Le grand déballage américain est en cours


« La chute, hier, de 724 points du Dow Jones Industrial Average n’est probablement pas due au hasard, c’est le début d’une glissade dans la gueule impitoyable de la réalité … »



James Howard KunstlerPar James Howard Kunstler – Le 23 mars 2018 – Source Russia Insider

C’est la grande lessive de printemps, le déballage a commencé. Le jeu de chaises musicales au FBI et au ministère de la Justice a été si rapide que même le New York Times s’est tenu coi sur la collusion avec la Russie – omettant, dans la foulée, de rendre compte de ce qui semble avoir été une intrusion massive dans la campagne des élections de 2016, par un échelon supérieur du FBI complètement politisé, qui s’est ensuite furtivement attelé à la laborieuse tâche de détricoter le résultat des élections.

Le silence inquiétant enveloppant le Département de la Justice (DOJ) dans la semaine suivant le renvoi d’Andrew McCabe – avant la publication du rapport de l’inspecteur général du FBI – suggère qu’un grand jury est sur le point de se réunir et que des accusations sont en cours, pas forcément du bureau du procureur spécial Robert Mueller. Les preuves déjà publiées sur les machinations du FBI et les interventions en faveur de Hillary Clinton et contre Donald Trump semblent mauvaises sous tous les angles, et le miracle est que cela a pris tellement de temps pour que quelqu’un, à l’agence, réagisse.

McCabe est parti de son bureau et a été mis au sec, semble-t-il, sur la recommandation de ses propres collègues. Ne pensez pas un seul instant qu’il va juste disparaître en chevauchant vers le soleil couchant. Pendant ce temps, Peter Strzok, Lisa Page, Bruce Ohr ont été envoyés dans la salle d’étude du FBI en attendant qu’on entende résonner d’autres pas dans la salle du grand jury. James Comey est absent pour concocter à la hâte un livre de bric et de broc pour gérer la perspective de sa propre situation juridique – de toute évidence, avoir menti à un comité du Congrès. Et en orbite au-delà de l’attraction gravitationnelle du FBI, se cachent ces deux autres crapules, John Brennan, ancien chef de la CIA – maintenant blablateur chez CNN –, et James Clapper, ancien directeur du renseignement national, un poste nouveau et redondant dans la matrice des services de renseignement de l’État profond – et également blablateur chez CNN. Brennan en particulier a été provoqué à émettre des menaces verbales à l’encontre de M. Trump, suggérant qu’il pourrait être lui-même en train de se serrer dans un étau légale.

Aucun de ces fonctionnaires n’a encore entamé une négociation pour plaider coupable, pour autant qu’on le sache publiquement, mais ils ont tous, à coup sûr, beaucoup de tracas. La culpabilité peut ne pas se borner à eux. Le faisceau de preuves indique une campagne coordonnée qui incluait la Maison Blanche d’Obama et le Comité national démocrate avec Hillary Clinton. Robert Mueller entre même dans le scénario, au début avec l’affaire d’Uranium One et à la fin au sujet des activités de son vieil ami, M. Comey. Et, plus révélateur que tout, l’Attorney général [ministre de la Justice] Jeff Sessions n’a pas été évincé du bureau, mais reste enveloppé de silence et de mystère alors que ce mélodrame se joue, tic, tic, tic…

Rien de tout cela ne fait du président Trump un personnage plus rassurant. Son manque d’élégance reste aussi impressionnant que son manque apparent de bon sens. Mais il a affronté la plus intense campagne de calomnie coordonnée qu’on ait jamais vue contre un chef de l’exécutif et son courage, au moins, est impressionnant. Ce qui se délite pour lui et le corps politique, c’est les finances de la nation, et une économie animée par la finance. La chute, hier, de 724 points du Dow Jones Industrial Average n’est probablement pas due au hasard, mais le début d’une glissade dans la gueule impitoyable de la réalité – la réalité qui veut que presque tout est grossièrement mal évalué.


Il y a beaucoup de dysfonctionnements, à la vue de tous, pour suggérer que les marchés financiers ne peuvent plus supporter la contrainte de l’irréalité. Entre les guerres commerciales naissantes et l’adoption au Congrès cette semaine d’un projet de loi sur un montant de dépenses suicidaire sur le plan fiscal, vous devez vous boucher les oreilles pour ne pas être assourdis par le grondement des marchés qui dégringolent.

Une chute de 40% à 75% des marchés boursiers laissera beaucoup de gros poissons du 1% sur la plage au fur et à mesure que la marée descend. Mais les éperlans et les anchois souffriront aussi, car l’activité économique régulière diminue en réponse à la chute des marchés. Et puis la Réserve fédérale se portera à la rescousse avec QE-4 [planche à billets], ce qui va très fortement pousser le dollar vers la sortie.

Résultat : une nation blessée au cœur, tournoyant dans l’égout, en route vers l’enfer politique.

James Howard Kunstler 

Traduit par jj, relu par Hervé pour le Saker Francophone

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