Conférence aux Conseillers du Commerce Extérieur Français (CCEF), Beyrouth, le 19 juin 2015, Ibrahim Tabet |
Qu’est ce qui fait la spécificité de la politique française au Liban et au Proche-Orient par rapport à celle des autres puissances occidentales ? Comment a-t-elle évolué ? Quelle est aujourd’hui l’influence de la France dans la région ? Telles sont les questions que je me propose d’aborder.
La France et le Proche-Orient
Une politique originale
C’est au XVIe siècle que la France recommence à s’intéresser au Levant. Puissance méditerranéenne de premier ordre, elle deviendra au XIXe siècle partie prenante des rivalités de puissance autour de ce que l’on a appelé la Question d’Orient, en particulier celle qui l’opposait à l’Angleterre à l’époque coloniale. Jouant dans la région un jeu orignal, la politique française vis-à-vis de l’Empire ottoman puis du monde arabo-musulman deviendra une des plus vieilles constantes de sa diplomatie. Jusqu’à la Première Guerre mondiale, elle est dominée par les rapports complexes et ambivalents entre Paris et la Sublime Porte, de moins en moins placés sur un pied d’égalité au fur et à mesure du déclin de l’Empire ottoman.
Les Capitulations et les relations entre l’Ancien Régime et la Porte
Prenant leurs origines sous François Ier, les relations qu’entretient la monarchie française avec la Porte répondent à trois desseins : politique, religieux et commercial. Au plan politique, il s’agit de la contribution de l’Empire ottoman à l’alliance de revers tissée par la France contre la Maison des Habsbourg, Au plan religieux, la protection des catholiques d’Orient lui permet d’y conforter son influence. Enfin au plan commercial, le développement du réseau des Échelles du Levant est une grande réussite. La Capitulation signée par François Ier avec Soliman le Magnifique marque un tournant dans la politique étrangère française, qui est désormais d’avantage dictée par la raison d’État que par des considérations religieuses.
Au XIXe siècle la France se rangera tantôt contre l’Empire ottoman, comme lors de la Guerre d’indépendance grecque, tantôt à ses côtés comme lors de la guerre de Crimée. Elle n’hésitera pas non plus à s’emparer de territoires placés sous la suzeraineté nominale du sultan, comme l’Algérie, et instrumentalisera son rôle de protectrice des catholiques pour s’ingérer dans les affaires intérieures de la Porte.
Le traité entre François Ier et Soliman inaugurait malgré tout une politique nouvelle vis-à-vis des Ottomans. Sans cette politique d’amitié vis-à-vis de la Porte, la France n’aurait d’ailleurs jamais pu exercer sa protection sur les catholiques du Proche-Orient. Jusqu’à la veille de la Première Guerre mondiale, elle réussit à concilier ces deux politiques. Son objectif prioritaire est cependant le maintien de l’intégrité de l’Empire ottoman où ses intérêts économiques et son rayonnement culturel sont très importants. Sa qualité de puissance musulmane en Afrique du Nord lui impose aussi de ménager l’autorité du sultan-calife. Dans ce contexte, la France mène moins en Orient une politique chrétienne qu’une politique musulmane, où les chrétiens d’Orient ne sont qu’un facteur plus ou moins déterminant dans un jeu qui les dépasse. Mais au fur et à mesure du déclin de l’Empire ottoman, les Capitulations qui n’étaient au départ que des privilèges octroyés par les sultans se transforment en un droit de regard sur ses affaires intérieures dont la France, à l’instar des autres puissances, fera de plus en plus usage.
Les intérêts politiques, commerciaux et religieux de la monarchie française dans l’Empire entrainent aussi d’importants développements culturels. Répondant au besoin de la monarchie de se doter d’un corps de diplomates-traducteurs, chargés des relations avec les autorités ottomanes, l’État prend en charge la formation de drogmans qui, pour connaître le turc ottoman (très éloigné du turc moderne), l’arabe et le persan, doivent se familiariser avec la littérature orientale. Parallèlement l’État soutient le développement d’un véritable orientalisme autour du Collège royal, futur Collège de France, et de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.
L’expédition de Bonaparte en Égypte
Ce n’est qu’au XIXe siècle que la France commence à s’intéresser au Proche-Orient arabe. Bonaparte, lors de l’expédition d’Égypte, inaugure une politique d’ouverture vers le monde arabo-musulman, qui deviendra un trait important de la diplomatie de ses successeurs. Cette expédition est à l’origine du renouveau de l’influence française en Orient et de l’amitié franco-égyptienne, que la Restauration s’emploiera à consolider. Les découvertes archéologiques effectuées durant l’expédition déboucheront sur l’école d’égyptologie française. Sur le plan culturel l’orientalisme, en tant que discipline scientifique, qui était né à l’époque des Lumières avec la création de l’École des langues orientales en 1795, prend un nouvel essor. Sa contribution théorique à une meilleure connaissance de la civilisation et des sociétés musulmanes est complétée par celle, plus pratique, des drogmans. En 1823, c’est l’arrivée des saint-simoniens en Égypte. Leur figure de proue, Prosper Enfantin, sera à l’ origine du projet de percement du canal de Suez, dont la concession sera accordée à Ferdinand de Lesseps. Même si l’influence politique française en Égypte prendra fin avec l’occupation britannique du pays en 1882, la France y conservera une présence culturelle prépondérante. Les Anglais étant bien plus attachés à promouvoir leurs intérêts politiques et économiques que leur langue et leur culture.
L’élaboration d’une politique musulmane
Après 1815, une nouvelle phase d’expansion coloniale est amorcée sous la Restauration. Cette expansion est poursuivie avec énergie par Napoléon III. Sous la Troisième République les raisons invoquées par le parti colonialiste pour légitimer cet impérialisme sont non seulement politiques et économiques, mais idéologiques. Au nom des valeurs républicaines de liberté d’égalité et de fraternité, la France s’attribue une mission émancipatrice et civilisatrice auprès des peuples africains et asiatiques sur lesquels elle étend sa domination. Sa culture universaliste a fait qu’à la différence des Britanniques et de toutes les autres nations européennes, elle a du moins essayé de dépasser la contradiction fondamentale existant entre les principes de l’Empire et de l’État-nation, sans toutefois y parvenir.
En décidant d’associer les ulémas au pouvoir, Bonaparte avait entrepris d’administrer l’Égypte en cherchant à se faire admettre par la population musulmane. Ce choix que l’on appellera à la fin du XIXe siècle la politique des égards ou encore la politique musulmane, consistait à gouverner autant que possible les indigènes par les indigènes et à montrer un respect ostentatoire des institutions traditionnelles. Mais son héritage restera longtemps ignoré. Il appartiendra à son neveu, puis à Lyautey, de le réactualiser. Napoléon III, qui nourrissait de vastes ambitions en Orient, donnera une assise bien plus durable à la politique arabe de son oncle. En Algérie, l’empereur tentera de corriger les excès commis lors de la conquête en envisageant d’y créer un royaume arabe. Mais sa politique se heurtera à la résistance des colons et ne changera pas le sort des autochtones. Il a aussi envisagé la création d’un royaume arabe en Syrie allié à la France et gouverné par l’émir Abdel Kader sous la suzeraineté nominale de la Porte.
Après l’occupation de l’Égypte en 1882, la Grande Bretagne devient la puissance européenne prépondérante au Levant (nom donné à l’époque au Proche-Orient). En compensation, la France se voit reconnaître un rôle dominant en Afrique du Nord. Alors que cette région fait clairement l’objet d’une colonisation, l’action de la France au Levant est différente et le concept de politique d’influence y correspond mieux à la réalité. En effet, l’intégration de l’Empire ottoman dans le système d’équilibre européen et le souci de son maintien interdisent l’occupation de ses provinces arabes par une puissance européenne. Ces politiques d’influence combinent les dimensions économique, religieuse et culturelle à l’action politique proprement dite dont elles sont indissociables.
Diplomatie culturelle et systèmes d’influence
La France, en particulier, se distinguant des autres puissances coloniales, fait de la culture l’un des principaux vecteurs de sa politique étrangère. On peut même dire que la diplomatie culturelle est une invention française. Déjà l’Ancien Régime protégeait l’action des missionnaires et, à partir de la Monarchie de Juillet, le Quai d’Orsay, en accordant des subventions au système scolaire francophone, en fait un instrument majeur de sa politique. C’est en effet la langue qui apparaît comme mieux à même d’asseoir durablement l’influence française. A partir de l’ère des réformes, l’Empire ottoman adopte le français comme seconde langue administrative et bien sûr comme langue de la diplomatie, ce qui est d’ailleurs le cas partout dans le monde. Dès lors, ce n’est plus seulement les chrétiens mais les élites musulmanes qui se mettent au français par besoin, et celui-ci devient la langue d’accès à la modernité par excellence. L’influence française s’est également manifestée dans le domaine juridique par l’adoption de codes d’inspiration française. Après la guerre de Crimée un autre événement considérable a concouru à la propagation de la culture française au sein de l’Empire ottoman. Victor Duruy, ministre de l’instruction publique de Napoléon III, soumet au sultan un projet de réforme de l’enseignement ottoman. Un règlement instaure le système éducatif des lycées en 1868. Le premier d’entre eux est le lycée impérial de Galatasaray, fondé à Istanbul avec l’appui du gouvernement français. Destiné à une élite, il deviendra par la suite l’université la plus prestigieuse d’Istanbul.
Après la guerre de 1870, la Troisième République crée en 1883 le réseau des Alliances françaises, avec la mission de favoriser la propagation de la langue et de la culture française dans le monde. En 1901, elle fonde la Mission laïque française ayant pour mission de créer des lycées dont la vocation est d’attirer d’avantage de non-chrétiens. En 1903, elle expulse les ordres religieux, ce qui entraîne la fermeture de leurs collèges et oblige les enseignants à quitter la France. Mais son idéologie laïque et la séparation de l’Église et de l’État ne l’empêchent pas de soutenir l’œuvre des missions catholiques en Orient : l’anticléricalisme n’est pas un objet d’exportation, affirme Gambetta.
A la veille de la Première Guerre mondiale la France jouit dans l’Empire ottoman d’un prestige et d’une influence culturelle qu’aucune autre puissance ne saurait égaler. Barrès écrira à Jaurès : «En Orient nous représentons la spiritualité, la justice, la catégorie de l’idéal. L’Angleterre y est puissante, l’Allemagne toute-puissante, mais nous possédons les âmes.» Les moyens financiers très importants consacrés par le Quai d’Orsay au rayonnement de la politique culturelle sont gérés par le Bureau des Écoles et Œuvres françaises à l’étranger, créé en 1909, et qui devient le 15 janvier 1920 le Service des Œuvres Françaises à l’étranger.
En 1914, le Quai d’Orsay subventionne dans l’Empire ottoman un réseau considérable d’écoles et d’établissements charitables (hôpitaux, orphelinats, etc.). Il y a au moins cent mille élèves ottomans qui fréquentent les écoles missionnaires ou laïques françaises. Et l’ensemble de la Méditerranée orientale adopte le français comme langue étrangère de culture et de communication. C’est particulièrement vrai au Levant, où nait une civilisation levantine d’expression française dont les ports cosmopolites comme Beyrouth et Alexandrie sont l’exemple le plus achevé. Le noyau de cette France du Levant, comme on aimait l’appeler en France, est formé de Levantins : commerçants français et italiens installés depuis des siècles dans les Échelles du Levant et devenus sujets ottomans, tout en étant sous protection consulaire française. Il comprend aussi les très nombreux protégés autochtones, ce qui a pour effet de les soustraire, ainsi que leurs familles, à la justice et à la fiscalité ottomane. Les puissances européennes, surtout la France, se constituaient ainsi de véritables réseaux de clientèles jouant un rôle important dans la large panoplie d’instruments dont disposaient leurs systèmes d’influence : «Pour développer notre commerce, nous construisons des routes, des canaux, des chemins de fer. De même pour augmenter notre expansion intellectuelle nous devons propager notre langue. Le rôle des écoles françaises est primordial au milieu des populations que nous voulons gagner à notre sympathie… Cet enseignement fait plus que vulgariser notre langue et répandre nos idées, il crée en la personne de chaque étudiant promu avocat, médecin, professeur ou prêtre, un foyer d’influence, un auxiliaire de propagande, un instrument d’action», écrit Gaston Bordat dans L’influence française en Orient.
L’action des organisations non étatiques
La promotion des intérêts politiques, économiques et culturels français au Levant n’est pas uniquement l’affaire de l’État, mais aussi d’acteurs nonétatiques comme les Chambres de commerce de Lyon et de Marseille ou le Comité de l’Asie française, groupe de réflexion et de pression qui réunit des hommes politiques et d’affaires, des publicistes et des intellectuels. D’autres institutions ont un objet plus spécifiquement culturel. C’est le cas de la Renaissance française fondée en 1915 par Raymond Poincaré, qui a pour mission de participer au rayonnement de la langue, de la culture et des valeurs françaises et francophones et de contribuer au rapprochement des peuples.
Recentrage sur la Syrie naturelle et politique musulmane de la France
A la veille de la Grande Guerre, la France jouit encore d’une grande influence politique auprès de la Porte et son rayonnement culturel est sans pareil. Au plan économique, si elle n’est que le deuxième ou troisième partenaire commercial de l’Empire, elle y est de loin le premier investisseur et le premier détenteur de la dette publique. Bien que ses intérêts en Afrique du Nord soient plus importants qu’en Syrie et au Mont-Liban, la France y jouit d’une position culturelle, économique et politique prépondérante. Et, alors que son influence politique auprès de la Porte est battue en brèche par la Grande-Bretagne puis l’Allemagne, elle adopte une politique faisant des provinces syriennes une zone d’influence privilégiée. Celle-ci se traduit au niveau économique par un recentrage de ses investissements sur la Syrie et le Mont-Liban. Au niveau politique, à partir des années 1910, la France ne pouvant se satisfaire du seul clientéliste des non-musulmans, la politique musulmane initiée par Bonaparte est réactualisée. A cet effet est créé une Commission interministérielle des affaires musulmanes, et une chaire de sociologie musulmane au Collège de France, qui jouera un rôle important dans la définition de la politique musulmane de la France. Louis Massignon en particulier prônera des vues libérales visant notamment à atténuer le choc de la colonisation en se montrant beaucoup plus respectueux de la culture et de la civilisation musulmanes. Tranchant avec celle des milieux colonialistes traditionnels, elles seront vivement combattues par ces derniers.
Dans le cadre de ce qu’on appellera la politique des notables, la diplomatie française entreprend d’entretenir avec les notables musulmans des relations cordiales. Il s’agit de ne plus donner l’impression que la protection des chrétiens se fait au détriment de la majorité musulmane. La diplomatie française cherche à développer son influence avec plus ou moins de succès auprès des musulmans sunnites syriens, de plus en plus gagnés au nationalisme pan-arabe ou pan-syrien. Quant à l’intérêt nouveau pour les minorités druze et alaouite, il annonce ce que seront les grands traits de la politique française s’appuyant sous les minorités sous le mandat.
La politique arabe sous la Cinquième République
Sous la Quatrième République, la guerre d’Algérie, le soutien du gouvernement français à Israël et l’agression contre l’Égypte ruinent complètement le crédit de la France dans le monde arabe. Il appartiendra au général de Gaulle de le rétablir et de jeter les bases de la politique arabe de la France, qui sera poursuivie par ses successeurs. C’est ainsi que les présidents Pompidou et Giscard d’Estaing œuvreront pour la paix au Moyen-Orient et la reconnaissance des droits des Palestiniens. En 2003, le président Chirac, adoptant face aux États-Unis une posture gaullienne, aura le courage de s’opposer à l’invasion de l’Irak, mettant en garde de manière prémonitoire contre les risques d’un conflit de civilisation entre le monde arabo-musulman et l’Occident. Et le président Sarkozy a lancé le projet, malheureusement mort-né, d’Union pour la Méditerranée, visant à promouvoir la coopération entre les pays de ses rives Nord et Sud.
A partir du choc pétrolier de 1973, ce n’est désormais plus seulement l’Égypte et le Liban qui focalisent l’intérêt de la diplomatie française, mais les riches pétromonarchies du Golfe, autrefois chasse gardée anglo-américaine. Les relations avec ces pays sont largement marquées par ce qu’on pourrait appeler une diplomatie des contrats. Lors de leurs voyages dans la région, les présidents de la République se font accompagner des dirigeants des grandes entreprises françaises et leurs visites se clôturent généralement par l’annonce de la signature de grands contrats dans des domaines comme l’armement, l’énergie ou le BTP. Grâce à une politique équilibrée concernant le conflit israélo-palestinien et à sa position sur le dossier du nucléaire iranien, la France y jouit aujourd’hui d’un considérable crédit politique, qui s’est traduit notamment par l’acquisition d’avions de combat Rafale par le Qatar. Et la création d’antennes du Louvre et de la Sorbonne dans les Émirats y témoigne du prestige de la culture française.
L’Organisation internationale de la francophonie (OIF)
Parmi les instruments de l’influence française figure l’Organisation internationale de la francophonie, crée en 1970 sous l’appellation, à l’origine, d’Agence de coopération culturelle et technique. Elle a pour mission de donner corps à une solidarité active entre les 57 États qui la composent. Elle agit à travers des opérateurs comme l’Agence universitaire de la francophonie et TV5. La tenue tous les deux ans d’un sommet des chefs d’États et de gouvernements et l’existence d’une assemblée des parlementaires francophones font que son champ d’action ne se limite pas à la défense de la langue française et à la culture, mais a une dimension politique et englobe le développement et l’économie ainsi que la promotion de la paix, de la démocratie et des droits de l’homme.
Entre droits de l’homme et realpolitik
Aujourd’hui, si l’économie est devenue la priorité de la politique étrangère française, celle-ci est également très active en matière d’aide au développement, d’actions humanitaires, et surtout de diplomatie culturelle à travers le réseau mondial d’Instituts français. Sur ce plan, elle s’attache autant à promouvoir sa langue, sa culture et ses valeurs que la diversité culturelle et les cultures locales.
La France est aussi un des pays les plus attachés à la défense des droits de l’homme, principe qui se heurte cependant aux impératifs économiques et de realpolitik. Les gouvernements français successifs veillent ainsi à ne pas critiquer les pratiques exécrables du Qatar et de l’Arabie Saoudite en la matière. Et ils ont longtemps fait preuve de complaisance envers les régimes autoritaires établis jusqu’au début du soi-disant Printemps arabe, qui a marqué un basculement de la politique française en faveur du droit des peuples arabes.
Tirant une première conclusion de ces événements, le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, devait déclarer à l’issue d’un colloque organisé à l’Institut du monde arabe à Paris le 16 avril 2011 : «Trop longtemps nous avons pensé que les régimes autoritaires étaient les seuls remparts contre l’extrémisme dans le monde arabe. Trop longtemps, nous avons brandi le prétexte islamiste pour justifier une certaine complaisance à l‘égard de gouvernements qui bafouaient la liberté et freinaient le développement de leur pays.» Laissant entrevoir une nouvelle politique arabe de la France axée sur la défense des droits de l’homme et l’aide au développement, il a ajouté : «Ce printemps arabe est pour nous un immense espoir, mais aussi un immense défi… Nous devons tous nous mobiliser pour assurer la réussite de la transition politique.» Il a exprimé la volonté de la France de «changer notre regard sur le monde arabe» et «d’élargir le spectre de ses interlocuteurs à l’ensemble de la société civile».
A suivre, la France et le Liban …
Note du Saker Francophone
Nous remercions Ibrahim Tabet de nous faire partager son érudition et sa vision du Proche-Orient. Cette diversité de pensées et d’opinions permet à chacun de se faire une meilleure idée du monde d’aujourd’hui qui plonge ses racines dans l’Histoire.
Après une carrière professionnelle qui s’est entièrement déroulée dans le domaine des médias et de la publicité, je me suis reconverti dans l’édition et l’écriture. Je fais aussi fait partie d’organismes a but non lucratif comme le Forum Francophone des Affaires et l’association Libanaise pour la transparence qui lutte contre la corruption.
Il est aussi l’auteur du livre La France au Liban et au Proche Orient, aux éditions de la Revue Phénicienne.