…Une guerre contre l’Iran signifierait la fin d’Israël, des Saoud et de l’hégémonie américaine
Discours du Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, le vendredi 31 mai 2019, à l’occasion de la Journée Internationale d’Al-Quds (Jérusalem).
Traduction : lecridespeuples.fr
Voir les extraits précédents :
Extrait 1 : – La Résistance et les peuples arabo-musulmans n’abandonneront jamais la Palestine
Extrait 2 : En cas de guerre, le Hezbollah et la Résistance à Gaza s’empareront de vastes territoires israéliens
Extrait 3 : L’Axe de la Résistance est plus puissant que jamais, l’Accord du Siècle est voué à l’échec
Transcription
[…] Aujourd’hui- les États-Unis, Israël et l’Arabie Saoudite – se concentrent sur le point de force essentiel de cet Axe (de la Résistance). C’est le point suivant (de mon discours), à savoir l’Iran. C’est la puissance principale (de l’Axe de la Résistance), sans aucun doute. C’est le cœur de cet Axe. C’est l’Iran qui a aidé l’Irak lors de l’invasion de Daech, lorsque (ces terroristes) sont parvenus aux portes de Karbala et de Bagdad. L’Iran a aidé les dirigeants syriens et l’armée syrienne durant les temps difficiles (face à Daech), il s’est tenu aux côtés de la Résistance au Liban et de la Résistance en Palestine, etc., etc., etc. Et sa position (anti-impérialiste et anti-sioniste) est claire et décisive. Voilà tout.
Aujourd’hui, toute cette insistance contre l’Iran — et c’est Trump, Pompeo et les autres qui le disent explicitement, ce n’est pas mon analyse. (Ils disent) qu’en assiégeant l’Iran, en le soumettant à des sanctions et à des pressions, tout cet Axe (de la Résistance) s’affaiblira, s’effondrera et se dissoudra. Et ils commencent à faire le compte (de nos pertes) financières, attendant chaque fin de mois pour voir si le Hezbollah a (pu) payer ou non les salaires (de ses membres et combattants), n’est-ce pas ? Tous les yeux sont rivés sur l’Iran.
Hier, qu’ont dit nos frères (de la Résistance) à Gaza ? Ils ont déclaré : « Notre Communauté nous a abandonnés, mais l’Iran nous a (pleinement) soutenus. L’Iran nous a aidés militairement et financièrement. » Et c’est la vérité. C’est pourquoi (ils ont mis tous leurs efforts) contre l’Iran. Ils exercent une pression maximale sur l’Iran.
Au sujet de l’Iran, on retrouve ces mêmes régimes qui, depuis le premier jour, ont déclaré leur hostilité à la République Islamique. Dès le premier jour du triomphe de (la Révolution de) l’Imam Khomeini (en 1979), ils ont planifié et comploté (la chute) de la République Islamique. Et ils ont continué jusqu’à aujourd’hui, durant 40 ans. Ils ont diffamé l’Iran, lancé des accusations mensongères contre l’Iran, se sont efforcés d’isoler l’Iran, incité (les peuples arabo-musulmans) contre l’Iran… Un jour, on diffamait l’Iran en le désignant comme Majus (Zoroastrien, non-islamique) : on se souvient tous que la (propagande de) guerre de Saddam Hussein contre l’Iran était basée sur la (prétendue) lutte contre les Perses et les Mages (zoroastriens). Bien sûr, il ne pouvait pas prétendre qu’il s’agissait d’une guerre sunnites-chiites, comme l’ont fait les Saoud, car plus de la moitié du peuple irakien est chiite, de même qu’une grande partie de l’armée irakienne. Il n’était pas possible de leur présenter la guerre comme une guerre sunnites-chiites, donc il les a désignés comme des Mages (Zoroastriens). Mais le monde a découvert (depuis) que le peuple iranien n’est pas Zoroastrien (mais bel et bien musulman).
Ils ont d’abord présenté la lutte (contre l’Iran) comme une lutte des Arabes contre les Perses, puis ils ont développé la bataille comme une guerre sunnites-chiites. Ensuite, ils (ont essayé de) nous vendre (le risque) de la (conversion des peuples au) chiisme Safavide, Alawite et que sais-je encore. Enfin, ils en sont venus aux sanctions économiques, jusqu’aux menaces de guerre qui culminent aujourd’hui.
Va-t-il y avoir une guerre ou pas ? Telle est la question (brûlante) du jour. Car durant les dernières semaines, (le monde entier) s’est demandé s’il y aura (une nouvelle guerre) dans la région. Bien sûr, s’il y a une guerre entre les États-Unis et l’Iran, la région toute entière se transformera radicalement. Je vais en parler un peu.
Certains poussent à la guerre avec force. C’est, au sein de l’administration américaine —car Trump affirme qu’il ne veut pas de guerre, mais je parle des autres—, il est clair que Bolton pousse à la guerre de (toutes) ses forces. Bolton, le menteur, le personnage issu de dessin animés — vous vous souvenez de (ma plaisanterie il y a 15 ans sur son apparence comique et) sa moustache (extravagante) —, qu’a-t-il déclaré hier ? Il a dit que « Notre objectif n’est pas de renverser le régime iranien. » Mais il y a quelques mois, lors d’une rencontre avec les Hypocrites iraniens (Mujahedeen-e-Khalq), il a déclaré qu’avec la Grâce de Dieu, ils commémoreraient ensemble le Nouvel an (perse) 2019 à Téhéran (après avoir renversé le régime). Quels (mensonges) éhontés ! Nous n’oublions pas (les déclarations précédentes), surtout que celles-ci ne datent que de quelques mois, mon cher ami ! Ce ne sont pas des propos qui datent de 20 ans. Ça ne date que de quelques mois. Ils ont retourné leur veste ! Ils ont eu les jetons, pour parler familièrement. Je vais vous dire pourquoi ils ont fait marche arrière.
Il y a donc Bolton, Ben Salmane, Netanyahou, et (disons simplement) d’autres (dirigeants) du Golfe (qui poussent à la guerre), pour ne pas allonger la liste de noms. Voilà donc (la situation). Ils poussent tous (à la guerre). Quiconque regarde les médias du Golfe croira que Trump travaille pour les télévisions arabes. (Ces médias répétaient jour et nuit) que Trump était résolu à la guerre, qu’elle était imminente et que les destroyers américains étaient en route. A les en croire, Trump était posé devant ces chaînes de télévision arabe, et il exécutait leurs ordres.
Je vais partir des propos de Son Éminence l’Imam et Leader (de la Communauté Islamique), Sayed Khamenei, que Dieu le préserve. Et ce n’est pas un devin. C’est un homme qui dirige cette Communauté depuis 30 ans (la doctrine du wilayat-al-faqih en fait le dirigeant suprême de l’Iran et de tous les musulmans), et il connaît toutes les données stratégiques, tous les détails, tous les faits et toutes les équations de force et de faiblesse. Et il a déclaré qu’il n’y aurait pas de guerre. Ni guerre, ni négociations (avec les États-Unis). Le fait qu’il n’y ait pas de négociations est une décision (entièrement) entre les mains des Iraniens (qui refusent toute négociation avant la fin des sanctions, malgré l’insistance américaine pour une rencontre sans conditions préalables). Le fait qu’il n’y ait pas de guerre implique tout le monde (les États-Unis et leurs alliés, face à l’Iran et ses alliés).
Parlons donc de l’improbabilité d’une guerre. Pourquoi (Sayed Khamenei affirme-t-il qu’il) n’y aura pas de guerre ? Voici notre analyse (de la situation). Je ne prétends pas présenter les raisons qui ont motivé le propos de Son Éminence Sayed Khamenei, mais notre analyse à nous (le Hezbollah).
Premièrement, c’est la puissance de l’Iran (qui repousse l’éventualité d’une guerre). S’il n’y a pas de guerre, ce n’est dû à la bienveillance ou à la générosité de personne. Si l’Iran était faible, la guerre aurait eu lieu depuis bien longtemps. Le niveau (exceptionnel) de haine, de ressentiment, de complot et de conspiration des pays arabes, du Golfe, des États-Unis d’Israël et des sionistes contre l’Iran aurait déjà poussé à une guerre depuis très longtemps si Iran avait été faible. C’est parce que l’Iran est fort et possède des capacités (considérables), par son peuple, ses forces armées, son régime, son Leader, ses autorités religieuses et savants, par sa situation générale et ses spécificités, et parce qu’en premier et en dernier lieu, l’Iran place sa confiance en Dieu, croit en Lui et en Sa promesse, l’Iran est puissant, et c’est pour cela qu’il est redouté de tous. L’Iran est craint et respecté. Voilà pour le premier point (qui explique l’improbabilité d’une guerre). Trump ne fait pas face à un régime qui ne tiendrait pas une ou deux semaines ou dont les avions s’écraseraient (sans les États-Unis, contrairement à l’Arabie Saoudite), nous parlons d’une puissance véritable. Voilà pour le premier point. Telle est la première raison (de l’improbabilité d’une guerre).
La deuxième raison − et (je souhaite) que le monde entier écoute attentivement mes propos − est que M. Trump, son administration et ses services de renseignement savent très bien qu’une guerre contre l’Iran ne resterait pas limitée aux frontières de l’Iran ! Une guerre contre l’Iran mettrait toute la région à feu et à sang !
[Audience : A ton service, ô Nasrallah !]
Toute la région s’embrasera ! Et toutes les forces américaines et les intérêts américains dans la région seront annihilés ! Et tous ceux qui ont comploté et conspiré (contre l’Iran) en paieront le prix (exorbitant), et en premier lieu Israël et les Saoud !
[Audience : A ton service, ô Nasrallah !]
Et Trump sait que lorsque la région s’embrasera… Peu lui importe qui mourra et qui restera en vie. Je parle de ce qui lui importe ! Lorsque la région s’embrasera, le prix du baril de pétrole atteindra les 200, 300 voire 400 dollars, et il perdra les élections (présidentielles). Telle est l’équation des forces. Lorsque Son Éminence le Leader affirme qu’il n’y aura pas de guerre, (cela signifie que) l’Iran n’initiera de guerre contre personne, mais si les États-Unis veulent initier cette guerre, ils doivent prendre en considération toutes ces données dans leurs calculs, à savoir l’ampleur des pertes humaines et matérielles que subiront les États-Unis s’ils se lancent dans une telle guerre. Et c’est cela qui empêche la guerre de survenir.
Quant à ces misérables (Saoud), ils veulent que Trump vienne combattre pour leur défense, au service de leurs haines et de leurs ressentiments… Eh, tonton, Trump ne travaille pas pour vous, c’est vous qui êtes à son service ! C’est vous qui êtes à sa botte ! C’est vous qui êtes les instruments de son projet, et non l’inverse ! (Il n’est pas au service de) vos ambition et de vos haines ! Ses calculs sont différents des vôtres ! Il ne compte qu’en millions, en milliards, en dollars, en pétrole… Tels sont ses calculs, bien différents des vôtres !
Maintenant, détendons un peu l’atmosphère. Faisons donc l’hypothèse que les États-Unis lancent une guerre contre l’Iran. Et imaginons que l’Iran ne parvienne pas a faire échec à cette attaque, et qu’à Dieu ne plaise, les États-Unis en sortent vainqueurs et l’Iran vaincu. Comment Trump pourrait-il soutirer les milliards de dollars qui restent aux pays du Golfe ? Comment ? Trump utilise et instrumentalise tout dans un but économique et financier. L’Iran est puissant, et Trump n’a aucun intérêt à ce que les pays du Golfe s’entendent, dialoguent avec l’Iran ou concluent des pactes de non-agression avec l’Iran. Il n’a aucun intérêt à cela. Son intérêt est de continuer à faire en sorte que les pays du Golfe continuent à avoir peur de l’Iran pour les traire, les traire et encore les traire (de tous leurs milliards)… et n’en laisser aucune goutte ! N’est-ce pas ? S’il lance cette guerre, quelle sera la logique, quelle sera la nécessité de vendre tous ces missiles, tous ces avions, tous ces tanks, d’envoyer tous ces destroyers (dans le Golfe persique), toutes ces bases dans la région, etc. Tout cela n’aura plus de sens. Quelle stupidité, quelle stupidité ! Quelle imbécillité ! Gloire à Dieu !
Quoi qu’il en soit, la priorité de Trump est donc la guerre économique contre l’Iran. Et il mène une guerre économique contre la Chine, et même contre le Venezuela, qui n’est pas l’Iran, mais sa priorité y est quand même la guerre économique. Même contre la Corée du Nord, sa priorité est la guerre économique.
Quoi qu’il en soit, je veux présenter des indices forts qui montrent que l’hypothèse d’une guerre s’est estompée. Premièrement, Trump lui-même, qui est le décideur et le principal concerné, a déclaré à la télévision qu’il ne veut pas de confrontation militaire avec l’Iran, et que leur guerre contre l’Iran était économique, car une guerre militaire entraînerait davantage de pertes financières et humaines. Et il a réfuté de manière catégorique l’existence d’un plan visant à envoyer 120 000 officiers et soldats américains dans la région, et les 120 000 soldats sont devenus 5000, les 5000 sont devenus 1500, les 1500 sont devenus 900, et ils ont (finalement simplement) prolongé la mission des 600 qui sont déjà présents ici. Ce sont des faits indéniables, n’est-ce pas ?
Fondamentalement, ô mes frères et sœurs, Trump veut quitter la région, et il a fait toute une histoire pour quitter la Syrie. Mais immédiatement, la CIA, le Pentagone, le Congrès, Israël, l’Arabie Saoudite et les Émirats ont fait un scandale, et lui ont tous dit (à l’unisson) que s’il quittait la Syrie, les Émirats et l’Arabie Saoudite se rendraient immédiatement à Damas (pour renouer leurs relations avec le régime), que Damas reviendrait (en force) au sein du monde arabe, et que cela renforcerait l’Iran. Il a donc (cédé à ces pressions) et accepté de laisser 200 soldats en Syrie. […]
Ce discours sera traduit dans son intégralité. A venir :
IV – Le sommet de La Mecque
V – Des usines de fabrication de missiles de précision au Liban ?