L’attaque suicide d’al-Qaida a tué plus de cent enfants et femmes – À qui la faute ?


Par Moon of Alabama – Le 16 avril 2017

Moon of Alabama

Max Abrahms @MaxAbrahms – 14:07 – 16 avr. 2017

Après avoir lu des dizaines d’histoires sur le massacre de chiites hier en Syrie, j’en suis arrivé à la conclusion que personne ne l’avait perpétré.

The War Nerd @TheWarNerd – 11:53 AM – 16 avr 2017

Nous constatons que « au moins 112 » réfugiés chiites ont été tués. Par qui ? Oh, c’est un véritable mais-qui-l-a-fait selon Reuters… lien

Deux petites villes de la province « rebelle » d’Idlib, Al Foa et Kafriya, subissent le siège des « rebelles » depuis plus de deux ans. Les forces gouvernementales locales les défendent. Les habitants civils sont de croyance chiite et sont considérés par les « rebelles » sunnites sectaires, comme des incroyants méritant la mort. Le ravitaillement de ces villes se fait grâce à des largages par des hélicoptères gouvernementaux. A l’opposé, deux villes contrôlées par les « rebelles », près de Damas, Zabadani et Madaya, sont encerclées par les forces gouvernementales. Elles sont en partie approvisionnées par des convois de l’ONU et de la Croix-Rouge. Au fil des années, une série de revanches, prises et rendues coup sur coup, a composé le destin de ces quatre villes. Au total, environ 20 000 à 30 000 personnes sont affectées. Un accord de grande envergure était nécessaire pour résoudre cette situation insoutenable.

En décembre, un accord a été passé pour autoriser l’échange de blessés civils. Lorsque les autobus étaient en route pour évacuer des personnes âgées et des blessés dans les deux villes du nord, ils ont été incendiés par un groupe rebelle. De nouveaux bus ont dû être envoyés, mais l’échange s’est finalement fait.

La semaine dernière, un nouvel accord a été conclu, pour un échange complet de la population de ces villes. Tous les habitants des villes du nord devaient être amenés dans les zones gouvernementales. Tous les habitants des villes du sud, dans les zones « rebelles » occupées. L’Iran, parlant pour le gouvernement syrien, et le Qatar, un bailleur de fonds des « rebelles » radicaux, ont négocié l’accord. Il existe de nombreux autres sujets abordés par l’accord, y compris les otages qataris détenus par des groupes chiites en Irak, un paiement très important du Qatar aux groupes « rebelles » (al-Qaïda) et certains éléments non divulgués.

Les groupes « rebelles » de la province d’Idlib sont associés avec al-Qaïda en Syrie ou avec Ahrar al-Sham, groupe parrainé par le Qatar. Ahrar al-Sahm est le groupe responsable de l’exécution de l’échange de population négocié. Certaines parties d’al-Qaïda ont publiquement été en désaccord avec l’accord.

Hier, environ 5 000 habitants des villes du nord, principalement des femmes et des enfants, étaient amenés par convoi d’autobus vers la ville d’Alep, mais ont été arrêtés alors qu’ils se trouvaient encore dans la zone contrôlée par les « rebelles ». Des habitants de la ville du sud avaient été amenés à Alep et étaient gardés par le gouvernement. Des négociations supplémentaires sur un problème mineur ont eu lieu.

Les civils dans leurs autobus, principalement des personnes âgées, des femmes et des enfants, étaient gardés par les « rebelles » d’Ahrar al Sham. Ils étaient affamés. Quelqu’un est apparu sur place et a distribué des chips. Lorsque les enfants se sont rassemblés autour de cette distribution d’aliments, une voiture bleue est arrivée et une très forte explosion s’est produite. Quatre bus, remplis de gens, et un certain nombre de voitures ont été totalement détruits (Images: 1, 2, 3).

Cent vingt-sept des civils, à seulement quelques kilomètres de la zone de sécurité gouvernementale, ont été tués dans l’attentat-suicide, dont 95 enfants. Beaucoup d’autres ont été blessés. Un nombre inconnu de gardes « rebelles » d’Ahrar al-Sham ont également été tués. Il n’y a pas de contestation sérieuse sur le déroulement des événements.

Il est évident que l’attaque suicide a été commise par al-Qaïda en Syrie. Aucun élément aligné sur le gouvernement n’aurait pu pénétrer le territoire détenu par les rebelles. Les forces alignées sur le gouvernement n’ont jamais commis d’attentats suicides, alors que tant al-Qaïda qu’Ahrar al-Sham en ont perpétré des centaines. Il s’agissait d’un attentat-suicide « rebelle », probablement d’al-Qaïda, contre des réfugiés civils fidèles au gouvernement.

Mais la BBC, CNN et les autres médias occidentaux ne vous le diront pas. CNN appelle ce massacre « un hoquet ». Le premier reportage du Washington Post a été illustré par une scène pastorale de « chiites » marchant dans un champ verdoyant. La manière dont sont écrits ces articles dissimulent au lecteur moyen de quel côté sont les victimes de l’incident. Ils ne vous diront pas qui sont les coupables. Certains insinuent, contre toute logique, que le gouvernement l’aurait fait.

Le plus récent article de la BBC sur le massacre est l’un des pires dans ce genre de propagande. Supposez pour un moment que vous n’avez pas lu ce qui précède, seulement les éléments suivants :

Guerre en Syrie : « Au moins 68 enfants parmi les 126 tués » dans l’attentat contre des autobus.

Au moins 68 enfants font partie des 126 personnes tuées, lors de l’attentat à la bombe de samedi, sur les autobus transportant des évacués des villes syriennes assiégées, disent les militants.

Un véhicule rempli d’explosifs a frappé le convoi près d’Alep.

80% des lecteurs ne lisent que le titre et peut-être les premiers graphiques. Comment peuvent-ils savoir qui a tué qui ?

Ceux qui vont lire plus loin apprendront que certaines des victimes étaient chiites et que « des évacués des villes gouvernementales ont été tués, ainsi que des travailleurs humanitaires et des soldats rebelles ». (Depuis quand les coupeurs de tête d’Ahrar sont-ils des « soldats » ? Ce mec était-il aussi un « soldat »?) L’histoire de la BBC continue d’insinuer que le gouvernement l’a fait, parce que les « rebelles » pourraient, mais ne le feraient jamais :

C’est arrivé quand un véhicule chargé de nourriture est arrivé et a commencé à distribuer des chips, attirant de nombreux enfants, avant d’exploser, a indiqué la correspondante de la BBC au Moyen-Orient, Lina Sinjab.

Elle a dit qu’il n’est pas clair comment le véhicule a pu atteindre la zone sans autorisation du gouvernement.

Mais il n’y a pas non plus de preuves que les rebelles soient impliqués dans l’attaque, comme l’affirme le gouvernement.

Ce ne serait pas dans l’intérêt des rebelles, dit notre correspondant, parce qu’ils attendaient que leurs partisans soient évacués des autres villes.

J’ai lu beaucoup de propagande anti-syrienne, mais jamais un tel ramassis diffamatoire. « Il n’est pas clair comment le véhicule a pu atteindre la zone sans l’autorisation du gouvernement [syrien] ». Eh bien – un véhicule de cette région pourrait rouler directement jusqu’au siège social de la BBC à Londres, exploser et tuer beaucoup de personnes, sans l’autorisation du gouvernement syrien. C’est un territoire tenu par les « rebelles », avec des frontières ouvertes vers la Turquie, d’où ils sont ravitaillés. Tous les groupes « rebelles » qui ont commis des attaques suicides au cours des dernières années ont accès libre à ce territoire. Le correspondant de la BBC et ses chefs le savent bien. Ils savent aussi que les « rebelles » ne sont pas unis et que leurs intérêts divergent. C’est tout à fait clair, qui a commis ce massacre. Mais la BBC insinue que c’est « le gouvernement qui l’a fait ».

Davantage de personnes sont mortes dans cette attaque que dans l’incident chimique de Khan Sheikhun, qui a tué quelques personnes dans une zone tenue par les rebelles. L’incident était probablement une attaque sous fausse bannière organisée par les « rebelles », sans implication du côté du gouvernement. Un rapport du Conseil de sécurité de Trump a trompeusement déclaré qu’il avait la preuve que le gouvernement syrien était le coupable dans cet incident et c’est la raison pour laquelle les États-Unis ont bombardé l’un des aéroports syriens.

Quatre-vingt-quinze enfants ont été brûlés et tués lors de l’attentat-suicide d’hier. Ils ne seront pas honorés comme de « beaux enfants », comme Trump a appelé deux bébés blonds qui figuraient sur une photo de Khan Sheikhun. Les bébés tués hier étaient des évacués « pro-régime » (selon les mots de CNN), qui ne méritent pas un tel honneur.

Les victimes du massacre d’hier recevront beaucoup moins de couverture médiatique que les quelques victimes réellement documentées de l’incident de Khan Sheikhun. Ce peu qu’ils obtiendront va servir à abuser des morts, comme le fait la BBC, pour diaboliser la grande majorité des Syriens qui soutiennent leur gouvernement.

Damas a décidé que l’accord et l’évacuation devraient se poursuivre, malgré le massacre. Les deux villes de la province d’Idlib sont trop exposées et sont donc indéfendables contre une attaque à grande échelle. Aucune opération gouvernementale de plus grande envergure pour reprendre Idlib ne peut avoir lieu tant qu’elles sont tenues en otage.

MISE À JOUR – 17 avril, 3h00

Eliah J. Magnier rapporte (en arabe) plus de détails sur l’accord d’échange des « 4 villes ».

Il a tweeté les étapes principales:

Elijah J. Magnier @EjmAlrai

L’« accord de quatre villes » comprend les otages du Qatar, l’argent, les prisonniers de guerre, les prisonniers civils et les cadavres.

La 1ère étape (évacuation des civils âgés de moins de 15 ans) a été conclue.

La 2e étape sera celle de l’évacuation de tous les militants.

La 3e phase comprendra l’échange de prisonniers détenus par Damas, le Hezbollah, les cadavres et les prisonniers d’al-Qaïda.

La 4e étape sera celle de la libération des otages qataris détenus en Irak (pas encore relâchés) et le paiement d’une rançon à al-Qaïda.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par nadine pour le Saker Francophone

Enregistrer

Enregistrer

   Envoyer l'article en PDF