Les courriels de Clinton montrent que l’or et le pétrole sont les motifs du changement de régime imposé à la Libye et peuvent aussi expliquer pourquoi l’Arabie saoudite mène la guerre contre les chiites
Par George Washington – Le 9 janvier 2016 – Source Zero Hedge
La veille du jour de l’An, 3000 courriels contenus dans la boite mail privée d’Hillary Clinton ont été divulgués.
Note du Saker Francophone Cet article de ZeroHedge reprend l'article précédent du washingtonblog, "Pourquoi des gouvernements sunnites comme l'Arabie saoudite sont en guerre contre les chiites ?" en le prolongeant avec l'analyse d'un des mails d’Hillary Clinton qui éclaire sur les buts de Guerre en Libye. Cette affaire devrait largement handicaper Hillary dans sa course à la Maison Blanche sans compte les retombées pénales si jamais un tribunal pénal international devait faire son travail.
L’un d’eux, daté du 2 avril 2011 [traduction française ci-dessous, NdT], provenant d’un ami proche, Sydney Blumenthal, confirme que :
Le gouvernement de Kadhafi détenait 143 tonnes d’or et une quantité similaire d’argent.
Cet or a été accumulé avant la révolte qui secouait le pays dans l’objectif d’établir une monnaie pan-africaine basée sur le dinar libyen. Ceci pour fournir aux pays africains de la zone francophone une alternative au franc CFA.
Selon certaines personnes bien placées la quantité d’or et d’argent est estimée à plus de 7 milliards de dollars. Des agents du renseignement français ont découvert ce plan immédiatement après que la révolte ne démarre et ce fut l’un des facteurs qui poussèrent le président Nicolas Sarkozy à prendre la décision d’attaquer la Libye. Selon ces personnes la décision de Sarkozy fut influencée par le désir de :
– s’accaparer une plus grande part du pétrole libyen.
– augmenter l’influence française en Afrique du Nord.
– améliorer sa situation politique intérieure.
– fournir aux militaires français la possibilité de conforter leur position dans le monde.
– rassurer les inquiétudes de ses conseillers sur les plans à long terme de Kadhafi pour remplacer la France comme puissance dominante en Afrique francophone.
Cela peut confirmer ce que certains de nous disent depuis des années.
Le pourquoi de la guerre des gouvernements sunnites contre les chiites
Alors que les sunnites et les chiites sont en compétition depuis plus de mille ans, ils ont aussi facilement cohabité jusqu’à maintenant.
Alors pourquoi sont-ils, de nos jours, en guerre ouverte dans de nombreux pays ?
La géopolitique étant surtout menée pour les hydrocarbures, c’est-à-dire le pétrole et le gaz, est-ce vrai aussi pour la guerre des sunnites contre les chiites ?
Oui, les États-Unis et leurs alliés soutiennent les sunnites contre les chiites… dans le but de lancer une guerre pour le pétrole.
Et il se trouve que la part du lion des réserves de pétrole du Moyen-Orient se situe dans les pays chiites ou dans les zones chiites des pays majoritairement sunnites.
En particulier, comme le reporte Jon Schwartz cette semaine dans The Intercept :
Ce conflit peut être expliqué en grande partie grâce à une très intéressante carte créée par M.R. Izady, un cartographe et professeur adjoint à l’École des forces spéciales de l’Armée de l’air de Floride.
Ce que montre la carte est que, à cause d’une étrange corrélation entre l’histoire religieuse et la décomposition anaérobique du plancton, presque toutes les réserves d’énergie fossiles sont situées dans le sol des zones chiites. Et ceci est vrai même en Arabie saoudite, où la majorité des puits de pétrole sont situés dans la province orientale, peuplée en majorité par des chiites.
Pour cette raison, une des plus grandes peurs de la famille royale saoudienne est qu’un jour les chiites saoudiens fassent sécession et, avec leur pétrole, s’allient à l’Iran chiite.
Cette peur n’a fait qu’augmenter depuis que l’invasion américaine de 2003 a renversé le régime de Saddam Hussein, celui-ci faisant partie de la minorité sunnite, et mis au pouvoir la majorité chiite pro iranienne. Nimr lui-même a dit en 2009 que les chiites allaient déclarer leur indépendance si le gouvernement saoudien n’améliorait pas leur condition.
Comme le montre de manière si évidente la carte d’Izady, quasiment toute la richesse des Saoudiens est située dans une petite bande de territoire dont les occupants sont principalement chiites. (Nimr [la figure religieuse chiite, récemment exécuté par l’Arabie Saoudite, NdT], par exemple, vivait à Awamiyya, au cœur de la zone pétrolifère saoudienne au nord ouest de Bahreïn.) Si cette partie de l’Arabie Saoudite venait à faire sécession, il ne resterait plus grand-chose à la famille royale saoudienne si ce n’est de vieilles barbes teintes et des prescriptions de Viagra.
L’exécution de Nimr s’explique en partie par la tentative désespérée des Saoud de contenir tout signe de pensée indépendante de la part des chiites du pays.
Les mêmes peurs expliquent pourquoi l’Arabie Saoudite a aidé Bahreïn, un pays riche en pétrole et à majorité chiite tenu par une monarchie sunnite, à écraser sa version personnelle de révolution du printemps arabe, en 2011.
Des calculs identiques influençaient la décision de George H.W. Bush de fermer les yeux alors que Saddam Hussein utilisait des armes chimiques en 1991 pour contenir une insurrection de chiites irakiens a la fin de la guerre du Golfe. Comme l’essayiste du New York Times, Thomas Friedman l’a expliqué à l’époque, Saddam a gardé l’Irak uni, à la grande satisfaction de la Turquie et de l’Arabie Saoudite, alliées des Américains.
Les monarchies sunnites du Golfe, l’Arabie Saoudite, le Bahreïn, Oman, les Émirats Arabes Unis, le Qatar et le Koweït s’en prennent donc, de manière obsessionnelle, à l’Iran et au monde chiite parce que ceux-ci sont assis sur les ressources de pétrole et de gaz et font tout ce qu’ils peuvent pour déclencher une guerre sunnites–chiites à travers tout le Moyen Orient et l’Afrique du Nord, seulement pour justifier de s’accaparer de leurs ressources.
Traduction du courriel reçu par Clinton
CONFIDENTIEL
Le 2 avril 2011
Pour : Hillary
De : Sid
Re : Le client de la France et l’or de Kadhafi.
- Un officiel de haut rang du Conseil National Libyen (CNL) déclare que celui-ci s’est divisé en plusieurs factions. C’est dû en particulier à la France qui entretient des clients parmi les rebelles. Le général Abdelfateh Younis est le personnage de haut rang le plus proche de la France, qui lui a versé des sommes dont les montants sont inconnus.
Younis a déclaré à d’autres membres du CNL que les Français avaient promis des formateurs militaires et des armes. Jusqu’à maintenant aucune de ces promesses n’a été vue. Par contre, quelques analystes des risques portant attaché-case sont arrivés et sont repartis. Jabril, Jalil et d’autres sont impatients. Il semble que la France ait des intérêts économiques bien spécifiques en jeu. L’envoyé occasionnel de Sarkozy, l’auto-promu intellectuel Bernard Henri-Lévy, est considéré par ceux du CNL qui ont parlé avec lui comme un personnage mi-utile mi-plaisantin.
- Des rumeurs ont circulé à l’échelon le plus élevé du CNL cette semaine disant que Kadhafi pourrait être mort, mais peut être pas.
- Kadhafi aurait des ressources financières inépuisables, selon le dernier rapport que nous ayons reçu :
Le 2 avril 2011 des sources ayant accès aux conseillers de Saïf al-Islam Kadhafi ont dit en toute confiance qu’alors que le gel des comptes à l’étranger de Kadhafi lui cause de gros soucis, sa capacité à équiper et entretenir ses forces armées reste intacte. Selon des informations sensibles accessibles à ces gens, le gouvernement de Kadhafi disposerait de 143 tonnes d’or et d’une quantité similaire en argent.
En mars derniers, ces stocks ont été transportés des coffres de la Banque centrale de Tripoli vers Sabha (au sud-ouest en direction de la frontière avec le Niger et le Tchad).
Cet or a été accumulé dans une période antécédente aux actuelles révoltes et devait être utilisé pour fournir une alternative au franc CFA pour les pays africains de la zone francophone.
Commentaire de la source : selon certaines personnes bien placées cette quantité d’or et d’argent est estimée à 7 milliards de dollars. Des officiers du renseignement français ont découvert ce plan immédiatement après le début de la révolte en cours et ce fut l’un des facteurs qui ont influencé la décision de Nicolas Sarkozy d’attaquer la Libye. Selon ces personnes la décision de Sarkozy a été influencée par :
- Le désir de s’accaparer une plus grande part du pétrole libyen.
- Augmenter l’influence française en Afrique du Nord.
- Améliorer sa situation politique intérieure.
- Fournir aux militaires français l’opportunité de conforter leur position dans le monde.
- Calmer les inquiétudes de ses conseillers sur les plans à long terme de Kadhafi pour remplacer la France comme puissance dominante en Afrique francophone.
Dans l’après midi du 1er avril, une personne ayant accès au CNL a déclaré en privé que les dirigeants du CNL pensaient que les forces militaires rebelles commençaient à montrer des signes d’amélioration de la discipline et d’esprit de combat sous la direction des nouveaux commandants, dont le colonel Khalifha Haftar, l’ancien commandant des forces anti Kadhafi dans l’Armée nationale libyenne. Selon ces mêmes sources les unités ayant déserté commencent à prendre une plus grande part dans les combats au nom des rebelles.
Traduit par Wayan, relu par Hervé pour le Saker francophone
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