Une analyse médico-légale des rapports d’Amnesty International sur l’opération israélienne Protective Edge à Gaza en 2014
Par Norman G. Finkelstein – Le 17 juillet 2015 – Source : ByLine
Première Partie
Deuxième Partie
Le biais évident
Quand Amnesty fonde son rapport sur les déclarations des officiels israéliens, il biaise les résultats et valide ainsi la propagande israélienne aux dépends du Hamas. Dans quelques cas, la preuve contraire, plus crédible, est tout simplement ignorée.
Dans son inventaire très exagéré de l’arsenal du Hamas, Amnesty cite une affirmation israélienne : Israël aurait intercepté un navire transportant des roquettes iraniennes «à destination de Gaza». Il passe sous silence la découverte, largement diffusée, d’un groupe d’experts des Nations Unies, selon lesquels ces armes étaient destinées non à Gaza, mais au Soudan.
Amnesty répète également le slogan des officiels israéliens, selon lequel «l’invasion a été lancée pour détruire le système des tunnels [… ] en particulier ceux dont les puits avaient été découverts près des zones résidentielles israéliennes», les troupes israéliennes empêchant donc les infiltrations du Hamas de viser des communautés civiles. Il ignore l’évidence pourtant incontournable, et notamment les déclarations d’un général et d’un analyste militaire israéliens, selon lesquels les combattants du Hamas sortant des tunnels visaient les soldats israéliens, et non les civils. Selon le rapport 2014 Gaza Conflict, les tunnels aboutissaient «à l’intérieur ou tout près des zones résidentielles», aussi chaque cas d’infiltration du Hamas via les tunnels se terminait non par un assaut tête baissée contre des civils, mais, au contraire, par un combat contre des militaires israéliens.
L’utilisation, par Amnesty, de sources officielles israéliennes devient particulièrement préoccupante quand le résultat final est de gonfler la culpabilité du Hamas et de diminuer celle d’Israël. Cette distorsion vient en partie de la méthode équilibrée d’Amnesty. Israël a interdit à Amnesty (et d’autres organisations humanitaires) d’entrer dans Gaza après l’Opération Protective Edge (OPE). Amnesty a donc dû mener ses recherches sur la bande de Gaza à distance, aidé par deux responsables locaux basés sur place. Et, c’est bien pratique, cette contrainte imposée par l’État hébreu empêche Amnesty dans de nombreux cas de vérifier la véracité des explications et des justifications données par les officiels israéliens. Comment Amnesty a-t-il résolu cette énigme médico-légale ? Cela commence, habituellement, par la découverte d’un crime de guerre israélien, ensuite Israël nie, et enfin on demande, «de manière neutre et équilibrée», une enquête sur le terrain – ce que, et Amnesty le sait bien, Israël refuse toujours. Comment, perdu dans ce brouillard, le public peut-il savoir où se trouve la vérité?
Quand il évalue les allégations selon lesquelles le Hamas a violé le droit international pendant cette guerre, Amnesty met en avant le comportement antérieur du Hamas comme une preuve. Amnesty ne devrait-elle pas se souvenir que, dans le passé, tous les dénis israéliens de culpabilité se sont révélés être des mensonges flagrants? En effet, le rapport de la commission d’enquête de l’ONU concernant les attaques israéliennes sur des installations de l’ONU pendant l’OPE montre à plusieurs reprises que les protestations d’innocence israéliennes sont des mensonges. La neutralité d’Amnesty finit par pousser les Israéliens à refuser toute coopération : si Israël laisse entrer les organisations de défense des droits de l’homme dans Gaza, il se fait accuser de crimes, preuves à l’appui. Est-il donc prudent de les laisser enquêter et de rendre un verdict honnête?
Finalement, la position de neutralité d’Amnesty a une conséquence intéressante. Amnesty en effet cite en abondance les mensonges de la propagande israélienne, mais pas une seule fois il ne cite les découvertes prouvées des organisations de droits de l’homme respectées à Gaza comme le Centre Al-Mazan pour les Droits de l’Homme et le Centre Palestinien pour les Droits de l’Homme. La section Méthodologie du rapport Unlawful and Deadly [Illégale et Mortelle] explique : «Amnesty International a étudié la documentation produite par les agences de l’ONU, les organismes gouvernementaux et militaires israéliens, les ONG israéliennes et palestiniennes, les combattants palestiniens et les reportages des correspondants de guerre, entre autres sources, et a consulté les meilleurs experts et hommes de terrain avant l’écriture de ce rapport. Amnesty International remercie les ONG israéliennes et les organismes israéliens qui ont aidé ses chercheurs.» Tandis que le rapport répercute largement les slogans et affirmations des Israéliens, on pourrait chercher longtemps une seule référence aux ONG palestiniennes.
Cette présentation partisane des preuves, par Amnesty dans Unlawful and Deadly fait endosser, subtilement, au Hamas une part de culpabilité pour les crimes d’Israël les plus flagrants pendant l’OPE :
Hôpitaux
Dix-sept hôpitaux et 56 dispensaires ont été détruits ou endommagés durant OPE. Le rapport Unlawful and Deadly reprend les allégations israéliennes sur une utilisation illégale de 3 de ces équipements.
1. – Al-Wafa. Israël a attaqué à plusieurs reprises et réduit en ruines cet hôpital, qui est le seul centre à Gaza pour la rééducation des blessés. Ce n’était pas la première fois qu’Israël ciblait cet hôpital. Au cours de Plomb durci, al-Wafa a encaissé des coups directs de 8 obus de char, 2 missiles et des milliers de balles, alors qu’Israël, sans rire, affirmait n’avoir pas ciblé de terroristes à proximité de l’hôpital.
Cette fois-ci, Amnesty cite les Israéliens, pour qui al-Wafa était un centre opérationnel. Amnesty aurait pu se souvenir que centre opérationnel était le prétexte classique pour viser des objectifs civils durant OPE, et que dans d’autres contextes, Amnesty lui-même considérait ce prétexte comme sans fondement. Montrant une photo aérienne, Israël a prétendu que le Hamas a tiré une roquette depuis les rues entourant l’hôpital. Amnesty a trouvé, toutefois, que «cette image tweetée par les militaires israéliens ne correspond pas aux images satellite d’al-Wafa et représente un autre endroit». Cette découverte devrait éliminer le prétexte israélien, sauf que, par souci d’équilibre, Amnesty conclut qu’il «n’a pas pu vérifier les affirmations israéliennes, selon lesquelles l’hôpital a été utilisé pour lancer des roquettes» et que les explications israéliennes devraient être «examinées de façon indépendante». En d’autres termes : même si la seule preuve fournie par Israël est manifestement fausse, la question reste ouverte de savoir si l’affirmation est vraie ou fausse. Du coup, Israël a laissé tomber cette histoire de roquette.
Amnesty note plus loin que «selon les correspondants de guerre, un missile antichar a été tiré depuis al-Wafa». Les «correspondants de guerre» cités par al-Wafa se révélèrent être tout simplement un communiqué de presse israélien, repris avec docilité par le Jerusalem Post. C’est tout aussi instructif de voir ce qu’Amnesty choisit de ne pas citer. S’il accepte la propagande israélienne comme un récit digne de foi, n’aurait-il pas dû citer également le directeur d’al-Wafa, qui a dit au Haaretz que la version israélienne était «mensongère et mal menée», ou les représentants de l’OMS à Gaza, qui étaient au courant de la probable présence de «lanceurs de roquettes à proximité» d’al-Wafa, mais ont maintenu qu’ils étaient «à plus de 200 mètres de l’hôpital»? «Les forces israéliennes contestent qu’elles ont directement et intentionnellement visé l’hôpital, expliquant qu’elles cherchaient à neutraliser le tir de roquettes venant du quartier de l’hôpital», observa une délégation de la FIDH (Fédération Internationale des Droits de l’Homme) après être entrée à Gaza et avoir passé les preuves au crible. «Pourtant, plusieurs éléments suggèrent que c’était l’hôpital, en fait, qui était la cible d’une attaque directe et intentionnelle de la part des forces armées israéliennes.»
Mais, passant outre les doutes qui auraient pu persister sur la bonne foi d’Israël, Amnesty poursuit : «Une enquête interne menée par l’armée israélienne sur les attaques contre al-Wafa […] a trouvé que ces attaques avaient été menées dans le respect du droit international.» N’aurait-on pas dû rappeler que toutes les grandes organisations humanitaires, y compris Amnesty, ont rejeté les conclusions des enquêtes internes israéliennes comme étant sans preuve ou peu crédibles?
2. – Al-Shifa. Partant d’une preuve crédible que le Hamas a tiré une roquette de derrière l’hôpital al-Shifa, Amnesty a demandé une enquête indépendante. Il a donc demandé une enquête sur «les rapports et les affirmations selon lesquels les chefs du Hamas et les forces de sécurité utilisaient les infrastructures de l’hôpital pour des besoins militaires et pour des interrogatoires». Israël a lancé des affirmations semblables à celles déjà avancées durant l’opération Plomb durci, mais la preuve qu’il a présentée était aussi mince qu’un fil de rasoir.
Cette fois-ci, Amnesty s’appuie sur de nombreuses sources de qualité variable. Mais ce qu’il ne fait pas, clairement, est de citer des témoignages qui contredisent ces affirmations. Il ignore le témoignage, crédible et nuancé, de deux chirurgiens étrangers et reconnus, qui s’étaient portés volontaires à al-Shifa pendant OPE : «Bien que libres d’entrer et de circuler librement dans l’hôpital, ils n’ont jamais rien observé qui ferait penser que c’était un centre opérationnel du Hamas.» À la demande des auteurs du rapport, un des spécialistes universitaires réputé mondialement pour sa connaissance de Gaza, Sara Roy de l’Université de Harvard, a consulté une de ses sources sur place, dont elle a certifié l’intégrité personnelle et professionnelle. Tout le monde est d’accord pour dire que, bien que des roquettes aient été tirées à proximité de al-Shifa (mais pas des terrains dépendant de l’hôpital), il est franchement improbable que le Hamas ait fait un usage militaire des bâtiments de l’hôpital.
Comment Amnesty a-t-il pu passer sous silence de tels avis contraires à ses sources impeccables? Amnesty signale aussi cette perle, supposément accablante, selon laquelle «un journaliste palestinien a été interrogé par des officiers du service de sécurité du Hamas dans une section abandonnée de l’hôpital». Pendant OPE, al-Shifa a été submergé par environ 13 000 sans-abri. Parce qu’il permettait l’accès à son équipement de liaisons satellite, l’hôpital servait aussi de point de rassemblement pour les médias, les porte-parole politiques, les envoyés de l’ONU, les organisations de défense des droits de l’homme et autres ONG. On ne peut s’empêcher de se demander pourquoi, pris au milieu d’une invasion meurtrière, on devrait le considérer comme un lieu intrinsèquement mauvais, justifiant une enquête sur le respect des droits de l’homme, si le parti assiégé pose des questions – ne parlons pas d’intimidation ni de contrainte physique – juste des questions : parmi la foule de gens qui se réfugiaient dans cet équipement public, certains parmi eux étant vraisemblablement des espions, des saboteurs et des provocateurs qui ont souhaité, ont prié pour et activement pris part à la lutte pour la défaite du Hamas.
Le Hamas n’avait-il pas le droit d’avoir des services de sécurité? Dans son rapport Bâillonnés : enlèvements, torture et exécutions sommaires de Palestiniens par le Hamas pendant la guerre de 2014, Amnesty écrit platement que «les forces du Hamas ont utilisé les zones abandonnées de l’hôpital al-Shifa à Gaza, y compris l’hôpital de jour, pour enfermer, interroger, torturer et maltraiter des suspects». La preuve que Amnesty avance pour la plus spectaculaire de ces affirmations – le Hamas torturait systématiquement des suspects à al-Shifa – est plutôt décevante. On a du mal à imaginer comment cette salle de torture a pu échapper aux nuées de journalistes, aux envoyés de l’ONU et aux ONG coincées à al-Shifa jusqu’à ce qu’un enquêteur solitaire d’Amnesty à Gaza découvre tout cela. En fait, même pendant la guerre, qui a été l’occasion d’une propagande éhontée et de nombreux mensonges, on n’a pas été au-delà des accusations, concernant le fait que le Hamas ait utilisé l’hôpital al-Shifa pour les «interrogatoires par le service de sécurité». On ne peut s’empêcher de se rappeler la fameuse propagande, relayée par Amnesty, des «couveuses du Koweït», pendant la préparation de la guerre de 1991. [L’armée irakienne, qui venait d’envahir le Koweït, sous les ordres de Saddam Hussein, avait été accusée, entre autres, d’avoir saccagé une maternité… Mensonge totalement fabriqué, NdT] Mais où que se situe la vérité, dans tous les cas cela n’a rien à voir avec la question qui nous occupe, à moins que Amnesty ne veuille dire qu’Israël a visé des hôpitaux gazaouis dans un geste humanitaire pour protéger des collaborateurs présumés.
À suivre...
Byline est un site d’investigation, fonctionnant sur la base de dons, le plus visité dans le monde. Sans publicité, ni intentions cachées. Et avec une totale liberté éditoriale.
Cet article s’appuie sur de nombreuses sources écrites. Nous n’avons signalé que les liens internet, mais en vous reportant à l’article original, vous trouverez également les références aux documents imprimés.
Norman Finkelstein
Traduit par Ludovic, relu par jj pour le Saker Francophone
Notes
[1] Louis Charbonneau, “UN Panel: Arms ship seized by IDF came from Iran, but not bound for Gaza,” Haaretz (28 June 2014). 2014 Gaza Conflict repeats the Sudan misinformation (para. 54).
[2] Emanuel Yelin, “Were Gaza Tunnels Built to Harm Israeli Civilians?,” +972 (11 August 2014), citing Alon Ben David, “Inquiry Nahal Oz: The gate of the military post was unlocked, the pillbox door was open,” Channel 10 News (July 30, 2014; http://news.nana10.co.il/Article/?ArticleID=1072726), and Tal Lev Ram, “‘It is Possible to Accomplish the Destruction of the Tunnels within 48 Hours,’” Army Radio (July 31, 2014; http://glz.co.il/1064-47425-he/Galatz.aspx). See also Amos Harel, “The Last War—and the Next,” Haaretz (1 July 2015).
[3] 2014 Gaza Conflict, paras. 91, 109, 119 (cf. paras. 56, 85, 91, 220, and p. 42n130).
[4] Ibid., Par. 96, 119.
[5] «“[T]he numerous specific incidents of attacks launched in close proximity to civilian buildings reported by the Israeli authorities, together with accounts of journalists in Gaza during the conflictand the findings of Amnesty International researchers documenting previous rounds of hostilities, indicate that attacks by armed groups in Gaza launched from within residential areas were far from isolated occurrences” (Unlawful and Deadly; emphasis added).
[6] Amnesty souligne lui-même que «les gouvernements qui souhaitent cacher leurs violations des droits humains au monde extérieur ont souvent interdit à Amnesty International l’accès aux lieux où ils ont été commis» (Amnesty International, Families under the Rubble).
[7] Fact-Finding Mission Médicale a rendu hommage à «l’indépendance et à la crédibilité des groupes de la société civile locale telles que Al Mezan, le PCHR» (p. 100).
[8] La liste des organisations israéliennes spécifiques aidant Amnesty est omise.
[9] Voir Al Mezan Center for Human Right et al., No More Impunity: Gaza’s health sector under attack (2015).
[10] Finkelstein, This Time, p. 76.
[11] 2014 Gaza Conflict, paras. 54, 129, 145, 151, 153, 254, 275, 277, 278, 280.
[12] Amnesty International, Nothing Is Immune.
[13] 2014 Gaza Conflict, para. 129. Incidemment, le rapport représente la démolition par Israël d’al-Wafa comme une «riposte précise et discriminée» (par. 285).
[14] «Les terroristes dans la bande de Gaza ont tiré un missile anti-char contre l’IDF depuis l’hôpital Al-Wafa, jeudi, en utilisant la structure comme une base d’attaque malgré la frappe aérienne d’Israël sur la structure mercredi à la suite des coups de feu et de missiles tirés par le Hamas. L’armée israélienne a riposté, tuant deux terroristes, et la force aérienne a ensuite frappé le bâtiment à partir duquel le missile a été tiré. L’armée de l’air a également frappé une structure près de l’hôpital Al-Wafa utilisé comme dépôt d’armes, et comme centre de contrôle.» (Yaakov Lappin, “Terrorists Fire Anti-Tank Missile from al-Wafa Hospital in Gaza”, Jerusalem Post, 25 July 2014).
[15]. Gili Cohen et al, “Israël bombarde un hôpital vide à Gaza , l’appelant le Hamas Command Center”, Haaretz (23 Juillet 2014); Fact-Finding Mission médicale, p. 50. Dans un autre contexte du rapport Unlawful and Deadly, Amnesty cite un haut responsable du Hamas selon lequel les roquettes ont été tirées à 200 ou 300 mètres des écoles ou des hôpitaux, et aussi que «des erreurs on été commises et qu’elles ont été rapidement traitées». La valeur probante d’une déclaration intéressée par un haut responsable du Hamas est, bien sûr, égale à celle d’un ministère des Affaires étrangères israélien dans un communiqué de presse, c’est à dire nulle.
[16] Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), Trapped and Punished: The Gaza civilian population under Operation Protective Edge (April 2015), p. 40.
[17] Voir, par exemple, B’Tselem (Centre d’information israélien pour les droits de l’homme dans les territoires occupés), les autorités israéliennes ont prouvé qu’ils ne peuvent pas enquêter sur les violations présumées du droit international humanitaire par Israël dans la bande de Gaza (http: //www.btselem. org / responsabilisation / 20140905_failure_to_investigate). Dans sa lettre d’introduction du rapport du conseil d’enquête de l’ONU, Ban Ki-moon «salue les efforts du Gouvernement d’Israël dans la réalisation d’enquêtes criminelles sur certains incidents survenus pendant le conflit». On ne sait pas pourquoi il est si enthousiaste à propos de enquêtes qui, si on se base sur toute l’expérience passée, seront toutes bidonnées.
[18] Finkelstein, This Time, p. 76.
[19] Un correspondant étranger d’Amnesty et du rapport 2014 Gaza Conflict (p. 76n234, p. 91n269, p. 214n496) ayant appuyé les accusations les plus sensationnelles contre le Hamas était William Booth, du Washington Post. Le journalisme créatif de Booth avait déjà été épinglé quand il a été suspendu par son journal pour plagiat (Paul Farhi,“Washington Post to Suspend William Booth over Panama Canal Story”, Washington Post, 18 January 2013)
[20] «J’ai été en mesure de me déplacer librement à l’hôpital, de prendre les photos que je voulais et de parler à qui je voulais. Je ne peux bien sûr pas dire que j’ai été dans tous les coins de l’hôpital, mais concernant ce que moi et [Dr] Erik Fosse avons vu, in n’y a pas de centre de commandement pour le Hamas.» (Mads chirurgien norvégien Gilbert, cité dans (http://en.wikipedia.org/wiki/Al-Shifa_Hospital)
[21] Correspondance par courriel, 15 et 17 Avril 2015, transmis par Sara Roy, de trois de ses contacts.
[22] Le Hamas a allégué que l’Autorité palestinienne fournit à Israël des informations sur les cibles recueillies par l’intermédiaire de ses agents dans la bande de Gaza. Elhanan Miller, “Hamas : PA gave Israel nearly a third of its Gaza targets”, Times of Israel (5 February 2015).
[23] Sur les 17 cas documentés dans le rapport, ceux qui sont pertinents citant al-Shifa sont les suivants :
1. «Les policiers ont emmené Saleh Swelim à leur centre de détention de Jabalia, connu comme le centre al-Sisi, puis à la clinique des patients ambulatoires à l’hôpital al-Shifa dans la ville de Gaza, que les forces du Hamas utilisaient pour détenir et interroger les suspects. MS, un jeune frère de Saleh Swelim, a dit à Amnesty International que les agents de sécurité intérieure l’ont lui aussi arrêté ce jour-là et qu’il a vu Saleh Swelim à la fois à l’établissement Al-Sisi et à l’hôpital al-Shifa, et que les agents de sécurité intérieure les ont torturés tous les deux.» [Suit un long témoignage par M.S. décrivant sa torture, mais il se termine sur cette note] «Nous avons tous les deux été battus pour avouer. Nous sommes restés dans le camp d’Al-Sisi jusqu’au lendemain puis nous avons été transférés à l’hôpital al-Shifa. Nous avons été reçus avec respect là dans la clinique des patients ambulatoires. Ils ne nous ont pas frappés et surtout après avoir vu les brûlures sur mon corps et les marques des coups, ils ont appliqué une pommade à mes blessures et m’ont donné un traitement médical.»
2. «Les trois hommes ont pris à la fois Ali Da’alsa et MD dans une voiture Hyundai noire, mais après environ 10 minutes, au cours desquelles ils avaient été agressés, les trois hommes ont laissé partir MD près d’al-Quds Open University. Le lendemain, MD est allé à la partie de l’hôpital al-Shifa utilisée par la sécurité intérieure pour en savoir davantage à propos de Ali Da’alsa. Il a déclaré à Amnesty International: ‹Je suis allé à l’hôpital ambulatoire al-Shifa où la sécurité intérieure avait un local. J’ai frappé à la porte et personne n’a répondu. J’ai continué à frapper à la porte jusqu’à ce qu’ils [la sécurité intérieure] arrivent. Ils se sont emparés de moi et m’ont frappé, insulté et traité durement, et ont intensifié leurs coups›.»
3. AH, 43 ans, un membre du Fatah, activiste et ancien officier supérieur PA, a raconté à Amnesty International que des membres des forces de sécurité intérieure du Hamas l’ont détenu alors qu’il quittait une mosquée dans la région orientale de la ville de Gaza, le 17 août 2014 et l’ont emmené à l’hôpital ambulatoire al-Shifa. Là, dit-il, ils l’ont torturé pendant environ deux heures en attachant ses mains derrière son dos, lui bandant les yeux et de le battant, y compris avec un marteau et un tuyau en plastique, lui faisant perdre connaissance à plusieurs reprises, et insulté avant de lui demander de parler de ses liens avec les forces de sécurité de l’AP: «Ce n’était pas vraiment un interrogatoire, juste une séance de torture.»
Le deuxième de ces trois témoignages ne semble pas montrer la pratique de la torture, en tout cas, pas comme les organisations des droits de l’homme la définissent ; sinon, chaque soldat israélien qui rudoierait un Palestinien en Cisjordanie serait coupable de torture, une charge que Amnesty n’a, à bon escient, jamais portée. Ainsi, seul le troisième témoignage semble être des preuves de torture, mais il vient d’un membre du Fatah, activiste et ancien officier supérieur PA, pas nécessairement la plus fiable des sources.
[24] 2014 Gaza Conflict, para. 129.
[25] John R. MacArthur, Second Front: Censorship and propaganda in the 1991 Gulf war (Berkeley: 2004).