Par Will Grigg − Le 21 décembre 2019 − Source The Libertarian Institute
Pendant une période tragiquement courte, l’Esprit du Prince de la paix a étouffé les exigences meurtrières de l’État.
En août 1914, les grandes puissances européennes se sont lancées dans la guerre avec une joyeuse insouciance. L’Allemagne, une puissance montante aux vastes ambitions, a écrasé la Belgique, cherchant à mater la France rapidement avant que la Russie ne puisse se mobiliser, évitant ainsi la perspective d’une guerre sur deux fronts. Des milliers de jeunes Allemands, anticipant un conflit de six semaines, sont montés à bord des trains de troupes chantant le refrain optimiste : «Ausflug nach Paris. Auf Widersehen auf dem Boulevard.» : «Excursion à Paris. A bientôt sur le Boulevard. »
Les antagonistes se sont retrouvés embourbés le long d’une ligne statique de tranchées parcourant des centaines de kilomètres à travers la France et la Belgique.
Les Français étaient impatients de venger la perte de l’Alsace et de la Lorraine en faveur de l’Allemagne en 1870. Le gouvernement britannique, méfiant de la puissance croissante de l’Allemagne, a mobilisé des centaines de milliers de jeunes hommes pour «donner une leçon aux Huns». Sur tout le continent, écrit l’historien britannique Simon Rees, «des millions de militaires, de réservistes et de volontaires… se sont précipités avec enthousiasme derrière les bannières de la guerre…. L’atmosphère était celle des vacances plutôt que des guerres.»
Chaque partie devait être victorieux à Noël. Mais à l’aube de décembre, les antagonistes se sont retrouvés embourbés le long du front occidental – une ligne statique de tranchées de plusieurs centaines de kilomètres à travers la France et la Belgique. À certains endroits le long du front, les combattants se faisaient face à moins de 30 mètres. Leurs redoutes grossières n’étaient guère plus que de grands fossés creusés dans un sol gris blanchâtre et bourbeux. Mal équipés pour l’hiver, les soldats s’éreintaient dans des eaux saumâtres trop froides pour l’homme, mais pas assez pour geler.
Le territoire qui séparait les ennemis, désigné No Man’s Land, était jonché des horribles scories de la guerre – munitions épuisées et cadavres. Les corps de nombreux soldats tués étaient parfois grotesquement imbriqués dans les clôtures en fil de fer barbelé. Les villages et les maisons étaient en ruine. Des églises abandonnées étaient utilisées pour servir de bases militaires.
Alors que les pertes augmentaient et que l’impasse se renforçait, la fièvre de la guerre a commencé à se dissiper des deux côtés. Beaucoup de ceux qui sont entrés en service sur le front occidental n’ont pas succombé à la frénésie initiale de la soif du sang. Combattant aux côtés des troupes françaises, belges et anglaises se trouvaient des hindous et des sikhs de l’Inde, ainsi que des gurkhas du royaume himalayen du Népal.
Ces conscrits coloniaux avaient été arrachés à leur sol natal et déployés dans des tranchées creusées, en hiver, dans des champs de choux belges. Des Écossais des Highlands se sont également retrouvés sur le Front, portant fièrement leurs kilts au mépris du froid glacial de décembre.
Les troupes allemandes étaient dirigées par des officiers prussiens d’élite, représentants de l’aristocratie belliqueuse des Junkers. Les soldats allemands comprenaient des réservistes bavarois, saxons, westphaliens et hessois, dont plus qu’un petit nombre avaient vécu – ou même étaient nés – en Angleterre et parlaient un anglais parfait. Malgré les efforts de Bismarck pour unir les principautés allemandes dispersées, de nombreuses troupes allemandes sont restées plus attachées à leurs communautés locales qu’à ce qui était pour elles une nation allemande abstraite.
Frères d’armes
Se vautrant dans ce qui équivalait à des égouts froids et fétides, noyés sous une pluie verglaçante et entourés des restes en décomposition de leurs camarades, les soldats des deux côtés ont sinistrement maintenu leur discipline militaire. Le 7 décembre, le pape Benoît XV a appelé à un cessez-le-feu de Noël. Cette suggestion a suscité peu d’enthousiasme de la part des dirigeants politiques et militaires des deux côtés. Mais l’histoire était différente pour les troupes de première ligne épuisées.
Le 4 décembre, une dépêche du commandant du II Corps britannique a pris note avec désapprobation d’une «théorie du vivre-et-laisser-vivre» qui s’était répandue sur le front. Bien que peu de fraternisation manifeste ait été observée entre les forces hostiles, et que l’on vit peu d’initiatives pour profiter d’un avantage potentiel immédiat. Aucun des deux camps n’a tiré sur l’autre pendant les repas, et des commentaires amicaux étaient fréquemment entendus par dessus le No Man’s Land. Dans une lettre publiée par l’Edimbourg Scotsman, Andrew Todd des Royal Engineers a rapporté que les soldats le long de son tronçon du front, « à seulement 60 mètres l’un de l’autre à certains endroit … [étaient devenus] très copain-copain ».
À l’approche de Noël, les gestes épars de bonne volonté à travers les lignes ennemies ont augmenté.
Plutôt que de jeter des grenades sur leurs adversaires, les troupes jetaient parfois des journaux – lestés de pierres – et des boîtes de rationnement au-dessus des lignes. Des flots d’insultes ont été, également, parfois déversés, mais ils ont été délivrés « généralement avec moins de venin qu’un couple de chauffeurs de taxi londoniens après une légère collision », a rapporté Leslie Walkinton des Queen’s Westminster Rifles.
Alors que le mois de décembre avançait, l’ardeur au combat des troupes de première ligne diminua. À l’approche de Noël, les gestes de bonne volonté épars et fréquents à travers les lignes ennemies ont augmenté. Environ une semaine avant Noël, les troupes allemandes près d’Armentières ont faufilé un «splendide» gâteau au chocolat, à travers les lignes, à leurs homologues britanniques. À cette délicieuse offrande de paix était jointe une invitation remarquable :
Nous vous proposons un concert ce soir car c’est l’anniversaire de notre capitaine, et nous vous invitons cordialement à y assister – à condition que vous nous donniez votre parole d’honneur en tant qu’invités que vous acceptez de cesser les hostilités entre 7h30 et 8h30…. Lorsque vous nous verrez allumer les bougies et les lampes au bord de notre tranchée à 7h30 précises, vous pourrez sortir en toute sécurité de vos tranchées, nous ferons de même, et commencerons le concert.
Le concert s’est déroulé à l’heure, avec les troupes allemandes émues qui chantaient comme « Christy Minstrels », selon un témoin oculaire. Chaque chanson a reçu des applaudissements enthousiastes de la part des troupes britanniques, incitant un Allemand à inviter les Tommies à «venir avec nous dans le chœur». Un soldat britannique a crié fièrement : «Nous préférons mourir plutôt que de chanter en allemand.» Cette raillerie a été contrée instantanément par une réponse de bonne humeur des rangs allemands : « Cela nous tuerait si vous le faisiez. » Le concert s’est terminé avec une interprétation sincère de « Die Wacht am Rhein » – La veillée sur le Rhin – et a été clôturé par quelques coups de feu vers le ciel sombre pour signaler que le bref répit avant Noël avait pris fin.
Ailleurs le long du Front, des dispositions ont été prises pour récupérer les soldats tombés au combat et les soigner ou les enterrer.
Dans une lettre à sa mère, le lieutenant Geoffrey Heinekey du 2nd Queen’s Westminster Rifles a décrit un de ces événements qui a eu lieu le 19 décembre. «Certains Allemands sont sortis et ont levé les mains, ils ont commencé à prendre en charge certains de leurs blessés et nous sommes immédiatement sortis de nos tranchées et avons également commencé à faire venir nos blessés, se souvient-il. Les Allemands nous ont alors fait signe et beaucoup d’entre nous sont allés leur parler, puis ils nous ont aidés à enterrer nos morts. Cela a duré toute la matinée, j’ai parlé à plusieurs d’entre eux et je dois dire qu’ils semblaient être des hommes extraordinairement bons…. Ces mots peuvent paraître trop ironiques, car là-bas, la veille, nous avions eu une bataille terrible et le lendemain matin, ici, nous fumions leurs cigarettes et ils fumaient les nôtres.»
Football dans le No Man’s Land
Bientôt, les discussions le long du Front se sont tournées vers la perspective d’une cessation officielle des hostilités en l’honneur de Noël. Encore une fois, cette idée a rencontré une résistance d’en haut. L’historien Stanley Weintraub commente, dans son livre, Silent Night – L’histoire de la trêve de Noël de la Première Guerre mondiale :
La plupart des hauts gradés avaient détourné le regard lorsque la fraternisation dispersée s’était produite auparavant. Une trêve de Noël, cependant, était une autre affaire. Tout relâchement de l’action au cours de la semaine de Noël pourrait saper l’esprit de sacrifice parmi les troupes qui manquaient de ferveur idéologique. Malgré les efforts des propagandistes, les réservistes allemands témoignent de peu de haine. Incités à mépriser les Allemands, les Tommies [britanniques] ne voyaient aucun intérêt impérieux à occuper les carrefours et récupérer les choux français et belges. Au contraire, les deux parties se sont battues comme des soldats ont combattu dans la plupart des guerres – pour leur survie et pour protéger les hommes qui étaient devenus une grande famille.
Dans un sens, la guerre elle-même était menée au sein d’une famille élargie, puisque le Kaiser d’Allemagne Guillaume II et le roi George V d’Angleterre étaient tous deux des petits-fils de la reine Victoria. Plus important encore, les nations belligérantes faisaient toutes partie de ce que l’on appelait jadis la chrétienté. L’ironie de ce fait n’a pas échappé aux condamnés à passer Noël au Front.
La veille de Noël, le côté allemand du Front était rayonnant de Sapins de Noël rougeoyants – des petits arbres de Noël dressés, parfois sous le feu, par des troupes déterminées à commémorer le jour saint. « Pour la plupart des soldats britanniques, l’insistance allemande à célébrer Noël a été un choc après la propagande sur la bestialité teutonique, alors que les Allemands avaient longtemps rejeté les Britanniques ainsi que les Français comme des êtres sans âme et matérialiste, incapables d’apprécier la fête avec le bon esprit, » écrit Weintraub. «Considérés par les Français et les Britanniques comme des païens – et même des sauvages – les Allemands pragmatiques ne devaient pas risquer leur vie au nom de chaque Sapin de Noël bien-aimé. Pourtant, lorsque quelques-uns ont été abattus par des tirs de rabat-joies, les Saxons [Allemands] en face de la [ligne britannique] ont obstinément passé les parapets pour remettre en place les arbres détruits.»
Les arbres de Noël rayonnants rappelaient à certaines recrues indiennes les lanternes utilisées pour célébrer la «Fête des Lumières» hindoue. Certains d’entre eux ont dû être perplexes à l’idée de se retrouver gelés, sous-alimentés et confrontés à une mort solitaire à des milliers de kilomètres de chez eux en tant que soldats dans un guerre qui opposait les nations chrétiennes. « Ne pensez pas que c’est la guerre », a écrit un soldat punjabi dans une lettre à un parent. « Ce n’est pas la guerre. C’est la fin du monde. »
Mais il y avait des âmes de chaque côté de ce conflit fratricide déterminées à préserver la décence de la chrétienté, même au milieu du conflit. À l’aube de Noël, les troupes saxonnes allemandes ont adressé leurs vœux à l’unité britannique en face d’elles : « Un joyeux Noël à vous, Anglais ! ». Cette salutation de bienvenue a provoqué une réponse insultante de la part d’un soldat des troupes écossaises, qui était légèrement irrité d’être pris pour un Anglais : « La même chose pour toi Fritz, mais ne t’étouffe pas avec tes saucisses ! »
Un coup de froid soudain avait laissé le champ de bataille gelé, ce qui était en fait un soulagement pour les troupes se vautrant dans la boue détrempée. Le long du front, les troupes se sont extraites de leurs tranchées, et de leurs redoutes, s’approchant les unes des autres avec prudence , puis avec empressement, à travers le No Man’s Land. Les salutations et les poignées de main ont été échangées, tout comme les cadeaux récupérés dans les colis envoyés depuis la maison. Des souvenirs allemands qui n’auraient normalement été obtenus que par une effusion de sang – tels que des casques à pointes, ou des boucles de ceinture Gott mit uns – ont été échangés contre des babioles britanniques similaires. Les chants étaient entendus en allemand, anglais et français. Quelques photographies ont été prises d’officiers britanniques et allemands côte à côte, sans armes, dans le No Man’s Land.
Près du saillant d’Ypres, Allemands et Écossais pourchassaient des lièvres qui, une fois capturés, servaient de repas de Noël inattendu. Peut-être que l’effort soudain de chasser les lièvres a incité certains soldats à penser à un match de football. Là encore, peu d’incitation aura été nécessaire pour inspirer de jeunes hommes compétitifs – dont beaucoup étaient des jeunes anglais recrutés hors des terrains de football – pour organiser un match. En tout cas, de nombreux récits dans des lettres et des journaux attestent du fait qu’à Noël 1914, des soldats allemands et anglais jouaient au football sur le gazon gelé du No Man’s Land.
Le lieutenant d’artillerie de campagne britannique John Wedderburn-Maxwell a décrit l’événement comme «probablement le plus extraordinaire de toute la guerre – une trêve de soldat sans aucune sanction importante de la part des officiers et des généraux…».
Cela ne veut pas dire que l’événement a rencontré une approbation sans réserve. Des échanges aléatoires de coups de feu le long du Front ont rappelé que la guerre mortelle était toujours d’actualité.
De sa position arrière, derrière les lignes, un «soldat décharné au teint jaune avec une épaisse moustache sombre et sa capuche sur les yeux» a assisté à l’éruption spontanée de la communion chrétienne avec un dédain haineux. L’estafette de campagne allemand, d’origine autrichienne a méprisé ses camarades qui échangeaient des vœux de Noël avec leurs homologues britanniques. « Une telle chose ne devrait pas se produire en temps de guerre, a grogné le caporal Adolf Hitler, N’avez-vous plus aucun sens de l’honneur allemand ? ». « Il y avait plus que des scrupules patriotiques dans la réaction d’Hitler », note Weintraub. «Bien que catholique baptisé, il a rejeté tous les vestiges de la pratique religieuse tandis que son unité marquait ce jour dans la cave du monastère de Messines.»
Qu’est-ce qui se passerait si … ?
Dans un compte rendu de la trêve de Noël du 2 janvier 1915, le London Daily Mirror notait que «l’évangile de la haine» avait perdu son attrait pour les soldats qui s’étaient rencontrés.
« Le cœur du soldat a rarement de la haine, a commenté le journal. Il sort se battre parce que c’est son travail. Ce qui a précédé – les causes de la guerre, pourquoi et dans quel but, ne le préoccupent pas beaucoup. Il se bat pour son pays et contre les ennemis de son pays. Collectivement, ceux-ci doivent être condamnés et mis en pièces. Individuellement, il sait que ce ne sont pas de mauvaises personnes. »
«De nombreux soldats britanniques et allemands, et des officiers de ligne se considéraient comme des gentlemen et des hommes d’honneur», écrit Weintraub. La base a compris que l’homme à l’autre bout du fusil, plutôt que le monstre sans âme représenté dans la propagande idéologique, avait peur et désespérait de survivre et de retourner dans sa famille. Pour beaucoup, sur le Front, ces réalités sont devenues claires à la lumière du Sapin de Noël allemand.
Dans le symbole commun de l’arbre de Noël – un ornement d’origine païenne approprié par les chrétiens il y a des siècles – les troupes britanniques et allemandes ont trouvé « un lien soudain et extraordinaire », a observé l’auteur britannique Arthur Conan Doyle [le père de Sherlock Holmes, NdT] après la guerre – un conflit qui a coûté la vie à son fils. « Ce fut un spectacle étonnant », raconte Doyle, « il doit susciter une amère pensée concernant les conspirateurs de haut niveau contre la paix du monde, qui dans leur folle ambition avaient poussé ces hommes à se prendre à la gorge plutôt que par la main. »
Dans une lettre remarquable publiée par le Times de Londres le 4 janvier, un soldat allemand a déclaré : « Comme le montrent les merveilleuses scènes dans les tranchées [pendant Noël], il n’y a aucune méchanceté de notre côté, et aucune non plus chez beaucoup de ceux qui ont été rassemblés contre nous. » Mais ce n’était certainement pas le cas de ceux qui ont orchestré la guerre, les « conspirateurs de haut niveau contre la paix du monde. » Comme le souligne l’historien britannique Niall Ferguson, les plans des va-t’en-guerre pour le monde exigeaient «un massacre maximum à un coût minimum».
La trêve informelle a eu lieu jusqu’à Noël et, à certains endroits sur le Front, jusqu’au lendemain – connu sous le nom de «Boxing Day» pour les troupes britanniques. Mais avant le Nouvel An, la guerre avait repris dans toute sa fureur diabolique, et le suicide de la chrétienté s’est poursuivi rapidement.
La plupart des guerres sont des exercices insensés de meurtres de masse et de destructions inutiles. La Première Guerre mondiale, cependant, est remarquable, non seulement pour avoir été plus évitable et moins justifiable que la plupart des guerres, mais aussi pour son rôle dans l’ouverture des portes de l’enfer. La famine massive et la ruine économique infligées à l’Allemagne pendant la guerre et ses conséquences ont alimenté le mouvement national-socialiste (nazi). Des ruines presque identiques, en Russie, ont poussé Lénine et les bolcheviks au pouvoir. Benito Mussolini, un agitateur socialiste autrefois considéré comme l’héritier de Lénine, accède au pouvoir en Italie. Des variantes radicales du nationalisme totalitaire intolérant ont ulcéré l’Europe. Les germes des guerres futures et du terrorisme ont été profondément enterrés au Moyen-Orient.
Et si la trêve de Noël de 1914 avait duré ? Une paix négociée aurait-elle pu s’ensuivre, préservant la chrétienté pendant un peu plus longtemps ? Nous ne le saurons jamais. Il est douteux que les «conspirateurs de haut niveau contre la paix du monde» auraient longtemps été dissuadés de poursuivre leurs plans démentiels. Mais la trêve – une fermata [arrêt musical] bienvenue dans la symphonie de la destruction – illustrait une vérité intemporelle de la nature de l’âme humaine telle que conçue par son Créateur.
Réfléchissant sur la trêve de Noël, l’historien écossais Roland Watson écrit : «L’État beugle les ordres : Tuer ! Mutiler ! Conquérir !» Mais un instinct plus profond, au sein de l’individu, l’empêche de tirer innocemment sur un autre individu qui ne l’a pas grandement offensé, mais qui pense plutôt comme lui : «Qu’est-ce que je fais là ?»
Will Grigg
Traduit par jj, relu par Hervé pour le Saker Francophone