par Andrew Korybko – le 18 juillet 2018 – orientalreview.org
La Chine a répliqué aux mesures protectionnistes de Trump en imposant ses propres barrières douanières aux USA, l’une d’entre elles s’appliquant aux exportations de soja, interprétée contre une attaque à l’égard de la base du président américain.
La quasi totalité des observateurs s’accorde à dire que la décision chinoise de cibler l’industrie américaine du soja a pour objet de compliquer la vie des exploitants agricoles du centre de l’Amérique, que le président a promis de toujours soutenir, ce qui risque de venir compliquer les perspectives électorales républicaines pour les élections de mi-mandat qui auront lieu au mois de novembre 2018. D’une certaine manière, la Chine vient indirectement s’immiscer dans le processus politique américain, même si cela ne fait pas tâche par rapport aux actions prises par les USA en République Populaire de Chine – ou d’ailleurs n’importe où ailleurs sur la planète. Mais pour autant, on peut être certain que le sujet sera mis en lumière tant par les Démocrates que les Républicains, les premiers rejetant sur Trump la faute d’avoir déclenché ce qu’ils qualifieront d’épreuves évitables, tandis que les seconds iront probablement accuser leurs opposants d’essayer de tirer des gains politiques suite à des interventions politiques indirectes d’un pays étranger dans la démocratie américaine. Mais ce qui comptera en fin de compte, c’est de savoir si les électeurs se laisseront influencer par cette tactique, et il existe de bonnes raisons de penser que cela ne sera pas le cas.
Pour commencer, la base de Trump reste fièrement patriote et se rend bien compte du jeu qui est joué, ce qui rend peu probable qu’elle tombe dans le piège. En outre, le sacrifice pour une cause nationale est un concept qui n’est pas réservé aux non-américains – on voit bien les iraniens s’y astreindre en réponse aux pressions américaines ; il s’agit au contraire d’un concept que tout le monde peut comprendre, et les exploitants agricoles en question pas moins que d’autres. Le président, par ailleurs, pourrait toujours voler à leur secours, en allouant des aides – fortement médiatisées – au secteur, ce qui pourrait bien venir accroître encore sa popularité auprès des mêmes électeurs que la Chine voulait au départ détourner de lui, ce qui rendrait ces décisions chinoises totalement contre-productives en regard de leurs objectifs initiaux. De fait, Trump pourrait bien faire preuve d’assez d’astuce pour promouvoir sa thèse, selon laquelle il est le seul à pouvoir protéger son pays de la Chine, ce qui pourrait même renforcer le soutien de son parti dans les États en ballottage, les plus affectés par les politiques économiques de Pékin – consistant à attirer les entreprises américaines en Chine, puis à appliquer des barrières douanières de rétorsion.
Cet article constitue une retranscription partielle du programme radio Context Countdown, diffusé sur Sputnik News le 13 juillet 2018.
Andrew Korybko est le commentateur politique américain qui travaille actuellement pour l’agence Sputnik. Il est en troisième cycle de l’Université MGIMO et auteur de la monographie Guerres hybrides : l’approche adaptative indirecte pour un changement de régime (2015). Le livre est disponible en PDF gratuitement et à télécharger ici.
Traduit par Vincent, relu par Cat pour le Saker francophone