Ils ont rarement la parole, ils sont grecs, communistes, et ont une opinion


Il n’y a pas de place pour d’autres illusions ! Que ce soit avec le nouvel accord barbare, ou avec l’imposition d’un Grexit, l’avenir pour le peuple sera sombre



Proposé par Alexandre Moumbaris – le 16 juillet 2015

Déclaration du Parti communiste grec (m-l)

Une nouvelle ronde d’illusions semble se préparer sur un fond d’irruption de contradictions au sein de SYRIZA, même au moment où le peuple est menacé d’un nouveau paquet de mesures barbares, d’un nouveau mémorandum. Et une fois de plus, la source de ces illusions vient des cercles de SYRIZA, et plus précisément de la Plate-forme de gauche. Coincée elle aussi dans les impasses de la politique erratique de SYRIZA et de sa rhétorique prétendument populaire, qu’elle a promue et soutenue avec consistance et zèle pendant des années, conjointement responsable du désarmement idéologique et politique du peuple et de son mouvement, après avoir servi aux premières tables du dernier mandat du gouvernement de SYRIZA, elle cherche maintenant dare-dare à se trouver une sortie de secours.

Et non seulement ses membres n’assument pas leurs responsabilités envers un peuple qu’ils ont suborné de la pire façon et avec le sceau de la gauche, mais ils rehaussent leur provocation et se présentent avec LA solution : le retour à la soi-disant monnaie nationale. En effet, ils accompagnent cette proposition avec des mesures comme la nationalisation des banques, l’annulation de la dette, etc. qui assurent et complètent cette prétendue solution. Ces mesures coïncident avec les prétendus programmes de transition qu’ont adoptés et dont font la propagande une série de forces de la gauche extra-parlementaire.

Comme par hasard, selon ce plan il suffirait que le pays sorte de la zone euro pour que s’ouvre une nouvelle voie de développement, tout en restant dans l’UE.

C’est une approche tout à fait déconcertante pour le peuple, évoluant dans la logique de la facilité et des illusions. Il s’agit d’une approche qui flotte dans l’air et qui augmente la confusion parmi les masses populaires qui sont déjà, d’une manière ou d’une autre, dans une situation très difficile. Elle embrume les esprits et vise à sauver l’ensemble de SYRIZA de la faillite, d’occulter les responsabilités de TOUTE sa direction. C’est une approche qui devrait être dénoncée ouvertement, car non seulement le NON au protocole n’avance pas, mais il enferme le peuple dans le cadre de la dépendance et de l’exploitation.

– Pourquoi ignorer le fait que ce pays et sa classe dirigeante sont étroitement dépendants des impérialistes étasuniens et de l’UE, et que cette dépendance s’est accrue au cours des années de memoranda, par l’imposition d’un rapport de forces aux dépens du peuple et de ses intérêts? Un rapport de forces qui n’a pas été fait par les impérialistes pour le lâcher à la première occasion, mais plutôt pour l’exploiter et le défendre dans tous les sens : politiquement (en utilisant les relations avec la classe dirigeante locale et les diverses couches intermédiaires moyennes), économiquement (en exploitant la dissolution du tissu productif et la saisie de matières premières du pays), mais aussi militairement (rappelons-nous la présence des bases de l’Otan dans le pays, que certaines personnes oublient avec beaucoup de facilité).

– Pourquoi cette approche ignore-elle que ce pays est un pays capitaliste, qu’il évolue sur une base de domination de classe par le capital au détriment de la classe ouvrière, et est basé sur la surexploitation de la majorité sociale par une poignée de ploutocrates?

– Pourquoi ignore-elle le déprimant rapport de forces qui s’est formé – avec leur lourde responsabilité – aux dépens du peuple et de la classe ouvrière suite à la défaite du mouvement communiste ouvrier révolutionnaire?

– Parce que dans son extension – précisément parce qu’elle néglige tous les précédents – elle établit un alibi pour le renforcement des tendances pseudo-patriotiques d’extrême droite, nationalistes, au sein de la population. Nous n’oublions pas la Constitution de 2011 et les retrouvailles des gauches avec les nationaux-patriotes derrière le OUST!, comme nous n’oublions pas le partenariat gouvernemental de tous ceux-là avec les pseudo-patriotes d’extrême-droite d’ANEL.

Toute personne qui croit que la prétendue monnaie nationale est une sortie de l’étreinte étouffante des impérialistes, est profondément aveugle. Toute personne qui croit que l’indépendance par rapport au États-Unis, pays des faucons impérialistes (qu’oublient soigneusement tous ces experts) et de l’UE n’est qu’une question économico-technique, ne comprend rien.

L’indépendance du pays – le devenir du peuple maître dans son pays – est d’abord et avant tout une question propre au peuple lui-même. Et c’est une chose dont on ne lui fera pas cadeau, pour laquelle il aura besoin de se battre durement! C’est une question qui ne se vérifie pas avec les sondages, mais par les voies de la lutte. C’est pour cette raison que les états-majors impérialistes n’ont pas transpiré devant SYRIZA, ni devant les résultats du référendum. Ce qui les a vraiment ennuyés a été les deux ans (2010-2012) de lutte avec les magnifiques grèves et les manifestations de masse.

Avec ces termes-là donc, dans la réalité d’aujourd’hui et avec le rapport de forces actuel, toute éventuelle circulation de monnaie nationale ne se fera pas en termes de choix indépendant, mais en termes de contrainte impérialiste. C’est-à-dire en termes d’attaque véhémente contre les droits populaires, ouvriers et démocratiques, en termes de pillage des revenus et de la richesse de la population du pays. Et le paysage qui résultera n’aura aucun rapport avec ce qui existait dans le pays avant 2001, quand il a rejoint la zone euro ; ce sera bien pire. Voilà pourquoi l’expression retour à la monnaie nationale est trompeuse. Il n’y aura aucun retour. Il y aura une nouvelle situation, dure pour le peuple avec les mêmes ennemis : les impérialistes d’une part, et la classe dirigeante, le capital local de l’autre. C’est pour cela donc que nous ne devrions pas être surpris du tout par l’adoption de la ligne Grexit par les cercles du capital allemand qu’exprime Schäuble.

Les défenseurs de la monnaie nationale ne disent pas un mot à propos de tout cela, ni dans SYRIZA ni en dehors. Au contraire, ce qu’ils disent, et ce qu’ils espèrent peut-être, est l’adoption du pays par certains autres protecteurs. Il semblerait que ce soit comme ça que les défenseurs du NON courageux au référendum entendent l’indépendance du pays. Sauf s’ils sont tellement naïfs qu’ils ne réalisent pas ce qu’est l’impérialisme, et en échange de quoi il offre son soutien.

Notre peuple se trouve dans une phase très critique. Une nouvelle ronde d’attaques barbares est devant lui et menace de raser ses derniers droits. Le Moyen Âge ouvrier et social, non seulement n’a pas disparu, mais revient avec encore plus de véhémence. Les impérialistes des États-Unis et de l’UE, non seulement ne rendront rien de tout ce qu’ils ont réussi à arracher au pays, mais sont prêts à imposer de nouvelles contraintes encore plus strictes. Que ce soit avec la signature d’un nouvel accord barbare, ou avec l’imposition d’un Grexit, l’avenir pour le peuple sera sombre.

Voilà pourquoi la seule option est le chemin de la lutte! Le chemin de la lutte des masses pour leurs droits au travail, à la vie, à la dignité. Pour que le peuple vive libre du joug du capital et de l’impérialisme, pour qu’il se libère de toutes sortes de protecteurs. Contre les mémorandums, anciens et nouveaux. Contre les illusions, anciennes et nouvelles.

Suivons notre propre voie. Pour l’indépendance et le socialisme !

KKE (m-l)

Note du Saker Francophone

Avec le recul, le comportement de Tsipras dans la pantalonnade grecque apparaît de plus en plus suspect.

Pour Jean-Claude Juncker, «il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens déjà ratifiés».

Mutatis mutandis, en 1948, on garde dans la Loi fondamentale pour la République fédérale d’Allemagne toutes les lois nazies dûment ratifiées par les autorités de l’époque.

Si Juncker avait voulu, avec la complicité de Tsipras, enlever une fois pour toute le moindre espoir aux peuples européens d’essayer de faire entendre une voix démocratique, il ne s’y serait pas pris autrement.

Diktat, référendum, le peuple ne veut pas du diktat, nouveau diktat taille XXL.

Circulez y a rien à voir que des ruines… grecques, pour l’instant !

   Envoyer l'article en PDF