La Chine et l’Australie signent un accord historique


Pendant que les blocs régionaux européen, nord-américain et moyen oriental se délitent, le bloc Asie-Pacifique continue à se structurer.

Par Charles Happel – Le 17 juin 2015 – Source: Xinhuanet

 

Les gouvernements australien et chinois viennent de signer cet accord de libre échange attendu depuis si longtemps au cours d’une cérémonie à Canberra, mercredi (17 juin 2015), libérant ainsi le commerce entre les deux pays.

Le ministre chinois du Commerce, Gao Hucheng (à g.) et le ministre australien du Commerce Andrew Robb (à d.) prennent la pose après la signature avec le Premier ministre australien Tony Abott

 

Cet accord historique, signé par les ministres du commerce australien Andrew Robb et chinois Gao Hucheng, a entériné des négociations qui ont duré 10 ans et une Déclaration d’intention signée en novembre dernier par les dirigeants des deux pays, le premier ministre australien Tony Abbott et le président chinois Xi Jinping.

Au cours de la cérémonie de signature, Abbott a déclaré que cet Accord de libre échange (ALE) montrait la confiance mutuelle entre les deux pays. Il a ajouté que cet accord était plus qu’un accord avec la superpuissance mondiale en devenir, c’était la «preuve de la confiance australienne envers la Chine».

«Aujourd’hui marque une étape historique dans l’établissement de partenariats stratégiques intégrés, a dit Abbott. J’espère que vous vous rappellerez tous de ce jour. Un jour, nous pourrons dire à nos enfants et petits enfants que, oui, nous étions présents le jour où cet accord extraordinaire a été signé entre les deux pays

Une déclaration faite par le gouvernement chinois affirme que la signature de cet ALE est un développement significatif car, de tous les accords de libre échange signés par la Chine, celui-ci atteignait «le plus haut niveau de libéralisation du commerce et de l’investissement».

La déclaration précise que l’Australie est, actuellement, la deuxième destination, après Hong Kong, pour les investissements chinois à l’étranger. «Nous nous attendons à ce que cet ALE facilite encore le flux des capitaux, des ressources et des gens et bénéficie aux industries et aux consommateurs des deux pays», stipule-t-elle.

Quand l’accord sera totalement en place, les taxes douanières seront annulées pour 95% des exportations australiennes, les conditions assouplies pour les entreprises chinoises investissant en Australie et davantage de visas seront accordés aux chinois en congés annuels.

Les Australiens, eux, profiteront de biens de consommation et d’électronique moins chers et leurs d’achats sont censés améliorer l’économie du pays.

De leur coté, les consommateurs chinois devraient avoir un accès facilité à des produits comme la viande de bœuf australienne, les produits laitiers, les vins, le whisky fin et des produits de niche comme le concombre de mer, l’opale et même le cuir de cerf. Les tarifs douaniers réduits devraient rendre ces produits plus abordables.

Robb a annoncé que cet accord ouvrira aussi le vaste marché chinois aux investissements australiens, à ses activités de services et ses matières premières.

«Le monde a changé et nous devons sortir de cet état d’esprit qui veut que les exportations sont bonnes et les importations mauvaises. Des produits bon marché sont aussi bons pour les ménages et les consommateurs, ils augmentent le pouvoir d’achat ce qui veut dire un plus haut niveau de vie», a dit Robb.

C’est le troisième accord de libre échange signé par Robb, après celui avec le Japon et la Corée du Sud.

«Cela implique littéralement des milliards de dollars, des milliers de postes et ce sera un grand facteur de prospérité pour les années qui viennent», a-t-il dit à la radio ABC.

La Chine est déjà le premier partenaire commercial de l’Australie, avec un flux commercial total dépassant les $135 milliards l’année dernière.

Peter Drysdale, le chef du bureau de l’East Asian Economic Research, a dit à Xinhua, au cours d’une entrevue, que cet ALE marquait «une étape importante dans la relation entre la Chine et l’Australie».

«Elle apporte de nombreuses opportunités de changement, selon Drysdale. Après la période de boom des prix des matières premières, on assiste à une normalisation des relations commerciales entre les deux pays, dans laquelle l’Australie va devenir un fournisseur encore plus important et bon marché pour la Chine. […] Mais d’autres aspects de la relation vont devenir plus importants, comme le commerce des services qui va s’ouvrir. […] Cet accord avec l’Australie peut fournir une base solide de travail commun, au niveau régional, au-delà des aspects purement commerciaux, au travers de la Banque asiatique d’investissement et d’infrastructure, par exemple, et plus globalement lorsque la Chine recevra le G20 l’année prochaine.»

Traduit par Wayan, relu par Diane et Hervé pour le Saker francophone

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