins nucléaires et de missiles de croisière.
Au milieu des années 2020, ces dépenses devraient se chevaucher avec des achats importants de porte-avions et de F-35 Joint Strike Fighter, conduisant à une hausse des dépenses que les experts ont qualifiée d’«insoutenable», d’«inabordable» et de «fantaisiste».
Brian McKeon, directeur adjoint à la Défense, a déclaré aux journalistes en octobre, que le Pentagone «se demande bien comment nous allons payer pour cela», et que les dirigeants actuels «remercient [leur] bonne étoile de ne plus être là pour répondre à la question». En novembre, le contrôleur du Pentagone a qualifié le coût de la modernisation nucléaire de «plus grand problème face auquel nous n’avons pas encore de réponses».
Mercredi, après quatre heures d’audience marathon au Comité des forces armées, le député Pete Aguilar a proposé une mesure qui exigerait que le Bureau du budget du Congrès (BBC) estime le coût de cette modernisation, qui devrait durer plus de 30 ans. Le BBC est actuellement tenu d’estimer les coûts pour seulement 10 ans, ce qui ne suffit pas pour un tel projet.
Le député John Garamendi s’est prononcé en faveur de l’amendement.
«Nous allons dépenser une quantité faramineuse d’argent, sur ce qui équivaut à une nouvelle course aux armements nucléaires. Il faudra retirer de l’argent d’autres programmes. […] Nous devons en être conscients, mais nous allons rester aveugles quant au coût total», a déclaré Garamendi.
Le Républicain Michael Rogers rejoint ses collègues républicains contre l’amendement, affirmant qu’une estimation de coûts sur 30 ans ne peut pas fournir de données fiables.
«En toute franchise, une estimation des coûts sur plusieurs décennies ne vaudrait pas le papier sur lequel il a été écrit, a déclaré Rogers. Cette modification entraînerait des données fausses et non fiables pour un débat public.»
Mais Aguilar a riposté, en rappelant qu’une estimation de coûts sur 30 ans, pour des programmes de construction navale, avait été approuvée par les Républicains de la commission. «Si on ne voulez pas faire de planification à long terme, a enchaîné Aguilar, au moins, soyons honnêtes à ce sujet.»
L’amendement a été refusé à 26-36, tous les Républicains votant contre.
Au cours du dernier cycle électoral, Rogers a reçu plus de 65 000 dollars en contributions de campagne de la part d’entrepreneurs de défense, y compris $5 000 de Northrop Grumman, la société de production du nouveau bombardier à longue portée.
Les experts en stratégie nucléaires ont été prompts à condamner Rogers pour son refus d’une étude à long terme.
«Le député Rogers continue de croire que l’ignorance c’est le bonheur, quand le sujet est d’augmenter la transparence sur le coût à long terme des armes nucléaires américaines, a déclaré Kingston Reif, le directeur de la politique de réduction de la menace à l’Arms Control Association. D’accord, l’estimation des coûts sur 30 ans est purement spéculative. Mais le Congrès devrait vouloir obtenir toutes les informations possibles sur le coût de ces plans, en particulier dans les années 2020 et 2030.»
Le Comité des services armés du Sénat n’a pas été plus clair pour savoir s’il examinera une mesure similaire dans les prochains mois.
Alex Emmons
Traduit par Wayan, relu par nadine pour le Saker Francophone
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