Les rapports incestueux entre les États-Unis et l’Arabie saoudite ont accouché du 11 septembre et de la catastrophe actuelle au Moyen-Orient
Préambule Le directeur de l'Agence de sécurité nationale sous Ronald Reagan – le lieutenant-général William Odom – a déclaré : «Parce que les États-Unis eux-mêmes ont une longue histoire de soutien aux terroristes et d'utilisation des tactiques terroristes, les slogans actuels concernant la guerre contre le terrorisme ne font que rendre les États-Unis hypocrites au reste du monde.» Il a ajouté : «En tout état de cause,les États-Unis utilisent depuis longtemps le terrorisme. En 1978-1979 le Sénat a tenté d'adopter une loi contre le terrorisme international, dans toutes les versions qu'ils a produites, les avocats ont déclaré que les États-Unis violaient la loi.»
Le 5 septembre 2012 – Source WashingtonsBlog
Cet essai ne traite pas des théories sur l’inside job [coup monté de l’intérieur de l’État, NdT] du 9/11 ou d’autres attaques terroristes contre l’Amérique. Au lieu de cela, il se concentre sur le fait bien documenté que le soutien américain quasi-continu des terroristes d’al-Qaïda depuis la fin des années 1970 a conduit à un retour de flamme qui vient souvent nous hanter.
Nous avons créé al-Qaïda pour lutter contre les Soviétiques en Afghanistan
Le conseiller de sécurité nationale de Jimmy Carter, Zbigniew Brzezinski, a admis sur la chaîne CNN que les États-Unis ont organisé et soutenu Ben Laden et les autres fondateurs de al-Qaïda dans les années 1970 pour lutter contre les Soviétiques.
Brzezinski a dit aux ancêtres d’al-Qaïda, les moudjahidines. Vidéo ici
«Nous connaissons votre profonde croyance en Dieu, vous êtes convaincus que votre lutte va réussir. Cette terre, ici, est à vous et vous y retournerez un jour, parce que votre lutte prévaudra, et vous aurez vos maisons, vos mosquées, à nouveau, parce que votre cause est juste, et Dieu est de votre côté.»
Le directeur de la CIA et secrétaire à la Défense, Robert Gates, a confirmé dans son mémoire que les États-Unis ont soutenu les moudjahidines dans les années 1970.
La Secrétaire d’État américaine Hillary Clinton est d’accord. Vidéo ici
MSNBC a rapporté en 1998 :
Comme le montre sa biographie, déclassifiée par la CIA, Ben Laden a quitté l’Arabie saoudite pour combattre l’armée soviétique en Afghanistan après l’invasion par Moscou en 1979. En 1984, il dirige une organisation connue sous le nom de Maktab al-Khidamar – le MAK – qui canalise de l’argent, des armes et des combattants du monde extérieur dans la guerre en Afghanistan.
Ce que la biographie de la CIA oublie opportunément de spécifier (dans sa forme non classifiée, au moins) est que le MAK a été nourri par les services de sécurité du Pakistan, l’agence Inter-Services Intelligence, ou ISI, relais principal de la CIA pour mener la guerre secrète contre l’occupation de Moscou. […]
La CIA, préoccupée par le sectarisme des factions en Afghanistan […] a constaté que des fanatiques arabes qui ont afflué pour aider les Afghans étaient plus faciles à lire que les indigènes en proie aux rivalités. Alors que les volontaires arabes pourraient se révéler gênants plus tard, comme cela s’est prouvé, l’agence a estimé que, pour le moment au moins, ils étaient dans une attitude anti-soviétique. Donc Ben Laden, avec un petit groupe de militants islamistes d’Égypte, du Pakistan, du Liban, de Syrie et des camps de réfugiés palestiniens dans tout le Moyen-Orient, est devenu un partenaire fiable de la CIA dans sa guerre contre Moscou.[…]
À ce jour, ceux qui sont impliqués dans la décision de donner aux rebelles afghans l’accès au financement clandestin et aux armements de haut niveau continuent de justifier cette attitude dans le contexte de la guerre froide. Le sénateur Orrin Hatch, un républicain de haut niveau à la commission du renseignement du Sénat, qui prend ces décisions, a dit à mon collègue Robert Windrem qu’il ferait pareil, aujourd’hui même, en sachant ce que Ben Laden ferait ultérieurement. «Cela valait la peine. Ce sont des décisions importantes, des questions clés qui ont joué un rôle capital dans la chute de l’Union soviétique», a-t-il dit.
En effet, les États-Unis ont commencé à soutenir les ancêtres d’al-Qaïda avant même que les Soviétiques n’envahissent l’Afghanistan. Comme Brzezinski l’a dit au Nouvel Observateur dans une interview de 1998 :
Question – L’ancien directeur de la CIA, Robert Gates, a déclaré dans ses mémoires [de l’ombre], que les services de renseignements américains ont commencé à aider les moudjahidines en Afghanistan six mois avant l’intervention soviétique. À cette période vous étiez le conseiller de sécurité nationale du président Carter. Vous avez donc joué un rôle dans cette affaire. Est-ce exact ?
Brzezinski – Oui. Selon la version officielle de l’histoire, l’aide de la CIA aux moudjahidines a commencé en 1980, donc après que l’armée soviétique a envahi l’Afghanistan, le 24 décembre 1979. Mais la réalité, secret gardé jusqu’à présent, est tout à fait contraire. En fait, c’est le 3 juillet 1979, que le président Carter a signé la première directive d’aide secrète aux opposants au régime pro-soviétique à Kaboul. Et ce jour-là, j’ai écrit une note au président dans laquelle je lui expliquais qu’à mon avis, cette aide allait entraîner une intervention militaire soviétique. […]
Q – Et ne regrettez-vous pas d’avoir soutenu le fondamentalisme islamique, avec des armes et des conseils aux futurs terroristes?
B – Qu’est-ce qui est le plus important dans l’histoire du monde ? Les talibans ou la chute de l’empire soviétique ? Quelques musulmans agités ou la libération de l’Europe centrale et la fin de la guerre froide ?
Le Washington Post a publié en 2002 :
Les États-Unis ont dépensé des millions de dollars pour fournir aux écoliers afghans des manuels remplis d’images violentes et d’enseignements islamiques militants ….
Ces livres élémentaires qui étaient remplis de discours sur le djihad et de dessins de fusils, de munitions, de soldats et de mines, ont servi depuis ce moment-là de programme de base du système scolaire afghan. Même les talibans ont utilisé les livres produits par les américains …
Le Council on Foreign Relations note :
Le rapport de la Commission 9/11 (PDF) publié en 2004 a indiqué que certaines des écoles ou des madrasas religieuses du Pakistan ont servi d’incubateurs à l’extrémisme violent. Depuis lors, il y a eu beaucoup de débats sur les madrasas et leur connexion avec le militantisme. […]
De nouvelles madrasas ont germé, financées et soutenues par l’Arabie saoudite et la CIA, où les étudiants ont été invités à se joindre à la résistance afghane.
En savoir plus : La CIA a créé Frankenstein.
Le journaliste vétéran Robert Dreyfuss écrit :
Depuis un demi-siècle, les États-Unis et plusieurs de leurs alliés ont vu ce que j’appelle le droit islamique comme partenaire commode dans la guerre froide. […]
Au cours des décennies avant 9/11, des militants endurcis et des organisations fondamentalistes musulmanes d’extrême-droite ont été souvent considérés comme des alliés pour deux raisons : parce qu’ils étaient farouchement anti-communistes et parce qu’ils s’opposaient aux nationalistes laïques tels que Gamal Abdel Nasser en Égypte et Mohammed Mossadegh en Iran. […]
À la fin des années 1950, plutôt que de s’allier avec les forces laïques de progrès au Moyen-Orient et dans le monde arabe, les États-Unis se sont trouvés dans la ligue des légions islamistes de l’Arabie saoudite. Choisir l’Arabie saoudite contre l’Égypte de Nasser est probablement la plus grande erreur que les États-Unis ont faite au Moyen-Orient.
Une deuxième grosse erreur […] a eu lieu dans les années 1970, quand, au sommet de la guerre froide et de la lutte pour le contrôle du Moyen-Orient, les États-Unis ont soit pris en charge, soit acquiescé à la croissance rapide du droit islamique dans les pays allant de l’Égypte à l’Afghanistan. Anouar el-Sadate a ramené les Frères musulmans en Égypte. Les États-Unis, Israël et la Jordanie ont appuyé les Frères musulmans dans une guerre civile contre la Syrie. Et… Israël a tranquillement soutenu Ahmed Yassin et les Frères musulmans en Cisjordanie et à Gaza, conduisant à la création du Hamas.
Une autre erreur majeure encore a été le fantasme que l’islam pourrait pénétrer l’URSS et démembrer l’Union soviétique en Asie. Elle a conduit à l’appui de l’Amérique aux djihadistes en Afghanistan. Mais… l’alliance de l’Amérique avec les islamistes afghans a longtemps précédé l’invasion soviétique de l’Afghanistan en 1979 et a ses racines dans l’activité de la CIA dans ce pays pendant les années 1960 et au début et au milieu des années 1970. Le djihad afghan a engendré la guerre civile en Afghanistan à la fin des années 1980, a donné de l’ampleur aux talibans, et a permis à Oussama Ben Laden de commencer la construction d’al-Qaïda.
Le droit islamique aurait-il pu exister sans le soutien des États-Unis ? Bien sûr. Ceci n’est pas un article pour les conspirationnistes. Mais il ne fait aucun doute que la virulence du mouvement que nous affrontons – ainsi que la plupart des pays de la région, de l’Algérie à l’Inde et au-delà – aurait été nettement moins important si les États-Unis avaient fait d’autres choix pendant la guerre froide.
En d’autres termes, si les États-Unis et leurs alliés n’avaient pas soutenu les musulmans radicaux violents au lieu de groupes pacifiques plus stables au Moyen-Orient, l’islam radical n’aurait pas pris autant d’envergure.
Le scientifique nucléaire pakistanais et militant pour la paix, Perez Hoodbhoy, écrit :
Chaque religion, y compris l’islam, a ses fanatiques fous. Peu nombreux et de faible force, ils peuvent bien être affectés à la catégorie des dingues. C’était vrai pour l’islam aussi jusqu’en 1979, l’année de l’invasion soviétique de l’Afghanistan. En effet, il n’y aurait peut-être pas eu le 9/11, sans cet événement. […]
Des responsables US comme Richard Perle, secrétaire adjoint à la Défense, ont tout de suite vu l’Afghanistan non pas comme le lieu d’un conflit dur et dangereux auquel il faut mettre fin, mais comme l’occasion de donner aux Russes une leçon. Ces salopards sont devenus les personnes les plus influentes à Washington. […]
La tâche de créer une telle solidarité est revenue à l’Arabie saoudite, avec d’autres monarchies arabes conservatrices. Cette obligation a été acceptée facilement et ils ont fait rapidement du djihad afghan leur cause centrale. […] Mais, encore plus important, embrasser fougueusement la cause du djihad était crucial à un moment où la légitimité de l’Arabie comme gardienne de l’islam était fortement contestée par l’Iran, qui soulignait la poursuite de l’occupation de la Palestine par le partenaire de l’Amérique, Israël. Un nombre croissant de Saoudiens devenaient mécontents de la Maison des Saoud – la corruption, l’auto-indulgence, la répression, et la proximité des États-Unis. Par conséquent, le djihad en Afghanistan a fourni une excellente sortie pour le nombre croissant de militants sunnites en Arabie saoudite, et une façon de faire face aux railleries quotidiennes du clergé iranien. […]
Les salopards ont promptement organisé et armé le Grand djihad mondial, financé par l’Arabie saoudite et exécuté par le Pakistan. Une motivation puissante pour les militants sunnites a été créée par les États-Unis. Les hommes les plus endurcis et les plus idéologiquement préparés étaient logiquement recherchés car ils seraient les meilleurs combattants. Des publicités, payées à partir des fonds de la CIA, ont été placées dans les journaux et les bulletins d’information à travers le monde offrant des incitations et des motivations à rejoindre le djihad.
Les universités américaines ont produit des livres pour les enfants afghans, vantant les vertus du djihad et l’élimination des communistes. Les lecteurs parcourant les bazars à Rawalpindi et à Peshawar peuvent, aujourd’hui encore, trouver des manuels produits dans le cadre de la série souscrite par l’USAID à l’Université du Nebraska dans les années 1980, moyennant $50 millions de subvention. Ces manuels ont cherché à contrebalancer le marxisme en suscitant l’enthousiasme pour le militantisme islamique. Ils ont exhorté les enfants afghans à «arracher les yeux de l’ennemi soviétique et lui couper les jambes». Des années plus tard, ces livres ont été approuvés par les talibans pour un usage dans les madrasas. Ce qui vaut reconnaissance de leur exactitude idéologique, et ils sont encore largement disponibles en Afghanistan et au Pakistan.
Au niveau international, l’islam radical s’est diffusé en mode turbo, au fur et à mesure que son allié US superpuissant a fourni son soutien aux moudjahidines. Ronald Reagan a fêté les leaders djihadistes sur la pelouse de la Maison Blanche, et la presse des États-Unis les a adulés.
Le chef de la section des visas au consulat américain à Djeddah, en Arabie saoudite (J. Michael Springmann, qui est maintenant avocat privé) affirme que la CIA a insisté pour que des visas soient délivrés aux Afghans afin qu’ils puissent se rendre aux États-Unis, y être formés au terrorisme, puis renvoyés en Afghanistan pour combattre les Soviétiques.
1993 : Attentat contre le World Trade Center
Le New York District Attorney, Robert M. Morgenthau, a estimé que les services de renseignements auraient pu, et dû, empêcher l’attentat contre le World Trade Center en 1993, mais ils étaient préoccupés par d’autres questions. Le journaliste d’investigation bien connu, Robert I. Friedman, a écrit dans le New York Magazine en 1995 :
Shiekh Omar Abdel Rahman inspire une adoration presque déifiée et le respect dans certains milieux islamiques. C’est sa fatwa – décret religieux – en 1980, condamnant Anouar el-Sadate pour avoir fait la paix avec Israël, qui est largement soupçonnée d’être responsable de l’assassinat de ce dernier un an plus tard. (Rahman a ensuite été jugé mais acquitté.) […]
La CIA a payé pour envoyer Abdel Rahman à Peshawar «prêcher auprès des Afghans au sujet de la nécessité de l’unité pour renverser le régime de Kaboul», selon le professeur Rubin. De l’avis de tous, Rahman était brillant pour inspirer les fidèles.
En récompense de ses services, la CIA a donné au cheikh un visa d’un an aux États-Unis en mai 1990 – alors qu’il était sur une liste de surveillance du terrorisme par le Département d’État, qui aurait dû lui interdire le pays. Après un tollé général dans le sillage de l’attentat du World Trade Center, un représentant du Département d’État a découvert que Rahman avait, en effet, reçu quatre visas des États-Unis remontant jusqu’au 15 décembre 1986. Tous ont été remis par des éléments de la CIA agissant comme agents consulaires dans les ambassades américaines à Khartoum et au Caire. Les agents de la CIA ont affirmé qu’ils ne savaient pas que le cheikh était une des figures politiques les plus notoires du Moyen-Orient et un militant sur la liste des indésirables du Département d’État. L’agent de Khartoum a déclaré que lorsque le cheikh s’est présenté au contrôle, les ordinateurs étaient en panne et le contrôleur soudanais n’a pas pris la peine de vérifier les microfiches.
Selon un des enquêteurs les plus importants de New York : «Laissée avec le choix de plaider la stupidité, ou bien d’admettre la tromperie, la CIA a opté pour la stupidité.» […]
Le cheikh est arrivé à Brooklyn à un moment fortuit pour la CIA. Dans le sillage du retrait de l’Union soviétique d’Afghanistan, le Congrès avait réduit le montant de l’aide secrète aux moudjahidines. Le réseau international des groupes de soutien financé par les Arabes est devenu encore plus vital pour la CIA, y compris la chaîne de bureaux du djihad qui avait été mise en place à travers l’Amérique avec l’aide des services de renseignement saoudiens et américains. Pour obtenir un soutien, l’agence a permis aux anciens combattants du conflit afghan de visiter les centres pour raconter leurs histoires de guerre selon leur inspiration ; en retour, les centres ont recueilli des millions de dollars pour les rebelles à un moment où ils en avaient le plus besoin.
Il y avait des bureaux du djihad à Jersey City, Atlanta et Dallas, mais le plus important était celui de Brooklyn, appelé Alkifah – mot arabe pour La lutte. Cette vitrine est devenue le siège de facto du cheikh. […]
Le 5 novembre 1990, le rabbin Meir Kahane, un militant sioniste d’extrême-droite, a été tué d’un tir à la gorge avec un magnum .357 dans un hôtel de Manhattan ; El-Sayyid Nosair a été abattu par un inspecteur de la poste, hors de son service, en dehors de l’hôtel, et l’arme du crime a été retrouvée à portée de sa main.
Une recherche ultérieure dans la maison de Nosair à Cliffside Park, New Jersey, a permis de retrouver quarante caisses de preuves qui, si le bureau du District Attorney et le FBI avaient regardé plus attentivement, auraient révélé un complot terroriste imminent à New York . […]
En plus de découvrir des milliers de cartouches de munitions et des listes avec les noms des juges et des procureurs de New York, les enquêteurs ont découvert parmi les preuves de Nosair des manuels militaires américains de formation classifiés. […]
On trouve également parmi les effets de Nosair plusieurs documents, lettres et carnets en arabe, qui, finalement traduits, dévoilaient un complot terroriste contre les États-Unis. Le bureau du DA a expédié ceux-ci, ainsi que les autres éléments de preuve, au bureau du FBI au 26 Federal Plaza. «Nous avons donné tout ça au bureau, pensant qu’ils étaient bien équipés, dit une source proche du bureau du DA. Après le World Trade Center, nous avons découvert qu’ils n’avaient rien traduit.»
Selon d’autres sources proches du dossier, le FBI a dit au District Attorney Robert M. Morgenthau que Nosair était un tireur isolé et ne faisait pas partie d’un complot plus large ; l’accusation n’a pas repris cette position au procès et a perdu, seule la condamnation pour port d’arme a été reconnue contre Nosair. Morgenthau a supposé que la CIA pouvait avoir encouragé le FBI de ne pas poursuivre d’autres pistes, disent ces sources. «Le FBI m’a menti, a dit Morgenthau à des collègues. Ils sont censés démêler les connexions terroristes, mais on ne peut pas leur faire confiance pour ça.»
Trois ans plus tard, le jour où le FBI a arrêté quatre Arabes à propos de l’attentat du World Trade Center, en disant qu’il avait attrapé tous les suspects, les oreilles de Morgenthau se sont dressées. Il ne croyait pas que les quatre étaient autonomes et a pensé qu’il y avait probablement un plus grand réseau, ainsi qu’un promoteur étranger. Il a également eu l’intuition que la piste des suspects le ramènerait à Sheikh Abdel Rahman. Mais il craignait que les connexions ne soient pas recherchées parce que le gouvernement des États-Unis protégeait le cheikh pour son aide en Afghanistan. […]
Néanmoins, certaines personnes dans le bureau du DA croient que jusqu’à ce que la camionnette Ryder explose sous le plus haut bâtiment de New York, le cheikh et ses hommes étaient protégés par la CIA. Morgenthau croit que la CIA a amené le cheikh à Brooklyn en premier lieu…
Pour autant qu’on puisse en juger, aucun organisme américain n’a conduit d’enquête suggérant l’implication d’un gouvernement étranger dans le complot terroriste de New York. Par exemple, les services de renseignements saoudiens ont contribué au financement de la défense de Sheikh Rahman, selon Mohammed al-Khilewi, l’ancien premier secrétaire de la mission saoudienne à l’ONU.
Friedman remarque que les services de renseignement étaient en possession de notes qui auraient lié tous ces terroristes, mais n’a pas réussi à les exploiter avant 1993.
CNN a diffusé un reportage spécial en 1994 appelé Nation Terroriste ? Création des États-Unis, qui a noté, comme le résume le député Peter Deutsch :
Certains groupes afghans, proches des services de renseignement, sont soupçonnés d’avoir été impliqués dans l’attentat de 1993 contre le World Trade Center à New-York. […] Les responsables afghans pro-occidentaux […] ont officiellement averti le gouvernement des États-Unis à propos de Hekmatyar pas moins de quatre fois. Le dernier avertissement livré quelques jours avant l’attaque de 1993 au World Trade Center. Parlant à l’ancien directeur de la CIA Robert Gates, à propos de Gulbuddin Hekmatyar, Peter Arnett relate : «Les Pakistanais ont équipé Gulbuddin Hekmatyar avec des armes fournies par les États-Unis et ont chanté des louanges à la CIA. Ils avaient des liens étroits avec Hakmatyar remontant au milieu des années 1970.»
Ceci est intéressant, car il est largement reconnu que Gulbuddin Hekmatyar a été soutenu avec enthousiasme par les États-Unis, par exemple, US News et World Report disent :
[Il était] autrefois parmi les alliés les plus précieux de l’Amérique. Dans les années 1980, la CIA a envoyé des centaines de millions de dollars en armes et munitions pour les aider à se battre contre l’armée soviétique lors de son occupation de l’Afghanistan. Hekmatyar, alors largement considéré par Washington comme un rebelle anti-soviétique fiable, a même été transporté aux États-Unis par la CIA en 1985.
Comme le New York Times, CBS News et d’autres l’ont rapporté, un informateur du FBI impliqué dans l’attentat contre le World Trade Center en 1993 a prié le FBI de substituer de fausses bombes aux vrais explosifs, mais son officier traitant au FBI a laissé utiliser de vrais explosifs. Vidéo ici.
La Bosnie
Comme le documente John R. Schindler, professeur de stratégie au Naval War College, ancien analyste du renseignement à la National Security Agency (NSA) et officier du contre-espionnage, les États-Unis ont soutenu Ben Laden et d’autres terroristes d’al-Qaïda en Bosnie.
2001
Selon Newsweek, le New York Times et d’autres, un informateur du FBI a accueilli et loué, en 2000, une chambre pour deux à des pirates de l’air impliqués dans les attentats du 9/11, alors qu’ils étaient aux États-Unis, mais n’a pas réussi à les arrêter.
En effet, l’ancien patron de la lutte contre le terrorisme Richard Clarke théorise que la haute direction de la CIA a essayé de recruter les pirates de l’air pour les retourner de notre côté, mais en vain. Et quand ils ont réalisé leur échec, ils ont couvert leurs pistes de sorte que le FBI ne puisse pas enquêter sur les activités illégales et les malversations de la CIA sur le sol américain.
(L’enquête conjointe du Congrès sur le 9/11 a cherché à interroger l’informateur, le FBI a refusé d’emblée, puis l’a caché dans un lieu inconnu, et un responsable de haut niveau du FBI a déclaré que ces manœuvres de blocage ont été menées sur les ordres de la Maison Blanche.)
L’un des principaux formateurs de Ben Laden et al-Qaïda a travaillé à plusieurs reprises pour les Bérets verts, la CIA et le FBI. Comme le dit l’ancien journaliste d’investigation de ABC News Peter Lance (résumé par Raw Story) :
Ali Mohamed […] avait quelque chose d’un super-espion d’al-Qaïda, qui a réussi à travailler avec les terroristes, les Bérets verts, la CIA et à devenir un informateur du FBI, tout en assurant les déplacements sécurisés d’Oussama Ben Laden dans le Moyen-Orient. […]
Mohamed […] était en fait responsable de la rédaction de certaines parties du manuel de formation au réseau terroriste. Il a joué un rôle clé dans les attentats des ambassades américaines en Afrique qui ont fait plus de 200 morts. […]
«Il croit que le dépit, suite au fait que l’espion de Ben Laden a volé des renseignements top-secret (y compris, par exemple, les positions de tous les Bérets verts et des unités SEAL à travers le monde), a conduit à une décision, venue d’en haut, d’enterrer l’ensemble du programme de renseignement Able Danger, qui avait identifié la cellule d’al-Qaïda active à Brooklyn, des mois avant les attaques du 9/11, et avait également identifié Mohamed Ali en tant que membre du cercle intime de Ben Laden dès mars 2000.»
Bloomberg a rapporté en 2006 :
Mohamed a appris aux terroristes comment détourner des avions de ligne, fabriquer des bombes et assassiner ses rivaux. Il a créé des cellules d’al-Qaïda à l’intérieur des États-Unis, aidant même à la collecte de fonds. Il a également organisé des rencontres entre Ben Laden et les dirigeants du Hezbollah et repéré des cibles à bombarder, y compris les ambassades américaines en Afrique de l’Est.
Ce qui rend tout cela particulièrement troublant, c’est que pendant une grande partie de cette période, Mohamed était citoyen américain, agent de la CIA et du FBI, et membre de l’armée des États-Unis. […]
L’infiltration initiale de Mohamed dans l’armée des États-Unis a commencé en 1981, lorsque, à l’âge de 29 ans, il a participé à un programme d’échange à Fort Bragg, en Caroline du Nord, la maison des Bérets et de Delta Green Force.
Après son retour en Égypte, il a été expulsé de l’armée de ce pays en raison de ses vues islamistes radicales. Peu importe. La CIA l’a embauché en 1984, en l’envoyant infiltrer une mosquée de Hambourg. Là, Mohamed s’est rapidement dévoilé, ce qui a eu pour effet que son nom soit ajouté à la liste de surveillance des terroristes présumés.
Cela n’a pas arrêté Mohamed, qui a été autorisé à rentrer aux États-Unis en 1985. […]
Il a rejoint l’armée des États-Unis un an plus tard, ce qui l’a ramené à Fort Bragg, où ses supérieurs ont été alarmés par son éloge de l’assassinat du président égyptien Anouar el-Sadate. Mais son radicalisme n’a pas conduit à son licenciement. Au lieu de cela, Mohamed a été invité à partager ses vues avec les agents afin qu’ils puissent mieux comprendre les manières islamiques. […]
Il a volé des documents à Fort Bragg et les a façonnés en un manuel de formation au terrorisme, qu’il a utilisé pour aider les forces de sécurité personnelles de Ben Laden et de nombreux terroristes. Il a également utilisé ses accréditations militaires pour faire un voyage non autorisé en Afghanistan, où il a combattu les forces soviétiques, une violation pour laquelle il n’a pas été sanctionné.
Après son service militaire, Mohamed a exécuté les ordres de Ben Laden sur de nombreux autres fronts, y compris le dépistage de cibles à bombarder telles que les ambassades américaines en Afrique de l’Est. Il a été arrêté en 1998, après que son rôle dans les attentats a été révélé, et a plaidé coupable en 2000 de cinq chefs d’accusation de complot. […]
Mohamed est supposé fournir des informations utiles pour le gouvernement des États-Unis à partir d’une cellule de prison secrète, et au moins une personne pense que son dernier chapitre n’a pas encore été écrit.
David Runke, un avocat de la défense dans l’affaire des ambassades africaines bombardées, a dit : «Je pense que la chose la plus probable qui va se passer est qu’il sera libéré, il aura un nouveau nom et une nouvelle identité, et il trouvera un endroit pour refaire sa vie.»
À propos de Mohamed, Rocky Mountain News a noté en 2006 :
Actuellement en détention États-Unis, sa localisation et son statut juridique sont des secrets bien gardés, selon les responsables de National Geographic Channel.
Peter Dale Scott, professeur émérite à l’Université de Berkeley est encore moins généreux en ce qui concerne l’échec de notre gouvernement pour arrêter Mohamed :
Il est maintenant généralement admis que Mohamed Ali (connu dans les camps d’al-Qaïda comme Abou Mohamed al Amriki – Père Mohamed d’Amérique) a travaillé pour le FBI, la CIA et les forces spéciales américaines. Comme il l’a avoué plus tard devant un tribunal, il a également aidé le terroriste Ayman al-Zawahiri, un co-fondateur du djihad islamique égyptien et à l’époque collaborateur de Ben Laden, quand il s’est rendu en Amérique pour amasser des fonds.
Les rapporteurs du 9/11 l’ont mentionné, et ont déclaré que les conspirateurs contre l’ambassade des États-Unis au Kenya ont été dirigés (ce sont leurs mots) par Ali Mohamed. […]
Patrick Fitzgerald, procureur des États-Unis qui a négocié un plaidoyer de marchandage et de confession de Mohamed Ali, a déclaré dans un témoignage à la Commission :
«Ali Mohamed […] a formé la plupart des hauts dirigeants d’al-Qaïda – y compris Ben Laden et Zawahiri – et la plupart des meilleurs formateurs d’al-Qaïda. Il a donné une formation aux personnes qui allaient plus tard mener à bien l’attentat de 1993 contre le World Trade Center. […] De 1994 jusqu’à son arrestation en 1998, il a vécu comme un citoyen américain en Californie, postulant à des emplois de traducteur au FBI.»
Patrick Fitzgerald connaissait bien Mohamed Ali. En 1994, il l’avait désigné comme co-conspirateur non inculpé dans l’affaire des monuments de New York, mais lui a permis de rester libre. En effet, comme Fitzgerald le savait, Ali Mohamed était un informateur du FBI, depuis au moins 1993 et peut-être 1989. Ainsi, à partir de 1994, jusqu’à son arrestation en 1998 [date à laquelle le complot 9/11 était en bonne voie], Mohamed faisait la navette entre la Californie, l’Afghanistan, le Kenya, la Somalie et au moins une douzaine d’autres pays. Peu de temps après le 9/11, Larry C. Johnson, un ancien fonctionnaire du Département d’État et de la CIA, a reproché publiquement au FBI l’utilisation de Mohamed comme informateur, alors qu’ils auraient dû reconnaître que l’homme était un comploteur terroriste de haut rang contre les États-Unis.
En 1993, Mohamed Ali avait été arrêté par la Gendarmerie royale du Canada, au Canada, quand il a été questionné dans un aéroport au sujet d’un terroriste d’al-Qaïda entrant dans ce pays, qui s’est révélé être en possession de deux faux passeports saoudiens. Mohamed a immédiatement demandé à la police de faire un appel téléphonique aux États-Unis, après lequel il a obtenu sa libération. Depuis, nous avons appris que c’est l’officier traitant de Mohamed au FBI, John Zent, «qui s’est porté caution pour Ali et a obtenu sa libération».
Cette libération a permis à Ali de passer au Kenya, de prendre des photos de l’ambassade des États-Unis et de les livrer à Ben Laden pour l’attentat contre l’ambassade.
En août 2006, il y avait un numéro spécial de National Geographic sur Ali Mohamed. Nous pouvons prendre cela comme la nouvelle position officielle de repli d’Ali Mohamed, parce que John Cloonan, l’agent du FBI qui a travaillé avec Fitzgerald sur Mohamed, a contribué à la raconter. Je n’ai pas vu l’émission, mais voici ce que les critiques de télévision ont déclaré à propos de son contenu :
«Ali Mohamed a manipulé le FBI, la CIA et l’armée des États-Unis au nom d’Oussama ben Laden. Mohamed a formé des terroristes pour détourner des avions de ligne, fabriquer des bombes et assassiner ses rivaux. Pendant ce temps, Mohamed était un agent de la CIA et du FBI, et un membre de l’armée des États-Unis. […] Mohamed est apparu sur des photos de surveillance du FBI dès 1989, formant les radicaux musulmans qui allaient assassiner le militant juif Meir Kahane et faire exploser un camion piégé au World Trade Center. Il a non seulement évité l’arrestation, mais a réussi à devenir un informateur du FBI écrivant l’essentiel du manuel terroriste d’al-Qaïda, il a aussi aidé à planifier des attaques contre les troupes américaines en Somalie et des ambassades américaines en Afrique.
Le fait que Mohamed a formé Al-Qaïda à des plans de détournement d’avions et a écrit l’essentiel du manuel terroriste d’al-Qaïda est confirmé dans un nouveau livre par Lawrence Wright, qui a vu les dossiers du gouvernement américain. Laissez-moi dire encore ceci : l’un des meilleurs formateurs d’al-Qaïda au terrorisme et à la façon de détourner des avions était un opérateur pour le FBI, la CIA et l’armée…
Dans les jours qui ont suivi le 9/11, Cloonan revint précipitamment du Yémen pour interroger Ali, à qui les fédéraux avaient permis d’obtenir le statut de témoin protégé, et ont exigé de connaître les détails de l’intrigue. À ce moment là, Ali a écrit tout ça, y compris les détails sur la façon dont il avait conseillé les futurs pirates de l’air pour faire passer des cutters à bord des avions, et où s’asseoir pour s’emparer de l’avion.
Si toutes ces dernières révélations sur Mohamed Ali sont vraies, alors :
1) Un des principaux planificateurs de l’intrigue du 9/11, et conseiller dans les détournements d’avions, était en même temps informateur pour le FBI.
2) Cet agent a formé les membres de tous les attentats islamistes importants à l’intérieur des États-Unis – le premier bombardement du WTC, l’intrigue des monuments de New York, et enfin le 9/11, ainsi que les attaques contre les Américains en Somalie et au Kenya.
3) Et pourtant, pendant quatre ans Mohamed a été autorisé à se déplacer dans et hors du pays en tant que conspirateur non inculpé. Ensuite, contrairement à ceux qu’il a formés, il a été autorisé à négocier des plaidoyers. A ce jour, il peut encore ne pas avoir été condamné pour quelque crime que ce soit…
Tous les trois avaient été formés par Ali Mohamed à la fin des années 1980 sur un champ de tir, où le FBI les avait photographiés, avant de mettre fin à cette surveillance à l’automne de 1989.
Le gouvernement des États-Unis était donc dans une excellente position pour arrêter, inculper et condamner tous les terroristes impliqués, y compris Mohamed…»
Bien que cet article ne traite pas des théories sur l’inside job [coup monté de l’intérieur, NdT], il existe des preuves que les services de renseignements avaient d’autres priorités – peut-être : 1) couvrir leur soutien précédent à al-Qaïda, 2) essayer de retourner les agents d’al-Qaïda de leur côté, ou 3) se réserver la possibilité de les utiliser dans de futures missions dans d’autres parties du monde – toutes priorités plus importantes que la capture et la neutralisation du leadership d’al-Qaida :
Selon l'un des journaux français les plus réputés, des agents de la CIA ont rencontré Ben Laden deux mois avant le 9/11, alors qu'il était déjà recherché pour l'attentat contre le destroyer U.S.S. Cole. Le 9/11 était prévisible. Non seulement le gouvernement écoutait les appels téléphoniques de Ben Laden, mais ils ont également entendu les plans des pirates de l'air à partir de leurs propres bouches. Un officier du renseignement militaire de haut niveau dit que son unité – chargée de suivre Ben Laden avant 9/11 – a été retirée de la tâche, et les mises en garde que le World Trade Center et le Pentagone étaient visés ont été ignorées. Plusieurs employés clés pour le Département de la Défense affirment que le gouvernement a censuré leur témoignage sur le suivi de Mohammed Atta avant le 9/11.La CIA a peut-être contribué à l'obtention d'un visa pour les États-Unis pour la plupart des pirates de l'air du 9/11 . Sibel Edmonds – ancienne traductrice du FBI, que l'inspection général du Département de la Justice et plusieurs sénateurs ont reconnue très crédible – allègue que Oussama Ben Laden a travaillé pour les États-Unis jusqu'au 9/11, et que ce fait est couvert parce que les États-Unis ont sous-traité les opérations terroristes à al-Qaïda et aux talibans pendant de nombreuses années.
Rien n’a changé… Nous continuons à soutenir des terroristes pour l’exécution de nos objectifs géopolitiques
Si vous supposez que cela est de l’histoire ancienne, rappelez-vous que :
– Les États-Unis ont soutenu l’opposition qui a renversé le libyen Kadhafi, principalement al-Qaïda… et ils semblent maintenant contrôler la Libye (et contribuent à la lutte contre la Syrie).
– Les États-Unis et l’Arabie saoudite soutiennent actuellement les terroristes d’a-Qaïda en Syrie (voir ici, ici et là).
– Et financent des groupes terroristes en Iran.
En savoir plus sur le contexte.
Traduit et édité par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone
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