«Hissez le faux drapeau»
Je ne suis pas celui que vous croyez…


Par Philip Giraldi – Le 27 janvier 2015 – Source unz review

Alors que l’identité des organisateurs des attaques terroristes à Paris reste incertaine, si tant est qu’il y ait quelque chose à découvrir, pas mal de spéculations quant aux motivations et aux moyens mis en oeuvre sont inévitables.

Si on applique la logique dite du cui bono [à qui profite le crime, NdT], on peut peut-être dégager deux bénéficiaires potentiels. Le premier serait une organisation finançant le terrorisme, revendiquant le succès de cette opération de représailles contre un gouvernement important du monde occidental, considéré comme un ennemi pour sa participation aux guerres contre les islamistes.

Les organisations terroristes font couramment ce genre de déclarations après une attaque, par là même elles fondent ainsi une certaine réputation qui attire, comme un aimant, de nouveaux volontaires et des financements. Très souvent, ces dires restent suspects quant à leurs véracités, surtout depuis qu’il s’avère que de nombreux actes terroristes posés ici et là correspondent plutôt à des opérations sous franchises absolument décentralisées, et conduites sans aucune direction ou soutien par des loups solitaires.

L’autre possibilité est l’État d’Israël. Celui-ci récolterait un bénéfice évident à voir se perpétrer une attaque terroriste sur le sol français, et aurait donc de très bonnes raisons de permettre ou encourager une telle attaque.

D’abord, cela entraînerait un revirement dans la dynamique française (et européenne) de soutenir l’édification d’un État palestinien, principe que Paris et d’autres capitales européennes ont avalisé aux nations unies le 30 décembre dernier.

Deuxièmement, une attaque terroriste neutraliserait le discours dénonciateur portés par les médias, quant aux brutalités infligées aux Palestiniens. Et troisièmement, cela accentuerait des sentiments anti-islamiques (plutôt latents), et ramèneraient les européens dans les sentiers de la guerre perpétuelle au terrorisme, laquelle lie inextricablement les musulmans au terrorisme, et fait – mécaniquement – des ennemis d’Israël, les ennemis naturels à la fois de l’Europe et des USA.

Pour démontrer ce qui pourrait être le point de vue réel du gouvernement israélien, il suffit de se rappeler la satisfaction du premier ministre Benjamin Netanyahou, à la nouvelle des attentats du 11 septembre. Il a déclaré: «Nous bénéficions d’une chose, et cette chose c’est l’attaque des tours jumelles et contre le Pentagone, et la guerre en Iraq menée par les Américains, a fait pencher l’opinion public américaine en notre faveur.»

Netanyahou savait que l’attaque pouvait être manipulée pour lier inextricablement les USA aux vues israéliennes sur la nature du terrorisme islamiste, et de son traitement. En ce sens, il ne s’est pas trompé, et les USA ont depuis payé le prix fort de leur politique, aussi disproportionnée que mal documentée, dans leur lutte contre le terrorisme. La performance étrange de Netanyahou, lors de la manifestation de soutien pour Charlie Hebdo, à Paris, suggère aussi qu’il se prépare à avancer quelques pions pour engranger un bénéfice politique maximal, tant pour lui-même que pour l’État israélien.

Mais malgré l’évidence selon laquelle Tel Aviv aimerait voir plus d’attaques terroristes sur le sol européen et, partant. de supputer qu’Israël pourrait s’être directement impliqué ou ne serait-ce qu’avoir été informé des événements qui allaient se tenir aux bureaux de Charlie Hebdo, ce genre de discours produit toujours la même réponse ô combien prédictible, à savoir que ce sont des antisémites, ceux qui font ce genre de commentaires, qu’Israël n’est pas à ce point cynique ou malfaisant pour se rendre coupable de tels actes.

Un expert a écarté nonchalamment des spéculations qui suggèreraient que l’attaque a été planifiée «spécifiquement par les super-agents fanatisés du Mossad israélien. Une telle théorie est stupide et injurieuse, et également à bien des égards intrinsèquement incorrecte».

Une opération sous faux drapeau correspond à une opération dont les commanditaires adoptent une fausse identité, le plus souvent en prétendant représenter un autre pays ou adhérer à une autre organisation que la leur.

Parce qu’Israël est méprisé de par le monde, ses agents reconnaissent rarement leurs affiliations véritables. Et ce pays a une longue histoire d’opérations sous faux drapeaux, parfois même de nature criminelle, pour l’exemple le cas Lavon datant de 1954, où les Israéliens ont tenté de faire exploser les bureaux du gouvernement des USA à Alexandrie, et d’en accuser les Égyptiens. Ils utilisent fréquemment des passeports non israéliens, beaucoup fournis à leur insu par des immigrants en provenance des USA, du Canada, d’Europe ou d’Océanie, et ce afin de couvrir leurs agents dans des opérations à l’étranger.

Lors d’opérations contre l’Iran, les Israéliens se sont parfois fait passer pour des Américains, considérant avec raison que peu de dissidents iraniens voudraient coopérer avec Israël.

Un grand avantage pour Israël, lors de la mise en ouvre d’une opération criminelle, réside dans le vivier juif de la diaspora, venant de pays arabes, parlant l’arabe couramment et connaissant à la fois la culture et la religion islamique. En utilisant de fausses identités et passeports, ils pourraient facilement prétendre avoir des liens soit avec al-Qaeda soit avec l’état dit islamique [qui n’a rien d’islamique, NdT], et ce ne serait pas très difficile pour eux d’infiltrer de petits groupes radicaux ou de prendre contact avec des individus en pertes de repères, dans un pays cible quelconque.

Par le passé, alors que les organisation terroristes étaient étroitement contrôlées d’en haut, il aurait été difficile de se faire passer pour un membre de tels groupes, au risque d’être démasqué. Aujourd’hui, la décentralisation des actes terroristes, durant les dix dernières années, a grandement réduit la probabilité de ce genre d’éventualité.

L’argument massue de l’impossibilité d’une implication d’Israël, réside dans la croyance selon laquelle une opération sous faux drapeau serait bien trop difficile à mener à bien. En vérité, la plus grande difficulté est de rester hors de portée de la police locale alors qu’on prétend être quelqu’un d’autre, un risque qu’on désigne sous la formule retour de flamme, dans les milieux concernés.

Les personnes cibles qu’on veut voir commettre des attentats seront de préférence du genre crédules, et désireuses de coopérer une fois que l’entrée dans le groupe est actée, et que sa crédibilité est établie. Une analogie avec les méthodes du FBI dans le cadre de ses opérations sur le sol des USA, ne serait pas inappropriée.

Le FBI travaille avec l’Agence de sécurité nationale (NSA) afin d’identifier les cibles potentielles, en scrutant les courriers électroniques et les appels téléphoniques. Il infiltre alors un agent dans le groupe-cible, celui-ci, sous une fausse identité, prétendra partager les vues des personnes-cibles. A ce niveau de développement, c’est assez sordide comme situation, au moins si l’on en croit le dires du FBI.

En effet, comme le fait que l’agent du FBI, dans sa tentative de pousser et aider les terroristes en puissance à commettre effectivement un attentat, pourrait être perçu comme un coup monté – qui serait automatiquement déclaré comme inacceptable aux yeux de la loi – le risque existe qu’aucune charge ne soit susceptible d’être retenue contre les personnes cibles. Mais de récentes évolutions de la législation anti-terroriste ont libéré des marges de manœuvres maximales pour les procureurs, puisqu’à ce jour ils n’ont qu’à démontrer l’existence d’une aide matérielle ou d’autre nature à un projet d’attentat.

Suite aux événements du 11 septembre, la ligne distinguant le fait d’encourager et celui de rendre possible un attentat est devenue assez trouble, même quand les agents infiltrés fournissent des armes qui ne fonctionnent pas ou des bombes qui ne peuvent exploser. En pratique, la plupart des terroristes arrêtés aux USA sont matériellement incapables de mener des attentats; ils sont néanmoins condamnés régulièrement sur cette base. Cela est dû à l’implication de l’agent, qui est réputé largement et plus que de raison responsable de la planification du crime, et de sa réalisation.

En réalité, l’agent du FBI joue le même rôle qu’un agent du Mossad ou issu d’autres services, en infiltrant un groupe, et en poussant ses membres au crime. Les personnes cibles sont identifiables sur internet grâce aux moyens de communication très perfectionnés dont dispose Israël, et un agent attend la bonne occasion pour opérer une prise de contact inoffensive. Une fois le contact réalisé, la relation peut évoluer vers le point de non-retour où l’agent devient un collaborateur plus actif, et suggère de passer à l’acte. Il se retire alors graduellement des activités du groupe, et laisse les personnes-cibles exécuter les consignes.

Je ne suis pas en train de suggérer qu’Israël (ou un autre pays) soit effectivement derrière les deux attentats de Paris, mais il serait fou d’en exclure la possibilité. Les réactions des têtes à claques contre les théories conspirationnistes sont objectivement aussi irrationnelles que certaines théories évoquées, mais quiconque est un peu ouvert sur le monde devrait se poser des questions sur ces étranges coïncidences depuis ces quatorze dernières années.

Les remises en cause de la version officielle du 11 septembre sont régulièrement raillées, et ceux qui les défendent qualifiés de cinglés crédules, mais ceux qui ont lu l’entièreté du rapport de la commission éponyme peuvent facilement conclure que le plus gros morceau manque, comme par exemple le chapitre sur l’implication effective de l’Arabie saoudite. J’ai aussi indiqué par le passé que les indices menant à une piste israélo-pakistanaise n’ont pas été exploités, ni même évoqués dans ce rapport. On en conclurait presque que le rôle d’un gouvernement, de nos jours, est juste de raconter une belle histoire qui exonèrerait ses actes, faisant par là même de la vérité une richesse bien rare…

Traduit par Geoffrey, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone

   Envoyer l'article en PDF