Le 21 juin 2015 – Source : Moon of Alabama
Israël s’apprête à voler davantage de terre syrienne à la faveur d’une zone tampon qu’il veut créer sur le plateau du Golan syrien au prétexte de protéger les Druzes syriens contre les djihadistes qu’il soutient là-bas d’abord et avant tout.
Le Washington Post défend la version israélienne de la protection à coups de dissimulations et de mensonges sur les événements de la région. Voilà le titre qui annonce sur la première page du Washington Post l’article qui est à l’intérieur: La minorité druze d’Israël est menacée. Hmm… Effectivement, ce serait un scoop !
L’article en page intérieure a un titre un peu plus correct, puisqu’il parle des Druzes du Golan. Mais il ne précise toujours pas quels Druzes sont réellement menacés: ceux du côté israélien ou ceux du côté syrien de la ligne de démarcation? Seul le sous-titre indique que la menace pèse sur les Druzes de Syrie, et pas – comme la première page le prétend – sur les Druzes d’Israël.
L’article lui-même ne vaut rien. Il ne présente que le point de vue israélien et contient plusieurs mensonges. Voici les plus évidents:
Après quatre ans sur la touche, la dynamique complexe et violente à l’œuvre sur le plateau du Golan menace d’attirer Israël dans la guerre syrienne
Comment peut-on dire qu’Israël était sur la touche, alors qu’en fait les avions israéliens ont à plusieurs reprises bombardé des positions de l’armée syrienne, que l’armée israélienne tire des obus de tanks pour aider les djihadistes de Jabhat al-Nusra à prendre les positions de l’armée syrienne à la frontière et qu’Israël fait ouvertement office de centre hospitalier au service des djihadistes blessés? Les observateurs de l’ONU sur le Golan ont fait état d’échanges et de coopération entre Israël et les djihadistes. Cela n’est en aucune façon une position de retrait, mais bien au contraire un parti-pris tout à fait clair.
La présence de Jabhat al-Nusra, et surtout celle d’État islamique, inquiètent les Druzes, parce que les deux milices sunnites considèrent les Druzes, qui sont une branche dissidentes de l’islam chiite, comme des infidèles et des profanateurs de l’islam.
Jabhat al-Nusra et État islamique ne sont-ils plus que des milices sunnites? Des comités de vigilance inoffensifs qui protègent leur territoire?
Dans le passé, les Druzes ont soutenu Assad, et vécu sous sa protection, mais maintenant ils ont peur que leur territoire ne soit envahi. Leurs dirigeants refusent d’envoyer davantage de leurs enfants s’enrôler dans les troupes d’Assad, en disant qu’ils ont besoin de combattants chez eux pour protéger leurs clans, ce qui semble indiquer qu’ils considèrent qu’Assad perd du terrain.
L’affirmation selon laquelle les Druzes ont soutenu Assad est fausse. Comment le savons-nous? Il suffit de suivre le lien du Washington Post qui renvoie à un Tweet d’avril 2014 d’un autre journaliste du Washington Post. Ce tweet dit:
Les Druzes sont toujours en position de retrait.
En quoi est-ce que ce tweet corrobore l’allégation que les Druzes ont soutenu Assad? En rien. En fait, il dit le contraire. Le gouvernement syrien affirme qu’aucun conscrit druze n’a rejoint l’armée syrienne depuis le début du conflit. Comment ont-ils soutenu Assad?
Outre les manchettes mensongères et les affirmations gratuites, l’article empeste la propagande à plein nez, du fait même qu’on n’y donne pas la parole aux Syriens. La position du gouvernement syrien n’est pas mentionnée, et on ne donne la parole à aucun membre de la communauté druze syrienne. Les seules sources de l’article sont des responsables israéliens et des Druzes israéliens qui sont d’anciens membres de l’armée israélienne.
Comment ose-t-on qualifier de journalisme ces titres mensongers et ces reportages biaisés?
Traduction : Dominique Muselet