Par le Saker original – Le 22 juin 2015 – Source thesaker.is
Deux petits articles de presse n’ont pas beaucoup attiré l’attention dernièrement, pourtant ils pourraient être le signe que quelque chose d’important va se passer en Ukraine.
Porochenko a renvoyé le célèbre chef du tout aussi célèbre Service de sécurité de l’Ukraine, ou SBU: Valentin Nalivaichenko.
Sergei Ivanov, le puissant Vice-premier ministre russe, a déclaré que les États-Unis et la Russie avaient mis en place un canal bilatéral de communication sur l’Ukraine, dirigé par Victoria Nuland, Secrétaire d’État adjointe chargée des affaires européennes et eurasiatiques, pour les États-Unis, et Grigori Karasin, le ministre des Affaires étrangères adjoint, pour la Russie. La raison officielle était de «de ne pas compliquer le Format Normandie, déjà délicat».
Donc d’une part, nous avons Kerry et Nuland, qui sont allés en Russie et qui, de toute évidence, n’ont rien obtenu de ce qu’ils demandaient, mais obtiennent maintenant un canal de communication, tandis qu’au même moment, Nalivaichenko, contrôlé à 100% par les États-Unis, dont on dit qu’il est actuellement un agent de la CIA recruté il y a des années, est mis à la porte par Porochenko. La rumeur dit aussi que Arsen Avakov, le ministre des Affaires intérieures, sera le prochain à être chassé.
Ces deux-là vont maintenant communiquer ?
Il pourrait n’y avoir aucune communication ici, mais je parie qu’il y en a une.
La raison pour laquelle Nalivaichenko a été renvoyé n’est pas tant due aux différents scandales de corruption dans lesquels lui – et tous les autres membres de la junte – étaient impliqués qu’à la tentative de Porochenko de placer ses hommes dans toutes les positions clé (de pouvoir). Cela, à son tour, montre que son régime s’affaiblit, plutôt qu’il ne se renforce – d’où la nécessité de le renforcer et de le consolider.
Je crois aussi que les Américains sont tout à fait conscients de ce processus et c’est pourquoi ils veulent maintenant un canal de communication direct avec la Russie: parce qu’ils réalisent pleinement que les deux seules puissances qui comptent, en réalité, sont les États-Unis et la Russie, en particulier maintenant que les événements échappent au contrôle de Kiev.
L’un des meilleurs spécialistes de l’Ukraine là-bas, Ishchenko, affirme maintenant que les États-Unis ont conclu que l’Ukraine est un capharnaüm et qu’ils essaient maintenant de s’en dépêtrer à moindres frais. Je suis plutôt d’accord avec cette explication, bien que je ne sois pas aussi confiant qu’Ishchenko dans le fait que nous verrons ce retrait politique dès cette année.
Parce que ne vous y trompez pas: les 300 millions de dollars alloués par le Congrès pour armer l’Ukraine sont une plaisanterie. Une goutte d’eau dans le désert. Cela ne changera rien. La plus grande partie sera volée et le reste sera gaspillé.
L’attaque ukronazie attendue sur la Novorussie n’a pas eu lieu et, tandis que la rhétorique de Kiev est plus belliqueuse que jamais, que les forces ukronazies le long de la ligne de front bombardent continuellement la Novorussie, aucune réelle attaque à grande échelle n’a eu lieu. Est-ce que ce serait dû au fait que les Ukronazis ont vraiment peur des conséquences d’une contre-attaque novorusse toujours possible ?
Il devient aussi de plus en plus évident que les États-Unis ont échoué à isoler la Russie et que l’économie russe est en train de faire beaucoup mieux que quiconque, y compris le Kremlin, ne s’y attendait.
Donc si l’Ukraine ukronazie ne peut pas être utilisée pour monter une attaque contre la Novorussie dans le but de forcer la Russie à intervenir, et si la guerre civile en Ukraine a échoué à provoquer la sorte d’isolement et de sanctions contre la Russie que voulait Washington – alors quelle est l’utilité de l’Ukraine pour l’Oncle Sam ?
Oui, bien sûr, il y a le port d’Odessa et quelques ressources industrielles et naturelles que les grandes sociétés occidentales pourront acquérir pour une bouchée de pain, mais ces bénéfices font piètre figure en comparaison des immenses coûts nécessaires pour s’attaquer un tant soit peu aux énormes problèmes économiques, sociaux et politiques de l’Ukraine.
Cela viendra tôt ou tard, de toute façon. Les États-Unis ont fait un gâchis sans nom de l’Afghanistan, du Yémen, de l’Irak, de la Syrie, de la Libye, et ils ont toujours fini par s’en sortir, au moins politiquement. Pourquoi serait-ce différent pour l’Ukraine ?
Je suggère que si les analystes états-uniens sont arrivés à la conclusion qu’il n’y a aucun espoir de contraindre la Russie à envoyer son armée au Donbass, alors l’Ukraine devient inutile. Les chances que la Russie le fassent semblent très proches de zéro actuellement. Certes, il y a la très dangereuse situation en Transnistrie, qui pourrait, vraiment, contraindre la Russie à intervenir, mais pour quelque raison les États-Unis ne semblent pas désireux de déclencher une crise immédiate. Se pourrait-il que les États-Unis gardent la Transnistrie comme une monnaie d’échange contre la Russie. dans une sorte de stratégie «Ne faites rien de trop mauvais pour nous, sinon…» ? C’est possible. Honnêtement, je ne sais pas.
Ce sera intéressant de voir Avakov se faire renvoyer bientôt et d’observer comment les divers escadrons de la mort ukronazis réagiront à l’expulsion de leurs patrons à Kiev.
The Saker
Traduit par Diane, relu par Hervé pour le Saker francophone