La démocratie, incapable de se défendre, est devenue une vieille relique condamnée


Par Eugène Fedorov – Le 10 avril 2015

Eugène Fedorov [en russe: Евгений Алексеевич Фёдоров], né le 11 mai 1963 à Leningrad, est un homme politique russe, député de la Douma d’État [Parlement] de l’Assemblée fédérale de Russie depuis quatre mandats, président de la Commission de politique économique de la Douma d’État, membre du Conseil politique central du parti Russie unie, docteur en philosophie et Conseiller d’État de la Fédération de Russie, il nous explique dans une vidéo très pédagogique, sous-titrée dans le langue de Molière, le mode d’emploi des techniques modernes de régime change.

Préambule

A la différence des régimes autocratiques – monarchies, dictatures – les démocraties représentatives à mandat non impératif que nous connaissons aujourd’hui n’ont pas les moyens de se défendre efficacement contre les subversions, d’origine interne ou externe, menées avec des moyens plus ou moins élaborés qui utilisent les propres atouts de la démocratie pour la renverser.

Il est difficile de corrompre un roi ou un dictateur, celui-ci disposant déjà de tout, par définition ; il est plus difficile encore de corrompre un peuple entier, cela coûterait beaucoup trop cher et résoudrait d’ailleurs en même temps le problème de la distribution des richesses, et donc de la gouvernance politique idéale ; tous corrompus signifiant tous égaux.

La ruse ultime consiste à regrouper tout le pouvoir entre les mains de quelques-uns. Dans les démocraties formelles, ce sera au niveau d’un parti unique élisant ses délégués dans une assemblée populaire suprême, comme en Corée du Nord, ou au niveau d’une oligarchie ploutocratique élisant également ses représentants dans une chambre des représentants, comme aux États-Unis. Dans les deux cas, la corruption interne fonctionne parfaitement dans un cadre pseudo-démocratique.

Dans ces pseudo-démocraties, le fonctionnement ne diffère pas de celui des dictatures pures et simples, seul le décor change. L’État profond est structuré de la même manière.

Restent les vraies démocraties, belles et pures, telles qu’on les trouve en Europe, style social-démocratie. Bien que n’étant pas exemptes de corruption, elles gardent tout de même encore de véritables préoccupations quant au bien-être de leurs populations, le mot de démocratie n’est donc pas totalement usurpé dans ce cas – pour l’instant.

Lorsqu’un pouvoir hégémonique de nature dictatoriale ou pseudo-démocratique veut s’emparer des ressources d’un autre État qui lui résiste, il a deux solutions : la guerre ou la corruption. Bien que l’idéal soit de préparer la guerre pour enrichir les conglomérats, mais sans la faire, il préfère à priori la seconde solution, encore faut-il que la corruption soit possible. Il faut pour cela que l’État à corrompre soit une véritable démocratie, avec tous ses atours, dans laquelle l’agresseur pourra installer lentement sa cinquième colonne sans susciter la méfiance, afin d’obtenir un changement de régime qui lui convienne, en exploitant justement les atouts de la démocratie : liberté d’expression, liberté de déplacement des personnes et des capitaux, liberté d’installation d’ONG et de fondations diverses, et surtout liberté de manifestation.

La CIA et tous les services de renseignements occidentaux ont depuis longtemps théorisé et mis en œuvre ces procédés dans le cadre des révolutions de couleur ou des  printemps diversement fleuris, avec des succès mitigés dans l’exécution et des échecs certains dans les résultats.

Le Saker Francophone

La vidéo ci-dessous, sous-titrée en français, fait en détail l’autopsie des techniques de corruption et d’infiltration employées pour réaliser un changement de régime en s’appuyant sur les événements liés à l’assassinat de Nemtsov le 27 février 2015.

 

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