Tout comme les Démocrates le faisaient avec Trump et la Russie …


Biden va intensifier les agressions contre la Chine, pendant que les Républicains vont le qualifier de marionnette de Pékin


Par Caitlin Johnstone – Le 11 février 2021 − Source 

« L’équipe Biden est molle envers la Chine », tweetait l’autre jour le sénateur républicain Ted Cruz, faisant écho à une accusation très courante de la droite contre le nouveau président.

Cruz qui, biologiquement, est surtout un parasite des zones humides, raconte des conneries. Il n’y a aucune preuve à ce stade précoce que l’administration Biden soit « molle envers la Chine ». Il y a au contraire beaucoup d’éléments qui montrent qu’elle sera exactement le contraire.

Aujourd’hui même, le président a annoncé la création d’un nouveau groupe de travail du Pentagone chargé de contrer Pékin. Ce groupe sera dirigé par un virulent va-t-en-guerre anti-chinois, qui critiquait déjà Trump d’être trop indulgent envers la Chine.

Dave DeCamp, du blog Antiwar, nous en parle :

Les responsables du Pentagone ont déclaré que cette force opérationnelle est un "effort d’urgence" pour examiner des choses comme la présence de troupes américaines dans la région, le renseignement et le rôle des alliés et partenaires des États-Unis dans la lutte contre la Chine. Le groupe de travail est dirigé par Ely Ratner, un va-t-en-guerre sinophobe que Biden a nommé conseiller spécial du secrétaire à la défense, Lloyd Austin.

Avant son nouveau poste au Pentagone, Ratner travaillait au sein du groupe de réflexion interventionniste Center for a New American Security (CNAS). Malgré la ligne dure de l'administration Trump envers Pékin, Ratner pensait que Trump n’était pas assez dur. En septembre 2020, il a co-écrit un article intitulé "Trump est faible envers la Chine, et les Américains en payent le prix".

Depuis son poste au CNAS, M. Ratner a dirigé une étude sur la Chine, mandatée par le Congrès, qui a été publiée en janvier 2020. Le rapport décrivait les différentes façons dont les États-Unis pourraient concurrencer Pékin en Asie, y compris la dissuasion militaire ou une "posture de combat crédible dans l'espace Indo-Pacifique".

Biden a déclaré haut et fort vouloir « faire face aux abus économiques de la Chine, de contrer ses actions agressives et coercitives, de repousser ses attaques contre les droits de l’homme, la propriété intellectuelle et la gouvernance mondiale ». Son conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a restructuré le Conseil de sécurité nationale pour donner la priorité à la lutte contre la Chine dans la zone Indo-Pacifique. Son secrétaire d’État, Tony Blinken, qui était totalement d’accord avec la politique belliciste envers la Chine de Trump, a dénoncé les fonctionnaires chinois pour leur traitement des Ouïgours, des Tibétains et de Hong Kong lors de son tout premier appel à Pékin, après son entrée en fonction. Son ministère de la défense envoie des navires de guerre en mer de Chine méridionale.

Biden se prépare manifestement à être agressif envers la Chine et tous les signes montrent que les tensions entre ces deux puissantes nations ne feront que s’intensifier dans les années à venir. Pourtant, des Républicains sordides comme Ted Cruz et leurs partisans au cerveau délavé continueront de lancer des accusations comme quoi cette administration a de la sympathie envers Pékin.

Comment puis-je savoir que cela va se produire ? Eh bien, outre le fait que cela se produit déjà et se prépare depuis des mois, je le sais parce que c’est exactement ce qui s’est passé la fois précédente.

Tout au long de ses quatre années de mandat, Donald Trump a été constamment criblé d’accusations de loyauté secrète envers le Kremlin, même après que l’enquête Mueller n’a pas réussi à inculper un seul Américain pour conspiration avec le gouvernement russe. Ces accusations n’ont pas nui à Donald Trump de manière significative, mais elles ont fini par lui fournir une couverture qui lui a permis d’augmenter la tension des relations avec la Russie, plus agressivement que tout autre président depuis la chute du mur de Berlin.

Lors de la course à la présidence de 2012, Barack Obama s’était moqué de Mitt Romney qui déclarait que la Russie était la plus grande menace géopolitique de l’Amérique : « Les vieux des années 80 demandent à ce que l’on reprenne leur politique étrangère, mais la guerre froide est terminée depuis 20 ans. « .

Imaginez un instant la réaction que les libéraux américains de l’époque auraient eue s’ils étaient passés directement de ce genre de discours à celui de l’effrayant gars à la chevelure orange qui accélérait sa course vers un conflit nucléaire avec l’autre grande force nucléaire mondiale. Ils auraient paniqué de façon catastrophique, car ils n’étaient pas encore entraînés à haïr la Russie et à exiger des agressions accrues contre Moscou. Le Russiagate fut avant tout une opération psychologique de masse née, du cartel du renseignement américain pour faire avancer les programmes préétablis de ce dernier contre une ancienne cible géostratégique.

J’ai déjà dit il y a quelques années que la cible ultime du Russiagate n’était pas Trump ou la Russie mais la Chine, et nous voyons cela se produire maintenant. La relation de plus en plus étroite entre Moscou et Pékin signifie que celle-ci doit être ciblée et arrêtée, par le biais de la guerre économique et d’autres manœuvres de type guerre froide afin d’affaiblir sa capacité à défendre la véritable cible, qui est la Chine, avant que sa puissance économique croissante ne puisse mettre définitivement fin à l’hégémonie unipolaire des États-Unis dans notre monde.

Nous assistons à une troisième guerre mondiale au ralenti entre une alliance de puissances centrées sur les États-Unis et les nations qui ont résisté à l’absorption dans cette alliance. La propagande joue un rôle vital dans la fabrication du consentement public pour les différentes étapes qui doivent être prises en cours de route pour y parvenir. C’est ce que nous avons vu avec les Démocrates et leur hystérie fabriquée contre la Russie, et c’est ce que nous voyons avec les Républicains et leur hystérie fabriquée contre la Chine.

Sénateur Ted Cruz  @SenTedCruz – Le 8 février 2021

L'équipe Biden fait preuve de mollesse envers la Chine.

Si vous pouvez créer une situation où le chef d’une faction politique intensifie les agressions contre une nation ciblée alors que l’autre faction politique l’accuse constamment de loyauté envers cette même nation, vous avez réussi à manipuler le public pour qu’il encourage activement autant d’escalades de type guerre froide que possible, même si celles-ci sont dangereuses. De plus, vous interdisez à la faction opposée de résister à ces actions dangereuses parce qu’elle subit des pressions politiques afin de montrer qu’elle n’est pas « molle » envers la nation ciblée [ni traîtresse envers son propre pays, NdT] ; ce qui fait qu’elle devient beaucoup plus belliciste envers cette nation que ses propres accusateurs.

Trump a été poussé, avec succès, à frapper la Russie avec des sanctions, la menacer d’une révision agressive de sa posture nucléaire et de troupes à sa frontière, bombarder et affamer ses alliés tout en déchirant des traités nucléaires cruciaux, tout cela alors que les marionnettes Démocrates ignoraient complètement ces actions et continuaient à insister sur le fait que Trump agissait comme on s’attendrait à ce qu’un agent secret russe agisse. L’opération psychologique a parfaitement fonctionné. Alors pourquoi changer la formule ?

Biden va continuer ses agressions contre la Chine pendant que la classe politique/médiatique de droite continuera à prétendre qu’il est mou envers la Chine. Les membres de la droite seront manipulés pour applaudir la propagande médiatique et les bêtises d’Internet qui racontent que l’ordinateur portable de Hunter Biden prouve que son père appartient au Parti Communiste Chinois. Ce ne sera pas exactement la même chose que le Russiagate parce que les sujets et les données démographiques ne sont pas les mêmes, mais le résultat final sera l’escalade vers une troisième guerre mondiale au ralenti contre les gouvernements les plus puissants et les plus réfractaires à l’absorption par la globalisation.

C’est un exemple parfait de la façon dont les partis Démocrate et Républicain fonctionnent, par une combinaison de coups droits et de revers, comme en boxe, chacun travaillant pour préparer l’autre à subir le coup de grâce. Ils ne se ressemblent pas et ne sont pas utilisés exactement de la même manière, mais ils sont tous deux utilisés conjointement pour atteindre le même objectif : frapper le reste de l’humanité au visage jusqu’à ce qu’elle tombe KO.

Caitlin Johnstone

Traduit par Wayan, relu par Jj pour le Saker Francophone

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