Par Dmitry Orlov – Le 23 janvier 2018 – Source Club Orlov
Il y a actuellement beaucoup d’insatisfaction face à la performance d’un président américain assiégé. Pour commencer, il avait les mauvais partisans : trop peu de féministes radicales ; trop de mâles hétérosexuels blancs dont la masculinité toxique est un problème majeur selon les féministes radicales. Ensuite, bien sûr, il n’a été élu que grâce à l’ingérence néfaste du plus grand syndicat du crime organisé au monde, la Russie, dirigé par nul autre que le redoutable pirate Poutine. Les Russes sont si parfaitement intelligents que pas un seul fragment de preuve concluante de leur ingérence n’a pu être mis au jour malgré une année d’efforts inlassables d’un enquêteur spécial extraordinairement compétent. Alors, et cela ne fait qu’empirer, il se trouve qu’une autre sorte d’ingérence néfaste était en cours : le ministère de la Justice et le FBI, sous la direction de Barack Obama, ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour exonérer Hillary Clinton de ses nombreux crimes tout en mettant le paquet pour déterrer toutes les crasses possibles sur Trump. Mais c’est aussi totalement de la faute de Trump : comment a-t-il pu ne pas commettre de bourdes menant à sa destitution, pour permettre à ses adversaires de les trouver ?
Non seulement Trump est un candidat mandchou mis en place par Poutine et / ou élu par un groupe de rétrogrades et d’indésirables. Non seulement il a fait des promesses de campagne horriblement populistes, comme ramener des emplois américains délocalisés ; comme éloigner les immigrants illégaux qui volent aussi des emplois américains ; comme ramener des troupes américaines à la maison, elles qui sont stationnées dans de nombreux trous d’enfer que l’armée américaine a créés activement dans le monde entier ; comme renégocier des accords commerciaux pour favoriser les Américains plutôt que les étrangers ; comme rétablir de bonnes relations avec la Russie ; comme « Rendre l’Amérique Grande à Nouveau » (aussi improbable que cela puisse paraître). Le pire de tout, il n’a pas réussi à tenir une seule de ces promesses ! Au lieu de cela, le peu réalisé jusqu’à présent sous sa présidence et pouvant être considéré comme positif, c’est une nouvelle progression des bulles financières, avec des actions et des obligations ressemblant à des palmiers de cent pieds qui poussent dans des seaux. Qu’est ce qui leur arrivera quand un fort vent soufflera ? Cela ne rend pas Trump différent de ses prédécesseurs. L’un d’eux a-t-il effectivement rempli ses promesses de campagne ? Mais d’une façon ou d’une autre, un président américain mentant en faisant campagne pour le poste, puis ignorant ses promesses une fois élu, comme n’importe quel autre président américain, n’est maintenant plus assez bon pour certaines personnes.
Mais ça devient encore pire…
Nous savons maintenant que « Trump le Politicien », « Trump l’Économiste » et « Trump le Diplomate » sont tous des livres si courts qu’un enfant pourrait en colorier un en entier d’un seul élan. À en juger par les mots qui sortent de sa bouche, il est intellectuellement aussi vide que Ronald Reagan, à la différence que si Reagan était un acteur qui mémorisait et récitait fidèlement son texte, Trump est un showman qui improvise sur place afin de provoquer un maximum d’indignation. Et alors que Reagan, à la popularité décroissante, a vu celle-ci remonter fortement après s’être fait tirer dessus, aurait pu dire, « Pourquoi ne pas sortir et se faire tirer à nouveau ? » chaque fois que sa popularité recommençait à sombrer, Trump est quelqu’un qui tire en premier. Son arme de prédilection est Twitter : pratique pour attirer l’attention, à longue portée et parfaite pour maximiser les dégâts.
Il est clair que malgré ses limites intellectuelles, Trump s’est vite rendu compte qu’il serait contrarié à chaque tournant. Ses initiatives sur l’immigration ont pu être bloquées par un seul juge politisé. Le complexe militaro-industriel a saboté tous ses efforts pour mettre fin aux programmes d’armement qui gaspillent de l’argent, notamment celui sur les F-35 ou encore les bases inutiles à l’étranger comme celles en Syrie et en Afghanistan. Les membres de son propre parti ont nié ses efforts pour mettre fin à l’Obamacare avant qu’il implose. L’amélioration des relations avec la Russie a été rendue impossible par d’interminables accusations d’ingérence russe. La victoire symbolique qu’il a obtenue est une sorte de réforme fiscale, mais cela n’a été possible que parce que tous les kleptocrates dans le monde entier peuvent toujours être d’accord pour dire que plus d’argent est une bonne chose et que la faillite nationale n’est pas un sujet de discussion digne d’intérêt. Donc Trump a décidé d’adopter une stratégie d’infraction maximale, en utilisant Twitter et d’autres moyens de relations publiques à sa disposition. Il est, à ce stade, une boule de démolition en action, couleur orange, au cas où vous aimez peindre vos boules de démolition. Et à ce jeu, il a obtenu des succès probants.
Travaillons sur quelques exemples.
Comme les derniers seront les premiers, regardons l’immigration. Contrarié dans ses efforts pour arrêter l’immigration en provenance de pays qui engendrent des terroristes islamistes ou pour construire son mur sur la frontière mexicaine, il a réussi à empoisonner l’atmosphère de la pièce en une seule boutade : « Pourquoi prenons-nous des gens venant de pays de merde ? ». Il aurait pu dire « pays à faible QI » à la place, avec un argument jouant sur un trait intellectuel plutôt qu’émotionnel, mais il aurait été lapidé par les gens à faible QI. Je ne connais pas d’études universitaires sérieuses sur ce sujet, mais pour tout ce que nous en savons, il peut y avoir une corrélation significative, et peut-être un lien causal, entre faible QI et propension à déféquer à l’extérieur comme un animal [Merde au sens « pays de merde », NdT]. Pourtant, utiliser l’argument des excréments plutôt que celui du QI lui a fait rater l’occasion de peindre les « pro-immigration » avec une couleur amusante dans leur combat pour laisser une empreinte idoine dans le pool génétique de la nation.
Ensuite, regardons le tumulte qui s’est ensuivi après que l’administration Trump a reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël sans mentionner qu’elle est aussi la capitale de la Palestine et qu’elle est sous une occupation israélienne illégale et non reconnue par le droit international. Cette action a provoqué une scission internationale : à l’Assemblée générale des Nations Unies, les seuls pays qui se sont ralliés à la décision américaine étaient Israël, quelques « trous à merde » d’Amérique centrale dirigés par les États-Unis et une poignée d’îles de l’océan Pacifique achetées avec quelques boîtes de conserves. Puis l’administration Trump a réagi en réduisant son financement à l’ONU. Cela a permis d’atteindre deux objectifs importants.
Premièrement, cela a permis aux États-Unis de se retirer de la course à n’importe quel poste de leader international, parce que le leadership international repose sur le respect du droit international et sur la capacité de construire un consensus international sur des questions clés. Ce comportement en est l’exact contraire. Plus précisément, cela a pratiquement éliminé la capacité de la diplomatie américaine à participer aux négociations politiques sur l’avenir du Moyen-Orient, laissant le champ libre à la Russie, à l’Iran et à la Turquie.
Deuxièmement, cela a aidé à démolir la fiction selon laquelle la relation entre les États-Unis et Israël était en quelque sorte du gagnant-gagnant : les États-Unis soutiennent Israël en tant que patrie juive (sur la base des images en noir et blanc de l’Holocauste) et seule « véritable » démocratie de la région, alors qu’Israël est l’allié fidèle de l’Amérique dans une région instable et stratégiquement importante. La vérité est que cette relation est plus proche du parasitisme : Israël infecte les États-Unis comme un champignon infecte une fourmi, en prenant le contrôle de son système nerveux. Prenez en compte les faits suivants. Les six principales sociétés de médias aux États-Unis appartiennent à des juifs. La moitié des membres du Congrès américain ont prêté serment d’allégeance au Comité d’action politique AIPAC–American-Israel. Les juifs sont très actifs dans les studios de Hollywood, où ils établissent l’ordre du jour et contrôlent le message.
Le New York Times et le Washington Post – qui exercent un grand contrôle sur la couverture des nouvelles internationales, amplifiant certaines histoires tout en ignorant les autres – sont dans une large mesure juifs. Si vous cherchez des preuves d’ingérence étrangère dans les élections américaines, ne cherchez pas plus loin que les millions donnés à Trump par certains oligarques juifs, spécifiquement pour la reconnaissance par Trump de Jérusalem comme capitale israélienne. La vaste influence de toutes les organisations contrôlées par les juifs fait que toute discussion sur ce thème assez important est sujette à la censure et aux cris aigus d’ « antisémitisme ! ». (Le terme « sémitisme » a été initialement inventé comme un terme décrivant des abus contre les « Sémites » – les descendants supposés d’un « Sem » mythique de la Bible, et donc les anti-Sémitiques seraient, techniquement, ceux qui s’opposent à l’abus des juifs et des Arabes). En tout, la reconnaissance de Jérusalem par Trump a aidé à faire comprendre que l’establishment politique américain était une fourmi zombie infestée par un champignon parasitoïde judéo-israélien.
Mon troisième exemple (il y en a un peu plus, mais il n’y a de la place que pour trois), c’est le travail de démolition rapide et facile de Trump sur les alliances stratégiques de l’Amérique. Un voyage en Arabie saoudite, durant lequel quelques danses maladroites avec des épées et un regard étrange dans une boule de cristal avec le roi saoudien, a entraîné le retrait du Qatar du Conseil de coopération du Golfe, le rendant peu coopératif envers ses anciens alliés et tendant maintenant l’oreille vers l’Iran et la Russie. Un voyage au siège de l’OTAN à Bruxelles a exposé cette organisation tout à fait inutile comme… eh bien, tout à fait inutile. Trump a dit aux Européens qu’ils devaient payer pour leur vie en achetant des armes américaines et que les États-Unis ne les protégeraient pas nécessairement. L’explosion soudaine de compréhension que les garanties de sécurité américaines étaient largement un vœu pieux, et que les Européens doivent faire leur propre paix avec la Russie, a aidé à lancer une discussion au sein de l’UE pour qu’elle trace sa propre route et mette en place les moyens de sa propre sécurité. Et puis il y a eu le concours de quéquettes entre Trump et Kim Jong-un, l’étonnamment efficace dirigeant de la RPDC, et c’est Trump qui a perdu. Ce faisant, il a clairement indiqué que s’il n’y a pas de solution militaire acceptable pour résoudre la situation en Corée, les États-Unis sont malgré tout très heureux de mettre leurs alliés en danger simplement pour donner un coup de pouce à leur président. La discussion sur le plus gros « bouton nucléaire » était particulièrement instructive. Comme le dit le vieil adage, « une bombe nucléaire peut vous gâcher la journée ». Miraculeusement, ce concours de quéquettes a provoqué un rapprochement entre le Nord et le Sud et leurs athlètes olympiques se préparent maintenant à participer ensemble aux Jeux d’hiver de PyeongChang.
Il y a des gens aux États-Unis qui souhaitent un meilleur président : quelqu’un qui pourrait réparer les choses. Mais que se passerait-il si une telle personne ne pouvait pas exister, même en théorie ? Et si ce dont le pays avait besoin maintenant, c’était d’une belle grosse boule de démolition, pour abattre tous les bâtiments devenus dangereux et qui devraient être condamnés ? Vous pouvez peindre votre boule de démolition de n’importe quelle couleur, celle que vous aimez, de sorte qu’elle reste jolie même en restant suspendue, mais la peinture a tendance à partir au premier contact avec les murs de brique de la réalité. En fin de compte, tout ce qui compte, c’est que le bâtiment condamné s’effondre. Une fois cela fait, il deviendra possible de dégager les décombres et de construire quelque chose de mieux à la place.
Le livre de Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateur de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie » c’est à-dire l’étude de l’effondrement des sociétés ou des civilisations.
Note du Saker Francophone Dans le même ordre d'idée, vous pouvez lire l'analyse d'Israël Shamir: « Vous pénétrez dans le secteur américain »
Traduit par Hervé relu par Catherine pour le Saker Francophone
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