Le bureau de désinformation du gouvernement britannique a perdu son statut d’organisme de bienfaisance


Il va donc continuer son œuvre sous un nouveau format


2015-05-21_11h17_05Par Moon of Alabama – Le 4 novembre 2019

Vers la fin de l’année dernière, une personne “anonyme” mais néanmoins entreprenante a publié des documents de la British Integrity Initiative. Comme nous l’avions signalé à l’époque :

Integrity Initiative, financée par le gouvernement britannique, est chargée de diffuser de la propagande antirusse et d'influencer ainsi le public, les militaires et les gouvernements d'un certain nombre de pays. Ce qui suit est une analyse contextuelle du troisième lot de documents internes appartenant à cette entité qui ont été divulgués hier sous couvert d'anonymat.   

Christopher Nigel Donnelly est le co-directeur de l'Institute for Statecraft et fondateur de sa succursale Integrity Initiative. Cette dernière prétend "défendre la démocratie contre la désinformation".

Integrity Initiative fait cela en diffusant de la désinformation sur l'influence présumée de la Russie par l’intermédiaire de groupes de journalistes repartis dans toute l'Europe et aux États-Unis.

Tant l’Institut qu’Integrity Initiative prétendent tous deux être des organisations non gouvernementales indépendantes. Toutes les deux sont pourtant financées par le gouvernement britannique, l'OTAN et d'autres donateurs étatiques.

Il y a eu sept divulgations de documents appartenant à Institute of Statecraft. Elles montrent des propositions de projets pour de grandes campagnes de désinformation antirusses. L‘Institute of Statecraft a suggéré d’imposer des sanctions antirusses dès janvier 2015. Son chef, Chris Donnelly, un ancien conseiller de l’OTAN et espion militaire, a également proposé d’expulser simultanément un grand nombre de diplomates russes de différents pays occidentaux.

Ce plan semble avoir été une esquisse qui a résulté en l’expulsion massive des diplomates russes en mars 2018 lors de l’affaire Skripal. Plusieurs autres mesures prévues par Donnelly et ses collègues ont depuis été mises en œuvre.

L‘Institute of Statecraft a été enregistrée en tant qu’organisme de bienfaisance en vertu du droit écossais. Après la publication de ses documents, l’organisme écossais de régulation des organismes de bienfaisance, l’OSCR, a enquêté sur le statut de l’institut. Sans surprise, l’OSCR a constaté (pdf) que son comportement est plutôt louche et que les campagnes de désinformation antirusses qu’il mène ne justifient pas son statut :

Au cours de notre enquête, nous avons constaté que cet organisme de bienfaisance ne satisfaisait pas aux critères requis pour maintenir son enregistrement à titre d'organisme de bienfaisance en Écosse parce que :

* Ses objectifs ne sont pas entièrement charitables

* L’une de ses activités les plus importantes, un projet connu sous le nom d'Integrity Initiative, n'a pas bénéficié au public et encore moins réalisé des actions de bienfaisance

* Les avantages dont bénéficient les fiduciaires de l'organisme de bienfaisance ne correspondent pas aux activités de cet organisme qui prétend faire acte de bienfaisance

Le but de l’organisme de bienfaisance était prétendument d’éduquer le public. Mais l’organisme de réglementation a constaté qu’Integrity Initiative n’éduquait pas et ne faisait que diffuser sa propre version de la “réalité”, c.-à-d. désinformer. L’organisme de bienfaisance manque de neutralité :

De plus, notre guide Meeting the Charity Test indique que :

Lorsqu'un organisme de bienfaisance offre d'éduquer sur une question controversée, il doit le faire d'une manière qui permet aux personnes qui reçoivent cette éducation de pouvoir faire leur propre choix.

L'OSCR pense qu'Integrity Initiative exprime un point de vue spécifique visant à persuader le public d'adopter ce même point de vue et que, compte tenu de la nature du sujet, il n'est pas suffisamment neutre pour parler d'éducation.

Les escrocs qui dirigeaient cet organisme de bienfaisance se remplissaient les poches avec de l’argent public que cet “organisme de bienfaisance” recevait :

Pour réussir le test de l'organisme de bienfaisance, tout avantage privé doit être un résultat accessoire aux activités de l'organisme, c'est-à-dire qu'il doit être un résultat ou un sous-produit résultant des activités de l'organisme et non une fin en soi.

Nous sommes préoccupés par le niveau d'avantage privé qu'un certain nombre de fiduciaires de l'organisme de bienfaisance tirent de l'exercice de leurs fonctions.

Rien n'explique clairement pourquoi les salaires versés aux fiduciaires des organismes de bienfaisance étaient jugés raisonnables et nécessaires, et nous sommes préoccupés par le processus décisionnel des fiduciaires des organismes de bienfaisance concernant ces paiements. Nous ne considérons pas que cet avantage privé soit un résultat accessoire aux activités de l'organisation pour faire progresser ses objectifs.

L’organisme de réglementation a également noté qu’aucun dossier n’est tenu et qu’aucune décision n’a été enregistrée par les fiduciaires de l’Institut.

Malheureusement, le régulateur ne fermera pas l’Institute of Statecraft. Celui-ci a accepté de corriger son comportement en prenant un certain nombre de mesures :

* L’organisme de bienfaisance a cessé d'entreprendre toute activité liée à Integrity Initiative, et cette activité est maintenant entreprise par une entité privée n'ayant aucun lien juridique avec l'organisme de bienfaisance

* L’organisme de bienfaisance a cessé de rémunérer ses fiduciaires

* L’organisme de bienfaisance accepte des recommandations sur sa gestion

* Certains administrateurs de cet organisme de bienfaisance devront se retirer dès que des administrateurs remplaçants auront été trouvés

Integrity Initiative, financée par le Ministère britannique des affaires étrangères, le Ministère de la défense, l’OTAN et d’autres entités de ce type, continuera d’exister en tant qu’entité non caritative et sera encore moins transparente. Son site web, ainsi que celui de l’Institute for Statecraft, sont en panne. Le fait qu’ils doivent désormais vivre dans le plus grand secret rendra plus difficile le recrutement de journalistes étrangers pour diffuser sa propagande.

Depuis qu’Integrity Initiative a été mise à nu, le gouvernement britannique a lancé et financé une nouvelle entité secrète qui continuera à diffuser de la désinformation antirusse :

Le 3 avril, le ministre des Affaires étrangères et du Commonwealth (FCO), Alan Duncan, a révélé que le "Counter Disinformation and Media Development Programme" de son département - qui finance l'Institute for Statecraft et sa filiale Integrity Initiative - finance une nouvelle initiative nommée, Open Information Partnership (OIP).

L'annonce, enfouie dans une réponse écrite à une question du parlement, était extrêmement légère sur les détails - Duncan a simplement dit que cet effort consistait à "réagir à l'information manipulée dans les nouvelles, les médias sociaux et dans l'espace public". La fanfare officielle n'était pas non plus réjouissante - il n'y a pas eu de communiqué de presse, de document d'information ou même une simple mention de son lancement par un ministre ou un membre du gouvernement, par le biais des médias sociaux.

La proposition originale pour l’ Open Information Partnership, telle que publiée par “anonymous”, inclut l’Institute of Statecraft, Media Diversity Institute, Bellingcat, DFR Lab- c’est-à-dire l’ Atlantic Council – et quelques autres dans un réseau appelé ZINC. Sur le site web actuel de l’OIP, l’Institute of Statecraft n’est plus cité.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Jj pour le Saker Francophone

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