Black Cube commence par nier, puis tente de brouiller les cartes…


… et enfin admet qu’il espionne les négociateurs de l’accord avec l’Iran.


Moon of Alabama

Moon of Alabama

Par Moon of Alabama – Le 7 mai 2018

Hier, nous avons publié un article sur « Black Cube », une société d’espionnage israélienne étroitement liée à l’État profond. L’article a été mis à jour tout à l’heure.

Black Cube a utilisé de fausses identités pour tromper deux anciens membres de l’administration Obama, Ben Rhodes et Colin Kahl, ainsi que le lobbyiste pro-iranien Trita Parsi, dans le but de découvrir s’ils avaient profité de l’accord nucléaire (JCPOA) avec l’Iran. Selon l’Observer, qui a le premier parlé de cette affaire sans nommer Black Cube, des personnes liées à l’administration Trump auraient engagé l’entreprise pour dénicher des informations susceptibles d’aider Trump à dénoncer l’accord nucléaire avec l’Iran.

Aujourd’hui, la firme panique et tente de couvrir ses traces.

C’est pourquoi nous avons reçu ce courriel :

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Black Cube nous écrit à propose de l’article de Moon of Alabama :

« S’il vous plaît postez notre commentaire complet au plus vite ! Votre article nous nuit et il s’agit de diffamation si vous ne publiez pas notre démenti dans sa totalité. »

Je n’ai pas inclus leur « commentaire complet » dans la capture d’écran du courriel. Je ne vois absolument aucune raison de publier leurs « commentaires » et leurs démentis fallacieux.

Comment est-ce que je sais que Black Cube ment ?

Eh bien, c’est ce que font les espions !

Dans leur première réponse aux médias israéliens après que l’article de l’Observer a été publié sans nommer la société Black Cube, celle-ci a nié toute implication. Nous avons ensuite relié Black Cube à l’article de l’Observer. Ce matin, le New Yorker a confirmé nos découvertes et a reçu en réponse un autre commentaire de Black Cube. Le déni de l’entreprise n’était plus aussi catégorique, et la déclaration contenait des précisions suspectes :

« Black Cube a publié une déclaration disant : ‘Black Cube a comme politique de ne jamais parler de ses clients avec une tierce partie, et de ne jamais confirmer ou nier les spéculations concernant le travail de la firme’. On peut aussi lire dans cette déclaration : ‘Black Cube n’a aucun lien avec l’administration Trump, ni avec le personnel de Trump, ni avec aucun proche de l’administration, ni avec l’accord nucléaire iranien’. »

« Black Cube n’a aucun lien avec l’accord nucléaire iranien. » Hmm, bizarre… Qui a jamais dit qu’elle en avait ?

Puis la firme a dit à Haaretz que, oui, l’accord avec l’Iran était la raison pour laquelle elle avait essayé d’espionner les membres de l’administration Obama qui avaient travaillé à cet accord :

« La firme de renseignement israélienne Black Cube a été engagée pour espionner d’anciens collaborateurs de l’administration Obama l’année dernière. Selon une source proche de la firme, la firme de renseignement israélienne était cependant mandatée par une entité commerciale, et non par des membres du personnel du président américain Donald Trump.

Une source proche de la firme a déclaré que le but de sa collecte de données était de servir les intérêts commerciaux ou juridiques de son client, et n’avait rien à voir avec Trump. La source a également indiqué que tout ce qui concernait la question nucléaire iranienne était lié aux intérêts commerciaux du client qui avait engagé la société d’espionnage. »

Emmanuelle Elbaz-Phelps travaille pour la chaîne de TV israélienne Channel 10. Elle décrit ici l’évolution de ces mensonges à partir de son interaction personnelle avec l’entreprise :

Emmanuelle Elbaz-Phelps @manuelbaz – 17:09 UTC – 7 mai 2018

Voilà ce qu’elle a écrit :

1. Juste après l’article publié dans le #Observer, j’ai demandé au porte-parole du #BlackCube si Black Cube est en fait la firme israélienne dont parlait (sans la nommer) l’Observer. Sa réponse (hier matin) a été : « Aucun rapport avec nous ».

2. @lrozen a tweeté hier qu’il était confirmé que la firme israélienne en question était bien #BlackCube. Cette dernière a encore nié. « C’est des foutaises, ce n’est pas nous. » Je l’ai mentionné ici.

3. Ce matin, après la publication de @RonanFarrow dans le @NewYorker, sa version a changé : « Nous ne savions pas que le @guardian parlait de nous. Nous ne le savions pas parce que cet article portait sur #Trump. Mais ensuite nous avons vu les courriels de l’article du New Yorker et ceux-là nous les connaissons. »

4. Il a insisté sur le fait qu’« il n’y a aucun lien avec Trump ni avec l’accord nucléaire #iranien » mais il n’a pas nié que #BlackCube a été engagée par une entreprise privée et il m’a même dit que le client était « quelqu’un qui profite des sanctions sur l’Iran ».

Question : qui est le client et quels liens a-t-il avec Trump ?

Maintenant, d’autres médias israéliens reçoivent des informations plus précises, probablement tout aussi fausses, au sujet de l’« entreprise privée » :

Neri Zilber @NeriZilber – 17:13 UTC – 7 mai 2018

L’opération de Black Cube ciblant d’anciens employés d’Obama concernait soi-disant un différend commercial entre deux compagnies maritimes − dont une taïwanaise − impliquant le régime de sanctions contre l’Iran. Selon la chaîne de TV israélienne Ch2.

Il est évident que les déclarations de Black Cube n’ont rien à voir avec la vérité, ce sont des démentis purs et simples qui se transforment en mensonges de plus en plus tortueux chaque fois qu’ils sont contredits par de nouvelles preuves. L’explication de Black Cube sur le « différend entre deux compagnies maritimes » est certainement aussi fausse que ses déclarations antérieures.

Ni ce site, ni aucun autre site ne diffame Black Cube. La communauté de l’espionnage s’en charge toute seule.

L’affirmation initiale de l’Observer, selon laquelle des personnes proches de Trump avaient embauché Black Cube, n’a été ni confirmée, ni contredite par aucun autre rapport.

Le fait que Black Cube se mette tout à coup à invoquer un lointain « conflit maritime taïwanais » finit de me convaincre que des proches de Trump sont bien impliqués dans cette affaire.

Note du Saker Francophone

Black Cube a aussi été citée lors de l'affaire Weinstein ...

Traduction : Dominique Muselet

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1 réflexion sur « Black Cube commence par nier, puis tente de brouiller les cartes… »

  1. Ping : Quand d’« anciens » espions sont lâchés dans la nature, le pire peut arriver | Réseau International

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