… il rejette « l’intervention » des États-Unis dans la guerre pétrolière russo-saoudienne
Par Tyler Durden − Le 25 mars 2020 − Source ZeroHedge
« Nous ne pensons pas que quiconque devrait intervenir dans ces relations », a déclaré vendredi le bureau de la présidence russe à propos de ses « bonnes relations » et de son « partenariat » avec les Saoudiens, répliquant aux commentaires de Trump sur l’émergence de la guerre des prix du pétrole.
Hier, le président Trump a qualifié la guerre des prix du pétrole saoudo-russe de « très mauvaise » pour l’Arabie saoudite mais finalement « dévastatrice » pour la Russie, mais avec la consolation d’une baisse des prix à la pompe pour les consommateurs américains.
Trump a assuré au public que «nous avons beaucoup de pouvoir sur la situation», ajoutant que Washington tentera de négocier le différend «au moment opportun». Cela après l’effondrement des prix du pétrole américain de 24% mercredi à seulement $20, avant de récupérer jeudi après-midi et vendredi matin à $25 après les commentaires de Trump et surtout des rapports selon lesquels les États-Unis achèteront jusqu’à 30 millions de barils de brut pour leurs stocks d’urgence, fin juin.
Mais comme prévu, le Kremlin est resté imperturbable depuis le lancement de sa « guerre contre le pétrole de schiste américain » lorsqu’il a enterré, au début du mois, le plan de Riyad et de l’OPEP +, qui prévoyait de réduire considérablement sa production, faisant chuter les prix du brut et laissant des dizaines de producteurs américains vacillant au bord de la faillite. Vendredi, le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a minimisé la crise émergente : « Il n’y a pas de guerre des prix entre la Russie et l’Arabie saoudite. Il existe un environnement tarifaire très défavorable pour de nombreux pays », a-t-il déclaré selon l’agence TASS.
Il semble donc en effet que Moscou et Riyad sont entrés dans un long jeu d’intimidation, et les Russes ont certainement signalé qu’ils avaient depuis longtemps accumulé les réserves nécessaires pour traverser la tempête, quel que soit le point jusqu’auquel les Saoudiens voudront pousser le jeu. Sur ce sujet, Bloomberg avertit : « Le président russe Vladimir Poutine refusera de se soumettre à ce que le Kremlin considère comme un chantage pétrolier en provenance d’Arabie saoudite, signalant que la guerre des prix continuera à mettre en ébullition les marchés mondiaux de l’énergie ».
De plus, le Kremlin se prépare à endurer le carnage, écrit encore Bloomberg : « Le choc sans précédent entre les deux géants exportateurs – et anciens alliés de l’OPEP + – menace de pousser le prix du baril en dessous de $20, mais Moscou ne sera pas le premier à baisser les yeux et à rechercher une trêve, ont déclaré des personnes familières avec la position du gouvernement. La Russie est convaincue qu’elle peut tenir plus longtemps que Riyad », selon le rapport.
Quant à la Maison Blanche signalant une potentielle intervention dans un avenir proche, qui consisterait à augmenter les sanctions contre la Russie, avec des pressions diplomatiques sur l’Arabie saoudite, pour freiner la production, afin d’éviter l’inondation attendue de pétrole brut pas cher qui arrivera sur le marché en avril. Dans ses commentaires de vendredi, le porte-parole de la présidence russe a qualifié la tentative de faire de la Russie un bouc émissaire comme n’étant rien d’autre que de la «russophobie».
Peskov a ajouté : « Nous comprenons qu’en effet de nombreuses entreprises souffrent actuellement en raison des bas prix du pétrole, nous savons que l’énorme secteur pétrolier américain est maintenant en détresse à cause de ces prix. » Il a pointé du doigt ceux qui produisent de l’huile de schiste : « Il y a une grave crise, nous le comprenons également », a déclaré Peskov, selon TASS, une agence d’État.
« Certes, cette situation des prix est assez désagréable. Nous sommes d’accord là-dessus », a ajouté Peskov, mais il a ensuite fait référence à la marge de sécurité de la Russie en termes de réserves, posant ses cartes sur la table pour montrer jusqu’à quel point elle est prête à tenir.
« Dire qu’il s’agit d’une catastrophe pour la Russie, est probablement prématuré à mi-parcours, car, comme notre président et notre gouvernement l’ont réaffirmé, nous avons une solide marge de sécurité pendant plusieurs années, ce qui permettra de respecter tous les engagements sociaux, plans de développement, et ainsi de suite ». Et Peskov a ajouté « Il y a eu des moments où les prix était encore plus bas. »
Mais comme le note Bloomberg, « les pertes sont déjà visibles pour la Russie, affaiblissant sa monnaie et mettant potentiellement la nation sur la voie d’une récession ». Les Russes sont prêts à sentir un peu la piqûre, mais sont déterminés à faire souffrir leurs rivaux géopolitiques en premier. « Le budget de l’État, qui est basé sur des prix du pétrole d’un peu plus de 40 dollars le baril, pourrait être déficitaire cette année, obligeant le gouvernement à puiser dans son fonds souverain juste deux mois après que Poutine a promis une augmentation des dépenses sociales », a ajouté Bloomberg.
Tyler Durden
Traduit par jj, relu par Kira pour le Saker Francophone